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Liturgie - Page 88

  • 10e dimanche après la Pentecôte

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    Le Seigneur « dit cette parabole pour quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes comme étant justes et méprisaient les autres : Deux hommes montèrent au temple pour y prier, un pharisien et un publicain. Le pharisien disait : Je vous rends grâces, ô Dieu, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes. » Il devrait dire, au moins : comme beaucoup d'hommes. Que signifie « comme le reste des hommes, » sinon comme tous les autres hommes, excepté lui ? Je suis donc juste, dit-il, les autres sont des pécheurs. « Je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont injustes, voleurs, adultères. » Voici près de toi un publicain qui te donnera lieu de t'enfler davantage encore. « Comme ce publicain », dit-il. Il fait partie du grand nombre, moi je suis seul de mon espèce. Je ne lui ressemble pas, grâces à mes œuvres de justice, qui me préservent de toute iniquité. « Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. » Que demande-t-il donc à Dieu ? Qu'on examine ses paroles, et on ne le trouvera pas. Il est monté pour prier ; mais au lieu de prier Dieu, il se loue. Il ne lui suffit pas même de ne pas prier et de se louer, il insulte celui qui prie.

    « Le publicain se tenait éloigné », mais il était près de Dieu ; les remords de sa conscience l'écartaient de Dieu, mais sa piété l'attachait à lui. « Le publicain se tenait éloigné », mais Dieu le regardait de près ; car le Seigneur est grand et il abaisse ses regards sur les humbles, tandis qu'il ne voit que de loin les hommes hautains, tel que ce pharisien [quoniam excelsus Dominus, et humilia respicit, et alta a longe cognoscit, psaume 137] ; il voit de loin ces orgueilleux mais il ne les oublie pas. Leurs actes hautains, Dieu les connaît de loin, mais il ne méconnaît pas leur faute. (Excelsa quidem a longe cognoscit, sed non ignoscit.)

    Considère encore l'humilité du publicain. Peu content de se tenir éloigné, « il ne levait pas même ses yeux au ciel ». Pour être regardé, il ne regardait pas ; il n'osait regarder en haut ; sa conscience le chargeait, mais l'espérance le soulevait. Vois encore : « Il se frappait la poitrine, » il se punissait lui-même ; aussi le Seigneur pardonnait-il à son aveu. « Il se frappait la poitrine en disant : Seigneur, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur. » Voilà un homme qui prie. Qu'y a-t-il d'étonnant que Dieu lui pardonne, puisqu'il se reconnaît si bien ? (Quid miraris, si Deus ignoscit, quando ipse se agnoscit ?)

    Après avoir prêté l’oreille à la plaidoirie du Pharisien et du Publicain, écoute la sentence. Après avoir vu l'orgueil dans l'accusateur, l'humilité dans l'accusé, écoute le Juge. « En vérité je vous le déclare. » C'est la Vérité, c'est Dieu, c'est le Juge qui parle. « En vérité je vous le dis, ce publicain sortit du temple justifié, plutôt que le pharisien. » Pourquoi, Seigneur ? Je vois le Publicain, plutôt que le Pharisien, sortir du temple justifié. Je cherche pourquoi ? — Tu cherches pourquoi ? Voici pourquoi : « Quiconque en effet s'exalte sera humilié, et quiconque s'humilie sera exalté. » Tu viens d'entendre la sentence, prends donc garde de te jeter dans une mauvaise affaire ; autrement dit : Tu viens d'entendre la sentence, prends garde à l'orgueil. (Audisti sententiam, cave superbiam.)

