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Le blog d'Yves Daoudal - Page 666

  • En attendant la Finlande…

    Dans son discours à l’université d’été de Bálványos, Viktor Orbán a ironisé sur le fait que la Finlande, qui préside l’UE ce semestre, va enquêter sur l’état de droit en Hongrie…

    Et – puisque Madame le ministre Judit Varga est parmi nous – n’oublions pas non plus que nous aurons des combats à mener également sur le terrain de l’Etat de droit. Nous aurons besoin de nerfs solides. Pas pour défendre notre position – parce que cela, comme Madame le ministre l’a déjà montré, ne pose pas de problème – mais pour ne pas nous laisser aller à éclater de rire et pour ne pas vexer nos partenaires par un excès d’hilarité. C’est le plus dur. C’est pour cela qu’il nous faudra de bons nerfs et de la maîtrise de soi. Voilà tout de suite la période qui vient, où nous allons examiner avec nos amis Finlandais la situation de l’Etat de droit en Hongrie. Nous allons examiner cela avec nos amis Finlandais. La Finlande, Mesdames et Messieurs, est un Etat où il n’y a pas de Cour constitutionnelle. La protection de la constitution est assurée par une commission du Parlement spécialement constituée à cet effet. Imaginez un instant, dans l’Etat de droit hongrois, si nous disions tout d’un coup que nous supprimons la Cour constitutionnelle et que c’est la Commission de la Constitution du Parlement qui exerce le contrôle de constitutionnalité. C’est à peu près la situation en Finlande. Ou voici un autre exemple éloquent : en Finlande, l’Académie est placée sous le contrôle et la direction du ministère de l’Education. Imaginez un instant, si nous avions clos le débat sur l’Académie des Sciences hongroise en la plaçant sous le contrôle et la direction du ministre de l’Education – rassurez-vous, cher Monsieur le ministre Kásler, ce ne sera pas le cas – mais imaginons-le un instant. Ou imaginez encore cet Etat de droit en Finlande où les juges sont nommés par le président de la République sur proposition du ministre de la Justice. Il nous faudra donc des nerfs solides pour qu’à nos amis Finlandais qui nous interrogeront sur l’Etat de droit nous ne répondions pas avec des sourires ni des rires, mais avec courtoisie et tout le respect qui leur est dû.

  • Illibéral

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    Comme chaque été, Viktor Orbán a fait un important discours, le 27 juillet, à l’« université d’été de Bálványos », rendez-vous des jeunes nationalistes hongrois qui se déroule en Transylvanie, donc en… Roumanie. Cela fait 30 ans que cette université d’été existe, et cela fait 30 ans que Viktor Orbán y prend la parole. Cette année, il a précisé de façon remarquable ce qu’il entend par « démocratie illibérale ». En résumé : « La signification de la politique illibérale n’est autre que la liberté chrétienne. »

    Voici ce développement, qui est l’essentiel du discours de cette année, et mérite d’être lu in extenso.

