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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1176

  • Saint Hilarion

    Aristenète, femme d'Elpide qui fut depuis grand-maître du palais de l'empereur, fort recommandable entre ceux de sa nation mais beaucoup plus entre les chrétiens, retournant avec son mari et trois de ses enfants de visiter saint Antoine, fut obligée de s'arrêter à Gaza à cause de leur indisposition; mais soit par la corruption de l'air ou (comme il parut ensuite) pour la gloire d'Hilarion, serviteur de Dieu, ses trois enfants étant tombés dans une violente fièvre, ils furent abandonnés des médecins. Cette pauvre mère, criant et hurlant, courait au milieu de ses trois fils qui étaient comme autant de corps morts, allant tantôt vers l'un et tantôt vers l'autre sans savoir lequel elle devait pleurer le premier. Enfin ayant appris qu'il y avait un solitaire dans un désert assez proche, oubliant la pompe des personnes de sa condition et se souvenant seulement qu'elle était mère, elle part accompagnée de quelques servantes et de quelques eunuques, son mari lui ayant à peine persuadé de monter sur un âne. Etant arrivée, vers Hilarion, elle lui dit : « Je vous conjure par le Dieu que nous adorons, par notre seigneur Jésus-Christ qui est la clémence même, et par sa croix et par son sang, de me rendre mes trois fils, et de venir à Gaza afin que le nom de notre Sauveur et de notre maître soit glorifié dans une ville païenne, et que l'idole de Marnas tombe par terre. Hilarion, ne pouvant se résoudre à lui accorder sa demande, et disant qu'il n'était jamais sorti de sa cellule et qu'il n'avait point coutume, non seulement d'aller dans les villes, mais d'entrer même dans les moindres villages, Aristenète se jeta par terre en criant par diverses fois : « Hilarion, serviteur de Dieu, rendez-moi mes enfants, et que ceux qu'Antoine a embrassés en Egypte soient conservés par vous en Syrie! » Tous ceux qui étaient présents fondaient en larmes, et lui-même pleurait en lui refusant sa prière. Que dirai-je plus? cette dame ne s'en voulut jamais aller qu'après qu'il lui eût promis que le soleil ne serait pas plus tôt couché qu'il entrerait dans Gaza. Etant arrivé, et ayant considéré l'un après l'autre dans leurs lits ces jeunes enfants que l'ardeur de la fièvre dévorait, il invoqua le nom de Jésus-Christ. O effet admirable de la souveraine puissance de ce nom! on vit soudain d'une même manière sortir une sueur de ces trois corps ainsi que de trois fontaines; et en même temps ces malades, prenant de la nourriture, reconnaissant leur mère éplorée et rendant des actions de grâces à Dieu, baisèrent les mains du saint. Ce miracle ayant été su et s'étant répandu de tous côtés, on voyait comme à l'envi les peuples de Syrie et d'Égypte aller vers lui à grandes troupes ; en sorte que plusieurs embrassaient la foi de Jésus-Christ et faisaient profession de la vie solitaire, car il n'y avait point encore jusqu'alors de monastères dans la Palestine, et avant saint Hilarion on n'avait point vu de solitaires dans la Syrie. Il fut le premier fondateur en ce pays de cette manière de vivre ; il fut le premier qui en donna les instructions; et, comme notre seigneur Jésus-Christ avait le vieillard Antoine dans l'Égypte, il avait le jeune Hilarion dans la Palestine.

    Saint Jérôme, Vie de saint Hilarion, V.

  • La famille...

    Dans La Croix de ce jour (via Le Salon Beige):

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  • Le double langage de Mme Merkel

    Le 7 octobre, Angela Merkel répétait à la télévision allemande qu’elle était opposée à ce que la Turquie devienne membre de l’Union européenne, qu’elle l’avait toujours été et qu’elle n’avait pas changé d’idée. Et elle ajoutait : « Erdogan le sait. »

    Dimanche, Angela Merkel est allée en Turquie. Elle a rencontré le président Erdogan et le Premier ministre Davutoglu, pour parler de la façon de reprendre les négociations d’adhésion de la Turquie en échange d’une aide à la Turquie dans la question des réfugiés (double marché de dupes, puisque la Turquie veut seulement aider à… envoyer les migrants musulmans en Europe).