    Qu'ils ouvrent les yeux maintenant, qu'ils prêtent l'oreille ces moqueurs impies, ces hommes qui présument de leurs propres forces et qui disent : Dieu m'a fait homme, mais je me suis fait juste. N'est-ce pas être pire et plus détestable que le Pharisien ? Le Pharisien dans son orgueil se disait juste, néanmoins il rendait grâces à Dieu de sa justice. Il se disait juste, mais il rendait grâces à Dieu. « Je vous rends grâces, ô Dieu, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes. » — « Je vous rends grâces, ô Dieu.: » il remercié Dieu de n'être pas comme les autres hommes, et toutefois il est blâmé de son orgueil et de son enflure : sa faute n'est pas d'avoir rendu grâces à Dieu, mais de s'être regardé comme n'ayant plus besoin de rien. « Je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont injustes. » Tu es donc juste, toi ; et c’est pourquoi tu ne demandes rien : tu es donc parfait, et la vie humaine n'est plus une tentation sur la terre (Job 7) ; tu es donc parfait, tu es riche et tu n'as plus besoin de dire : « Pardonnez-nous nos offenses. » Or, si l'on est coupable pour rendre grâces avec orgueil, que ne mérite-t-on pas en attaquant la grâce avec impiété ?

    Saint Augustin, sermon 115.

  • Sa Dictature

    Le président de la Latin Mass Society publie la lettre type que le Dicastère pour le Culte divin envoie aux évêques qui ont la naïveté de demander à Rome l’autorisation pour un prêtre du diocèse de célébrer la messe selon les livres de 1962 :

    ... ce Dicastère est d'avis que cette [permission] ne serait pas une décision opportune. Par conséquent, nous rejetons la demande. Le chemin établi par le Saint-Père dans Traditionis custodes est très clair et cela a été souligné tant dans la "Lettre aux évêques du monde entier" qui accompagnait le Motu proprio que dans les Responsa ad dubia de ce Dicastère, qui ont été personnellement approuvés par le Saint-Père. Dans ce dernier document, à propos de ce point précis, il a été souligné que la réforme liturgique du Concile Vatican II "a mis en valeur chaque élément du rite romain et a favorisé - comme l'espéraient les Pères du Concile - la participation pleine, consciente et active de tout le peuple de Dieu à la liturgie (cf. Sacrosanctum Concilium n° 14), source première de l'authentique spiritualité chrétienne". Plus récemment, la Lettre apostolique du Saint-Père du 29 juin, Desiderio Desideravi, sur la formation liturgique du peuple de Dieu, développe la lettre aux évêques mentionnée ci-dessus et réaffirme le désir du Pape François que l'unité autour de la célébration de la liturgie soit rétablie dans toute l'Église de rite romain (n. 61).

    C’est ce qu’on appelle la sollicitude du pape François pour ses frères prêtres…

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Sainte-Sophie, Constantinople.

    Non est équidem, quod me magis deléctet, sed nec est, quod térreat magis, quam de glória Vírginis matris habére sermónem. Ecce enim, si in ea laudávero virginitátem, mihi multæ vírgines post eam vidéntur offérri. Si humilitátem prædicávero, inveniéntur forte vel pauci, qui, docénte Fílio eius, mites facti sunt et húmiles corde. Si magnificáre volúero misericórdiæ eius multitúdinem, sunt áliqui misericórdiæ viri, étiam et mulíeres. Unum est, in quo nec primam símilem visa est, nec habére sequéntem, gáudia matris habens cum virginitátis honóre. Maríæ privilégium est, non dábitur álteri, quia non auferétur ab ea. Singuláre est, sed contínuo étiam indicíbile invenítur.

    Sans aucun doute, rien ne me plaît davantage que de parler de la gloire de la Vierge. Mais j’ajoute : rien aussi ne m’effraie plus. Voilà, si je viens à louer en elle la virginité, d’autres vierges se présenteront à mon esprit à sa suite. Si je viens à proclamer son humilité, il s’en trouvera d’autres, mais pas beaucoup, qui, à la parole de son fils, se sont faits doux et humbles de cœur. Si je veux exalter la multitude de ses miséricordes, je pourrai parler encore des hommes miséricordieux, et aussi des femmes. Sur un seul point on n’a jamais vu et on ne verra jamais son pareil, car elle seule unit les joies de la mère et l’honneur de la virginité. C’est cela le privilège de Marie. Il ne sera donné à personne autre. Il est unique et, de ce fait même, indicible.

