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Liturgie - Page 87

  • Saint Barthélémy

    L’hymne des matines des apôtres, et son adaptation en alexandrins dans le Breviarium Benedictinum latin-français de 1725, donc a priori de Lemaitre de Sacy.

    Æterna Christi munera,
    Apostolorum gloriam,
    Laudes canentes debitas
    Lætis canamus mentibus.

    Chantons les dons de Dieu, chantons en ce grand jour
    Des apôtres du Christ la gloire et les louanges ;
    Que transportés de joie, à l’exemple des anges,
    Pour eux dans nos concerts éclate notre amour.

    Ecclesiarum principes,
    Belli triumphales duces,
    Cælestis aulæ milites,
    Et vera mundi lumina.

    Vrais princes de l’Eglise, dignes chefs pour la foi,
    Ils vont, sans craindre rien, désabuser le monde ;
    Ils portent la lumière, et Dieu qui les seconde,
    Les fait vaincre partout, soumet tout à sa loi.

    Devota sanctorum fides,
    Invicta spes credentium,
    Perfecta Christi caritas
    Mundi triumphat principem.

    La foi les soutient seule en leurs travaux divers ;
    L’espérance est leur vie et console leur âme ;
    L’ardente charité dont Jésus les enflamme
    Renverse devant eux tout l’effort des enfers.

    In his Paterna gloria,
    In his voluntas Spiritus,
    Exsultat in his Filius,
    Cælum repletur gaudio.

    Dans eux, et dans la foi qui s’accroît sous leurs pas,
    Triomphent à la fois et le Père adorable,
    Et le Fils tout-puissant, et l’Esprit ineffable :
    Tout le Ciel à l’envi chante leurs saints combats.

    Te nunc, Redemptor, quæsumus,
    Ut ipsorum consortio,
    Jungas precantes servulos,
    In sempiterna sæcula. Amen.

    Toi, de tout l’univers la paix et le salut,
    O Christ, en leur faveur écoute nos prières,
    Fais-nous prendre à jamais, touchés de tes lumières,
    Leur exemple pour guide, et leur bonheur pour but.
    Ainsi soit-il.

    La première strophe chantée par les Carmes de Londres en 1965 (en prélude au Kyrie de la messe Æterna Christi munera de Palestrina).


    podcast

    La première et la troisième strophes dans la version polyphonique de Jacek Rózycki (fin du XVIIe siècle).

  • Saint Philippe Béniti

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    Cosimo Rosselli, 1475, cloître des vœux, basilique de l'Annonciation, Florence.

    Approche, Philippe, et monte sur ce char… Vous l’entendîtes, cette parole, dans les jours où le monde souriait à votre jeunesse et vous offrait sa renommée ou ses plaisirs ; c’était l’invitation que vous faisait Marie, alors qu’assise sur le char d’or figurant la vie religieuse à laquelle vous étiez convié, elle était vers vous descendue : un manteau de deuil enveloppait de ses plis la souveraine des cieux ; une colombe voltigeait autour de sa tête ; un lion et une brebis traînaient son char, entre des précipices d’où montaient les sifflements de l’abîme. C’était l’avenir qui se dévoilait : vous deviez parcourir la terre en la compagnie de la Mère des douleurs, et ce monde que déjà l’enfer avait miné de toutes parts n’aurait pour vous nul péril ; car la douceur et la force y seraient vos guides, la simplicité votre inspiratrice. Heureux les doux, car ils posséderont la terre !

    Mais c’est contre le ciel surtout que devait vous servir l’aimable vertu qui a cette promesse d’empire ; contre le ciel qui lutte lui-même avec les forts, et vous réservait l’épreuve du suprême abandon devant lequel avait tremblé l’Homme-Dieu : après des années de prières, de travaux, d’héroïque dévouement, pour récompense vous connûtes le rejet apparent du Seigneur, le désaveu de son Église, l’imminence d’une ruine menaçant par-delà votre tête tous ceux que Marie vous avait confiés. Contre l’existence de vos fils les Servites, nonobstant les paroles de la Mère de Dieu, ne se dressait rien moins que l’autorité de deux conciles généraux, dont le Vicaire du Christ avait arrêté de laisser les résolutions suivre leur cours. Notre-Dame vous donnait de puiser au calice de ses souffrances. Vous ne vîtes point le triomphe d’une cause qui était la sienne autant que la vôtre ; mais comme les patriarches saluant de loin l’accomplissement des promesses, la mort ne put ébranler votre confiance sereine et soumise : vous laissiez à votre fille Julienne Falconieri le soin d’obtenir, par ses prières devant la face du Seigneur, ce que n’avaient pu gagner vos démarches auprès des puissants.

