Nicolas Sarkozy est partout, il était même samedi dernier en Afghanistan. C’est une destination à la mode. Le même jour s’y trouvaient aussi le président du Conseil italien Romano Prodi et le nouveau Premier ministre australien Kevin Rudd. Et Nicolas Sarkozy avait emmené avec lui Bernard Kouchner, Rama Yade et... André Glucksmann, ce qui est très symbolique, puisque l’ancien nouveau philosophe est un partisan acharné des guerres que mène George Bush.
Au cours de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy s’était montré très réticent sur la prolongation de la présence française en Afghanistan. Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères et grand soutien du candidat, avait même déclaré que « la France n’a pas de vocation à rester occuper à long terme » ce pays.
Tout cela a changé. Alors que George Bush s’est élevé une fois de plus contre ceux qui envisagent de quitter l’Afghanistan, Nicolas Sarkozy s’est exprimé comme le président américain : « Il se joue ici une guerre contre le terrorisme, contre le fanatisme, et nous ne devons pas perdre. » Et d’insister : « Ici il se joue deux choses extrêmement importantes : la solidité des accords entre les alliés », avec la nécessité d’un « front uni », et éviter que l’Afghanistan « ne devienne un Etat terroriste ». Et il a même repris textuellement les accusations de George Bush contre l’Inde et le Pakistan...
En conséquence, Nicolas Sarkozy a annoncé : « vraisemblablement nous renforcerons la présence de ceux qui encadrent l’armée afghane » (au-delà, si l’on comprend bien, de ce qui a déjà été décidé à la dernière réunion de l’OTAN).
Il a toutefois ajouté que la solution n’était pas uniquement militaire et que ce qui était important était « d’aider à l’émergence d’un Etat afghan légitime, démocratique et moderne ». Ce qui ne veut strictement rien dire dans un pays tribal, gouverné par des seigneurs de guerre et des trafiquants d’opium, et dont la Constitution stipule qu’« aucune loi ne peut être contraire aux croyances et aux dispositions de la religion sacrée de l’islam », ce qui veut dire en clair que toutes les lois doivent être conformes à la charia (et l’apostasie de l’islam est punie de la peine de mort). Rama Yade n’a pas été conviée à s’exprimer sur le sujet.
Il semble que Nicolas Sarkozy n’ait pas dit un mot sur le fait que l’Afghanistan produit la quasi-totalité de l’héroïne consommée sur la planète. Il est vrai que ce n’est pas non plus le problème de George Bush.