Le propre diocésain du diocèse de Vannes, avant la débâcle liturgique, était, et est toujours pour les fidèles de la « forme extraordinaire », celui qui en 1876 avait été enrichi par Mgr Bécel de fêtes de vieux saints bretons. (C’est lui qui demanda à dom Guéranger un office propre de sainte Anne.) Ainsi saint Gildas, patron de sept paroisses du diocèse, vit sa fête élevée au rite double de deuxième classe (comme les apôtres), avant d'être rétrogradé à celui, déjà élevé, de double majeur. « Deux anciennes hymnes bretonnes, des antiennes bretonnes, des antiennes propres au Magnificat et au Benedictus, les leçons du Ier nocturne, extraites de l'épître aux Philippiens, et la légende du saint au IIe nocturne, forment avec l’oraison un ensemble qui donne un cachet particulier à cet office », écrivit l'abbé Chauffier, archiviste paléographe, membre de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, prosecrétaire de l’évêché, nommé chanoine honoraire précisément en 1876.
L’an dernier j’avais donné l’hymne des laudes. Voici l’hymne des vêpres, avec la traduction de l’abbé Joseph Fonssagrives dans son livre Saint Gildas de Ruis et la société bretonne au VIe siècle :
Sancti Gildásii pángite glóriam,
Abbátem méritis tóllite láudibus,
Convícem atquem patrónum
Lætis dícite cánticis.
De saint Gildas, chantez la gloire ! Exaltez-le, comme abbé, par de justes louanges; en de joyeux cantiques, célébrez-le, comme votre compatriote et votre patron...
Ut te possídeat, quem sítiit, Deus,
Nomen, divítias, se quoque déserit,
Totus víluit orbis
Dum cæléstia cógitat.
Altéré de vous, ô mon Dieu, pour vous posséder, il abandonne nom et richesses ; il se renonce lui-même ; l'univers entier lui parut méprisable quand il pensa aux choses d'en-baut.
Illi summa fuit glória déspici,
Illi delíciæ paupériem pati,
Illi summa volúptas
Longo supplício mori.
Il tint pour souverainemeat glorieux d'être méprisé; il fit ses délices d'endurer la pauvreté; ce fut sa volonté suprême de mourir du long supplice qu'il s'infligeait lui-même.
Nos, o sancte Pater, quos modo réspicis
Luctántes médiis flúctibus, ádjuva ;
Da felícia cæli,
Da contíngere líttora.
Aidez-nous, ô saint Père, nous que vous voyez lutter au milieu des flots, donnez-nous d'aborder aux rivages fortunés du ciel.
Sit laus summa Patri, súmmaque Fílio,
Sit par, Sancte, tibi glória, Spíritus :
Unam te celebrámus,
O sanctíssima Trínitas. Amen.
Louange souveraine soit au Père! Hommage au Fils ! Gloire égale soit à vous, ô Esprit Saint ! Nous exaltons ton unité, ô très Sainte Trinité ! Ainsi soit-il !