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turquie - Page 11

  • Kouchner au CFR

    Bernard Kouchner était invité hier à parler devant le Council of foreing relations, que l’AFP qualifie d’institut de recherche américain. En fait le CFR, et en l’occurrence il est bon de le rappeler, est à la fois l’un des principaux lobbies du mondialisme et l’inspirateur de la politique étrangère des Etats-Unis. La description, tout en retenue, qu’en fait Wikipedia, suffit : « Etant donné son influence, son opacité et sa discrétion dans les médias, certains voient en lui le véritable organe décisionnel de la politique étrangère des Etats-Unis, et de fait, au vu de la puissance américaine dans le monde, l'un des plus importants lobbies au monde. À noter que bon nombre de membres du CFR sont également des Bilderbergers, tandis que d'autres sont membres de la Commission Trilatérale , autant de groupes régissant l'économie et la géopolitique mondiales. »

    Et devant le CFR, Bernard Kouchner a parlé de la... Turquie. Il a révélé, au CFR, donc, et non pas aux Français, que Nicolas Sarkozy et lui-même venaient de se réunir avec le Premier ministre turc Erdogan et son ministre des Affaires étrangères Babacan, et qu’il avait été décidé que les ministres français et turc des Affaires étrangères allaient « être chargés de la mise en place d’une sorte de groupe de travail afin d’envisager toutes les possibilités » dans le rapprochement de la Turquie et de l’Union européenne.

    Bernard Kouchner a affirmé d’emblée qu’il n’était pas d’accord avec Nicolas Sarkozy et qu’il fallait accepter la Turquie dans l’Union européenne. Il a également révélé qu’il est à l’origine du revirement de Sarkozy sur la question : « Nous l’avons convaincu de ne pas casser l’ensemble du processus » de négociations. Il serait intéressant de savoir qui sont les autres personnes qui se cachent sous le « nous ». Parlait-il de ses amis du CFR ?

    Ainsi donc a été fabriquée la nouvelle position de Sarkozy, destinée à poursuivre les négociations d’adhésion tout en faisant semblant de continuer de dire que la Turquie n’a pas sa place en Europe. C’est la fameuse doctrine exposée devant la conférence des ambassadeurs, selon laquelle on peut continuer les négociations à condition que tout nouveau chapitre soit « compatible avec les deux visions possibles : soit l’adhésion, soit une association aussi étroite que possible », et à condition que soit mis en place un « comité des sages » qui serait chargé de réfléchir à l’avenir de l’Union européenne.

    Devant le CFR, Bernard Kouchner a répété le nouveau dogme sarkozyen (inspiré par les mystérieux « nous ») que seuls 5 chapitres supposent une intégration au sein de l’UE, et que 30 autres peuvent donc être négociés. Cela « prendra des années et des années », et « entre-temps nous aurons de bonnes relations avec la Turquie  ».

    Et ces relations seront d’autant meilleures qu’elles seront entretenues par le groupe de travail piloté par Kouchner et Babacan, censé envisager toutes les possibilités. Or les Turcs, comme la Commission européenne, ont toujours dit et répété que la seule possibilité est l’adhésion.

    En bref, dit Kouchner, « la position de la France est claire : nous avons le temps ». Le temps de passer en douceur de la position première de Sarkozy de refus absolu de l’adhésion, à l’acceptation de l’adhésion au bout du processus. Et pour être certain que cela se fera, on va supprimer dans la Constitution l’article qui impose un référendum pour tout nouvel élargissement. Là encore, alors que Sarkozy reste pour l’instant muet sur la question, lui qui avait chaleureusement félicité Jacques Chirac pour avoir ajouté cet article, c’est Bernard Kouchner qui a révélé que le président était favorable à sa suppression. « Nous l’en avons convaincu », pourrait-il sans doute dire également à ce sujet.

    En fait, Bernard Kouchner a rendu compte devant le CFR du bon travail qu’il a accompli auprès de Nicolas Sarkozy, afin que la Turquie , conformément aux visées américaines inspirées par le CFR, intègre l’Union européenne. Ce qui, il faut bien le dire, est dans la logique de l’atlantisme de Sarkozy, et de sa volonté, exprimée également à New York, de voir la France revenir aux structures militaires intégrées de l’OTAN.

  • Turquie : l’armée veille...