    Saint Bernard, 4e sermon sur l’Assomption, lecture des matines.

  • Sainte Claire

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    Giotto

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    Piero della Francesca

    Lettre à Ermentrude de Bruges.

    A Ermentrude, sa très chère sœur, Claire d’Assise, humble servante de Jésus-Christ, salut et paix !

    J’ai appris, sœur très chère, qu’avec la grâce du Seigneur tu avais été assez heureuse pour échapper à la boue de ce monde. Cela m’a causé la plus grande joie, je t’en félicite et je suis toute joyeuse à la pensée que toi et tes filles vous arpentez courageusement les routes de la sainteté.

    Sois fidèle jusqu’à la mort, sœur bien-aimée, à Celui auquel tu t’es consacrée, car tu recevras un jour de lui la couronne de la Vie. Notre peine ici-bas n’a qu’un temps, mais la récompense est éternelle ; ne te laisse pas séduire par les splendeurs d’un monde qui fuit comme l’ombre. Ne te laisse pas prendre aux apparences d’un siècle trompeur ; bouche tes oreilles à tout ce que l’enfer viendra te murmurer, oppose à ses efforts une résistance énergique. Supporte les épreuves d’un cœur joyeux ; quand tout va bien, n’en tire aucune vanité, les succès comme les revers exigeant la foi.

    Sois donc fidèle aux promesses que tu as faites à Dieu, et lui-même t’en décernera la récompense. Regarde le ciel qui nous appelle et nous attend, ma bien-aimée : prends ta croix et suis le Christ qui nous précède ; par lui nous pourrons entrer dans sa gloire après avoir traversé toutes sortes d’épreuves. Aime de tout ton cœur Dieu et son Fils Jésus qui fut crucifié pour nous autres pécheurs ; que son souvenir ne quitte jamais ta mémoire. Fais en sorte de méditer continuellement le mystère de sa croix et les douleurs de sa Mère qui s’y tenait debout.

    Veille et prie sans cesse. Mène à bien, sans te décourager, l’œuvre que tu as si bien commencée. Remplis sans défaillance, dans la pauvreté et dans l’humilité, la charge que tu as assumée. N’aie aucune crainte, ma fille, car Dieu est fidèle à sa parole et saint dans ses actions : il répandra ses bénédictions sur toi et sur tes filles ; il vous viendra en aide et vous consolera ; il est notre rédempteur et notre récompense pour l’éternité.

    Prions Dieu l’une pour l’autre : chacune portant ainsi par amour le fardeau de l’autre, la loi du Christ nous sera plus légère à accomplir. Amen.

  • Paraklisis

    Les byzantins de tradition grecque chantent la Paraklisis à la mère de Dieu les jours d’août avant la fête de la Dormition (sauf le 6, fête de la Transfiguration). Voici les premières odes de cet office, à Palazzo Adriano (Sicile) le 4 août de l’an dernier. On trouvera d’autres extraits de la Parklisis à Palazzo Adriano ici et (et sur ma chaîne YouTube).

    Ode 1

    Ὑπεραγία Θεοτόκε, σῶσον ἡμᾶς.

    Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous.

    Πολλοῖς συνεχόμενος πειρασμοῖς, πρὸς σὲ καταφεύγω, σωτηρίαν ἐπιζητῶν· Ὦ Μῆτερ τοῦ Λόγου καὶ Παρθένε, τῶν δυσχερῶν καὶ δεινῶν με διάσωσον.

    Sous le poids de tant d’épreuves et de tentations, vers toi je me tourne, cherchant le salut : ô Mère du Verbe et Vierge, délivre-moi de toute peine et de tout danger.

    Ὑπεραγία Θεοτόκε, σῶσον ἡμᾶς.

    Παθῶν με ταράττουσι προσβολαί, πολλῆς ἀθυμίας, ἐμπιπλῶσαί μου τὴν ψυχήν, εἰρήνευσον, Κόρη, τῇ γαλήνῃ, τῇ τοῦ Υἱοῦ καὶ Θεοῦ σου, Πανάμωμε.

