La Cour constitutionnelle turque, à l’issue de trois jours de délibérations, a rejeté la demande d'interdiction de l’AKP, le parti islamiste au pouvoir. Mais « le fait que 6 juges (sur 11) se soient prononcés en faveur d'une interdiction constitue un sérieux avertissement adressé à ce parti », a souligné le président de la Cour. (La majorité qualifiée est de 7.) Avertissement qui se traduit concrètement par cette autre décision de la Cour, de priver l'AKP de la moitié de son financement public pour cette année - soit environ 25 millions d'euros.
L’Union européenne a salué cette « bonne nouvelle », par la voix du porte-parole de Javier Solana.
« Je prends bonne note du jugement », a déclaré dans un communiqué le commissaire à l'Elargissement, Olli Rehn, ajoutant : « Il est essentiel que la législation sur les partis politiques en Turquie soit alignée sur les critères européens. » En fait, ici, la Turquie donne l’exemple, avec un parti légalement islamiste au pouvoir.
La vraie réaction, c’est, tant du côté de l’AKP que de la Commission européenne : ouf, on va pouvoir continuer tranquillement les négociations d’adhésion.
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), salue elle aussi, par un communiqué de son président Lluís Maria de Puig, la décision de la Cour constitutionnelle de Turquie… mais regrette la décision de le priver partiellement d'aides publiques : « Une telle décision risque d'introduire un élément de discrimination à l'égard d'un parti qui joue un rôle clé dans la vie politique turque »...
Le secrétaire général de l’APCE Terry Davis estime pour sa part que « tous les démocrates doivent être soulagés que la Cour n'ait pas cherché à opposer un veto au choix démocratique du peuple turc ».
Le Conseil de l’Europe est un spécialiste de la démocratie à géométrie variable.