    Déclaration du général Ilker Basbug, commandant en chef de l’armée de terre : « Les descriptions qui concernent le principe de la laïcité dans la Constitution ne doivent pas figurer parmi les sujets de discussion. » La laïcité est la « pierre angulaire de toutes les valeurs constituant la république », et « la protection des valeurs fondamentales de la république incombe à toute personne qui se perçoit comme un membre de la nation turque », or « les forces armées font partie de ces défenseurs ».

    C’est la première réaction de l’armée après les déclarations de responsables de l’AKP indiquant que le projet de nouvelle Constitution devrait notamment abolir l’interdiction du port du voile islamique à l’université,  sous couvert d’élargissement des « libertés individuelles ».

    L’actuelle Constitution a été rédigée par l’armée après le coup d’Etat de 1980...

  • Non à la Turquie en Europe

    Marine Le Pen a tenu une conférence de presse, ce matin, pour présenter la campagne que lance le Front national contre l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, suite aux différentes déclarations qui montrent que Nicolas Sarkozy est en train de se renier sur le sujet.

    Les reniements sont déjà nombreux, dans tous les domaines. Mais il s’agit souvent de demi-reniements, de reculs par rapport à ce qui avait été promis. Plus exactement, on cherche à préserver la forme, en évacuant le fond (par exemple on édicte une peine plancher, mais en laissant aux juges le soin de ne pas l’appliquer). En ce qui concerne la Turquie , le reniement est évident, massif. De ce fait il peut jouer le rôle de révélateur concernant les autres reniements.

    L’affiche du Front national est aussi simple qu’explicite : Turquie : Sarkozy a menti.

    Elle s’accompagne d’un appel à signer la pétition du Front national, dont le texte rappelle les engagements solennels du candidat Sarkozy, et ses propos définitifs sur le refus absolu de voir la Turquie intégrer l’Union européenne.

    Le reniement est en deux étapes. La première est la poursuite des négociations d’adhésion, voulue par le président de la République alors qu’il avait affirmé à plusieurs reprises que s’il était élu il les ferait arrêter. La deuxième est la révision constitutionnelle, qui va permettre de supprimer l’article par lequel Jacques Chirac avait rendu obligatoire un référendum pour tout nouvel élargissement. Sur ce point, Marine Le Pen rappelle la déclaration que Nicolas Sarkozy avait faite à l’époque : « Nous devons être reconnaissants à Jacques Chirac d’avoir proposé dans la réforme constitutionnelle que le référendum soit la règle pour décider si oui ou non la Turquie sera intégrée ou associée. Le président de la République a fait un choix républicain et démocratique. »

    A Hénin-Beaumont

    D’autre part, Marine Le Pen a attiré l’attention de façon précise sur la gravité de l’agression dont elle a été victime samedi à Hénin-Beaumont. L’incertitude demeure quant à savoir si un coup de feu a été tiré, puisque les témoignages divergent (c’était dans la foule d’une grande braderie), mais il est certain que l’un des deux individus qui insultaient Marine Le Pen a brandi une arme de poing, sans doute un pistolet à grenaille, après l’avoir chargé. Marine Le Pen, qui s’étonne du silence absolu du procureur de Béthune sur l’agression d’une élue avec usage d’arme à feu dans une foule familiale, demande audience au ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie.

    L’auteur de l’agression, immédiatement identifié, notamment par les commerçants qu’il terrorise, et bien connu des services de police, est pour l’heure introuvable.

  • Le nouveau coup de Sarkozy sur la Turquie

    Selon Le Figaro, qui est le seul organe à le rapporter, mais on peut supposer qu’il ne l’invente pas, Jean-Pierre Jouyet, auditionné par la commission Balladur sur les institutions, a suggéré la suppression de l’article 88-5 de la Constitution obligeant de soumettre à référendum tout futur élargissement de l’Union européenne. Le secrétaire d’Etat a souligné s’exprimer à titre personnel. Mais le Figaro souligne de son côté : « La proposition a été validée à l’Elysée, où l’on rappelle que la suppression de l’article 88-5 avait été préconisée par le candidat Sarkozy. » (Ah bon ? Quand cela ?)

    On se souvient que cet article avait été introduit par Jacques Chirac pour faire croire aux Français qu’ils auraient à se prononcer, le moment venu, sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Si l’on supprime cet article, on supprime donc cette ultime possibilité de refuser la Turquie.