    Troublé par l’assaut des passions, j’ai l’âme toute pleine de découragement : ô Vierge, apaise-la par le calme de ton Fils et ton Dieu, ô Immaculée.

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι.

    Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit.

    Σωτῆρα τεκοῦσάν σε καὶ Θεόν, δυσωπῶ, Παρθένε, λυτρωθῆναί με τῶν δεινῶν· σοὶ γὰρ νῦν προσφεύγων ἀνατείνω καὶ τὴν ψυχὴν καὶ τὴν διάνοιαν.

    Toi qui as enfanté le Sauveur et Dieu, je te supplie, ô Vierge, de me libérer de tout danger ; car vers toi cherchant refuge à présent, j’élève aussi mon âme et mon esprit.

    Καὶ νῦν καὶ ἀεί, καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.

    Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

    Νοσοῦντα τὸ σῶμα καὶ τὴν ψυχήν, ἐπισκοπῆς θείας, καὶ προνοίας τῆς παρὰ σοῦ, ἀξίωσον, μόνη Θεομῆτορ, ὡς ἀγαθὴ ἀγαθοῦ τε λοχεύτρια.

    Moi qui suis malade de corps et d’esprit, rends moi digne de la divine visite et de la providence qui est auprès de toi, ô seule Mère de Dieu, toi qui, bonne, a accouché du Bon.

     

    Ode 3

    Ὑπεραγία Θεοτόκε, σῶσον ἡμᾶς.

    Προστασίαν καὶ σκέπην, ζωῆς ἐμῆς τίθημι, Σέ, Θεογεννῆτορ, Παρθένε, σύ με κυβέρνησον, πρὸς τὸν λιμένα σου, τῶν ἀγαθῶν ἡ αἰτία, τῶν πιστῶν τὸ στήριγμα, μόνη πανύμνητε.

    Je te fais refuge et protection de ma vie, toi, génitrice de Dieu ; guide-moi vers ton port, cause de tout bien, soutien des fidèles et seule digne de nos chants.

    Ὑπεραγία Θεοτόκε, σῶσον ἡμᾶς.

    Ἱκετεύω, Παρθένε, τὸν ψυχικὸν τάραχον, καὶ τῆς ἀθυμίας τὴν ζάλην, διασκεδάσαι μου· σὺ γάρ, Θεόνυμφε, τὸν ἀρχηγὸν τῆς γαλήνης, τὸν Χριστὸν ἐκύησας, μόνη πανάχραντε.

    Je te supplie, ô Vierge, de dissiper le tumulte de mon âme et la tempête de l’inquiétude, car c’est toi, épouse de Dieu, qui a conçu le Christ, initiateur de la sérénité, ô seule Immaculée.

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι.

    Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit.

    Εὐεργέτην τεκοῦσα, τὸν τῶν καλῶν αἴτιον, τῆς εὐεργεσίας τὸν πλοῦτον, πᾶσιν ἀνάβλυσον· πάντα γὰρ δύνασαι, ὡς δυνατὸν ἐν ἰσχύϊ, τὸν Χριστὸν κυήσασα, Θεομακάριστε.

    Tu as mis au monde le Bienfaiteur, la cause de tout bien ; répands tes bienfaits en abondance sur tous, car tu peux tout, puisque tu as conçu le Christ puissant en sa force, ô Bénie en Dieu.

    Καὶ νῦν καὶ ἀεί, καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.

    Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

    Χαλεπαῖς ἀῤῥωστίαις, καὶ νοσεροῖς πάθεσιν, ἐξεταζομένῳ, Παρθένε, σύ μοι βοήθησον· τῶν ἰαμάτων γάρ, ἀνελλιπῆ σε γινώσκω, θησαυρόν, Πανάμωμε, τὸν ἀδαπάνητον.

    Viens à mon aide, ô Vierge, à moi qu’éprouvent les infirmités pénibles et les souffrances de la maladie ; je sais que tu es en effet, Tout-Immaculée, le trésor inépuisable et permanent des guérisons.

