A priori l’introït de la messe est très surprenant. Il n’évoque ni le martyre de saint Pierre, ni aucun fait majeur de la vie de saint Pierre dans les Evangiles, notamment ceux qui sont en rapport avec la fondation de l’Eglise. Car si cette fête est la plus ancienne du sanctoral, c’est bien pour célébrer les fondements de l’Eglise…
Au lieu de cela nous avons la fin d’une anecdote des Actes des apôtres : un ange libère miraculeusement saint Pierre que Hérode a mis en prison avec le dessein de le mettre à mort :
Nunc scio vere, quia misit Dóminus Angelum suum : et erípuit me de manu Heródis et de omni exspectatióne plebis Judæórum.
Maintenant, je reconnais d’une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange : qu’il m’a arraché de la main d’Hérode et à toute l’attente du peuple juif.
La messe insiste sur cette anecdote, puisque c’est elle aussi que raconte la première lecture, dont la dernière phrase est le texte de l’introït.
Ce n’est d’ailleurs pas la fin de l’anecdote. C’est ce que se dit saint Pierre qui se retrouve seul dans la rue. La suite est savoureuse : Pierre arrive à la maison où de nombreux disciples sont rassemblés, et il frappe à la porte. Une servante, que saint Luc dénonce nommément (elle s’appelle Rose) reconnaît la voix de Pierre et au lieu de lui ouvrir court annoncer la nouvelle aux disciples. Lesquels la traitent de folle. Mais comme Pierre continue de frapper et d’appeler, on finit par lui ouvrir… Pierre raconte brièvement ce qui s’est passé et dit de le faire savoir aux autres apôtres. Puis il s’en va « en un autre lieu ».
Le cardinal Schuster commente :
La première lecture (Act., XII, 1-11) nous redit l’emprisonnement de Pierre et sa miraculeuse délivrance par l’ange. Les détails de cette scène sont émouvants, tels que saint Luc nous les donne. Pierre est en prison, et toute l’Église prie pour lui, mais Dieu attend jusqu’au dernier moment pour opérer le miracle.
Quand, du côté des hommes, il ne demeure plus d’autre voie de salut, c’est alors que sonne l’heure de Dieu, l’heure de la foi et du prodige. En attendant, la confiance et l’abandon de Pierre s’élèvent à un degré héroïque. Le lendemain matin il doit être mis à mort, et néanmoins, gardé par un piquet de soldats, il s’abandonne paisiblement au sommeil dans sa prison ; pour se reposer plus aisément, il a même délacé ses sandales, dénoué sa ceinture et déposé ses vêtements extérieurs. L’Apôtre dormait donc ; mais ce sommeil lui-même était comme son acte de foi dans la divine Providence qui n’abandonne pas celui qui se confie en Elle.
Cette scène des Actes des Apôtres, souvent reproduite sur maints sarcophages romains, acquiert dans la Ville éternelle une signification spéciale. L’Apôtre délivré de la prison de Jérusalem s’en alla in alium locum comme l’écrit saint Luc avec une prudente réserve : c’est-à-dire qu’il alla fonder l’Église de Rome. Aussi la lecture faite aujourd’hui à la messe est-elle comme l’acte de naissance de l’Église mère et maîtresse de toutes les autres.
L'introït par l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre: