« L’Eglise catholique dit aux personnalités politiques de ne pas mettre le sectarisme chrétien dans la Constitution ». Tel est le titre d’un article d’Asianews, l’organe de l’Institut pontifical pour les missions étrangères.
Il s’agit d’une déclaration officielle des évêques de Papouasie-Nouvelle-Guinée, en réaction à des amendements visant à spécifier dans la Constitution que le pays est un Etat « indépendant et chrétien » et que le peuple s’oblige à « respecter, observer et protéger les principes chrétiens ».
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est de fait un pays chrétien, même si y subsiste un certain animisme, ou plutôt de la sorcellerie. Est-il pour autant souhaitable de l’inscrire dans la Constitution ? On peut sans doute se poser la question, mais ce n’est pas ce que font les évêques, dans leur déclaration qui est véritablement choquante, et montre que la religion pour eux est en fait devenue secondaire… Les évêques là-bas comme ici, sont devenus des acteurs socio-politiques (dont personne n’a rien à faire).
Ils disent ouvertement que les amendements feraient de la Papouasie-Nouvelle-Guinée un « Etat confessionnel, ce qui signifie qu’une version du christianisme sera la religion officielle reconnue par l’Etat et aura préséance sur toutes les autres religions, croyances et pratiques, y compris nos valeurs culturelles traditionnelles ». Ils soulignent que l’expression « principes chrétiens » est « dangereuse et inquiétante » (sic), parce qu’elle « obscurcit et même efface notre identité mélanésienne unique », que « les changements proposés semblent nier notre identité primordiale ». L’identité primordiale selon les évêques n’est en effet pas d’être chrétien : « Nous sommes fiers d'être ethniquement et culturellement des Mélanésiens qui ont librement embrassé l'Évangile du Christ et l'ont fait nôtre. »
Ce qui est premier est donc l’identité mélanésienne, « nos valeurs culturelles traditionnelles », disent les évêques, sur lesquelles a été greffé le christianisme. Dire que la Papouasie est chrétienne, c’est effacer l’identité mélanésienne, qui prime sur toute autre considération. Ce qui compte est la « diversité » des « mille tribus ». « Toute autre mesure serait inconstitutionnelle, non chrétienne et non démocratique. »
Il est vrai que ce sont des chrétiens évangéliques qui proposent les amendements. Et les protestants sont largement majoritaires dans le pays. Mais, contrairement à ce que prétendent les évêques, ils ne cherchent pas à imposer « une version du christianisme ». Le mot « chrétien » demeure non défini.
Il est triste de voir que ce sont des protestants qui veulent faire reconnaître que la Papouasie est un pays chrétien, et que les « évêques catholiques » (qui se réclament explicitement de François, bien sûr) le rejettent au nom de « nos valeurs culturelles traditionnelles » non chrétiennes ou anté-chrétiennes...