    L’interprétation internationale peut être résumée de la manière suivante : le monde doit fonctionner sur la base des démocraties libérales, principalement en Europe, ces démocraties doivent bâtir et mettre en œuvre une sorte d’internationale libérale, dont un empire libéral doit sortir. L’Union européenne n’est rien d’autre que l’incarnation de cette idée, mais du temps de l’administration démocrate les Etats-Unis réfléchissaient aussi à quelque chose de comparable à l’époque du président Obama, à l’échelle mondiale. Vu sous cet angle, il est clair que ce qui se passe en Hongrie ne correspond pas à ce schéma. C’est quelque chose d’autre. La Hongrie fait autre chose, elle donne le jour à autre chose. Oui, mais à quoi ? A cette question, l’on peut donner une réponse philosophique – nous nous y essaierons – mais aussi une réponse de politique concrète. Je choisirai maintenant cette dernière. C’est à partir de là que l’on peut comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe en Hongrie, quelle était la situation que les forces citoyennes, nationales et chrétiennes ont reçue en héritage en 2010, après avoir gagné les élections avec une majorité parlementaire des deux tiers. Cette situation peut être résumée autour des points suivants. Le premier est que la part prépondérante des charges de la Hongrie était portée par moins de la moitié de la population active. Traduit en chiffres, cela voulait dire que sur les 10 millions de Hongrois, il y en avait 3,6 millions qui travaillaient, sur lesquels 1,8 million payaient des impôts. C’étaient eux qui portaient sur leur dos les charges du pays. Il est clair que c’était là une forme longue et pénible de suicide. Je signale entre parenthèses qu’aujourd’hui 4,5 millions de Hongrois sont au travail, et que tout le monde paie des impôts. Le second problème que nous devions résoudre était que l’endettement avait lentement enseveli sous lui les individus, les familles, les entreprises, et aussi l’Etat. Nous avions hérité d’une situation d’endettement sans espoir. Nous avons constaté en 2010 que l’identité culturelle de notre communauté, de la Hongrie était en pleine décomposition. Nous avons constaté que la conscience de l’appartenance à la nation était en voie de disparition. Nous avons constaté que nos communautés d’au-delà des frontières étaient soumises à une pression assimilatrice constante, à laquelle elles n’étaient pas en mesure de résister. Et nous avons constaté que les capacités physiques préposées à la défense de notre souveraineté : la police, l’armée, étaient sclérosées. Comme Gyula Tellér l’avait écrit à l’époque, la Hongrie était en 2010 en train de se vider matériellement, spirituellement et biologiquement. Le premier ministre et le gouvernement devaient donc répondre à la question de savoir si la solution de ces problèmes hongrois était envisageable dans le cadre de la démocratie libérale ? A cette question, nous avons résolument répondu non. Ce n’était pas envisageable. Ce cadre-là ne permet pas de trouver les bonnes réponses à ces questions. Il fallait donc trouver autre chose. Nous avons déclaré qu’il faut conserver le cadre de l’économie de marché libérale qui subsistait du changement de régime libéral, qu’il faut conserver les institutions démocratiques, juridiques et politiques, mais qu’il faut modifier radicalement le mode de structuration de la société et de la communauté. En d’autres termes : démocratie oui, libéralisme non.

    Et c’est alors qu’est arrivé le débat : qu’est-ce donc que cette démocratie illibérale, une démocratie chrétienne à l’ancienne ou un système basé sur la nation ? Il est peut-être utile de rappeler ici en quelques mots la différence entre le premier changement de régime, que nous avons appelé changement de régime libéral, et le second, que nous pouvons appeler changement de régime illibéral ou fondé sur la nation. Nous avons revisité et placé sur de nouvelles bases la relation qui s’établit entre la communauté et l’individu. Dans le système libéral, la société et la nation ne sont rien d’autre qu’une masse d’individus en concurrence les uns avec les autres. Ce qui les rassemble, c’est la constitution et l’économie de marché. Il n’y a pas de nation, ou s’il y en a tout de même une, c’est seulement une nation politique. Je voudrais ici ouvrir une parenthèse et rendre hommage à László Sólyom7, qui a fait œuvre définitive pendant sa présidence quand il a étudié et précisé, à la fois juridiquement et philosophiquement, le concept de la nation culturelle par opposition avec la nation politique. Fin de la parenthèse. Puisque donc il n’y a pas de nation, il n’y a pas non plus de communauté, ni d’intérêt communautaire. Voilà, en gros, ce qu’est la relation entre l’individu et la société dans la conception libérale. Face à cela, la conception illibérale ou d’inspiration nationale affirme que la nation est une communauté déterminée par son histoire et sa culture, une organisation qui s’est formée au cours de l’histoire et dont les membres doivent être protégés et préparés à faire face ensemble aux défis du monde. Dans la conception libérale, la performance individuelle, ce que fait chacun, s’il vit une vie productive ou une vie improductive, est une affaire strictement personnelle et ne peut pas faire l’objet d’un jugement moral. Face à cela, dans un système d’inspiration nationale, la performance individuelle qui mérite en premier lieu la reconnaissance est celle qui sert en même temps le bien de la communauté. Il faut l’entendre au sens large. Voilà par exemple nos patineurs qui ont gagné une médaille d’or : une performance sportive d’excellence est aussi une performance individuelle qui sert en même temps le bien de la communauté. Quand nous les citons, nous ne disons pas qu’ils ont gagné une médaille d’or, mais que nous avons gagné l’or olympique : leur performance individuelle a bien clairement servi aussi les intérêts de la communauté. Dans un système illibéral ou d’inspiration nationale, la performance digne de reconnaissance n’est pas une affaire personnelle et revêt des formes bien définies. Il en est ainsi de l’auto-responsabilisation et du travail, de la capacité à créer et à subvenir à sa propre existence, de l’étude et d’un mode de vie sain, du paiement de l’impôt, de la fondation d’une famille et de l’éducation des enfants. Ou encore de la capacité à s’y retrouver dans les affaires et dans l’histoire de la nation, et de la participation à la réflexion sur le devenir de la nation. Ce sont des capacités que nous reconnaissons, que nous valorisons, que nous considérons comme de rang supérieur et que nous soutenons. Voilà en quoi ce qui est arrivé en Hongrie en matière de relation entre l’individu et la société diffère totalement de la situation qui prévalait en 1990, au moment du changement de régime libéral.