    « Comment pouvons-nous organiser le processus d’adhésion de façon plus dynamique ? » s’est-elle interrogée. Sic.

    Elle a précisé que l’Allemagne était prête à ouvrir cette année le chapitre 17 (politique économique et monétaire), et à préparer l’ouverture des chapitres 23 et 24 sur la justice, la sécurité et les droits fondamentaux (comme le demande la Commission européenne).

    En attendant, la Turquie réclame une libéralisation du régime des visas pour les Turcs qui se rendent dans l’UE, une aide de 3 milliards d’euros (pour le « fardeau » des migrants…), et la participation des dirigeants turcs aux sommets de l’UE. Mme Merkel a dit qu’elle soutiendra ces demandes…

    La première réaction est venue de Chypre, dont l’existence n’est toujours pas reconnue par la Turquie. (On ne m’a toujours pas expliqué comment il était possible d’avoir des négociations d’adhésion d’un pays à l’UE quand ce pays ne reconnaît pas l’un des pays de l’UE et interdit l’entrée sur son territoire des bateaux et avions chypriotes qui sont des bateaux et avions de l’UE…)

    Le président chypriote Nicos Anastasiades a déclaré que son pays était toujours opposé aux négociations d’adhésion de la Turquie, tant que ce pays n’en faisait pas davantage pour la réunification de l’île.

    Chypre a bloqué six des 35 chapitres de négociation (en plus des huit chapitres bloqués par l’UE) et n’a pas l’intention de modifier sa position tant que la réunification de l’île n’avance pas. Le chapitre 17 ne fait pas partie des chapitres bloqués et Chypre ne s’opposera pas à ce qu’il soit ouvert. Mais Nicos Anastasiades a souligné que rien n’obligera Chypre à accepter l’ouverture de négociations sur les chapitres de la justice, de la sécurité et des droits fondamentaux.

  • Propos du patriarche Twal

    La construction d’un mur entre quartiers arabes et quartiers juifs de Jérusalem « nous attriste et défigure le visage de la Ville Sainte. Si cette politique de séparation se poursuit, chaque personne se déplacera à Jérusalem en portant avec soi son propre mur, sa propre barrière qui le sépare des autres ». Tel est le jugement porté par le patriarche de Jérusalem des Latins, S.B. Fouad Twal, sur le mur de ciment érigé par la police israélienne entre le quartier arabe de Jabal Mukkaber et la colonie juive d’Armon Hanatziv.

    Les autorités israéliennes ont justifié cette construction par la volonté d’empêcher le tir de pierres et de cocktails Molotov de la part des Palestiniens. « Il s’agit d’une chose invraisemblable et elle fait partie de la politique de l’émiettement de la Ville Sainte et de la volonté de rendre difficile également l’accès aux Lieux Saints. Naguère, les autorités israéliennes répétaient le slogan selon lequel Jérusalem est la Ville Sainte, une et indivisible. Maintenant, elles se mettent même à construire de nouveaux murs… Evidemment, tout peut être sacrifié et contredit lorsque cela est conforme à leurs propres stratégies politiques », a déclaré le patriarche.

    Depuis le début du mois d’octobre, la nouvelle spirale de violence qui a explosé en Terre Sainte a provoqué la mort de 43 Palestiniens et 7 Israéliens. « Dans un pays démocratique – souligne le Patriarche – tout acte criminel est puni par la justice et lorsque le juge émet la condamnation, tous l’acceptent. Maintenant, tous les civils en Israël ont le droit d’ouvrir le feu. Il y a des lynchages et des exécutions sommaires. L’usage disproportionné de la force est toujours un signe de faiblesse alors que serviraient des nerfs solides et un esprit lucide pour reconnaître et ôter les causes de cette vague de violence et défendre ensemble le profil de Jérusalem comme ville de la paix, pour le bien de tous. »

    (Fides)

  • Saint Jean de Kenty

    Clément XIII, en 1767, canonisa Jean de Kenty, professeur de l’université de Cracovie au XVe siècle, célèbre pour sa charité envers les pauvres. On lui composa une messe entièrement propre, et il fut le seul « confesseur non pontife » à avoir à son office trois hymnes propres, dont voici celle des premières vêpres, qui rappelle ses pèlerinages (entièrement à pied) à Jérusalem et à Rome :

    Gentis Polonae gloria,
    Clerique splendor nobilis
    Decus Lycaei, et patriae
    Pater, Joannes inclyte.

