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  • Gorzkie Żale

    Chaque dimanche de carême en Pologne depuis le début du XVIIIe siècle on chante Gorzkie Żale, « Plaintes amères » (ou « Amères lamentations »), autour de la Passion du Christ. Cet « office » a pour origine un livret publié en 1707 par le prêtre lazariste Wawrzyniec Benik, intitulé “Un faisceau de myrrhe du jardin de Gethsémani, ou Tristes pleurs sur l’amère Passion du Fils de Dieu”. Son confrère Michał Bartłomiej Tarło, premier visiteur des lazaristes pour la province de Pologne, curé de Sainte-Croix de Varsovie (dont il termina la construction) fit organiser ces chants en un office para-liturgique, qui se répandit d’autant plus facilement que le P. Tarło devenait en 1710 évêque de Poznan.

    La distribution de l’office n’est pas sans faire penser à l’Acathiste byzantin : il y a une première partie fixe (mais c’est seulement une hymne), et trois deuxièmes parties chantées les premier et quatrième, deuxième et cinquième, troisième et sixième dimanches, et on chante le tout le vendredi saint. (Les deuxièmes parties comprennent une « intention » parlée, une hymne, la « lamentation de l’âme » qui est à propos des souffrances du Christ ce que sont les louanges à Marie dans l’Acathiste, une antienne, un « dialogue de Marie avec l’âme », et une antienne finale identique (dont le texte ressemble à un tropaire…).

    Voici une présentation en français de Gorzkie Żale, sur une idée de Jacek Kowalski, avec un des chants en français, dans la traduction d’Anna Drzewicka publiée en 2015. D’autres extraits chantés en français ici et . Mais je ne vois pas l’intérêt de chanter cette œuvre si polonaise dans une autre langue, d’autant que c’est du français chanté par des Polonais dans l’acoustique réverbérée d’une église, donc on ne comprend pas beaucoup plus qu’en polonais… (En tapant Gorzkie Żale sur YouTube on trouve de nombreuses interprétations, dont celle-ci, assez étonnante, d'un jeune organiste chanteur... Et le tout : 1, 2, 3.)

    On trouvera ici une traduction anglaise, avec une préface du cardinal John Krol, archevêque de Philadelphie de 1961 à 1988.

    Jacek Kowalski et Anna Drzewicka ont écrit un livre intitulé “République Sarmate, Anthologie de l’ancienne poésie populaire” (polonaise), qui donnera l’occasion de trois rencontres à Paris, du 15 au 17 mars à Paris, avec Jacek Kowalski et Henryk Kasperczak (et Chantal Delsol). Anna Drzewicka, spécialiste de littérature française du moyen âge, grande traductrice, est morte en janvier dernier. Jacek Kowalski est un étonnant personnage. Il a passé sa thèse de doctorat en histoire de l’art sur « les sujets architecturaux dans la littérature française de la seconde moitié du XIIe siècle », il a traduit Villon et Charles d’Orléans en polonais, il chante (voir sur Youtube) des chansons médiévales et ses propres compositions s’accompagnant à la guitare ou au luth ou avec des instruments médiévaux reconstitués, et aussi avec des ensembles instrumentaux. Il twitte tous les jours, parfois en français

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  • Premier dimanche de carême

    Les textes de tous les chants de la messe sont pris dans le psaume 90, et le trait chante tout le psaume sauf les versets 8 à 10. Dans la version du psautier romain, qui diffère peu du psautier gallican (celui du bréviaire).

    Conformément au schéma musical des traits, non seulement les versets se terminent tous par la même formule, mais aussi les premiers stiques (chaque fois qu’on arrive à une grande barre). La différence avec les autres traits est qu’il comporte beaucoup de versets : ces formules reviennent de façon fréquente et rythment donc clairement la pièce.

    Formule médiane :

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    Formule finale :

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    Il y a deux exceptions. La première est au verset 6 (qui est en trois parties et a donc deux fois la formule médiane) : la finale est différente. Peut-être parce qu’on vient d’évoquer le démon, et que celui-ci perturbe le déroulement normal du chant, trouble l’harmonie. On constate alors qu’il s’agit du verset 6, et que le 6 est un nombre diabolique (7 moins 1). Surtout, il parle du « démon de midi » : midi, c’est sexte : la sixième heure. Celle des ténèbres après la crucifixion.