    Διάσωσον, ἀπὸ κινδύνων, τοὺς δούλους σου, Θεοτόκε, ὅτι πάντες μετὰ Θεόν, εἰς σὲ καταφεύγομεν, ὡς ἄῤῥηκτον τεῖχος καὶ προστασίαν.

    Sauve des dangers tes serviteurs, ô Mère de Dieu, car après Dieu c’est en toi que tous nous nous réfugions, rempart indestructible et notre protection.

    Ἐπίβλεψον, ἐν εὐμενείᾳ, πανύμνητε Θεοτόκε, ἐπὶ τὴν ἐμὴν χαλεπὴν τοῦ σώματος κάκωσιν, καὶ ἴασαι τῆς ψυχῆς μου τὸ ἄλγος.

    Jette les yeux avec bienveillance, ô Mère de Dieu digne de toute louange, sur les maux pénibles de mon corps, et guéris la douleur de mon âme.

     

    Kathisme

    Πρεσβεία θερμή, καὶ τεῖχος ἀπροσμάχητον, ἐλέους πηγή, τοῦ κόσμου καταφύγιον, ἐκτενῶς βοῶμέν σοι· Θεοτόκε Δέσποινα, πρόφθασον, καὶ ἐκ κινδύνων λύτρωσαι ἡμᾶς, ἡ μόνη ταχέως προστατεύουσα.

    Fervente avocate, et inexpugnable rempart, source de miséricorde, refuge de l’univers, vers toi nous crions sans répit : ô Mère de Dieu et Souveraine, empresse-toi, délivre-nous de tout danger, car seule tu te hâtes d’accorder ton secours.

  • Saint Laurent

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    "Mausolée de Galla Placidia", Ravenne (Ve siècle), en fait oratoire dédié à saint Laurent.

    Troisième sermon de saint Augustin pour la fête de saint Laurent.

    Voici le jour où a triomphé le bienheureux Laurent ; le jour où il a foulé aux pieds la rage du monde et méprisé ses caresses; le jour où il l'a ainsi emporté sur les persécutions de l'enfer : c'est ce que nous assure l'Eglise romaine. Tout Rome redit en effet combien est glorieuse la couronne du saint martyr, quelle multitude de vertus, semblables à des fleurs variées, la font briller d'un vif éclat.

    On vous le répète habituellement : il exerçait dans l'Eglise même l'office de diacre. C'est là qu'il dispensait le sang divin du Christ, c'est là aussi que pour le nom du Christ il versa son propre sang. Il s'était donc assis avec prudence à la table du Tout-Puissant, de cette table dont viennent de nous parler ainsi les proverbes de Salomon : « Es-tu assis pour manger à la table d'un puissant ? Considère avec attention ce qui t'est servi, et en y portant la main, sache que tu dois le traiter semblablement ». Quel est le sens mystérieux de ce festin ? Le saint apôtre Jean le fait connaître clairement quand il dit : « De même que le Christ a donné sa vie pour nous, ainsi devons-nous donner la nôtre pour nos frères ». Saint Laurent comprit cette leçon, mes frères, il la comprit et la pratiqua, car il se disposait à rendre ce qu'il prenait à la table sacrée. Plein d'amour pour le Christ durant sa vie, il l'imita dans sa mort.