    Tu es la gloire du peuple polonais, la noble splendeur du clergé, l’honneur de l’Ecole, et le père de la Patrie, illustre Jean.

    Legem superni Numinis
    Doces magister, et facis.
    Nil scire prodest: sedulo
    Legem nitamur exsequi.

    Maître, tu enseignes la loi du Très-Haut, et tu la mets en pratique. Savoir ne sert à rien : efforçons-nous d’accomplir la loi.

    Apostolorum limina
    Pedes viator visitas;
    Ad patriam, ad quam tendimus,
    Gressus viamque dirige.

    Pèlerin, tu visites à pied les tombeaux des apôtres ; à la patrie vers laquelle nous tendons, conduis nos pas et dirige notre route.

    Urbem petis Jerusalem:
    Signata sacro sanguine
    Christi colis vestigia,
    Rigasque fusis fletibus.

    Tu gagnes Jérusalem, tu vénères les traces du Christ marquées par son sang sacré, et tu les arroses de tes larmes.

    Acerba Christi vulnera,
    Haerete nostris cordibus,
    Ut cogitemus consequi
    Redemptionis pretium.

    Plaies amères du Christ, soyez fixées dans nos cœurs, afin que nous pensions à obtenir le prix de la Rédemption.

    Te prona mundi machina,
    Clemens adoret Trinitas,
    Et nos novi per gratiam
    Novum canamus canticum. Amen.

    Trinité clémente, que t’adore prosterné tout l’appareil du monde, et nous, renouvelés par la grâce, nous chantons un cantique nouveau. Amen.

  • L’avertissement du P. Spadaro

    Le P. Antonio Spadaro est le directeur de la revue jésuite Civilta cattolica, il est un des principaux confidents et conseillers du pape (et même celui qu’on voit le plus à Sainte-Marthe), et il a été nommé par le pape membre de l’assemblée synodale sur la famille.

    Il a donné hier une interview à Radio Vatican.

    Ce synode est un « moment très délicat », dit-il, car « ce qui est en jeu c’est la relation entre l’Eglise et le monde ». Et il le répète : « Ce qui est vraiment en jeu ici, dans ce synode, c’est voir comment l’Eglise doit vivre sa relation avec la réalité d’aujourd’hui, qui a de grands défis, de grands changements, et qui est très diverse selon les endroits de la terre. »

    Alors on lui demande quel est le rapport entre ce synode et le Jubilé de la Miséricorde. Réponse :

    - Ce thème a émergé dans les groupes… En fait c’est le pape lui-même qui a établi cette forte connexion : il l’a fait explicitement le 6 juillet, dans son homélie à Guyaquil, au cours de sa visite apostolique en Equateur. Fondamentalement, ce que nous sommes en train de vivre, ce n’est pas seulement un synode, qui a débuté en 2013 avec le fameux questionnaire, puis a passé la première étape synodale et maintenant nous vivons la seconde. Mais cela aboutira au Jubilé de la Miséricorde, et ça ne finira pas là… Il faut comprendre que nous vivons un processus ecclésial de grande ampleur. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait des moments de fatigue, des blocages, des difficultés et des tensions… Mais il y a aussi la joie de construire l’histoire ensemble…

    Bref, il faut s’attendre au pire, mais pas tout de suite. C’est au nom de la « miséricorde », donc en son jubilé, que seront prises les (premières) décisions.

    On lui dit ensuite que certains demandent qu’on redécouvre le sens du péché, et on lui demande quelle est la relation entre le péché et la miséricorde.

    — La proclamation de l’Evangile, qui est que le Seigneur est mort pour nous, est mort pour moi, n’est pas l’annonce du péché. Il faut bien comprendre que la réalité de l’annonce de l’Evangile est une annonce de la miséricorde : à la lumière de la miséricorde du pardon du Seigneur, je comprends mon péché, parce que le risque est de tomber dans une sorte de grand sentiment de culpabilité. Alors, s’il n’y a pas la perception du Dieu miséricordieux, le sentiment du péché est seulement un sentiment de culpabilité, qui est souvent inutile.

