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Politique française - Page 112

  • Un curieux démenti

    Vincent Bolloré a déclaré dans Le Monde qu’il était « honoré d’avoir reçu M. Sarkozy et sa famille » sur son yacht. « C’est d’ailleurs une tradition dans la famille Bolloré qui a eu l’occasion de recevoir Léon Blum plusieurs semaines dans son manoir, au retour de captivité, ou Mohammed V de retour de Madagascar avant qu’il ne devienne roi du Maroc », a-t-il ajouté.

    La famille de Léon Blum oppose un « démenti formel » : « Léon Blum n’a jamais eu aucun lien avec la famille Bolloré, ni avec la moindre famille du milieu des affaires. »

    Il est pourtant de notoriété publique en Cornouaille que la famille Bolloré a accueilli Léon Blum à son retour de captivité.

    On peut lire par exemple sur le site internet du député européen socialiste Bernard Poignant, qui fut longtemps maire de Quimper, au début d’un article de juillet 2003 défendant les 35 heures et faisant référence à la polémique sur les 40 h de Blum : « Un procès contre Léon Blum a été organisé à Riom en 1942. Il a tourné à la déconfiture de ses accusateurs et a dû être interrompu. Léon Blum a fini à Buchenwald avant de venir se reposer à Beg-Meil, chez les Bolloré. »

    Je me souviens du reste avoir entendu moi-même Gwenn-Aël Bolloré évoquer ce souvenir.

    Il est évident que la famille Bolloré, quoique très catholique et de droite (1), avait des relations avec Léon Blum, comme elle en a eu avec tous les Premiers ministres, puis avec les Présidents. Cela va de soi. On ne dirige pas un des plus grands groupes français sans avoir de contacts avec le pouvoir politique. Le communiqué de la famille Blum perd ainsi toute crédibilité quand il précise que Léon Blum n’a jamais eu « aucun lien avec la moindre famille du monde des affaires ». C’est vraiment faire semblant de ne rien savoir des relations obligées entre le monde des affaires et la politique, lesquelles peuvent déboucher sur des relations amicales même entre personnages opposés sur le plan des opinions politiques.

    (1) En 1918, continuant l’œuvre sociale des ses aïeux, René Bolloré construit la cité ouvrière de Ker Anna, institue des caisses de retraite et d’allocations pour les malades. En 1921, il construit une chapelle au cœur même de l'usine d'Odet, tandis qu'à Cascadec il déplace la chapelle de Scrignac, en ruines, pour la remonter à l'entrée de l'usine. La messe y est célébrée quotidiennement. En 1926 il crée un célèbre patronage, les Paotred dispount. En 1930 il bâtit deux écoles libres, où tout est gratuit pour les enfants de ses ouvriers.

  • A la soupe chez Sarko

    Dans une tribune publiée par Le Figaro à la veille du conseil national de l'UDF qui doit voir la création du Mouvement démocrate, 22 députés UDF sortants (sur 29) affirment leur volonté « d'inscrire sans hésitation leur démarche dans la majorité présidentielle qui se dessine » autour de Nicolas Sarkozy, « tout en conservant leur autonomie au Parlement, et sans intégrer l’UMP ».

    Ces députés ont tous obtenu l’engagement (certains ont même exigé un engagement écrit !) qu’il n’y aura pas de candidat UMP dans leur circonscription...

  • Quel Sarkozy demain ?

    Nicolas Sarkozy avait dit dans une interview que s’il était élu il ne participerait pas aux cérémonies du 8 mai, afin de ne « pas donner l'impression d'une République à deux têtes » jusqu'à la passation de pouvoirs prévue le 16 mai.

    Pourtant il participera demain, aux côtés de Jacques Chirac, à la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage et de la traite négrière…

    En mai 2006, Sarkozy avait exprimé sa « satisfaction de voir enfin s'organiser » une journée de commémoration de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. Il avait salué une initiative permettant de « rompre le silence » sur cette « partie douloureuse de notre histoire », et « d'honorer la mémoire des millions de victimes de ce système particulièrement inhumain ».

    Mais pendant la campagne présidentielle il n’a pas cessé de dire, et avec force, qu’il fallait en finir avec la repentance perpétuelle. Il est curieux que sa première cérémonie officielle soit celle de la commémoration de l’esclavage. On attend avec intérêt les propos de la République à deux têtes…

  • Le « mini-traité » déjà contesté

    Lors d’une rencontre avec la présidence allemande de l’Union européenne à Berlin (la circonstance n’est pas sans importance), le président de la commission constitutionnelle du Parlement européen, le social-démocrate allemand Jo Leinen, a déclaré que « le mini-traité proposé par Nicolas Sarkozy est inacceptable », et que la présidence de l’UE ne doit pas autoriser ce « pinaillage ».

