Dans le contexte mondial, européen et français actuel c’est à peine perceptible, mais la mise en garde lancée à la Slovénie par la Commission européenne n’est pas anodine. D’autant qu’elle est émise par le commissaire européen… slovène, Janez Lenarčič.
C’est donc le Slovène, commissaire européen chargé de la… gestion des crises, qui est chargé de faire savoir au gouvernement slovène qu’il est dans le collimateur. Parce que la Slovénie va assumer la présidence tournante de l’UE au second semestre, et que le pays qui préside le Conseil de l’UE est « censé agir en faveur du renforcement et de la défense des valeurs fondamentales de l’UE ».
Or la Commission est « préoccupée ». Pourquoi ? On ne le saura pas. Du moins pas directement. Car Janez Lenarčič se réjouit de ce que en Slovénie « l’arène politique est beaucoup plus variée qu’en Hongrie », où « un seul bloc dispose de la majorité constitutionnelle au parlement ». On est censé comprendre que la Hongrie est une terrible dictature où les gens sont forcés de voter pour Orban, et ce qui est inquiétant est que si la configuration n’est pas encore la même en Slovénie, il se trouve que le Premier ministre slovène est un ami d’Orban, avec lequel il a plusieurs points communs qui ne sont pas parmi les « valeurs fondamentales de l’UE »… Avis aux Slovènes : vous ne devez pas voter de nouveau pour Janez Janša, et surtout vous ne devez pas lui donner une majorité constitutionnelle, car votre pays serait alors traité comme la Hongrie…
Donc la démocratie se porte bien en Slovénie, et aussi, dit le commissaire, la liberté de la presse. « J’espère que cela restera ainsi », ajoute-t-il. Sous-entendu : parce que avec Janez Janša ça pourrait finir par changer. D’ailleurs, dit-il, on note une pression, de façon générale, sur la presse, et des « attaques verbales » (pas autrement définies). Et puis on doit reprocher au gouvernement de ne pas subventionner l’agence de presse du pays : ne pas avoir d’agence de presse aux ordres du gouvernement qui la finance, ce n’est pas bien… (Comment voulez-vous faire passer la propagande de Bruxelles ?)
Bref, Janez Janša est prévenu : au second semestre, il devra se tenir à carreau…