    Et encore, sur la relation entre vérité et miséricorde :

    La miséricorde est la vérité de l'Evangile. Ainsi, toute opposition entre doctrine et pastorale, entre miséricorde et vérité, n'a pas de sens. La doctrine de l'Évangile, qui est l'enseignement du Seigneur, est l'enseignement de la miséricorde. Tout découle de là.

  • En Indonésie

    Les autorités de la province indonésienne d’Aceh ont commencé à détruire les églises du district d’Aceh Singkil, comme l’exigeaient les militants de l’Islamic Defenders Front, qui avaient incendié une église la semaine dernière et attaqué une autre pour montrer leur détermination.

    Trois églises (de pauvres baraques en bois) ont été détruites aujourd’hui. Sept autres vont l’être dans les prochains jours. Les autorités affirment que c’est avec l’accord des chrétiens, qui reconnaissent qu’ils n’avaient pas de permis de construire…

    La messe dominicale d’hier à Suka Makmur, près de l’église incendiée :

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  • Suississime

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    L’UDC a remporté les élections suisses, de façon véritablement historique, puisque c’est la première fois qu’un parti atteint 29,5% des voix (et laisse les autres loin derrière).

    Le parti de Christoph Blocher, clairement anti-immigration et anti-UE, aura ainsi 65 sièges sur 200 au Conseil national, soit 11 de plus qu’en 2011.

  • L’Eglise synodale

    Dans son discours célébrant le cinquantenaire de l’institution du Synode des évêques, samedi, François a employé sept fois l’expression « Eglise synodale », et pas une seule fois l’expression « Eglise catholique ».

    Jamais jusqu’ici un pape avait appelé l’Eglise latine une « Eglise synodale », ou appelé à « construire » une « Eglise synodale ».

    L’unique exception se trouve dans une très brève allocution, un simple salut de Jean-Paul II aux patriarches lors de son voyage au Liban en 1997, suite à l’assemblée synodale sur le Liban. Il leur avait que l’Eglise latine… « n’est pas une Eglise synodale », mais que l’institution du Synode permet de dire tout de même qu’elle est une Eglise synodale, « dans un sens différent ».

    L’« Eglise synodale » que François veut « construire » a pour caractéristique une large « décentralisation ». Comme il l’a déjà dit à plusieurs reprises, il veut que les conférences épiscopales puissent prendre des décisions. Bref, qu’elles soient des synodes nationaux. Et s’il y a une « Eglise synodale » constituée par le Synode général des évêques, il soit y avoir aussi une multitude d’Eglises synodales au niveau national… Etant entendu que ces synodes nationaux – les conférences épiscopales – auront une autorité réelle, y compris doctrinale – ce qui n’est pas le cas du Synode général !

    Bref, il ne s’agit pas de « construire » une « Eglise synodale », mais de désintégrer l’Eglise catholique en « Eglises » locales.

    Vers la fin de son discours, François cite l’encyclique Ut unum sint de Jean-Paul II. Sans dire qu’il s’agit de cette encyclique sur l’œcuménisme. Ainsi fait-il commencer la citation par le désir de la « communion pleine et visible de toutes les communautés », comme s’il continuait son discours sur « l’Eglise synodale », alors qu’il s’agit du dessein œcuménique de l’union des diverses communautés chrétiennes. Ce que l’on comprend seulement ensuite puisque c’est alors explicite.

    Cette façon de passer insensiblement des Eglises locales aux communautés chrétiennes séparées fait penser immanquablement à l’Eglise non pas synodale mais polygonale à laquelle François a déjà fait allusion : le polygone dont chaque communauté chrétienne est un côté… Et l’œcuménisme est réalisé, par la marginalisation de l’Eglise catholique mise sur le même plan que toutes les autres communautés chrétiennes.

    Ce qui est frappant dans ce même discours est le rappel vigoureux que le pape est le chef de l’Eglise, que c’est lui qui prend les décisions comme « pasteur et docteur de tous les chrétiens », citation de Vatican I. Ce sont les pères de Vatican I qui auraient été bien étonnés de découvrir qu’un pape pourrait utiliser la constitution Pastor Aeternus, le texte du magistère le plus éloigné de toute considération synodale, pour détruire l’Eglise sous prétexte de construire une Eglise synodale…

  • Saint Pierre d’Alcantara

    « La dévotion, dit saint Thomas, est une vertu qui rend l'homme prompt et disposé à la pratique de toutes les vertus, qui l'excite à bien agir, et lui en facilite le moyen. » Cette définition montre clairement la nécessité et la grande utilité de cette vertu ; et elle nous fait voir en même temps que la dévotion comprend plus que certaines personnes ne sauraient penser.

