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Le blog d'Yves Daoudal - Page 82

  • Chemin de Damas

    Ho Ca Dau est un jeune Vietnamien qui, en tant que milicien communiste, persécutait les catholiques et faisait arrêter ceux qui faisaient circuler des croix et des Bibles. Aujourd’hui il est catholique et compare sa conversion à celle de saint Paul. Entre temps il était tombé sur un bon Samaritain : « Un jour, je me suis évanoui à cause de la faim et j’étais allongé sur le côté de la route. Un passant catholique m’a emmené à l’hôpital et a couvert tous mes frais médicaux. » Et pas seulement. A lire ici.

  • Lundi de la troisième semaine de carême

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    Plaque de retable, bronze doré et émaux, vallée de la Meuse, XIIe sicle, British Museum.

    La messe de ce jour est étroitement liée à la catéchèse baptismale des catéchumènes. La première lecture raconte comment le général syrien Naaman a été guéri de sa lèpre : le prophète Elisée lui demande de se baigner sept fois dans le Jourdain, et il est purifié.

    On insiste généralement sur le fait que Naaman doit se dépouiller de son orgueil pour être guéri : il est un grand personnage, et il croit qu’il va être reçu par Elisée avec tous les honneurs, et qu’Elisée va accomplir un miracle spectaculaire à la hauteur de son rang. Or Elisée ne le reçoit même pas et lui fait dire qu’il doit se baigner dans le fleuve – comme s’il n’y avait pas des fleuves en Syrie… Après un dernier mouvement d’orgueil, Naaman obéit au prophète (et à ses esclaves...), et il est purifié.

    Mais l’humilité requise de l’homme qui veut être guéri de sa lèpre (du péché) a son pendant (préalable) dans l’humilité de Dieu qui, de façon habituelle, ne fait pas de miracles éclatants, mais se sert des éléments les plus courants de la création pour faire passer sa grâce – sa vie éternelle et bienheureuse : l’eau du baptême, l’huile des diverses onctions, le pain de l’eucharistie… Ce qui est la suite logique de l’incarnation.

    C’est ce que Jésus tente de faire comprendre à ses concitoyens de Nazareth qui voudraient le voir accomplir un miracle, comme s’il était sur une scène de cabaret, ou sur une piste de cirque. Non seulement il ne fera pas de miracle devant des gens qui refusent de comprendre qui il est (alors qu’il vient de leur expliquer qu’il est le Messie dont Isaïe a prophétisé la venue), mais il leur déclare de façon à peine voilée, notamment par l’exemple de Naaman, que le salut sera apporté aux païens puisque les juifs refusent de croire.

    Alors on passe du baptême à une annonce de la Passion : les habitants de Nazareth sont en colère, ils se lèvent, ils le jettent « en dehors de la ville », et ils le conduisent « au sommet de la montagne » pour le précipiter en bas. Mais ce n’est pas encore son heure. Et l’évangile se termine par une affirmation de la toute-puissance divine de Jésus : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait. » L’imparfait montre la divine sérénité et majesté de Celui qui, à travers un assaut ponctuel, continue son chemin. Pourtant ils l’ont saisi, et ils vont le tuer. Mais il leur glisse entre les mains, en fait il disparaît. Et c’est la fin de la 22e section de l’évangile de saint Luc selon la numérotation d’Eusèbe de Césarée.

  • Troisième dimanche de carême

    L’évangile de ce dimanche paraît composite. Il y a d’abord Jésus qui chasse un « démon muet », et se fait accuser de chasser les démons par le prince des démons. Après la réponse de Jésus, qui clôt la discussion (« Mais si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, assurément le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous ») il y a la parabole de l’homme fort et du plus fort qui le vainc, avec la conclusion, ou une sentence séparée : « Celui qui n’est point avec moi est contre moi, et celui qui ne recueille pas avec moi dissipe. » Puis il y a la parabole de l’esprit impur qui, chassé de sa « maison », revient avec sept autres esprits et reprend possession de la maison. Enfin il y a l’épisode de cette femme qui dit bienheureuse la mère de Jésus, et à qui il répond que bienheureux sont plutôt ceux qui gardent sa parole.

