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  • En Californie

    Comme on le sait, la Californie est en pointe dans toutes des décadences, déchéances et dérives diverses et variées. De ce fait on peut s’étonner de découvrir quelques points de résistance à la culture de mort.

    Un professeur de sociologie de l’Alabama, Cindy Cain, entendait dire que des gens avaient des difficultés à bénéficier de la loi en vigueur depuis juin 2016 qui permet aux médecins de les tuer (élégamment appelée « End of Life Option Act » : option fin de vie). Cindy Cain a entrepris une enquête pour en savoir davantage. « Nous avons été surpris par les résultats. Le nombre d'hôpitaux refusant était plus important que nous ne le pensions » : sur 270 hôpitaux interrogés, 164, soit 61%, interdisent aux médecins de rédiger des ordonnances de fin de vie, « et aux médecins affiliés d’aider les patients à les obtenir ».

  • Etat de droit…

    On apprend que le procureur de Nice avait confié l’enquête sur l’affaire Geneviève Legay à la concubine du commissaire responsable de la charge de police.

    On se frotte les yeux… Et l’on ne s’étonne pas que trois fois deux policiers soient allés demander avec insistance à Geneviève Legay de dire qu’elle avait été poussée par un journaliste…

    On peut quand même s’étonner de la réaction du procureur : « Je ne vois pas en quoi cela pose problème. »

    Et du commissaire : « C’est ma vie privée. Ça ne regarde que moi. »

    Sic.

    Il s’agit du procureur de la République des Alpes-Maritimes. Il s’agit du commissaire en chef de la police des Alpes-Maritimes.

    Nous parlons bien de Nice, en France, pays qui fait la leçon à la terre entière au sujet de l’état de droit…

  • Mardi de la Passion

    La première lecture de la messe est l’épisode de Daniel dans la fosse aux lions. Il s’agit du deuxième épisode, qui dans la Bible grecque se trouve dans un livre spécial intitulé Bel et le dragon. Saint Jérôme l'a placé à la fin du livre de Daniel dans la Vulgate.

    C’est une des anecdotes les plus savoureuses de la Bible. Daniel a tué le dragon que les Babyloniens vénéraient. Il est condamné à être dévoré par les lions. Il est donc mis dans une fosse où il y a sept lions affamés. Le prophète Habacuc, en Judée, avait fait cuire un repas pour les moissonneurs et le leur apportait, quand arrive un ange qui lui demande de porter ce repas à Daniel. Habacuc lui répond qu’il n’est jamais allé à Babylone et qu’il ne sait pas où est cette fosse. Alors l’ange le prend par les cheveux et le dépose devant Daniel…

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    Miniature du commentaire de Daniel par saint Jérôme, Espagne, 1220, dans le « Beatus » de la bibliothèque Morgan (New York).

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    Beatus dit de Saint-Sever, originaire d’Espagne, XIe siècle, Bibliothèque nationale de France.

    Le « Beatus » est un livre qui comprend le commentaire de l’Apocalypse par le moine Beatus, des Asturies (Liebana), au VIIIe siècle, auquel il avait ajouté le commentaire de Daniel par saint Jérôme. Il existe 26 copies de ce texte, dont certaines très partielles, toutes ornées de miniatures.

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    Ars moriendi, XVe siècle, Marseille.

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    Biblia pauperum, v. 1405, néerlandais, British Library.

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    Eglise Sainte-Radegonde, Poitiers (chapiteau du chœur, XIe siècle).

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    Portail de l’abbatiale de San Giovanni in Venere, Fossacesia, XIIe siècle.

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    Chapiteau de la cathédrale d’Autun, XIIe siècle.