    Pour entendre ceci, il est nécessaire de savoir que le plus grand empêchement que nous trouvons en nous pour bien vivre, est la corruption de la nature qui nous a été transmise par le péché. De là procèdent une grande inclination que nous avons pour le mal, et une grande difficulté, un grand dégoût, que nous avons pour le bien. Ces deux dispositions nous rendent le chemin de la vertu très difficile, quoique la vertu par elle-même soit la chose du monde la plus douce, lu plus belle, la plus aimable et la plus noble. Or, contre cette difficulté et ce dégoût, la divine sagesse nous a préparé un remède excellemment convenable, je veux dire la vertu et le secours de la dévotion. En effet, de même que le zéphyr dissipe les nuages et laisse le ciel pur et serein, de même la véritable dévotion dissipe dans notre âme cet ennui, cette difficulté, et la laisse disposée et libre pour toute sorte de bien. En voici la raison : c'est que cette vertu est vertu de telle sorte, qu'en même temps elle est un don spécial du Saint-Esprit, une rosée du ciel, un secours et une visite de Dieu obtenus par l'oraison, et dont la nature est de combattre cette difficulté et cet ennui, de bannir cette lâcheté, de communiquer cette promptitude, dont nous avons parlé, de remplir l'âme de bons désirs, d'éclairer l'entendement, de fortifier la volonté, d'allumer l'amour de Dieu, d'éteindre les flammes des mauvais désirs, d'inspirer le dégoût du monde et l'horreur du péché, enfin, de donner pour lors à l'homme une nouvelle ferveur, un nouvel esprit, un nouveau courage et une nouvelle ardeur pour faire le bien. On peut dire que cette vertu est à l'âme ce que les cheveux étaient à Samson. Quand il les avait, il surpassait en force tous les hommes ; mais quand ils lui manquaient, il était aussi faible que les autres. De même, quand l'âme du chrétien a cette dévotion, elle est supérieure à tout ; et elle devient faible, quand elle lui manque. Voilà donc ce que saint Thomas a voulu nous faire entendre par la définition qu'il a donnée de la dévotion. Ce que l'on peut dire de plus beau à la louange de cette vertu, c'est que n'étant qu'une en nombre, elle est néanmoins comme un stimulant et un aiguillon pour toutes les autres. C'est pourquoi quiconque a un vrai désir de marcher dans le chemin des vertus, ne doit point entreprendre de le faire sans ce puissant secours ; car, s'il manque, on ne se tirera jamais des grandes difficultés qu'on y rencontrera.

    On voit clairement, par ce qui vient d'être dit, quelle est l'essence de la véritable dévotion. Elle ne consiste donc pas dans cette tendresse de cœur ou dans cette douce consolation que ressentent quelquefois ceux qui prient, mais dans cette promptitude et dans cette ardeur, que l'on met à faire le bien. Il résulte de là que souvent l'un se trouve sans l'autre, lorsqu'il plaît au Seigneur d'éprouver les siens. À la vérité, cette dévotion et cette promptitude répandent très souvent dans l'âme cette douce consolation ; et, à leur tour, cette consolation et ce goût spirituel augmentent la dévotion essentielle qui consiste dans cette promptitude et cette ardeur à faire le bien. C'est pourquoi les serviteurs de Dieu peuvent avec beaucoup de raison désirer et demander ces joies et ces consolations, non pour le goût qu'ils y trouvent, mais parce qu'elles accroissent cette dévotion qui nous rend propres à faire le bien. C'est ce que le Prophète nous fait entendre lorsqu'il dit : « J'ai couru dans la voie de vos commandements, ô mon Dieu, lorsque vous avez dilaté mon cœur », c'est-à-dire, quand vous y avez versé cette allégresse de vos consolations qui a rendu ma course si légère et si rapide.

    Traité de la dévotion, chapitre 1