    En fait, ce dernier passage ne doit pas être lu dans la perspective qu’on lui donne dans les fêtes de la Sainte Vierge, mais comme la conclusion de tout ce qui précède : heureux celui qui écoute et met en pratique tout cet enseignement sur le démon.

    Après l’expulsion du démon muet et la controverse qui suit, Jésus souligne qu’il est, lui seul, plus fort que le démon, alors que l’homme confiant en ses propres forces succombe. C’est au milieu de l’évangile de ce dimanche qu’il y a le « plus fort » qui vainc le « fort armé ». C’est le seul emploi du verbe “nikao” (vaincre) dans les évangiles, avec le passage de saint Jean où Jésus dit : « J’ai vaincu le monde. »

    C’est ce verbe, dans la forme qu’il a dans cet évangile, au présent, à la troisième personne du singulier : NIKA, qui figure autour de la croix sur la prosphore, le pain qui va servir à l’eucharistie dans la liturgie byzantine.

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    IS XS NIKA : Jésus-Christ vainc. Le prêtre découpe la partie où figure cette inscription, et le cube ainsi obtenu s’appelle l’Agneau : c’est ce qui deviendra le corps du Christ. Voici comment le prêtre et le diacre procède, c’est d’une grande beauté.

    Avec la lance le prêtre fait par trois fois un signe de croix sur la prosphore, en disant à chaque fois :

    En mémoire de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ.

    Et le diacre ajoute à chaque fois :

    En tout temps, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen.

    Puis avant chacune des incisions qui suivent, le diacre élève l'orarion et dit :

    Prions le Seigneur.

    Le prêtre incise la prosphore autour de l'empreinte pour en découper, en forme de cube, la partie centrale, appelée "Agneau" : il coupe d'abord le côté droit de l'empreinte (pour le prêtre, c'est le côté gauche) en disant :

    Comme une brebis, Il a été mené à l'immolation. Is 53,7

    Il coupe ensuite le côté opposé en disant :

    Et comme un agneau sans tache, muet devant celui qui le tond, ainsi Il n'ouvre pas la bouche. cf. Is 53,7

    Il coupe le côté supérieur en disant :

    Dans son abaissement, son jugement a été rendu. (Is 53,8)

    Il coupe enfin le côté inférieur en disant :

    Et son origine, qui la dira ? Is 53,8

    Le diacre dit ensuite :

    Enlève, maître.

    Le prêtre enfonce la lance du côté gauche de la prosphore (côté droit pour le prêtre), enlève l'Agneau après l'avoir détaché de la partie inférieure de la prosphore et le met sur la patène en disant :

    Car sa vie a été enlevée de la terre. Is 53,8

    Il retourne l'Agneau et le place l'empreinte contre la patène.

    Le diacre dit :

    Immole, maître.

    Le prêtre incise assez profondément l'Agneau en forme de croix, en disant :

    Il est immolé, l'Agneau de Dieu qui prend le péché du monde pour la vie et le salut du monde. (cf. Jn 1,29)

    Ensuite il retourne l'Agneau, l'empreinte au-dessus, et le place au milieu de la patène.

    Le diacre dit :

    Transperce, maître.

    Le prêtre, au moyen de la lance, fait une incision sur le côté droit de l'Agneau (côté gauche pour le prêtre) en disant :

    L'un des soldats, de sa lance, Lui transperça le côté, et aussitôt il en jaillit du sang et de l'eau. Et celui qui l'a vu en a rendu témoignage et son témoignage est véridique. (Jn 19,34-35)

    (Cela se passe sur la table de la Prothèse avant le début de partie publique de la divine liturgie. On aura une pensée pour les sinistres "experts" qui ont supprimé l'offertoire de la messe latine parce qu'il faisait "double emploi" avec la "prière eucharistique"...)