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  • Sainte Marthe

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    (Sainte Marthe, église Sainte-Madeleine de Troyes, œuvre du « maître de Chaource », XVIe siècle.)

    Les trois belles oraisons de la messe dans le propre de Provence (traduction du missel du Barroux).

    Omnipotens sempiterne Deus, qui Unigenitum tuum pro salute hominum in terris conversantem sanctissimæ Virginis Marthæ hospitio suscipi voluisti : præsta, quæsumus ; ut, ejusdem Virginis meritis et intercessione, in cælorum domicilio recipi misericorditer valeamus. Per Dominum…

    Dieu éternel et tout-puissant, qui avez voulu que votre Fils unique, séjournant sur terre pour le salut des hommes, fût reçu comme hôte par la bienheureuse Vierge Marthe, nous vous en prions : faites que par les mérites et l’intercession de cette vierge nous puissions être reçus avec miséricorde dans la demeure des cieux. Par notre Seigneur…

    Admitte, pie et misericors Deus, hostias et preces quas in sancto altari tuo tibi devote offerimus ob commemorationem sanctæ Virginis tuæ Marthæ : ut sicut illa pura tibi mente servivit in terris, ita nos ejus intercessione, post hujus ministerii decursum, feliciter vivamus in cælis. Qui vivis…

    Dieu de bonté et de miséricorde, recevez les hosties et les prières qu’en mémoire de votre sainte vierge Marthe nous vous présentons avec dévotion sur votre saint autel ; et de même qu’elle vous a servi sur la terre avec une âme pure, qu’ainsi, par son intercession, après le cours de notre service ici-bas, nous vivions aux cieux dans la félicité. Vous qui vivez…

    Sumptis, Domine, salutis æternæ mysteriis, te suppliciter exoramus : ut intercedente beata et gloriosa Virgine Martha, hospita tua, illius gaudiorum efficiamur participes, et æterni præmii cohaeredes. Qui vivis…

    Ayant reçu les sacrements du salut éternel, Seigneur, nous vous supplions humblement ; que par l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Vierge Marthe, nous devenions participants de ses joies et cohéritiers de sa récompense éternelle. Vous qui vivez…

  • 7e dimanche après la Pentecôte

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    Omnes gentes, pláudite mánibus : jubiláte Deo in voce exsultatiónis.
    . Quóniam Dóminus excélsus, terríbilis : Rex magnus super omnem terram.

    Nations, frappez toutes des mains ; célébrez Dieu par des cris d’allégresse.
    . Car le Seigneur est très haut et terrible, roi suprême sur toute la terre.

    L’introït de ce dimanche est l’un des plus brefs du répertoire. Dépourvu de tout effet, il chante avec légèreté une joie profonde, se permettant seulement sur le mot « jubilate » une envolée jusqu’au sommet du mode. Au moyen âge le verset psalmodié était assez souvent non le verset qui suit immédiatement l’antienne, comme c’est l’usage lorsque l’antienne est le premier verset du psaume, mais le verset suivant : « Subjecit populos nobis, et gentes sub pedibus nostris » (il nous a soumis des peuples, et des nations sous nos pieds), comme on le voit ici sur l’antiphonaire de Hartker (codex 339 de Saint-Gall). Sans doute pour éviter le trop grand contraste entre l’allégresse de l’antienne et le Dieu « terrible » du verset.

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Ivoire, XIIIe siècle, Louvre

    Quam vília de seípsa sénserit édocet María, et quod omne quidquid boni mériti hábuit, hoc supérna grátia largiénte percéperit, dicens: Quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ; ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes. Húmilem quippe Christi ancíllam suo iudício se fuísse demónstrat: sed respéctu se grátiæ cæléstis repénte sublimátam pronúntiat, atque in tantum glorificátam, ut sua beatitúdo præcípua mérito cunctárum géntium voce mirétur. Addidit étiam adhuc divínæ pietátis múnera, quæ mirabíliter accépit, digna gratiárum actióne colláudans. Quia fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen eius. Nihil ergo suis méritis tríbuit, quæ totam magnitúdinem ad illíus donum refert, qui essentiáliter potens et magnus exístens, fidéles suos de parvis atque infírmis, fortes fácere consuévit et magnos.