  • Salvini

    Matteo Salvini a lancé un appel, à Milan, pour une union de tous les souverainistes, afin de constituer « le groupe le plus important » au Parlement européen. Salvini voit grand, lui qui aura sans (aucun) doute le groupe le plus important… en Italie. Mais il est quasiment impossible que tous les souverainistes, même ensemble ce qui est improbable, puissent constituer le plus grand groupe. Aujourd’hui à Milan il a néanmoins marqué un nouveau point, puisqu’il était entouré de représentants de l’AfD, des Vrais Finlandais et du Parti du peuple danois, trois partis dont les élus siègent aujourd’hui dans un autre groupe que ceux de la Ligue (où il a comme alliés le Rassemblement national, le FPÖ et le Vlaams Belang – et l’Ukip).

  • Les fanatiques de la culture de mort

    Le premier rapport sur l’application de la loi sur l’euthanasie au Québec a été publié. Il en ressort qu’il y a eu 1632 « aides médicales à mourir » entre le 10 décembre 2015 et le 31 mars 2018, et 1704 « sédations profondes et continues jusqu’au décès ».

    Le nombre d’aides médicales à mourir est dix fois plus important que ce qui avait été envisagé lors de l’adoption de la loi. Mais pour le gouvernement c’est loin d’être suffisant. On déplore que 830 demandes d’euthanasie n’aient pas pu être satisfaites dans les temps (si je comprends bien ce sont des gens qui sont morts avant d’être tués).

    Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux, se scandalise de ces demandes non suivies d’effet, et surtout de demandes qui n’ont même pas été entendue : elle exige qu’il y ait un guichet d’enregistrement systématique des demandes dans chaque hôpital.

    Quant Véronique Hivon, député qui a travaillé sur la loi en 2014, elle se dit « très déçue » et trouve « inadmissible » que le personnel soignant puisse proposer aux patients de revenir sur leur décision. « Cela ne peut pas durer », ajoute-t-elle, scandalisée que 99% des médecins québécois soient des « rebelles » qui refusent de tuer leurs patients.

  • Le passeport du Brexit

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    Le Brexit devait à l’origine avoir lieu le 29 mars. Il est reporté, mais les passeports délivrés depuis le 30 mars n’ont déjà plus la mention « Union européenne ».

    Ils sont cependant toujours bordeaux, comme les passeports de l’UE. Mais à terme ils devraient redevenir bleus.

  • Saint Donizetti

    Donizetti-TAVARES-DE-LIMA-1.jpgLe pape a autorisé samedi la Congrégation pour les causes des saints à promulguer plusieurs décrets. Parmi eux, celui qui reconnaît un miracle attribué au vénérable serviteur de Dieu Donizetti Tavares de Lima.

    On va donc avoir bientôt un bienheureux Donizetti, ce qui n’est pas banal. Et sans doute ensuite un saint Donizetti, puisqu’on n’a que l’embarras du choix parmi les innombrables miracles attribués à ce saint curé brésilien.

    C'est le compositeur de L'élixir d'amour et de La fille du régiment (et de plus de 70 autres opéras) qui va être bien étonné. (Mais il composa aussi nombre d'œuvres religieuses, après tout.)

  • Lundi de la Passion

    Les hymnes du temps de la Passion sont Pange lingua, Lustris sex et Vexilla Regis. En fait les deux premières formaient une seule hymne, qui a été divisée en deux parties. L’ensemble a été composé par saint Venance Fortunat, et au moyen âge on l’appelait « Versus Fortunati ». Il s’agit de chants de triomphe, destinés à accueillir avec toute la pompe nécessaire la relique de la Vraie Croix que sainte Radegonde avait obtenue de l'empereur Justin II en 569. C’est un coup de génie (un miracle de la grâce divine) que d’en avoir fait les hymnes de ce temps. Car il s’agit de la Croix, l’instrument du supplice sur lequel le Christ va mourir, mais cet instrument de supplice est le trône du Roi vainqueur de la mort.

    Vexílla Regis pródeunt :
    Fulget Crucis mystérium,
    Qua vita mortem pértulit,
    Et morte vitam prótulit.

    Les étendards du Roi s’avancent :
    il resplendit le mystère de la Croix,
    sur laquelle la Vie a souffert la mort,
    et par la mort a produit la vie.

    Quæ, vulneráta lánceæ
    Mucróne diro, críminum
    Ut nos laváret sórdibus,
    Manávit unda et sánguine.