  • Une perle

    Ce soir, aux grandes vêpres byzantines du dimanche de la vénération de la Sainte Croix :

    Venez couple des premières créatures - déchu de la danse d'en-haut sous le plaisir amer du fruit de l'Arbre - que jadis par la jalousie du meurtrier de l'homme vous avez mangé - Voici que nous est donné l'Arbre tout vénérable en vérité - Venez l'embrasser dans la joie et dites lui avec foi - Tu es notre secours, croix toute digne d'être vénérée - Nous avons pris de ton fruit, nous avons découvert l'incorruptibilité - Nous avons reçu la certitude du premier Eden et le grand Amour.

  • La persécution

    Le 29 février, un groupe de 22 députés ukrainiens a saisi le responsable du ministère de la Justice de la question de l'application de la décision de justice sur le démantèlement du monastère de la Dîme de Kiev. « Près de six mois se sont écoulés depuis la décision du tribunal ! Et l’église est toujours en place. Avec mes collègues députés, j'ai lancé un appel au ministre de la Justice en lui posant une question : quand la décision de justice sera-t-elle exécutée ? Quand la cellule du pays agresseur située en plein centre de la capitale de l'Ukraine sera-t-elle démantelée ? »

    Le même 29 février, une réunion de la Cour économique de Kiev s'est tenue, au cours de laquelle les représentants des autorités ont tenté de faire modifier la méthode d'exécution de la décision de justice sur la démolition de l’église. En effet, la décision de février 2023 était que la communauté religieuse devait elle-même démolir l’église à ses frais, mais elle ne donnait pas de délai, et la communauté n’a pas les moyens d’effectuer de tels travaux… Les autorités ont donc demandé qu’elles puissent elles-mêmes procédé à la démolition. Le tribunal a refusé…

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    Sur le mur, le graffiti : « Quand ? »

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    Dans le village de Potchapki, dans la région de Rivne, les représentants de l’Eglise du pouvoir ont pris l’église il y a plusieurs mois, à la faveur d’une décision de justice inique. Le 29 février, ils ont investi la très modeste maison du prêtre et y ont installé leur propre prêtre, alors qu’il était convenu qu’on attendrait la fin de la « saison du chauffage ». Le prêtre et sa famille sont contraints de déménager alors que leur nouvelle maison n’est pas prête. Et la construction de la nouvelle église est en panne par manque d’argent.

    *

    L’Eglise orthodoxe roumaine a décidé de créer une « Eglise orthodoxe roumaine d’Ukraine » destinée à accueillir les paroisses et monastères roumanophones de l’Eglise orthodoxe ukrainienne en Ukraine et les soustraire ainsi à la persécution et aux spoliations de l’Eglise du pouvoir.

    *

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    Le patriarche Porphyre de Serbie dénonce le projet de loi ukrainien qui « poursuit un but caché – empêcher complètement l’Église orthodoxe ukrainienne de continuer à accomplir sa mission salvatrice séculaire parmi les héritiers de l’ancienne Rus’ de Kiev ».

    Sincèrement alarmés par la croissance exponentielle de l’intolérance des autorités ukrainiennes à l’égard de l’unique Église canonique d’Ukraine, nous sommes particulièrement préoccupés par leur intention de légitimer cette iniquité au moyen de l’adoption de lois discriminatoires. C’est pourquoi, toujours et partout, en fonction de nos possibilités, nous témoignons des souffrances de l’Église orthodoxe ukrainienne, en faisant appel à tous les représentants de la communauté internationale qui sont au pouvoir pour empêcher cette injustice. Les organes suprêmes archipastoraux de notre sainte Église ne cessent d’appeler nos fidèles à prier pour leurs frères orthodoxes ukrainiens et, si possible, à apporter une assistance matérielle et immatérielle à ceux qui ont subi des dommages dans les conditions des hostilités et à la suite de persécutions de la part des autorités impies.

    Nous comptons uniquement sur le Seigneur et nous Le prions pour que, par l’intercession priante de notre Très Sainte Vierge la Mère de Dieu, Il se souvienne du peuple ukrainien souffrant et lui accorde une délivrance rapide de toutes les adversités qui lui sont arrivées. L’Église serbe continuera à prier avec ferveur pour l’Église orthodoxe ukrainienne très éprouvée et continuera à fournir à sa hiérarchie, à son clergé et à ses fidèles tout autre type de soutien qui les aiderait à surmonter toutes les épreuves qu’ils traversent actuellement.

