La cour criminelle de N’Djamena a condamné les six Français de l’Arche de Zoé à huit ans de travaux forcés.
Cette « lourde condamnation de tous les Français, y compris médecins ou bénévoles, relève sans doute plus d’un véritable racisme anti-français que de la justice », dénonce Bruno Gollnisch dans un communiqué. « Quelles qu’aient été les imprudences et les fautes des dirigeants de l’Arche de Zoé, elles n’ont pu être possibles sans la complicité de cadres tchadiens, de chefs de village voire de certaines familles. » De fait, deux intermédiaires tchadiens, mais deux seulement, ont été condamnés à quatre ans de prison.
Cet aspect de l’affaire ne peut en effet être éludé, et il est mis en relief par la sévérité du verdict, de même que par l’uniformité des peines prononcées. C’est un cas de figure comparable à l’affaire des infirmières en Libye, avec même cette similitude de la demande d’un million d’euros par enfant au Tchad, et d’un million de dollars par enfant victime du sida en Libye.
Dans un cas comme dans l’autre, les autorités vont dans le sens des sentiments anti-occidentaux de l’opinion publique de leur pays, et les confortent. C’est d’autant plus évident qu’il y a une grande part de comédie dans ces procès, organisés dans un unique dessein de politique intérieure. Dans l’affaire libyenne, Kadhafi savait parfaitement que les infirmières bulgares seraient libérées à l’issue de leur procès. Dans l’affaire tchadienne, il est clair que les condamnés seront également rapatriés et seront, discrètement ou non, libérés.
« Si cette triste affaire pouvait servir à quelque chose, ce serait de faire cesser les actions humanitaires ou prétendues telles en direction de peuples et de pays qui n’en veulent pas et les ressentent comme autant d’humiliations », conclut Bruno Gollnisch.
C’est en effet une question qui se pose. Mais elle ne peut pas occulter l’autre question, sur le ménage à faire dans les associations humanitaires. Dans l’affaire des zozos de l’Arche, il y a la question franco-française. Même en admettant que ces gens-là aient réellement voulu sauver des enfants du Darfour, et quelles que soient les évidentes complicités dont ils ont bénéficié au Tchad (sans parler de l’attitude des autorités tchadiennes dans le déroulement des opérations), il reste qu’ils avaient l’intention de faire immigrer clandestinement en France 103 enfants soi-disant malades et blessés alors qu’ils étaient en pleine forme, pour les vendre à des « familles d’accueil » qui pourraient les adopter.
Vu du point de vue français, ils pourraient passer en justice pour cela. Et de ce même point de vue, ils vont très bien s’en sortir. Toutefois, leur mésaventure va sans doute faire réfléchir leurs éventuelles émules. Tandis qu’il revient aux véritables associations humanitaires, et au gouvernement qui est forcément impliqué dans ce genre d’affaire, de réfléchir sur les actions dans des pays (notamment musulmans) où la haine de l’Occident en fait des cibles de choix.
Cette réflexion devrait être facilitée par le fait que le ministre des Affaires étrangères est un spécialiste mondialement reconnu de l’aide humanitaire. Mais on ne l’a pas entendu dans l’affaire libyenne, et on ne l’a pas davantage entendu dans l’affaire tchadienne. Ni en tant que ministre, alors qu’il s’agit d’affaires étrangères, ni en tant que « french doctor », alors qu’il s’agit de sa spécialité. C’est une anomalie de plus...