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L’atroce négationnisme turc. A Bruxelles.

Lors de la cérémonie organisée à l’ambassade de Turquie à Bruxelles, à l’occasion du 70e anniversaire de la mort d’Atatürk, le ministre turc de la Défense nationale, Vecdi Gönül, s’est livré à un discours atrocement négationniste, faisant l’éloge de la politique de ce qu’il a appelé la « déportation » des Arméniens, car elle a permis de construire la nation turque. Et il a ajouté : « Pourrait-il être possible de maintenir aujourd’hui le même Etat national si l’existence des Grecs dans la région d’Egée et des Arméniens dans plusieurs régions de la Turquie se poursuivait comme avant ? »

Et il a continué :

« Souvenez-vous, avant la république, Ankara était composée de quatre quartiers : Juifs, Musulmans, Arméniens et Grecs... Quand j’étais gouverneur à Izmir je me suis rendu compte que la Chambre de commerce d’Izmir n’avait été fondée que par des non-musulmans. Il n’y avait aucun Turc parmi eux. »

Evidemment, « avant la république », Izmir s’appelait Smyrne et c’était une ville grecque, qui l’est restée jusqu’en 1922, quand elle a été conquise par Atatürk. Mais il faut nier que Izmir fût une ville grecque avant que les Grecs n’en soient chassés, comme il faut nier que la bienheureuse déportation des Arméniens fût un génocide.

Précisons que si Vecdi Gönül était à Bruxelles, c’est parce qu’il participait à une réunion des ministres de la défense de l’Union européenne.

Mais oui.

(source : info-turk, via Le Salon Beige)

Commentaires

  • Les circonstances qui ont vu naître la Turquie républicaine méritent d'être préciser. A certains égards, ce fut une réaction nationale contre le démembrement de l'Anatolie prévu par le traité de Sèvres (1920) imposé par les alliés à l'empire Ottoman vaincu : Arménie indépendante, Kurdistan autonome, annexion grecque de la Thrace et de Smyrne, zones d'influence anglaise, française et italienne... Le soulèvement militaire dirigé par Mustapha Kémal et la campagne victorieuse qui suit (1920-22), menée surtout contre les Grecs, avec le soutien de la France et malgré l'opposition britannique (via le marchand de canons Basil Zaharoff), aboutissent au traité de Lausanne (1923) où la Turquie recouvre une pleine souveraineté dans les frontières que nous lui connaissons encore.
    Certes, l'exode des Grecs commença de fait dans des conditions dramatiques (incendie de leurs quartiers à Smyrne, meurtre de l'archevêque Chrysostome), mais ensuite, selon les dispositions du traité de Lausanne, un transfert de population ordonné eu lieu entre la Grèce et la Turquie. Il est aussi vrai que dès 1915, la déportation d'une partie des Arméniens avait été exécutée de façon meurtrière.
    Il reste à faire trois remarques :
    - D'abord, paradoxe historique, on relèvera que c'est du plus faible de tous les empires effondrés au terme de la Grande Guerre qu'a surgi la seule réaction nationale capable finalement de faire annuler le traité qu'on prétendait lui imposer ;
    - Ensuite, cette révision a été la seule occasion où l'on a procédé à des transferts de population, évitant ainsi la multiplication des poches de minorités nationales enkystées dans les nouveaux états dessinés, qui s'est produite ailleurs avec les conséquences que l'on sait ("corridor de Dantzig", territoire des "Sudètes" etc...) ;
    - Enfin, le propos de l'ambassadeur insistant sur l'existence de "non-musulmans" dans la Turquie pré-kémaliste est paradoxal. En effet, le projet d'Atatürk était a-religieux, et visait même à exalter l'idée nationale turque en se désolidarisant de l'identité musulmane, selon lui ruinée avec l'empire Ottoman défunt. Le dernier sultan, dont la souveraineté avait déjà été réduite à un califat purement "spirituel" en 1922, est finalement déposé en 1923 à la proclamation de la République.