    *

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    L’archevêque Théodose de Sébaste (Hanna Attallah), du patriarcat de Jérusalem, qui avait déjà élevé la voix en mars puis décembre 2023, réitère sa dénonciation de la persécution de l’Eglise orthodoxe ukrainienne :

    Jérusalem, dans le contexte des événements récents, considère qu'il est offensant et triste que l'Église orthodoxe d'Ukraine soit persécutée et opprimée par les structures de l'État, en dépit de tous les appels et recours qui ont été faits.

    La persécution des évêques et des prêtres se poursuit, sans parler de la saisie illégale de monastères et d'églises, ainsi que des tentatives de pression sur l'Église orthodoxe d'Ukraine. Récemment, des informations nous sont parvenues sur les persécutions dont fait l'objet Son Éminence Théodose, métropolite de Tcherkassy et de Kanev de l'Église orthodoxe ukrainienne. Nous exprimons notre rejet et notre condamnation de cette persécution injustifiée, irresponsable et déraisonnable à l'encontre de l'Église orthodoxe ukrainienne, qui est l'Église légitime dirigée par Sa Béatitude le Métropolite Onuphre.

    Au XXIe siècle, alors que les dirigeants politiques occidentaux glorifient les droits de l'homme et la démocratie, l'Église orthodoxe ukrainienne, qui est liée à l'histoire, à l'héritage et à l'identité de ce pays, est persécutée.

    Ce que vivent nos frères - les métropolites, le clergé et les communautés ecclésiastiques appartenant à cette Église sœur d'Ukraine - peut être qualifié de persécution religieuse et de discrimination sur la base de l'appartenance religieuse, et c'est une question qui devrait attirer l'attention soutenue de toutes les organisations de défense des droits de l'homme dans le monde.

    Nous demandons et exigeons que les organisations internationales de défense des droits de l'homme condamnent la discrimination dont souffre l'Église orthodoxe en Ukraine et prennent des mesures pour mettre fin à cette persécution inacceptable, du point de vue des droits de l'homme, de la spiritualité, de la société et de la morale.

    Depuis Jérusalem, nous exprimons notre solidarité avec nos frères et sœurs de l'Église orthodoxe ukrainienne, en particulier les évêques qui sont attaqués, et nous demandons qu'il soit mis fin à cette cruelle persécution afin que l'Église d'Ukraine puisse accomplir son ministère sans entrave.

  • Saint Augustin et la primauté

    Lorsqu’on lit les sublimes commentaires de saint Augustin sur l’évangile de saint Jean, on est étonné de découvrir, vers la fin, des propos qui n’annoncent vraiment pas du tout la future doctrine romaine de la primauté pontificale, à savoir du « pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel » du pape comme successeur de Pierre.

    Voici ce qu’il dit dans l’homélie 118 :

    Alors qu’ils étaient tous interrogés, Pierre seul a répondu : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant et il lui est dit : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, comme s’il recevait seul le pouvoir de lier et de délier alors qu’un seul a fait cette réponse pour tous et a reçu ce pouvoir avec tous en ce qu’il incarnait l’Unité même, un seul donc pour tous parce que l’unité est en tous.

    Plus loin, dans l’homélie 124, il revient plus longuement et lus précisément sur la question :