    « L’intention de Nicolas Sarkozy de supprimer la procédure du référendum pour tout élargissement européen dont JP Jouyet s’est fait l’écho devant la Commission Balladur , confirme le reniement cynique du Président de la République sur la Turquie  », constate Marine Le Pen dans un communiqué. « Après les manifestations d’intention de renforcer la présence française en Afghanistan ou de réintégrer totalement l’Otan, ce projet de réforme constitutionnelle, absolument injustifiée et  antidémocratique, confirme la servilité atlantiste du locataire de l’Elysée. » Marine Le Pen « appelle tous les Français à ouvrir le yeux et à rejoindre le Front national, seule force d’opposition à l’entrée de la Turquie en Europe, pour défendre les intérêts vitaux de la France ».

  • Turquie : l’ambiance...

    L’épouse du nouveau président turc Abdullah Gül n’a pas été invitée à assister avec son mari au défilé militaire du Jour de la Victoire, qui commémore la victoire turque sur les Grecs le 30 août 1922, ni à la réception offerte ce soir par l’armée à cette occasion.

    Hier, le général Büyükanit et plusieurs officiers de haut rang se sont ostensiblement abstenus de saluer le nouveau président (qui est par le fait même commandant en chef des armées) au moment de monter sur une estrade pour une cérémonie de remise de diplômes à l’académie militaire.

    Les généraux avaient déjà boudé mardi la cérémonie de prestation de serment du nouveau président.

  • La Turquie dans l’UE : « un nouvel élan »

    Le président de l’Union européenne, José Manuel Barroso, a salué l’arrivée au pouvoir en Turquie d’un nouveau président et d’un gouvernement dotés d’un « mandat populaire clair », qui « sont l’occasion de donner un nouvel élan immédiat et positif au processus d’adhésion à l’Union européenne ». On aura remarqué les mots utilisés : il ne s’agit pas seulement de saluer diplomatiquement l’élection d’un chef d’Etat, il ne s’agit même pas seulement d’évoquer un nouvel élan, on promet un nouvel élan immédiat et positif. On va redoubler d’efforts, et tout de suite, pour faire entrer la Turquie dans l’Union.

    Et ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui le contredira, puisqu’il vient de dire qu’on peut sans problème ouvrir 30 chapitres de négociations, au motif que selon lui ces chapitres n’aboutissent pas forcément à l’adhésion.

    Mais le nouveau président turc est l’homme qui en tant que ministre des Affaires étrangères a toujours martelé qu'il était « hors de question que l’objectif des négociations puisse être autre qu’une adhésion pleine et entière de la Turquie ».

    L’élection de Gül est une nouvelle étape, importante, dans le processus de réislamisation de la Turquie. Notamment dans cette perspective de l’adhésion à l’Union européenne. Quand ce sera fait, le pays le plus peuplé de l’Union sera la Turquie. Le président turc pourra devenir président de l’Union européenne. Et l’Union européenne aura une « première dame » voilée, comme le disait hier un de mes lecteurs en commentaire de ma note sur l’élection. Si ce n’est, du reste, alors, une présidente voilée. Ce qui fera ipso facto de l’Europe une terre d’islam.

  • Gül Président

    Le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gül a été élu sans surprise président de la République turque, au troisième tour de scrutin, par 339 voix (sur 550 députés). A noter que le candidat du parti de l’action nationaliste (parti qui n’était pas représenté dans le Parlement précédent) a obtenu 70 voix.

    Pour la première fois, on verra donc une femme voilée (et militante du voile) dans le palais présidentiel, celui d’Ataturk. C’est une sorte de blasphème laïque...

    Hier, le général Yasar Buyukanit, chef d’état major de l’armée turque, a publié un texte par lequel il mettait en garde contre les Kurdes et contre ce qu’il a appelé les « foyers du mal » : « Notre nation a observé le comportement des séparatistes qui ne peuvent pas accepter la structure unitaire de la République turque et les foyers du mal qui essayent systématiquement d’éroder la structure laïque du pays. » Les forces armées, ajoutait-il, ne seront pas « dissuadées par de telles attaques », et « ne feront pas de concessions dans leur devoir de garder la République turque, un Etat laïque et social basé sur l’autorité de la loi ».

