On lira chez Benoît et moi une très émouvante et instructive interview de Mgr Alfred Xuereb.
Je retiens ici le propos significatif d’un prêtre disant à Benoît XVI qu’il n’a pas toujours le temps de dire le bréviaire parce qu’il doit s’occuper de beaucoup de fidèles.
La réponse de Benoît XVI est évidemment excellente : « Ton soin pastoral est très louable, mais rappelle-toi que quand tu pries le bréviaire aussi, tu fais un acte pastoral, parce que tu pries pour tes paroissiens. Tout comme il est important d'aider une personne en l'écoutant et en faisant des choses concrètes pour venir à sa rencontre, il est tout aussi important de l'aider et de la soutenir avec ta prière. Cela, les paroissiens l'apprécient beaucoup, s'ils viennent à l'apprendre. »
Mais il convient d’ajouter une précision. Conformément à ce qui est pour moi le seul élément antitraditionnel (et anti-œcuménique) de Vatican II, ce que certains appellent encore le « bréviaire » et qui n’est plus que la « liturgie des heures » a été globalement divisé par quatre : les 150 psaumes qu’on disait dans la semaine sont répartis sur quatre semaines. On a fait cela parce que les prêtres disaient qu’ils n’avaient pas le temps.
On a divisé par quatre et des prêtres disent encore qu’ils n’ont pas le temps…
Ces prêtres n’ont pas le temps pour la prière… et ils s’imaginent pouvoir avoir un apostolat fécond… alors que c’est la première explication de leur stérilité.
Au XVIe siècle déjà des prêtres avaient fait valoir qu’ils n’avaient pas le temps, et l’on avait fabriqué un bréviaire plus court. Et saint François Xavier, rapporte son biographe Tursellini, « fournit un grand exemple de religion au sujet de l'office divin, si l'on considère la licence de ces temps. On venait de publier un nouveau bréviaire à trois leçons, appelé le bréviaire de Sainte-Croix, et destiné au soulagement des gens occupés. On en avait dès le commencement concédé l'usage à François, à cause de ses travaux : mais il ne voulut jamais user de cette permission, malgré ses soins immenses et ses affaires si compliquées ; il récita constamment l'ancien bréviaire à neuf leçons, quoiqu'il fût beaucoup plus long ».
La règle de saint Benoît dit : « Nihil operi Dei praeponatur ». Ne rien préférer à l’œuvre de Dieu, ne rien trouver de plus urgent et de plus important que l’office divin. Et cela ne vaut pas que pour les moines.