    A cause de la primauté de son apostolat, l’apôtre Pierre personnifiait cette Eglise [qui remet les péchés] dans la généralité qu’il figurait. Considéré en lui-même, par nature il était un seul homme, par grâce il était un seul chrétien, par une grâce plus abondante il était un seul Apôtre et en même temps le premier des Apôtres, mais, quand il lui fut dit : Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux, tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux, il signifiait l’Eglise universelle, qui est agitée en ce siècle par des tentations diverses, comme par des pluies, des torrents et des tempêtes, mais ne s’écroule pas parce qu’elle est fondée sur la Pierre dont Pierre a reçu son nom, car la Pierre ne tire pas son nom de Pierre, mais Pierre tire son nom de la Pierre, de même que le nom du Christ ne vient pas de chrétien, mais que le nom de chrétien vient du Christ. En effet le Seigneur dit : Sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise parce que Pierre avait dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Sur cette Pierre donc que tu as confessée, dit-il, je bâtirai mon Eglise. La Pierre en effet était le Christ. Sur ce fondement Pierre lui-même est bâti. Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, le Christ Jésus. L’Eglise qui est fondée sur le Christ a donc reçu de lui en Pierre les clefs du royaume des cieux, c’est-à-dire le pouvoir de lier et de délier les péchés. En effet, ce que l’Eglise est au sens propre dans le Christ, Pierre l’est figurativement dans la Pierre, et, dans ce sens figuratif, on comprend que le Christ est la Pierre et que Pierre est l’Eglise.

    Dans son sermon 149 il dit de même :

    En beaucoup de passages des Ecritures, il apparaît que Pierre joue le rôle de l’Eglise, mais surtout dans ce passage où il est dit : Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux, tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans le ciel et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans le ciel. Est-ce que Pierre a reçu ces clefs et que Paul ne les a pas reçues ? Est-ce que Pierre a reçu ces clefs et que Jacques, Jean et les autres apôtres ne les ont pas reçues ? Ou bien ces clefs ne sont-elles pas dans l’Eglise où chaque jour les péchés sont remis ? Mais parce que Pierre jouait le rôle de l’Eglise en figure, ce qui lui a été donné à lui seul a été donné à l’Eglise. Pierre par conséquent figurait l’Eglise et l’Eglise est le Corps du Christ.

    En fait c’est un thème constant de saint Augustin. Il insiste dans son sermon 76 :

    Tu es Pierre, dit-il, et sur cette Pierre que tu as confessée, sur cette Pierre que tu as reconnue je bâtirai mon Eglise, c’est-à-dire sur moi-même, le Fils du Dieu vivant, je bâtirai mon Eglise. Sur moi je te bâtirai, et non pas moi sur toi.

    Et dans le sermon 270 :

    Sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise, non pas sur la Pierre que tu es, mais sur la Pierre que tu as confessée. Je bâtirai mon Eglise, je te bâtirai, toi qui dans cette réponse que tu as faite porte la figure de l’Eglise.

    Et dans son commentaire de la première épître de saint Jean :

    Que veut dire : Sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ? Sur cette foi, sur ce qui a été dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

    Dans ce commentaire, comme dans le sermon 149, saint Augustin évoque aussi spécifiquement la deuxième partie du propos du Christ :

    C’est à l’Eglise qu’il a été dit : Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux, tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans le ciel et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans le ciel.

    Mais cela se trouve déjà dans saint Matthieu 18,18, un verset qui n’est jamais cité. Jésus s’adresse explicitement à tous ses apôtres et leur dit la même chose qu’à Pierre :

    En vérité, Je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aussi dans le Ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le Ciel.

    En fait, c’est saint Pierre lui-même qui a été le premier à faire l’interprétation de saint Augustin, dans sa première épître, si l’on y fait attention :

    Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et mise en honneur par Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, soyez posés sur lui pour former une maison spirituelle, et un sacerdoce saint, qui offre des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ.

    Le Christ est la Pierre vivante et c’est sur cette Pierre que l’Eglise est édifiée.

    • La traduction de saint Augustin est celle de « M.-F. Berrouard » (le dominicain Marie-François Berrouard, 1918-2004), Bibliothèque augustinienne.

  • Le Festival mondial de la jeunesse

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    Vladimir Poutine a inauguré aujourd’hui le Festival mondial de la jeunesse, qui se déroule à Sotchi sur le thème « Commençons l’avenir ensemble ».

    Il y a eu plus de 300.000 demandes de participation, émanant de 190 pays. Mais le festival n’était prévu que pour 20.000 participants, et la sélection a été sévère. Quelque 5.000 bénévoles s’occupent de l’organisation.