    Quand Marie dit : « Il s’est penché sur son humble servante, et désormais tous les âges me diront bienheureuse », elle nous apprend les humbles sentiments qu’elle a d’elle-même. Elle nous dit avoir reçu tout ce qu’il peut y avoir de bien en elle par largesse de la grâce divine. Elle montre, certes, qu’elle se considère comme la pauvre servante du Christ. Mais tout de suite, par respect de la grâce céleste, elle reconnaît sa noblesse et se dit tellement glorifiée que la voix de tous les peuples admirera à juste titre son singulier bonheur. Et ces faveurs de la divine bonté – ces faveurs qu’elle a si merveilleusement accueillies –, elle trouve même le moyen de les faire croître en chantant une digne action de grâces : « Le Puissant a fait pour moi des merveilles, Saint est son nom. » Elle n’attribue rien à ses propres mérites. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de celui qui est puissant et grand par essence, lui qui a coutume de rendre forts et grands ses fidèles, tout petits et faibles qu’ils soient.

    Saint Bède, homélie en la fête de la Visitation, lecture des matines.

  • En Grèce

    Une circulaire de l’Eglise orthodoxe de Grèce indique que le Saint Synode a décidé, le 9 juillet, d’instituer un « Jour de l’enfant à naître ». Ce sera le dimanche après Noël. (Dommage que les orthodoxes ne suivent pas le mouvement lancé par le président argentin Carlos Menem en 1999 et aussitôt promu par Jean-Paul II, d’une Journée internationale de l’enfant à naître le 25 mars, fête de l’Annonciation, alors même que lors de la proclamation de Buenos Aires il y avait des orthodoxes – et des protestants, et des juifs, et même des musulmans.)

    L’Eglise orthodoxe entend ainsi lutter contre la dénatalité (la Grèce devrait perdre entre un demi-million et un million d’habitants d’ici 20 ans si rien n’est fait). Il y aurait 300.000 avortements par an dans ce pays de moins de 11 millions d’habitants (plus d’une femme sur cinq a déjà avorté).

    Le métropolite Ignace a rappelé que depuis 1999 l’Eglise a pris des initiatives pour lutter contre la dénatalité : en Thrace elle verse une allocation pour le troisième enfant, elle a ouvert des crèches gratuites dans tous les diocèses et apporte des aides financières aux familles.

    De son côté, le nouveau gouvernement a promis une allocation de 2.000 € pour chaque naissance et 1.000 € pour les mères de moins de 30 ans.

  • La puberté n’est pas une maladie

    Le conseil régional du Frioul-Vénétie julienne a approuvé le 17 juillet une motion demandant au gouvernement italien d’interdire la prescription de substances qui empêchent le développement sexuel normal des adolescents (sous prétexte de « traitement de réassignation sexuelle pour les enfants souffrant de non-conformité de genre »).

    La motion souligne que « la puberté n’est pas une maladie » et qu’on ne doit donc pas l’empêcher par une chirurgie ou une médication aux effets irréversibles. Elle cite un document du Collège américain de pédiatrie indiquant que 98% des mineurs dépassent leur soi-disant « dysphorie de genre » après une puberté naturelle. (Lequel Collège dénonce le mythe du "transgendérisme", car on ne peut tout simplement pas changer de sexe.)

  • Brexit

    Les nominations de Boris Johnson ne passent pas inaperçues… D’abord il a fait de Dominic Cummings l’un des ses principaux conseillers officiels. Dominic Cummings fut le stratège de la campagne du référendum. Il misa tout sur une technique nouvelle (par rapport aux meetings traditionnels), avec l’aide de la société canadienne AggregateIQ : analyser les réseaux sociaux, recueillir un maximum de données, notamment sur les citoyens qui habituellement ne votent pas, et inonder les réseaux sociaux de messages ciblés. Il fut aussi l’inventeur du slogan génial : « Take back control » : reprenez le contrôle. Son personnage – complexe - est devenu le héros de l’excellent téléfilm Brexit : the uncivil war qui dévoilait les dessous de la campagne.

    Il a nommé ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui était ministre du Brexit et avait démissionné pour protester contre l’attitude de Theresa May qu’il jugeait trop conciliante avec Bruxelles. Il est partisan de suspendre le Parlement, s’il le faut, afin de sortir de l’UE sans accord.