    C’est un spectaculaire tir de barrage, alors que Sarkozy n’est même pas encore président de la République.

    Pour Jo Leinen, la proposition de Sarkozy est un « manque de respect » envers les 18 Etats membres qui ont ratifié le texte. Selon lui il faut garder le texte de la Constitution (ce qui n’est donc pas un manque de respect envers les peuples français et néerlandais), en lui adjoignant des déclarations politiques et des protocoles...

    Sarkozy a affirmé pendant la campagne qu’il avait le soutien de Zapatero, Blair et Merkel pour son « traité simplifié ».

  • Mosquée de Woippy : le FN écrit au préfet

    Thierry Gourlot, président du groupe FN au conseil régional de Lorraine, écrit au préfet de région pour lui demander de déférer au tribunal administratif la délibération du conseil municipal par laquelle a été lancé un appel d’offre pour la construction d’un prétendu « centre interculturel » qui est en réalité une mosquée de l’UOIF.

    Thierry Gourlot souligne qu’il y a là une « très grave violation de la loi », de trois points de vue différents :

    Le député-maire de Woippy, l’ineffable Grosdidier, dit son désaccord avec le fait que seuls trois cultes soient reconnus en Alsace-Moselle. Mais, comme la loi n’a pas été changée, il ne lui appartient pas de créer de son propre chef une nouvelle jurisprudence dans sa localité.

    La loi de 1905 ne s’applique pas en Alsace-Moselle. Mais toute délibération affectant des fonds municipaux doit être prise dans l’intérêt général. Or la création d’une mosquée ne correspond pas à la notion d’intérêt général au sens de la jurisprudence. Elle correspond au contraire à la satisfaction des intérêts particuliers d’un groupe de personnes.

    Les crédits proviennent de l’opération de rénovation urbaine (ORU). Il s’agit là d’un dévoiement total de fonds publics car les crédits de l’ORU n’ont pas vocation à servir pour la création d’un lieu de culte.

  • Le parvenu

    Après sa nuit au Fouquet’s, Nicolas Sarkozy a donc pris un jet de Vincent Bolloré pour se rendre sur le yacht de Vincent Bolloré au large de Malte.

    En soi ce n’est pas scandaleux. Mais le message envoyé à « la France qui souffre » est pour le moins curieux. Surtout quand on a d’abord laissé courir la rumeur selon laquelle on allait faire une retraite dans un monastère...

    Ce qui est significatif est qu’on imagine très bien l’attitude de Sarkozy face aux critiques sur cette mini-croisière de grand luxe. Elle fait d’ailleurs partie intégrante de la chose. C’est un « bras d’honneur », ou tout autre geste obscène.

    Sarkozy donne là une première image de son arrogance de parvenu. De premier parvenu de France.

  • Pourquoi Ségolène à 20h 02

    Cela a beaucoup surpris que Ségolène Royal prononce son allocution (par ailleurs particulièrement vide) à 20h 02. On n’avait jamais vu une telle précipitation de la part du perdant à une élection présidentielle.

    Voulait-elle à toute force être la première à s’exprimer ?

    Oui, mais pas par rapport à Sarkozy.

    C’était à usage interne du parti socialiste. Depuis quelques jours, elle savait qu’elle avait perdu, et elle savait surtout que le règlement de comptes avait commencé, et allait s’afficher à la télévision. Le premier à s’exprimer serait Dominique Strauss-Kahn. Et dès 20h 01 on donna la parole à Dominique Strauss-Kahn. Qui fut aussitôt coupé parce qu’il y avait Ségolène.

    Celle-ci put ainsi faire passer son message personnel : qu’elle allait continuer la rénovation de la gauche, qu’elle assumerait la responsabilité qui lui incombe désormais à la tête de la gauche, jusqu’à la victoire, etc.

    C’était en effet urgent. Car lorsque Strauss-Kahn put reprendre la parole, ce fut pour tirer à boulets rouges sur sa candidate, pour dénoncer vertement le fonctionnement du parti, et pour appeler autour de lui ceux qui veulent faire un vrai parti social-démocrate...

    Ensuite, Fabius ne fut pas plus amène pour la candidate – « la gauche c’est le “nous“, ce n’est pas le “je“ » – et pour ses appels au centre.

    Tandis que Kouchner disait tout le contraire, appelant carrément à un « programme commun » avec le centre.

    Et que les jospinistes, sous la houlette de Daniel Vaillant,  faisaient comprendre que Ségolène Royal ne devait pas conduire la campagne des législatives...

    On a même vu François Hollande parler des « erreurs » de la campagne...