    C’est là que, transpercé du fer
    cruel d’une lance,
    son côté épancha l’eau et le sang,
    pour laver la souillure de nos crimes.

    Impléta sunt quæ cóncinit
    David fidéli cármine,
    Dicéndo natiónibus :
    Regnávit a ligno Deus.

    Il s’est accompli, l’oracle de David
    qui, dans un chant inspiré,
    avait dit aux nations :
    « Dieu régnera par le bois. »

    Arbor decóra et fúlgida,
    Ornáta Regis púrpura,
    Elécta digno stípite
    Tam sancta membra tángere.

    Tu es beau, tu es éclatant,
    arbre paré de la pourpre du Roi ;
    noble tronc appelé à l’honneur
    de toucher des membres si sacrés.

    Beáta, cuius bráchiis
    Prétium pepéndit sǽculi,
    Statéra facta córporis,
    Tulítque prædam tártari.

    Arbre bienheureux, dont les bras
    ont porté la rançon du monde !
    Tu es la balance où fut pesé ce corps,
    et tu as enlevé à l’enfer sa proie.

    O Crux, ave, spes única,
    Hoc Passiónis témpore
    Piis adáuge grátiam,
    Reísque dele crímina.

    Salut, ô Croix, unique espérance !
    En ces jours de la Passion,
    accrois la grâce chez les justes,
    efface le crime des coupables.

    Te, fons salútis, Trínitas,
    Colláudet omnis spíritus :
    Quibus Crucis victóriam
    Largíris, adde prǽmium.
    Amen.

    O Trinité, source de notre salut,
    que tous les esprits vous louent ensemble :
    vous nous donnez la victoire par la Croix :
    daignez y ajouter la récompense.
    Amen.

    Par les maîtres de chœur en session à Sénanque le 26 juillet 1977 sous la direction du chanoine Jeanneteau. (Les trois premières strophes, puis la strophe d’adoration de la Croix deux fois.)


    podcast

  • Premier dimanche de la Passion

    Confitébor tibi, Dómine, in toto corde meo : retríbue servo tuo : vivam, et custódiam sermónes tuos : vivífica me secúndum verbum tuum, Dómine.

    Seigneur, je vous célébrerai de tout mon cœur. Bénissez votre serviteur : je vivrai, et je garderai vos paroles. Faites-moi vivre selon votre parole, Seigneur.

    L’antienne d’offertoire de la messe paraît « décalée ». Alors que toute la liturgie du temps de la Passion est tournée vers… la Passion du Seigneur et résonne de ses plaintes empruntées à Jérémie et aux psaumes les plus sombres, cet offertoire est ouvertement clair et joyeux, et il l’est d’un bout à l’autre.

    Il y a deux explications à cette apparente incongruité. La première est que, quelle que soit la substance tragique de la liturgie, la perspective céleste n’est jamais fermée, la résurrection est toujours présente, la joie du salut n’est jamais gommée. En témoigne la première antienne de la troisième partie de la liturgie du vendredi saint : « Nous adorons ta croix, Seigneur, et nous louons et glorifions ta sainte Résurrection, car voici, par le bois de la croix la joie est venue dans le monde entier. » La deuxième explication est que cette antienne reprend et prolonge remarquablement le propos de Jésus dans l’évangile. « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort », dit le Christ aux juifs qui répètent le propos pour le contester. Et l’antienne d’offertoire dit la même chose dans l’ordre inverse : « Je vivrai, et je garderai tes paroles, donne-moi la vie selon ta parole » : c’est le Christ qui parle par la bouche du psalmiste, mais le Christ donnera aussi la vie à ceux qui garderont sa parole. Les juifs auraient dû penser au psaume avant de contester un propos qui explicite un de leurs propres textes sacrés. Et l’on remarque la beauté particulière de la mélodie qui savoure « vivam ».

    Cela était renforcé au moyen âge, quand l’offertoire avait ses deux versets. Le premier était en effet (logiquement, mais la logique fait bien les choses) composé des deux premiers versets du psaume :

    Beati immaculati in via : qui ambulant in lege Domini.
    Beati, qui scrutantur testimonia eius: in toto corde exquirunt eum.

