Parcourons aujourd’hui les textes communs de ce temps. A Laudes, nous entendons : « Venez, mettons du bois dans son pain et supprimons-le de la terre des vivants et qu’on ne cite plus jamais son nom » (Jér. XI, 19). La mention du bois dans son pain fait allusion à la Croix et, en même temps, à l’Eucharistie. L’hymne (Lustra sex) chante, d’une manière saisissante, l’arbre de la Croix :
O Croix fidèle et vénérable,
Arbre très noble et très sacré,
Nul arbre à toi n’est comparable
Ni d’un si beau fruit n’est paré :
Doux sont tes clous, doux est ton bois,
Doux ton fardeau, très Sainte Croix.
Les versets communs qui, pendant le Carême, sont des paroles extraites du psaume 90, sont désormais des lamentations du Christ : « Délivre-moi, Seigneur, de l’homme mauvais, et de l’homme inique délivre-moi. »
Et maintenant, les antiennes des Heures du jour :
A Prime : « Délivre-moi, Seigneur, et place-moi auprès de toi ; alors n’importe qui pourra lever la main pour me combattre. » Comme c’est beau ! Nous passerons notre journée avec le Seigneur souffrant.
A Tierce : « Tu as jugé, Seigneur, la cause de mon âme, toi, le défenseur de ma vie, Seigneur, mon Dieu. » Telles sont les paroles du Christ souffrant, elles doivent être aussi les nôtres.
A Sexte : « Mon peuple, que t’ai-je fait et en quoi t’ai-je constristé ? Réponds-moi. » Quelle question impressionnante ! Nous voyons le Seigneur sur la Croix et c’est à nous qu’il adresse cette question.
A None : « Rend-on le mal pour le bien, car ils ont creusé une fosse pour mon âme ? » Le Seigneur se plaint de l’ingratitude des Juifs ; ne se plaint-il pas aussi de notre ingratitude ?
A Vêpres, nous chantons l’hymne : « Les bannières du Roi s’avancent » et nous disons au verset : « Délivre-moi, Seigneur, de l’homme méchant et de l’homme inique délivre-moi. » L’homme méchant, c’est Judas, et les hommes impies sont les grands-prêtres ; au sens large, ce mot désigne le diable et ses instruments.
Telle est la voie à suivre pour donner, pendant la journée, une forme liturgique à nos méditations sur la Passion.
Dom Pius Parsch