    Bref, c’est apparemment beaucoup plus grave que les inévitables aigreurs de la défaite, et l’empressement de Ségolène Royal à tenter de se poser en chef charismatique des socialistes avant sa descente en flammes n’a fait que souligner la gravité de la situation. La suite promet d’être savoureuse...

  • Mort d’un roi français

    Le roi de Wallis, Tomasi Kulimoetoke, est mort, à l’âge de 88 ans, en son palais, situé entre la cathédrale et la résidence du représentant de l’Etat français...

    Dans mon éditorial de NH, publié avant le fameux « an 2000 », j’écrivais ceci :

    L'an 2000, en France, commencera le 31 décembre 1999 à 13 heures (12 h GMT). C'est idiot ? Non, c'est la plus exacte vérité. Au moins, que cet an 2000 dont on nous bassine serve à quelque chose. A rappeler par exemple que la France n'est pas un “hexagone”.

    L'an 2000, vu de France, c'est d'abord Wallis et Futuna. Parce que ces îles sont parmi les tout premiers territoires du globe à y entrer, juste après le passage du fuseau horaire, juste après les îles Chatham de Nouvelle-Zélande. La France du bout du monde, la France exactement des antipodes, verra se lever le premier soleil de l'an 2000 une demi-journée avant Strasbourg, comme un témoignage de la vocation universelle de la France, du destin unique d'un pays qui n'a pas le droit de disparaître dans un magma euro-mondialiste.

    Dans les heurs, erreurs ou malheurs de la colonisation, Wallis et Futuna sont l'exemple même d'une France fidèle à sa vocation. Le roi de Wallis (le Lavelua) et les deux rois de Futuna (le Tuisigave et le Tuigaifo) règnent sur leurs sujets en pleine harmonie avec la République française, qui leur verse un traitement. La vie est rythmée par la coutume et par la religion catholique, qui est la religion de la totalité des 15 000 habitants. Ici Jules Ferry n'a pas pu mettre en application ses théories racistes et laïques : les rois nomment leurs ministres et rendent la justice, et l'école est catholique.

    Résultat : la vie est paisible, les forces de l'ordre sont constituées de sept gendarmes à Wallis et quatre à Futuna, l'unique prison de la République comporte trois cellules...

  • L’AJC salue l’élection de Sarkozy

    Le Comité juif américain (AJC) a salué l’élection de Nicolas Sarkozy en ces termes :

    « Nous admirons depuis longtemps Nicolas Sarkozy en tant que dirigeant politique pour son profond attachement aux valeurs démocratiques de la France, sa promptitude à affronter les menaces qui pèsent sur ces principes et son implication dans le renforcement des liens transatlantiques. L'AJC apprécie par ailleurs l'empathie exprimée par M. Sarkozy lorsqu'Israël a reçu des menaces, et attend de discuter avec le nouveau président pour savoir par quels moyens la France, en collaboration avec l'UE, pourra contribuer efficacement à la recherche de la paix et de la sécurité en Israël et dans ses pays voisins. »

    Depuis sa prise de fonction au ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy entretient des contacts réguliers à Paris, New York ou Washington avec l'AJC qui lui avait décerné en 2003 le prix Simon Wiesenthal pour son action contre le racisme et l'antisémitisme.

  • Entre Cecilia et Fillon

    Les journalistes ont remarqué que Cécilia n’a été aperçue nulle part aux côtés de son mari tout au long de la journée du second tour. Elle n’était ni au bureau de vote, ni dans la voiture lors des traversées de Paris, ni à la salle Gaveau. Elle n’est apparue qu’en fin de soirée, place de la Concorde.

    Il est amusant de constater que Sarkozy est arrivé sur la scène de la place de la Concorde à la fin de la chanson qu’interprétait Faudel. Est-ce que cela avait été minuté ? En tout cas Sarkozy pouvait ainsi arriver en donnant l’accolade à un plus petit que lui...

    Sarkozy avait sa femme à sa droite, et Fillon à sa gauche. Ce qui semble confirmer que François Fillon sera Premier ministre. Compte tenu de la personnalité du personnage, et de son absence de charisme, cela confirmerait que Sarkozy entend mener une présidence à l’américaine, comme le pense Jean-Marie Le Pen. A savoir que c’est le Président, et non le gouvernement, qui décide des affaires politiques. Ce qui est contraire à l’article 20 de la Constitution  : « Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. »

    Il est vrai que tous les candidats, en dehors de Jean-Marie Le Pen, ont mené une campagne de chef de gouvernement et non de chef d’Etat. Comme si la Constitution de la Ve République n’était plus qu’un document du passé dans une Europe qui ravale les chefs d’Etat au rang de gouverneurs.