    Nous donc aussi, mes frères, imitons le Christ si nous l'aimons véritablement. Pouvons-nous lui mieux témoigner notre amour qu'en imitant son exemple ? Aussi bien « le Christ a souffert pour nous, nous laissant son exemple pour que nous marchions sur ses traces ». L'apôtre Pierre en parlant ainsi semble avoir compris que le Christ n'a souffert que pour ceux qui marchent sur ses traces, et que sa passion ne profite qu'à eux. Les saints martyrs l'ont suivi jusqu'à répandre leur sang, jusqu'à souffrir pour lui ; toutefois ils ne sont pas les seuls pour l'avoir suivi. Après leur passage, le pont n'a pas été détruit, ni la fontaine tarie après qu'ils y ont bu. Quelle est, d'ailleurs, l'espérance des vrais fidèles, soit qu'ils vivent dans la chasteté et l'union sous le joug du pacte matrimonial, soit qu'ils domptent les appétits de la chair dans la continence de la viduité, soit même qu'aspirant au point culminant de la sainteté et couronnés des fleurs toujours fraîches de la virginité, ils suivent l'Agneau partout où il va ? Quelle est leur espérance et la nôtre à tous en même temps, s'il n'y a pour suivre le Christ que ceux qui versent pour lui leur sang ? L'Eglise notre mère va-t-elle donc perdre tous ces enfants, à qui elle a donné le jour avec d'autant plus de fécondité qu'elle jouissait d'une paix plus complète ? Doit-elle pour ne les perdre pas, demander des persécutions, demander des épreuves nouvelles ? Nullement, mes frères. Eh ! comment peut-elle demander des persécutions, elle qui crie chaque jour : « Ne nous jetez pas dans la tentation ? »

    Il y a, il y a, oui, mes frères, il y a dans ce jardin du Seigneur, non-seulement la rose des martyrs, mais encore le lis des vierges, le lierre des époux et la violette des veuves. Non, mes bien-aimés, il n'y a aucun état dans le genre humain, qui puisse désespérer de sa vocation. Pour tous le Christ a souffert, et l'Ecriture dit avec vérité : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité ».

    Etudions maintenant comment sans répandre son sang et sans être exposé au martyre, le chrétien doit imiter Jésus-Christ. L'Apôtre dit, en parlant du Seigneur : « Il avait la nature divine et il ne crut pas usurper en s'égalant à Dieu ». Quelle majesté ! « Mais il s'est anéanti lui-même en prenant une nature d'esclave, en se faisant semblable aux hommes et reconnu homme par l'extérieur ». Quelle humilité ! Le Christ s'est abaissé : voilà, chrétien, à quoi t'attacher. Le Christ « s'est fait obéissant » : pourquoi t’enorgueillir ? Jusqu'où le Christ a-t-il obéi ? Jusqu'à s'incarner, tout Verbe qu'il était ; jusqu'à partager notre mortalité, jusqu'à être trois fois tenté par le diable, jusqu'à endurer les dérisions du peuple, jusqu'à souffrir d'être conspué et enchaîné, d'être souffleté et flagellé ; si ce n'est pas assez, « jusqu'à mourir » : et si le genre de mort est encore capable d'y contribuer davantage, « jusqu'à mourir sur la croix ». Tel est le modèle d'humilité qui doit servir de remède à notre orgueil.

    O homme ! pourquoi donc t’enfler ? Pourquoi te tenir si raide, ô peau de cadavre ? Pourquoi te gonfler, pourriture infecte ? Tu t'animes, tu gémis, tu t'échauffes, parce que je ne sais qui t'a fait quelque injure. Pourquoi demander à te venger ? Pourquoi cette soif ardente de représailles ? Pourquoi n'être tranquille qu'après avoir frappé celui qui t'a frappé ? Si tu es chrétien, cède le pas à ton Roi ; que le Christ se venge d'abord, car il ne s'est pas vengé encore, lui qui a tant souffert pour l'amour de toi. Cette haute majesté pouvait sans doute ne rien souffrir ou se faire justice immédiatement. Mais plus le Christ était puissant, plus il a voulu être patient ; car « il a souffert pour nous, il nous a donné l'exemple afin que nous marchions sur ses traces ».

    Ainsi donc vous le reconnaissez, mes bien-aimés, sans verser son sang, sans aller jusqu'à être enchaîné, emprisonné, flagellé, déchiré par les ongles de fer, nous pouvons souvent imiter le Christ.

