Cela a beaucoup surpris que Ségolène Royal prononce son allocution (par ailleurs particulièrement vide) à 20h 02. On n’avait jamais vu une telle précipitation de la part du perdant à une élection présidentielle.
Voulait-elle à toute force être la première à s’exprimer ?
Oui, mais pas par rapport à Sarkozy.
C’était à usage interne du parti socialiste. Depuis quelques jours, elle savait qu’elle avait perdu, et elle savait surtout que le règlement de comptes avait commencé, et allait s’afficher à la télévision. Le premier à s’exprimer serait Dominique Strauss-Kahn. Et dès 20h 01 on donna la parole à Dominique Strauss-Kahn. Qui fut aussitôt coupé parce qu’il y avait Ségolène.
Celle-ci put ainsi faire passer son message personnel : qu’elle allait continuer la rénovation de la gauche, qu’elle assumerait la responsabilité qui lui incombe désormais à la tête de la gauche, jusqu’à la victoire, etc.
C’était en effet urgent. Car lorsque Strauss-Kahn put reprendre la parole, ce fut pour tirer à boulets rouges sur sa candidate, pour dénoncer vertement le fonctionnement du parti, et pour appeler autour de lui ceux qui veulent faire un vrai parti social-démocrate...
Ensuite, Fabius ne fut pas plus amène pour la candidate – « la gauche c’est le “nous“, ce n’est pas le “je“ » – et pour ses appels au centre.
Tandis que Kouchner disait tout le contraire, appelant carrément à un « programme commun » avec le centre.
Et que les jospinistes, sous la houlette de Daniel Vaillant, faisaient comprendre que Ségolène Royal ne devait pas conduire la campagne des législatives...
On a même vu François Hollande parler des « erreurs » de la campagne...
Bref, c’est apparemment beaucoup plus grave que les inévitables aigreurs de la défaite, et l’empressement de Ségolène Royal à tenter de se poser en chef charismatique des socialistes avant sa descente en flammes n’a fait que souligner la gravité de la situation. La suite promet d’être savoureuse...