On ne parle pas assez du pauvre Navalny « dans l’enfer de la prison russe », bien qu’il tienne un journal quotidien sur Instagram... Alors son avocat relance la publicité. Il dit que l’opposant vedette souffre d'« une maladie inconnue pour laquelle personne ne le soigne ». « Selon son dossier médical, au cours des quinze derniers jours, il a perdu 8 kg. » Personne ne le soigne mais il a un dossier médical permanent. (Rappel : sur Instagram, le 25 décembre dernier, il disait perdre « en moyenne 3,5 kilos tous les dix jours » au mitard, qu’il reprend ensuite s’il n’y est pas « aussitôt renvoyé ».) On ne peut « pas exclure » une tentative des autorités de laisser la santé de l'opposant politique « se détériorer, non pas brusquement, mais progressivement », afin de le « tuer à petit feu », souligne l’avocat.
Ça ne vous rappelle rien ?
Un autre détenu, dont la presse occidentale avait fait un martyr : Oleg Sentsov. Un « célèbre réalisateur » ukrainien, qui avait pondu un seul film que personne n’avait vu. « Dans un camp russe près du cercle arctique, la vie d’un jeune homme talentueux s’éteint », disait La Croix le 10 août 2018. « Oleg Sentsov peut mourir à chaque minute qui passe », titrait Le Monde le 21 août, au 100e jour de sa soi-disant grève de la faim. Mais le 24 septembre il n’était toujours pas mort et la Mairie de Paris lui décernait la citoyenneté d’honneur, au 130e jour de sa soi-disant grève de la faim. (Je m’en souviens parfaitement, parce que j’étais bien le seul à ricaner.) Le 24 octobre, il n’était toujours pas mort, et le Parlement européen lui décernait le prix Sakharov, qui récompense « une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l'Homme dans le monde ». Le 7 septembre de l’année suivante, alors que tout le monde l’avait oublié, Oleg Sentsov était libéré, comme 69 autres prisonniers, échangés contre des prisonniers russes en Ukraine. Les photos montrent qu’il était en pleine forme. Aujourd’hui il fait même partie des Forces spéciales ukrainiennes, parce qu’il s’ennuyait à la Défense territoriale de Kiev…
Commentaires
Je me souviens de vos articles sur Sentsov, et même des commentaires qu'ils avaient suscités sur le jeûne. Ah la sélectivité des médias qui s'apparente souvent à de la partialité.
"Ah la sélectivité des médias qui s'apparente souvent à de la partialité."
Même avec les deux points d'exclamation que vous y auriez pu mettre, quelle litote !