    La deuxième exception est au verset 10 du trait (verset 13 du psaume) : c’est le seul verset où la médiane est différente, et nettement plus brève (5 notes au lieu de 11). C’est que l’on marche sur les vipères et les basilics et qu’il vaut mieux ne pas s’attarder, même si les anges nous protègent… Interprétation qui paraît confirmée par les notes qui suivent et expriment comment l’on foule aux pieds le lion et le dragon.

    (1) Qui habitat in adiutorio Altissimi
    in protectione Dei caeli commorabitur
    2 dicet Domino susceptor meus es
    et refugium meum Deus meus sperabo in eum
    3 quoniam ipse liberavit me de laqueo venantium
    et a verbo aspero
    4 scapulis suis obumbrabit tibi
    et sub pinnis eius sperabis
    5 scuto circumdabit te veritas eius
    non timebis a timore nocturno
    6 a sagitta volante per diem
    a negotio perambulante in tenebris
    a ruina et daemonio meridiano
    7 cadent a latere tuo mille et decem milia a dextris tuis
    tibi autem non appropinquabit
    8 quoniam angelis suis mandavit de te
    ut custodiant te in omnibus viis tuis
    9 in manibus portabunt te
    ne umquam offendas ad lapidem pedem tuum
    10 super aspidem et basiliscum ambulabis
    et conculcabis leonem et draconem
    11 quoniam in me speravit et liberabo eum
    protegam eum quoniam cognovit nomen meum
    12 invocabit me et ego exaudiam eum
    cum ipso sum in tribulatione
    13 eripiam eum et glorificabo eum
    longitudine dierum adimplebo eum
    et ostendam illi salutare meum.

    Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel.
    Dieu a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies.

    Ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.
    Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel.
    Il dira au Seigneur : Vous êtes mon défenseur et mon refuge. Il est mon Dieu ; j’espérerai en lui.
    Car c’est lui qui m’a délivré du piège du chasseur, et de la parole âpre et piquante.
    Il te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir.
    Sa vérité t’environnera comme un bouclier ; tu ne craindras pas les frayeurs de la nuit.
    Ni la flèche qui vole pendant le jour, ni les maux qui s’avancent dans les ténèbres, ni les attaques du démon de midi.
    Mille tomberont à ton côté, et dix mille à ta droite ; mais la mort n’approchera pas de toi.
    Car le Seigneur a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes leurs voies.
    Ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.
    Tu marcheras sur l’aspic et le basilic, et tu fouleras au pied le lion et le dragon.
    Parce qu’il a espéré en moi, je le délivrerai ; je le protégerai, parce qu’il a connu mon nom.

    Il criera vers moi, et je l’exaucerai ; je suis avec lui dans la tribulation.
    Je le sauverai et je le glorifierai. Je le comblerai de jours et je lui ferai voir mon salut.

    Différences d’avec le psautier gallican. Au verset 2 « tu » est omis, au verset 6 il y a « per diem » au lieu de « in die », et « a ruina » au lieu de « ab incursu », au verset 7 il y a « tibi » au lieu de « ad te », mais curieusement le verbe est « appropinquabit » comme dans le psautier gallican (le psautier romain a « appropiabit », mais saint Augustin avait déjà « appropinquabit »), au verset 9 il y a « ne umquam » au lieu de « ne forte », au verset 12 « invocabit me » au lieu de « clamabit ad me », au verset 13 « adimplebo » au lieu de « replebo ».

  • Sergei Chepik

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    Jusqu’à la fin du mois on peut voir une exposition d’œuvres de Sergei Chepik au Centre orthodoxe russe du quai Branly (Paris VIIe).

    J’avais déjà signalé le beau film de présentation de Chepik à « Leningrad » en 1988.

    Un autre film vient d’être mis en ligne sur YouTube : c’est une explication de son foisonnant Petrouchka, d’une Russie mythique et réelle, féerique et onirique, et… déjantée, accumulant les saynètes comme il accumulait dans son atelier des objets dont on ne sait s’ils ont servi de modèles ou s’ils sont sortis du tableau… (A voir en plein écran, naturellement).

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  • Donner la mort à un enfant

    Propos d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à propos de cette femme qui se vante dans un livre d’avoir tué son enfant handicapé :

    "C'est une situation atrocement douloureuse, mais rien évidemment ne justifie qu'on puisse donner la mort à un enfant."