    Mais après avoir parcouru ces humiliations et avoir dompté la mort, le Christ est monté au ciel : suivons l'y encore. Ecoutons l'enseignement d'un Apôtre : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, goûtez les choses d'en haut, puisque le Christ y est assis à la droite de Dieu ; cherchez les choses d'en haut et non, les choses de la terre ». Qu'on repousse tous les plaisirs temporels auxquels peut entraîner le monde ; qu'on méprise toutes les souffrances et tous les désagréments dont il menace. En agissant ainsi, on peut être sûr de marcher sur les traces du Christ et d'avoir le droit de dire avec l'apôtre saint Paul : « Notre vie est dans les cieux ».

    Afin toutefois que la vertu soit alors invincible, il faut que la charité ne soit pas une feinte charité. Aussi la vraie vertu nous vient-elle de Celui qui répand la charité dans nos cœurs. Saint Laurent n'aurait-il pas redouté les feux extérieurs sur lesquels on le jetait, si en lui n'avait brûlé la flamme intérieure de la charité ? Si donc, mes frères, ce martyr glorieux n'avait point peur des flammes épouvantables qui calcinaient son corps, c'est que son cœur était enflammé du désir le plus ardent des joies célestes. Comparée à l'ardeur qui brûlait son âme, la flamme allumée par les persécuteurs était toute froide. Aurait-il pu supporter des douleurs si multipliées et si aiguës, s'il n'eût aimé les chastes délices des récompenses éternelles ? Aurait-il enfin méprisé cette vie, s'il n'eût été attaché à une vie meilleure ? « Qui pourra vous nuire », dit l'apôtre saint Pierre ? « qui pourra vous nuire, si vous êtes attachés au bien ? » Quelque mal que te fasse endurer le persécuteur, que l'amour du bien t'empêche de fléchir. Car en aimant de tout ton cœur ce qui est bien, tu endureras avec patience et avec égalité d'humeur tous les maux possibles. En quoi tous les tourments infligés par les bourreaux à saint Laurent lui ont-ils nui ? N'est-il pas vrai que les supplices l'ont rendu plus illustre, et qu'en lui procurant une mort précieuse, ils nous ont ménagé ce grand jour de fête ?

  • Vigile de saint Laurent

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    (Bréviaire romain, vers 1480)

    A la vigile de saint Laurent (attestée dès le IVe siècle comme un événement liturgique important à Rome), on fait mémoire de saint Romain, qui est étroitement lié à saint Laurent.

    Selon la tradition, Romain était le soldat romain affecté à la garde de saint Laurent. Il fut tellement impressionné par la façon dont le diacre professait sa foi dans les interrogatoires et supportait son martyre, qu’il lui demanda de le baptiser. Romain à son tour confessa la foi avec courage, sous les coups de bâton, puis fut décapité, le 9 août.

    La collecte de la messe de saint Romain peut servir en tout temps et à tout le monde :

    Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, intercedénte beáto Románo Mártyre tuo, et a cunctis adversitátibus liberémur in córpore, et a pravis cogitatiónibus mundémur in mente.

    Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que par l’intercession du bienheureux Romain, votre Martyr, nous soyons délivrés de toute adversité corporelle, et que notre âme soit purifiée de toute pensée mauvaise.

  • La dictature

    L’évêque d’Arlington, en Virginie, Michael Burbidge, a publié son diktat contre la messe traditionnelle dans le diocèse. A partir du 8 septembre, sur les 21 lieux où elle est célébrée, il n’en restera que 8, et avec des restrictions (à commencer par l’interdiction de célébrer tout autre sacrement).

    Il y avait une messe quotidienne à la paroisse Saint-Jean de Front Royal : elle devra être célébrée dans un gymnase. L’église de la Sainte-Trinité de Gainesville avait trois prêtres qui célébraient la messe traditionnelle, ils devront se replier sur une école. Etc.

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Quam vília de seípsa sénserit édocet María, et quod omne quidquid boni mériti hábuit, hoc supérna grátia largiénte percéperit, dicens: Quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ; ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes. Húmilem quippe Christi ancíllam suo iudício se fuísse demónstrat: sed respéctu se grátiæ cæléstis repénte sublimátam pronúntiat, atque in tantum glorificátam, ut sua beatitúdo præcípua mérito cunctárum géntium voce mirétur. Addidit étiam adhuc divínæ pietátis múnera, quæ mirabíliter accépit, digna gratiárum actióne colláudans. Quia fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen eius. Nihil ergo suis méritis tríbuit, quæ totam magnitúdinem ad illíus donum refert, qui essentiáliter potens et magnus exístens, fidéles suos de parvis atque infírmis, fortes fácere consuévit et magnos.

