On pourrait croire qu’il est nazi, d’autant qu’il est biologiste, mais il est seulement une de ces nullités en surpopulation au Palais Bourbon. Il s’appelle Philippe Vigier. A la tribune de l’Assemblée, il a martelé, dans un discours écrit : « Il faut traquer, oui je dis "traquer", les embryons porteurs d’anomalies chromosomiques. »
Cette profession de foi d’un eugénisme radical a tout de même suscité quelques réactions, signe que la société n’est pas encore complètement mûre pour un eugénisme d’Etat digne du troisième Reich. Philippe Vigier s’est fendu d’un petit mot d’excuse envers certains, mais d’autres, notamment des « porteurs d’anomalies chromosomiques », attendent toujours.
Si l’on creuse un peu, il est vraisemblable que le nègre de Philippe Vigier a simplement trouvé malin de reprendre au compte de son patron une expression trouvée chez les défenseurs des handicapés, de ceux qui précisément depuis des mois se battaient contre un nouveau projet de « traque », disaient-ils, des embryons porteurs d’anomalies chromosomiques dans le projet de loi dit par antiphrase de bioéthique.
Il est significatif que le député ait proclamé, avec un accent de conviction qu’il ne peut pas avoir, cette horreur qui lui paraissait naturelle.
Si je me permets d’évoquer l’absence de convictions du personnage, ce n’est pas par procès d’intention. On peut déjà constater qu’il est « président » du groupe « Libertés et Territoires » (sic) : un groupe de 19 députés plus ou moins membres ou dissidents de 6 partis, du centre et de gauche, et de Pè a Corsica qui représente 3 partis… Mais surtout ce député, qui vient de voter la loi dite de bioéthique (bien qu’on ait abandonné le renforcement de la traque des embryons), faisait campagne il y a deux ans contre le projet de « PMA pour toutes », et avec cette conviction qu’il affiche dans la traque des embryons : « Je suis fermement opposé à cette évolution que je combattrai. »
Souvent l’élu du peuple varie… (Toujours dans le même sens, celui du vent dominant.)