    Parmi les participants figurent des étudiants, de jeunes professionnels, des entrepreneurs, des dirigeants d'organisations à but non lucratif, des diplomates, des athlètes et des personnalités culturelles. Le but est de créer un réseau de jeunes à travers le monde. « Le Festival international de la jeunesse deviendra la capitale du monde juste de demain, où le respect de l'autre, des valeurs et de la culture des différents pays et peuples sera au premier plan. »

    Le Festival offre des conférences et des discussions, des programmes culturels, sportifs, régionaux, des expositions et des activités bénévoles. Du 10 au 17 mars, les participants étrangers pourront visiter 26 villes russes.

    C’est un exemple parmi d’autres de l’isolement de la Russie.

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  • Samedi de la deuxième semaine de carême

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    Commentaire de saint Ambroise sur l’évangile de l’enfant prodigue, leçon des matines.

    Vous voyez que le divin patrimoine est accordé à ceux qui le demandent. Ne croyez pas qu’il y ait faute chez le père, parce qu’il a accédé au désir de son plus jeune fils. Aucun âge n’est trop faible pour le royaume de Dieu ; et la foi n’est pas alourdie par le poids des années. En demandant sa part, le jeune homme se jugeait capable de la gérer ; et plût à Dieu, cependant, qu’il ne se fût pas éloigné de son père, il n'eût pas connu l’inexpérience de son âge. C’est après qu’il eut déserté la maison paternelle et fut parti à l’étranger, qu’il commença à manquer. On a bien raison de dire qu’il a dissipé son patrimoine, celui qui s’est éloigné de l’Église.

    Il partit à l’étranger pour une région lointaine. Quel pire éloignement que de s’éloigner de soi-même, d’être séparé de sa propre vie, non par l’espace, mais par les mœurs ; d’en rester distant, non par des étendues de terre, mais par des passions, et d’être en divorce avec les Saints, par la barrière brûlante de la luxure mondaine. En effet, qui se sépare du Christ est un exilé de la patrie ; c’est un citoyen du monde. Mais nous, nous ne sommes pas des étrangers et des gens du dehors, mais nous sommes les concitoyens des Saints, et les familiers de Dieu. Car nous qui étions éloignés, nous avons été rapprochés par le sang du Christ. Ne jalousons pas ceux qui reviennent d’une région lointaine, parce que, nous aussi, nous avons vécu dans une région lointaine, comme l’enseigne Isaïe, car voici ce que vous y lisez : « Pour ceux qui demeuraient dans la région de l'ombre de la mort, une lumière s'est levée. » La région lointaine, c’est donc l’ombre de la mort.

    Mais pour nous, dont la face a reçu un esprit qui est le Christ Seigneur, nous vivons à l’ombre du Christ. Et c’est pourquoi l’Église dit : « A son ombre, j'ai désiré et me suis reposée. » L’enfant prodigue, en vivant dans la luxure, a consumé tout ce qui faisait la beauté de sa nature ; toi donc qui as reçu l’image de Dieu, qui as sa ressemblance, ne la détruis pas par une laideur contraire à la raison. Tu es l’œuvre de Dieu, ne dis pas au bois : Mon Père, c’est toi, pour ne pas devenir semblable au bois. En effet il est écrit : « Qu’ils leur deviennent semblables, ceux qui font » (ces idoles).

  • Au Kremlin

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    La divine liturgie patriarcale russe de ce matin était retransmise par Soyouz depuis la cathédrale de la Dormition du Kremlin. C’est l’occasion de voir cette église, la première construite en pierre à Moscou, au XVe siècle (dans le plus pur style médiéval russe par un architecte... italien), son iconostase de 16 mètres et 69 icônes et ses peintures murales, du XVIIe siècle.

    (Fête de saint Hermogène, patriarche de Moscou de 1606 à 1612, dont le tombeau se trouve dans cette cathédrale.)

  • Bonnet blanc et blanc bonnet

    Valérie Hayer, tête de liste de la macronie pour les européennes :

    « Avec Raphaël Glucksmann, on vote à 90% de la même façon au Parlement européen. Il devrait être avec nous, et il le sait. Il serait beaucoup plus efficace pour porter ses idées et avoir des résultats. »