  • Je ne laisse cet effroyable commentaire que pour montrer qu'il y a aussi des Français pour justifier le génocide arménien.
    Allez donc au bout de votre raisonnement. Si l'on avait rendu aux Turcs leur empire, ils auraient pu supprimer tout un tas de "poches de minorités nationales enkystées", comme vous dites. Atatürk aurait pu exterminer les maronites du Liban, les assyro-chaldéens d'Irak, les coptes d'Egypte, etc., ce qui aurait évité bien des problèmes.
    Il vous reste un petit effort à faire pour être un bon philoturc, toutefois, puisque vous trouvez paradoxal le propos sur les non-musulmans... Avez-vous déjà regardé le drapeau de la République turque? Savez-vous que la Turquie fait partie de l'Organisation de la Conférence islamique, dont le secrétaire général est précisément un Turc?
    Et comment pouvez-vous parler de l'annexion grecque de Smyrne, qui a toujours été une ville grecque ? Tandis qu'une partie du territoire "turc" est le berceau même de l'Arménie !
    Allez faire votre propagande ailleurs, s'il vous plaît.

  • La Turquie a toujours bénéficié des complaisances de certains Français dont le plus illustre est François 1er. Louis XIV aussi a soutenu la Turquie mais ces politiques se complétaient par la protection des minorités chrétiennes. La Turquie a aussi bénéficié de la complicité de l'Angleterre. Aujourd'hui la Turquie semi-islamique a encore des amis nombreux et puissants. Ces amis puissants et influents sont contrariés par les sentiments des peuples européens.

    La question de la Palestine est au centre de la politique européenne depuis plus longtemps qu'on ne croit. C'est pourquoi les Russes ont été empêchés de mettre la Turquie hors d'Europe par l'Angleterre de Disraeli par la France de Napoléon III. La Turquie n'existe aujourd'hui que par la volonté de la France et de l'Angleterre.

    Monsieur Chéron est l'illustration de l'admiration positiviste pour le nationalisme que qu'il soit. Cela conduit à des prises de position atroces.

  • Bigre ! Quelle bastonnade ! Bon, la deuxième est un peu moins éreintante. Renvoyé dans le boxe en compagnie de François Ier et de Louis XIV, voire de Lord Beaconsfield, je ne suis pas en trop mauvaise compagnie.
    Non - si je peux encore soupirer un mot en défense - je ne suis pas turcophile. J'ai simplement tenté de préciser un tableau plus nuancé de cet "Orient compliqué". Je n'ai d'ailleurs pas dissimulé la violence des événements évoqués, dont furent entre autres victimes les populations grecques d'Asie mineure. Mais c'est aussi un fait que la Grèce essayait, certes avec l'aval des puissances, d'annexer un morceau de l'empire Ottoman défaillant. Le terme d'annexion ne me paraît pas illégitime puisqu'il s'agissait alors d'un territoire sous souveraineté turque depuis le XIVe siècle.
    Ensuite, je ne vois pas que de mon propos émane une admiration pour "tout nationalisme quel qu'il soit", ni pour le nationalisme turc en particulier. J'ai, encore une fois, indiqué des faits, sans les juger bons ou mauvais.
    Je relève la formule intéressante d'une Turquie "semi-islamique", et cette remarque rejoint mon commentaire sur l'ambiguïté des déclarations de l'ambassadeur. Ses affirmations sont à cet égard typique du malaise actuel de la conscience nationale turque, tiraillée entre la revendication de l'héritage kémaliste ouvertement a-musulman (voire anti-), et la poussée néo-islamiste qui se manifeste depuis une vingtaine d'années en Turquie.

  • Tiens, cette fois, les Arméniens ont carrément disparu. Il n'y a plus que les Grecs qui ont souffert, mais c'est tant pis pour eux, ils "annexaient", même quand ils étaient là depuis bien avant les Turcs...
    Il n'y a pas de semi-islamisme. La seule et unique chose qu'on voie sur le drapeau de la République turque, c'est le croissant et l'étoile de l'islam.
    Pour la dernière fois, allez faire votre propagande ailleurs.

  • Mais que suis-je allé faire sur cette galère ("de la Religion", comme on disait au XVIe siècle)... ? Comme disait L.B. Johnson, "lorsque quelqu'un vous demande de partir de chez lui, vous ne discutez pas : vous prenez votre chapeau et vous partez."

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