    Elle aurait dû préciser : après la naissance. Parce que donner la mort à un enfant avant la naissance, c’est un droit, grâce à la loi de son ancienne belle-mère.

  • A propos du cardinal Pell

    « Sans la haine publique à l'égard du cardinal Pell, une telle affaire n'aurait jamais été portée devant les tribunaux. », écrit le Père Raymond J. de Souza, dans un article à lire, parce que, de fait, « il est important pour les catholiques de connaître les détails de l'affaire ».

    La traduction de cet article chez Benoît et moi suit celui de George Weigel qui est également à lire.

  • Samedi après les Cendres

    Ainsi parle le Seigneur Dieu : Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux ; si tu donnes la nourriture à l’affamé, et si tu rassasies l’âme affligée ; Ta lumière se lèvera au sein de l’obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. Et le Seigneur te guidera perpétuellement, il rassasiera ton âme dans les lieux arides. Il donnera de la vigueur à tes os ; tu seras comme un jardin bien arrosé, comme une source d’eau vive, qui ne tarit jamais. Tes enfants rebâtiront tes ruines antiques ; tu relèveras des fondements posés aux anciens âges ; on t’appellera le réparateur des brèches, le restaurateur des chemins, pour rendre le pays habitable. Si tu t’abstiens de fouler aux pieds le sabbat, en t’occupant de tes affaires en mon saint jour, et que tu appelles le sabbat les délices, vénérable le saint jour du Seigneur, et que tu l’honores en ne poursuivant point tes voies, en ne te livrant pas à tes affaires et à de vains discours ; Alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur, et je te transporterai comme en triomphe sur les hauteurs du pays, et je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ; car la bouche de Seigneur a parlé.
    Isaïe 58, 9-14

    Le Samedi est un jour plein de mystères : c’est le jour du repos de Dieu ; c’est le symbole de la paix éternelle que nous goûterons au ciel après les labeurs de cette vie. L’Église aujourd’hui, en nous faisant lire ce passage d’Isaïe, veut nous apprendre à quelles conditions il nous sera donné de prendre part au Sabbat de l’éternité. Nous sommes à peine entrés dans la carrière de la pénitence que cette Mère tendre vient à nous, pleine de paroles consolatrices. Si nous remplissons de bonnes œuvres cette sainte Quarantaine durant laquelle sont suspendues les préoccupations du monde, la lumière de la grâce se lèvera du milieu même des ténèbres de notre âme. Cette âme trop longtemps obscurcie par le péché et par l’amour du monde et de nous-mêmes, deviendra éclatante comme les splendeurs du midi, la gloire du Christ ressuscité sera la nôtre ; et si nous sommes fidèles, la Pâque du temps nous introduira à la Pâque de l’éternité. Édifions donc ce qui en nous était désert, relevons les fondements, réparons les brèches ; retenons notre pied pour ne pas violer les saintes observances ; ne suivons plus nos voies, ne recherchons plus nos volontés, contrairement à celles du Seigneur ; et il nous donnera un repos qui n’aura pas de fin, et il remplira notre âme de ses propres splendeurs.

    Dom Guéranger

  • Sainte Anne en breton

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    En décembre dernier a paru une bande dessinée de René Le Honzec sur Sainte Anne d’Auray, premier ouvrage publié par l’association Ar Gedour. Conformément à la vocation de cette association, une campagne de financement participatif est lancée pour une édition de cette BD en breton.

    C’est ici.

  • Imposteurs

    Le Conseil économique et social (CESE) annonce à grands coups de trompes (et de tromperies) que lors de sa prochaine séance plénière le 12 mars prochain il présentera « son projet d'avis “Fractures et transitions : réconcilier la France” en présence du Premier Ministre, Edouard Philippe, des Ministres animateurs du Grand débat national, Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu, et des garants du “Grand Débat” ».

    C’est, dit-il, « le résultat de trois mois de travaux inédits (sic) afin de dégager des pistes et des propositions de réponses à la crise des gilets jaunes ».

