Et voici l’UCCRO, aux abonnés absents jusqu’à maintenant. L’UCCRO, c’est le Conseil panukrainien des Eglises et des organisations religieuses… On apprend qu’il a tenu une réunion avec le président du Parlement, Rouslan Stefantchouk, le chef du Service d’Etat pour la politique ethnique et la liberté de conscience Viktor Yelensky (lequel est aussi président de l’Association ukrainienne pour la liberté religieuse), le vice-Premier ministre Kluymenko et le chef adjoint du SBU. Il en est résulté, dit Stefantchouk, que l’UCCRO soutient pleinement l’examen au Parlement du projet de loi n° 8371 interdisant l’Eglise orthodoxe ukrainienne en Ukraine.
L’UCCRO en a profité pour souligner qu’en Ukraine « il existe un niveau élevé de liberté religieuse, il n'y a pas de persécution pour des motifs religieux et les institutions et procédures démocratiques continuent de fonctionner ».
En ce qui concerne l’expulsion des moines de la laure des Grottes de Kiev, l’UCCRO déclare que « l'État protège avant tout les intérêts de l'Ukraine et du peuple ukrainien, c'est-à-dire qu'il veille à ce que la laure fonctionne comme un monastère orthodoxe ouvert aux croyants ukrainiens » (c’est-à-dire : non pas aux croyants russes, même si ces « Russes » n’ont jamais eu d’autre nationalité qu’ukrainienne…).
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Le chef de l’Eglise grecque-catholique, Sviatoslav Chevtchouk, se dit « peiné » que les moines de l’Eglise orthodoxe ukrainienne ne veuillent pas quitter leur monastère de Kiev. C’est un comportement « honteux », dit-il, qui « porte un préjudice moral à l'autorité de l'Église en tant que telle ». « Les gens perdent leur orientation spirituelle morale lorsqu'une Église devient dangereuse du point de vue de la sécurité de l'État. Dans ce cas, l'État devrait punir les collaborateurs et les traîtres. Mais nous comprenons que si une église perd sa crédibilité, elle peut provoquer une puissante vague de sécularisation. C'est pourquoi cela me fait très mal. » Dès le début de l’affaire, l’Eglise grecque-catholique a demandé au gouvernement de bénéficier d’une des églises de la laure des Grottes de Kiev. Il est manifeste que des militants grecs-catholiques aident les activistes de la secte du pouvoir à chasser les orthodoxes de leurs églises. Hier, les enseignants d’un lycée (public) de Kamenets-Podolski ont demandé que la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski enfin débarrassée de l’Eglise orthodoxe ukrainienne soit « renommée en l'honneur du grand saint ukrainien et de l'appeler à l'avenir cathédrale Saint-Josaphat », car « il est inacceptable que l'une des plus importantes et des plus belles cathédrales de la ville porte le nom d'un saint russe ». Alexandre Nevski, fils du prince Iaroslav de Kiev, fut prince de Kiev de 1249 à sa mort en 1263. Que les enseignants de Kamenets-Podolski ne connaissent rien à leur propre histoire n’est pas étonnant, mais il est plus étonnant qu’ils veuillent donner à une cathédrale orthodoxe le nom d’un saint catholique honni par les orthodoxes jusqu’ici – mais qui est le saint national des grecs-catholiques, désormais alliés dans la guerre contre l’Eglise orthodoxe ukrainienne. (L’Eglise grecque-catholique est la plus liée aux nazis, notamment à la division SS Galicie : Bandera était fils d’un prêtre grec-catholique.)