Dans la trop longue série des puérilités pontifiantes des experts qui ont procédé au saccage de la liturgie avec l’aval du pape après le concile Vatican II, la négation des saints Jean et Paul occupe une place de choix.
On sait que le négationnisme est l’idéologie de base des destructeurs de la liturgie et de la foi. Il s’agit de se moquer à la fois de la piété populaire et des traditions de l’Eglise. On fait d’une pierre deux coups, en montrant que tel saint tellement invoqué par les peuples chrétiens n’a jamais existé, et que l’Eglise a fait preuve d’une naïveté assez ridicule en avalisant des cultes de saints qui n’ont jamais existé. Heureusement, au XXe siècle, les experts sont arrivés, et ils ont participé, à leur (très haut) niveau, à l’élaboration d’une foi adulte dans une Eglise qui a opportunément jeté à la poubelle de l’histoire sainte les superstitions antiques et médiévales.
C’est ainsi que la fête des saints martyrs Jean et Paul a été supprimée du calendrier paulsixien.
Car il est évident que la fête de ces soi-disant martyrs, donc leur légende, a simplement été inventée pour expliquer le nom des titulaires de l’église Saints Jean et Paul de Rome : "La Passion des saints Jean et Paul est un récit qui a pour but d'expliquer les origines de la basilique du Coelius dont ils sont titulaires", assène doctement le grand spécialiste Pierre Jounel (Le culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au XIIe siècle, p. 249). Parce qu’on avait oublié (est-on amnésique à Rome, mon Dieu…) qu’il s’agissait tout simplement de saint Jean Baptiste et de l’apôtre Paul… La fête du 26 juin est donc celle de la dédicace d’une église dédiée à saint Jean Baptiste et à saint Paul (je dois avouer que le côté tellement primaire de la critique historique finit par m’enchanter)…
Le problème est que tout catholique de base répondra au grand expert qu’on ne voit pas pourquoi une église serait dédiée conjointement à saint Jean Baptiste et à saint Paul, ce qui paraît extravagant.
Le problème est surtout que pour nier ces deux martyrs de Julien l’apostat en 362, il faut passer sous silence que saint Damase, qui passait son temps à orner les églises d’épigraphes poétiques sur les saints, en composa une sur les martyrs Jean et Paul. – Saint Damase fut élu en 366… Qu’il faut aussi oublier que saint Hilaire leur dédia une église à Poitiers. – Saint Hilaire est mort en 367…
Car leur culte fut immédiat, et laisse donc peu de place à ce que nous appelons la légende…
Au siècle suivant, saint Léon le Grand érigeait une basilique et un monastère en l’honneur des deux martyrs, et son Sacramentaire contient huit messes différentes pour leur fête.
Et ils furent inscrits au canon de la messe.
Nier les saints Jean et Paul, c’est en quelque sorte donner raison à Julien l’Apostat, qui les fit décapiter en secret dans leur maison et enterrer sur place pour éviter que cela « provoque quelque agitation dans le peuple »…