    Il a nommé ministre de l’Intérieur Priti Patel, étiquetée comme « ultraconservatrice » parce qu’elle « a voté contre le mariage pour les personnes de même sexe et a un temps soutenu la peine de mort ». Le bandeau de son compte twitter est une photo de Ronald Reagan et Margaret Thatcher.

    Dominic Raab est fils d’un juif tchèque réfugié, et Priti Patel est fille d’immigrés de l’Inde. Selon les réflexes d’aujourd’hui, on ne peut pas les critiquer trop durement sans être taxé d’antisémitisme et de racisme…

    La nomination la plus étonnante est sans doute celle de Jacob Rees-Mogg comme « leader de la Chambre des communes », à savoir ministre des relations avec la chambre des députés (remplaçant éventuellement le Premier ministre lors des séances de questions au Premier ministre), et « lord président du conseil privé de Sa Majesté ». Car Jacob Rees-Moog est un catholique militant, et il martèle très ouvertement et très calmement qu’il est contre tout avortement et contre le « mariage » des paires sexuelles, et plus généralement qu’il se tient à l’enseignement de l’Eglise catholique sur les questions de foi et de mœurs… Il a six enfants. Un chroniqueur du Guardian écrit : « Jacob Rees-Moog, qui s’oppose à l’avortement en cas de viol, et qui s’oppose ardemment aux droits LGBTQ, est maintenant l’un des plus puissants hommes politiques de Grande-Bretagne. »

  • Sainte Anne

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    Dom Guéranger avait fait profession monastique à Rome, en l’église Saint-Paul hors les murs, en la fête de sainte Anne de 1837, devant la relique qui s’y trouve : le bras de la grand-mère de Dieu et des Bretons. Toute sa vie l’abbé de Solesmes eut une grande dévotion pour sainte Anne. Il composa un propre de la « Congrégation de France », imprimé en 1856, où figurait un office de sainte Anne, avec plusieurs pièces reprises d’anciens formulaires, dont l’hymne Claræ diei gaudiis qu’on trouvera ci-dessous. Mais cet office-là ne fut pas accepté par la Congrégation des rites. Plus tard, l’évêque de Vannes, Mgr Jean-Marie Bécel, qui rétablissait nombre de fêtes d’anciens saints bretons et faisait construire la basilique de Sainte-Anne d’Auray, demanda à dom Guéranger un office de sainte Anne pour son diocèse, où se trouve Sainte-Anne d’Auray. Dom Guéranger se mit à la tâche et composa un très bel office, à partir de diverses sources, achevé en janvier 1872, trois ans avant sa mort.

    Pour l’hymne des premières vêpres et des matines, il reprit une hymne du XVIIe siècle, qu’on trouve notamment dans le livre de « Prières ecclésiastiques » de Bossuet puis dans divers livres d’heures du XVIIIe siècle. En dehors de l’audacieuse substitution de « parens Britannia » à « parens Ecclesia », la modification la plus importante est celle qui concerne la dernière strophe (avant la doxologie), puisqu’elle devient… deux strophes. Et que le nouveau texte chante de façon appuyée l’Immaculée Conception, dogme pour lequel dom Guéranger avait bataillé et écrit un livre entier. Ces vers-là sont une claire signature et rendent vaines les spéculations d’Ulysse Chevalier selon qui le remaniement de l’hymne serait du chanoine Schliebusch (qui était le bras droit de l’évêque pour les réformes liturgiques) ; lequel Schliebusch avait d’ailleurs formellement démenti ces allégations et souligné que tout l’office était de dom Guéranger - de toute façon dom Guéranger lui-même a réglé la question puisqu'il écrivait dans son journal le 23 janvier 1872 : « J'ai envoyé à Lorient un office que l'on m'a demandé en l'honneur de sainte Anne comme Patronne des Bretons. »

    Mais cette hymne du XVIIe siècle était elle-même une reprise d’une hymne qui existait au XIIIe siècle, tout à fait charmante, mais qui ne pouvait qu’être rejetée par les puristes après la Renaissance, parce qu’elle était rimée au lieu de suivre la métrique classique…

    Voici donc d’abord l’hymne du propre de Vannes, suivie de l’hymne du XVIIe siècle, et de l’hymne médiévale. On notera que celle-ci se trouve dans l’office de sainte Anne qui fait partie des offices ajoutés au bréviaire mozarabe par le cardinal Jiménez en 1502.