    Au printemps, l’armée avait bloqué l’élection d’Abdullah Gül, ce qui avait provoqué des élections législatives anticipées, qui ont été remportées de nouveau par l’AKP, dont l’un des principaux slogans était « Gül président ».

    Rappelons que le chef de l’AKP, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, déclarait l’autre jour, à propos de la qualification d’islam modéré donnée à son parti : « Ces descriptions sont très laides, c’est une offense et une insulte à notre religion. Il n’y a pas d’islam modéré ou immodéré. L’islam est l’islam, et c’est tout. »

  • L’entourloupe

    Communiqué de Jean-Marie Le Pen

    Selon le président de la République, il n’y aurait que cinq chapitres des négociations de l’UE avec la Turquie qui poseraient problème, car elles ne seraient compatibles qu’avec l’adhésion, tandis que trente autres chapitres seraient compatibles avec un simple statut d’association. Voilà pourquoi, selon lui, on peut continuer les négociations.

    C’est une invention, et une entourloupe.

    Comme cela a été maintes et maintes fois répété par les institutions européennes, ces négociations ont pour but l’adhésion de la Turquie , et rien d’autre.

    Rappelons que pendant la campagne électorale Nicolas Sarkozy affirmait qu’il suspendrait « toutes les négociations » car, martelait-il, «  la Turquie n’a pas sa place en Europe ».

  • Sarkozy et la Turquie : nouveau recul

    L’essentiel du discours de Nicolas Sarkozy devant la conférence des ambassadeurs, qui avait été annoncé comme important, tient en quelques mots :

    « La construction de l’Europe reste pour la France une priorité absolue. »

    « Je souhaite que d’ici la fin de l’année soit créé par les 27 un comité de dix à douze sages pour réfléchir à une question : quelle Europe en 2020-2030 et pour quelles missions ? Si cette réflexion est lancée par les 27, la France ne s’opposera pas à ce que de nouveaux chapitres de négociation entre l’Union et la Turquie soient ouverts à condition qu’ils soient compatibles avec les deux visions possibles de l’avenir de leurs relations : soit l’adhésion, soit l’association. La seconde formule est celle que j’ai prônée pendant toute ma campagne électorale. Je n’ai pas changé d’avis. »

    Il a précisé qu’il a proposé à Erdogan de traiter des trente chapitres « compatibles avec l’association » et de « voir pour la suite » pour les cinq qui « ne sont compatibles qu’avec l’adhésion ». Une solution qui, dit-il, « ne trahit pas le souhait des Français » et en même temps « permet à la Turquie d’avoir une espérance ». Sic.

    Rappelons que pendant la campagne Nicolas Sarkozy avait affirmé qu’il suspendrait « toutes les négociations » (http://www.youtube.com/watch?v=kPB4Eln8kCI).

    D'autre part, Nicolas Sarkozy a rendu un hommage appuyé à Bernard Kouchner, avec qui il « travaille en totale confiance ».

     

    Addendum. Naturellement, la Commission européenne a "salué" la "contribution" de Nicolas Sarkozy "à ce débat en cours", et la présidence portugaise de l'Union a déclaré qu'elle allait "prendre en compte" cette "proposition novatrice".

  • Turquie : Gül sera président

    On apprenait hier que les instances dirigeantes de l’AKP ont décidé que le candidat du parti à la présidence de la République sera Abdullah Gül. Celui-ci a confirmé aujourd’hui qu’il serait candidat.

    Ce n’est pas une surprise dans la mesure où l’un des grands slogans de l’AKP, lors de la campagne des législatives, était « Gül président ». Mais ces derniers jours la presse turque disait que Erdogan avait demandé à Gül de se retirer et de laisser la place à une personnalité plus « laïque ». Le choix du nouveau président du Parlement paraissait aller dans ce sens. Et le 30 juillet, le chef d’état major de l’armée avait rappelé sa volonté que le prochain président soit loyal aux valeurs républicaines et à la laïcité...

    « Le voile est sur le point d’accéder au palais présidentiel », s’indigne le journal d’opposition laïque Cumhriyet.

    Abdullah Gül est en effet assuré d’être élu par le Parlement, car l’AKP y détient 341 sièges. Soit il trouvera d’autres soutiens et sera élu au premier ou au second tour (il faut 367 voix), soit il sera élu au troisième tour où il suffit de la majorité simple.

    Et pour la première fois dans l’histoire de la république turque, il y aura en effet une femme voilée auprès du président.