    Le projet a été préparé « en s’appuyant sur un dispositif de participation citoyenne inédit pour une assemblée constitutionnelle. Après avoir conduit fin décembre une consultation en ligne qui a mobilisé plus de 31.000 participants, le CESE a associé un groupe de 28 citoyens à l’élaboration de l’avis. 5 d’entre eux ont directement été intégrés à la commission temporaire afin de travailler aux côtés des conseillers membres, une première historique pour le CESE, seule assemblée constitutionnelle à pouvoir intégrer des citoyens à ses travaux, puisque non législative ».

    On rappellera que c’est le même CESE qui avait mis à la poubelle une demande d’avis sur le « mariage pour tous », signée par près de 700.000 citoyens, et qui se vante aujourd’hui d’une « première historique » parce qu’il a intégré… 5 citoyens à l’élaboration de son texte sur la crise des gilets jaunes…

    Quant à la consultation en ligne, 31.044 participants, c’est tout simplement dérisoire. C’est en tout cas beaucoup moins que 694.429. Et si l’on va y voir de près, on constate que les propositions qui ont eu le plus de voix sont 1. « Abrogation de la loi Taubira », 2. « Bâtir enfin une vraie politique familiale, globale et ambitieuse », 3. « Pour un référendum d’initiative citoyenne sur le projet de loi Bioéthique ». Avec respectivement 5897, 4611 et 3021 votes. Ce qui n’a aucune signification, sinon de montrer que c’est la Manif pour tous et les défenseurs de la vie qui se sont mobilisés pour se rappeler au bon souvenir d’une institution qui les méprise.

    Et qui va montrer à quel point elle les méprise, car il est bien évident que ces points ne figureront pas dans le « projet d’avis », et que la mention de la consultation en ligne n’est là que pour faire croire qu’on demande l’avis des citoyens… alors qu’on leur crache à la figure.

  • Encore le P. Rosica

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    Le P. Thomas Rosica, chef anglophone de la communication du Saint-Siège, dont il est prouvé qu’il est un plagiaire impénitent, à grande échelle, depuis longtemps, a également menti (et continue de le faire) quant à ses diplômes. Il prétend être titulaire d’un « diplôme supérieur » de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, mais LifeSiteNews a demandé ce qu’il en était, et le directeur de l’Ecole biblique de Jérusalem a répondu que c’était faux. Le P. Rosica a en effet fréquenté l’école au début des années 90, mais il n’a passé aucun diplôme.

    Sur son site dédié aux « plagiaires aujourd’hui », Jonathan Bailey se penche sur ce « mystère » que les plagiats du P. Rosica ne soient découverts que maintenant :

    « Il semble qu’il n’y ait pas grand-chose qu’il a écrit qui n’ait pas été plagié de quelque manière que ce soit. Il semble que le plagiat était (et peut-être est encore) au cœur de son processus d’écriture… La particularité du plagiat de Rosica réside dans le fait que rien n’est vraiment caché. Il a régulièrement plagié de longs passages d'autres auteurs catholiques bien connus et de sources laïques bien connues. Il l'a fait dans des endroits très publics, notamment des chroniques dans de grands journaux… Tout cela soulève une question difficile : comment Rosica a-t-il duré si longtemps? Est-ce que personne n' remarqué le plagiat ? Certains l'ont-ils vu et ne pensaient-ils pas que c'était un gros problème? Est-ce que quelqu'un l'a vu et a douté de ce qu’il a trouvé ? A-t-on tenté de garder cela secret ? »

    Je pense qu’il y a une réponse simple à ces questions : c’est que personne n’a lu les textes signés Rosica, ou du moins que personne ne les a parcourus avec assez d’attention pour remarquer que tout était pompé ailleurs. Ce n’est parce qu’on publie qu’on est lu. Surtout dans certains domaines où il faut aligner un grand nombre de publications pour être pris au sérieux.

  • Orban et le PPE

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    Propos de Viktor Orbán ce matin, sur Radio Kossuth :

    Nous avons de multiples options, il va y avoir de grandes discussions, mais c’est le Fidesz qui décidera de rester au PPE ou de le quitter.

    S’il s’avère que nous devions entamer quelque chose de nouveau – et il est possible que ce soit ainsi que finisse le débat – que notre place ne soit finalement plus dans le PPE mais en dehors – quoique je préférerais une transformation, une réforme du PPE, pour qu’il y ait une place pour des forces anti-immigration comme nous – mais s’il faut entamer quelque chose de nouveau, alors bien évidemment le premier lieu où nous engagerons des discussions sera la Pologne.