    Lucis beatæ gaudiis,
    Gestit parens Britannia,
    Annamque Judææ decus
    Matrem Mariæ concinit.

    Lumière bienheureuse, dont les joies
    font tressaillir la Mère Bretagne.
    En ce jour elle chante Anne, l’honneur de la Judée,
    la Mère de Marie.

    Regum piorum sanguini
    Jungens Sacerdotes avos,
    Illustris Anna splendidis
    Vincit genus virtutibus.

    Joignant au sang des saints Rois
    celui de ses aïeux les Pontifes,
    Anne surpasse par l’éclat des vertus
    l’illustration d’une telle race.

    Cœlo favente nexuit
    Vincli jugalis fœdera,
    Alvoque sancta condidit
    Sidus perenne virginum.

    Sous le regard du ciel,
    elle contracte une alliance bénie ;
    dans sa chair sainte prend vie
    l’astre immortel des vierges.

    O mira cœli gratia !
    Annæ parentis in sinu
    Concepta virgo conterit
    Sævi draconis verticem.

    Merveille de la céleste grâce !
    Au sein la céleste d’Anne sa mère,
    la vierge écrase en sa conception
    la tête du dragon cruel.

    Tanto salutis pignore
    Jam sperat humanum genus :
    Orbi redempto prævia
    Pacem columba nuntiat.

    Nantie d’un tel gage de salut,
    la race humaine espère enfin :
    au monde racheté la colombe
    annonce la paix qui la suit.

    Sit laus Patri, sit Filio,
    Tibique Sancte Spiritus.
    Annam pie colentibus
    Confer perennem gratiam.
    Amen.

    Soit louange au Père, ainsi qu’au Fils,
    et à vous, Esprit-Saint !
    Aux pieux clients d’Anne
    donnez la grâce éternelle.
    Amen.

    Avec la traduction bretonne, trouvée dans Barr-Heol de mars 1978 (numérisé par le diocèse de Quimper).

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    L'hymne du XVIIe siècle:

    Claræ diei gaudiis
    Gestit parens Ecclesia
    Annamque Judææ decus
    Matrem Mariæ concinit.

    Regum piorum sanguini
    Jungens sacerdotes avos
    Ilustris Anna splendidis
    Vincit genus virtutibus.

    Cœlo favente contrahit
    Thori fidelis vinculum
    Effœta dudum corpore
    Prolem beatam concipit.

    Audit monentis Angeli
    Felix parens oraculum
    Castoque format pectore
    Perenne sidus virginum.

    Deo Patri sit gloria
    Ejusque soli Filio
    Cum Spiritu Paraclito
    Et nunc et in perpetuum. Amen.

    Avant le XVIIe siècle:

    Clara diei gaudia
    Moduletur Ecclesia
    In Anna Dei famula
    Pangens cœli miracula.

    Anna Regum progenies,
    Et Sacerdotum series
    Stirpem illustrem Patribus
    Suis ornavit actibus.

    Nupta cœli judicio
    Fideli matrimonio
    Fructum concepit cœlicum
    Juxta verbum Angelicum.

    Infœcunda pro tempore
    Et prope marcescens corpore
    Decreto Patris luminum
    Parit Reginam Virginum.

    Obtentu Matris filiæ
    Mariae plenæ gratiæ
    Nobis auctorem omnium
    Fac habere propitium.

    Sit laus Paterno lumini,
    Sit Filio, sit Flamini,
    Qui nos per Annæ meritum
    Cœli traducat aditum. Amen.

    (Photo: l'autel de sainte Anne, en la basilique de Sainte-Anne d'Auray, avec la statue dorée qui contient un fragment de la statue originelle, brûlée à la Révolution française.)

  • Routine eurocratique

    La Commission européenne (c’est toujours celle de Juncker jusqu’au 31 octobre) a décidé de saisir la Cour de Justice de l’UE contre la Hongrie, à propos de la loi dite « Stop Soros », qui « restreint le droit des demandeurs d'asile de communiquer avec les organisations nationales, internationales et non gouvernementales concernées et d'être assistés par elles ». La procédure vient après deux « avertissements » qui n’ont pas été suivis du rétropédalage exigé.

    Pour faire bonne mesure, la Commission européenne, toujours généreuse, ouvre une nouvelle procédure d’infraction contre la Hongrie, avec un premier avertissement (l’ultimatum est d’un mois), sur les conditions de rétention des clandestins dans les zones de transit.