    Bienheureux sont qui sont immaculés sur la voie, qui marchent dans la loi du Seigneur. Bienheureux ceux qui scrutent ses témoignages, qui le cherchent de tout leur cœur.

    Avec une exubérante vocalise sur le premier Beatus (où l'on remarque que le copiste avait laissé un grand espace entre Bea- et -ti mais qui n'était pas suffisant pour mettre toutes les notes...) :

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    Et le second verset était composé d’expressions tirées d’autres versets du même psaume, soulignant le même message :

    Viam veritatis elegi, da mihi intellectum et scrutabor legem tuam: et custodiam illam in toto corde meo: inclina cor meum in testimonia tua et non in avaritiam: in via tua vivifica me, judicia enim tua jucunda: deprecatus sum vultum in toto corde meo quia dilexi legem tuam.

    J’ai choisi la voie de la vérité, donne-moi l’intelligence, et je méditerai ta loi : et je l’observerai de tout mon cœur : incline mon cœur à tes révélations et non pas à la cupidité : en ta voie vivifie-moi, car tes jugements sont agréables : j’ai imploré ton visage de tout mon cœur, car j’ai aimé ta loi.

  • La morgue et le mensonge

    « Les Français, ils en ont un peu soupé des acteurs, des comédiens de la politique. Je veux bien que les autres partis mettent des apprentis, des stagiaires, des gens qui se font un nom dans leur parti politique en passant par l'Europe, moi je défends l'intérêt des Français en Europe, c'est un peu différent. »

    Propos de Nathalie Loiseau, hier. Ce mépris affiché de ses concurrents aux européennes était aussi une boulette, puisqu’elle parlait devant… des apprentis. Précisément des compagnons du devoir, en Seine-Saint-Denis.

    Certes, on sait qu’elle est quant à elle une vieille routière de l’eurocratie, mais on ne voit pas en quoi cela permettrait de lui faire confiance. Car le propre de l’eurocratie est de mentir. Et Nathalie Loiseau en apporte un bel exemple… dans la même phrase.

    En effet, elle fait campagne pour être élue au Parlement européen. Et ce n’est évidemment pas pour « défendre l'intérêt des Français en Europe ». Car le Parlement européen a été créé essentiellement pour tenter d’imposer l’idée d’une Europe politique. C’est une création idéologique (comme le souligne le fait qu’il n’a quasiment aucun pouvoir). Et les députés sont membres de groupes européens. En tant que membres d’un groupe, ils défendent les positions arrêtées par le groupe, et non des intérêts nationaux.

    Devant le même auditoire, elle a déclaré que dans son programme il y avait la demande de triplement du budget du programme d'échange étudiant Erasmus. Une promesse facile à tenir, puisque… c’est déjà fait : c’est dans la résolution adoptée par le Parlement européen le 28 mars dernier.

    Et dans son premier meeting de campagne, le 30 mars, elle s’est vantée d’avoir été (avec quelques autres étudiants de l’Association des états généraux des étudiants de l’Europe - AEGEE, créée en 1985) à l’origine, en 1987, de Erasmus. La vérité est que Erasmus a été créé par Domenico Lenarduzzi, haut fonctionnaire de la Commission européenne à partir de 1965 et directeur adjoint de la direction de l’éducation et de la culture à partir de 1981. Il reconnaît que l’AEGEE l’a aidé à populariser son idée, mais cela ne va pas plus loin. La photo ci-dessous montre les étudiants de l’AEGEE à la sortie d’un déjeuner avec François Mitterrand à l’Elysée. Mais c'était en mars 1987, alors que François Mitterrand avait exigé l’année précédente que le gouvernement de Jacques Chirac apporte « un financement digne de ce nom » au programme Erasmus qui avait été défini par le Conseil des ministres de l’Education en 1983 et relancé en 1985 par Jacques Delors devenu président de la Commission européenne.

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