    Quand Marie dit : « Il s’est penché sur son humble servante, et désormais tous les âges me diront bienheureuse », elle nous apprend les humbles sentiments qu’elle a d’elle-même. Elle nous dit avoir reçu tout ce qu’il peut y avoir de bien en elle par largesse de la grâce divine. Elle montre, certes, qu’elle se considère comme la pauvre servante du Christ. Mais tout de suite, par respect de la grâce céleste, elle reconnaît sa noblesse et se dit tellement glorifiée que la voix de tous les peuples admirera à juste titre son singulier bonheur. Et ces faveurs de la divine bonté – ces faveurs qu’elle a si merveilleusement accueillies –, elle trouve même le moyen de les faire croître en chantant une digne action de grâces : « Le Puissant a fait pour moi des merveilles, Saint est son nom. » Elle n’attribue rien à ses propres mérites. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de celui qui est puissant et grand par essence, lui qui a coutume de rendre forts et grands ses fidèles, tout petits et faibles qu’ils soient.

    Saint Bède le Vénérable, 2e homélie sur la Visitation, lecture du bréviaire.

    L’icône est d’un type rare, son nom est Призри на смирение (Prizri na Smirénié): « Regardez l’humilité ». Il fait référence au mot du Magnificat : « Il a regardé l’humilité de sa servante ». Elle illustre bien le texte de saint Bède, car cette humilité va de pair avec la noblesse de la grâce et la faveur divine, celle de la royauté de son Fils qui est aussi la sienne : le sceptre et la couronne.

    La première icône « Regardez l’humilité » est « apparue », comme disent les Russes, près de Pskov en 1420, mais elle a disparu sans qu’on en ait de copies. Parmi les rares reprises du thème selon les documents consignés à la cathédrale de Pskov, la plus connue est celle du monastère de religieuses Saint-Vvedensky de Kiev, qui date du XIXe siècle. Elle appartenait à l’aumônier du monastère. Dans les années 1930, prévoyant qu’il allait être arrêté et tué, il confia l’icône à une religieuse. L’aumônier a été effectivement arrêté et tué, et le monastère a été fermé. La religieuse est devenue femme de ménage et a gardé précieusement l’icône. Dans les années 1960 elle put intégrer un monastère de Kiev, gardant l’icône dans sa cellule. Voyant qu’elle allait mourir, elle fit venir le fils du prêtre, avec lequel elle avait toujours été en contact, pour savoir quoi faire de l’icône. Le fils voulut qu’elle retourne à l’église Saint-Vvedensky, qui avait été rendue au culte.

    En 1993, le recteur de Saint-Vvedensky voulut restaurer l’icône qui était devenue très sombre sous son verre protecteur. Or quand on enleva le verre on s’aperçut que l’icône n’avait pas changé de couleurs, mais que sur le verre était apparu le dessin de l’icône, comme une empreinte argentée, alors qu’il n’y avait jamais eu de contact. Le bruit du miracle se répandant dans Kiev, des scientifiques exigèrent d’étudier la chose pour dénoncer la supercherie. Mais les experts des différents instituts scientifiques durent constater que le phénomène était inexplicable. La conclusion a été que l’empreinte est d’origine organique, qu’elle apparaît en négatif sur un fond sombre et en positif sur un fond blanc…

    En 1995, le saint Synode de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou) a proclamé l’icône miraculeuse et institué sa fête le 16 (29) septembre, qui était déjà sa fête à Pskov au XVe siècle, et une autre fête pour célébrer le miracle (19 juillet – 1er août).

    Ci-dessous le verre à côté d'une copie de l'icône, puis l'icône en vrai.

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