    La puissance suprême ici-bas, un jour l’Esprit-Saint parut la mettre à vos pieds : comme le demande l’Église au souvenir de l’humilité qui vous fit redouter la tiare, obtenez-nous de mépriser les faveurs du temps pour ne rechercher que le ciel. Les fidèles cependant n’ont point oublié que vous fûtes le médecin des corps, avant d’être celui des âmes ; leur confiance est grande dans l’eau et les pains que vos fils bénissent en cette fête, et qui rappellent les faveurs miraculeuses dont fut illustrée la vie de leur père : ayez égard toujours à la foi des peuples ; répondez au culte spécial dont les médecins chrétiens vous honorent. Aujourd’hui enfin que le char mystérieux de la première heure est devenu le char de triomphe où Notre-Dame vous associe à la félicité de son entrée dans les cieux, apprenez-nous à compatir comme vous de telle sorte à ses douleurs, que nous méritions d’être avec vous dans l’éternité participants de sa gloire.

    L’Année liturgique

  • Le Cœur immaculé de Marie

    Le fardeau et le joug que le Seigneur imposa à saint Jean, en lui confiant le soin de la Vierge Mère, furent vraiment un joug suave et un fardeau léger. Qui donc ne partagerait très volontiers la demeure de cette Mère, qui porta neuf mois dans son sein le Verbe incarné et vécut avec lui, très doucement et dévotement, pendant trente années ? Qui ne porterait envie au disciple bien-aimé du Seigneur qui, en l’absence du Fils de Dieu, obtint la présence de la Mère de Dieu ? Mais, si je ne m’abuse, nous pouvons, nous aussi, obtenir par nos prières de la bonté du Verbe, incarné à cause de nous et crucifié à cause de son grand amour pour nous, qu’il nous dise à nous aussi : « Voici ta Mère. » Et qu’il dise de nous à sa Mère : « Voici ton fils. »

    Le doux Seigneur n’est pas avare de ses dons, pourvu que « nous approchions du trône de sa grâce avec » foi et « confiance », avec un cœur non pas hypocrite, mais véritable et sincère. Celui qui a voulu nous faire cohéritiers du royaume de son Père ne dédaignera certes pas de nous avoir pour cohéritiers de l’amour de sa Mère. Quant à cette Vierge très bonne, elle ne sera pas accablée par la multitude de ses enfants, car elle a un cœur immense, et elle désire vivement éviter la perte d’aucun de ceux que son Fils a rachetés par un sang si précieux et une mort d’un si grand prix. « Approchons donc avec confiance du trône de la grâce » du Christ ; humblement et avec larmes, demandons-lui qu’il dise à sa Mère, de chacun de nous : « Voici ton fils. » Et qu’il dise de sa Mère, à chacun de nous : « Voici ta Mère. »

    Quel bonheur ce sera pour nous de vivre sous l’égide d’une pareille Mère ! Qui osera nous arracher de son sein ? Quelle tentation pourra nous vaincre, si nous mettons notre confiance dans le patronage de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre ? Et nous ne serons pas les premiers à avoir reçu un tel bienfait. Beaucoup nous ont précédés ; oui, beaucoup ont accédé à ce patronage unique et tout maternel de cette Vierge, et aucun n’en est revenu déçu ou triste : tous, soutenus par le patronage d’une telle Mère, tout joyeux et contents. Car c’est d’elle qu’il est écrit : « Elle broiera ta tête ». Ils ont donc confiance, grâce à elle, qu’eux aussi marcheront hardiment « sur l’aspic et le basilic, fouleront aux pieds le lion et le dragon ». Car il semble impossible qu’il se perde, celui dont le Christ a dit à la Vierge : « Voici ton fils », pourvu que lui-même ne fasse pas la sourde oreille à ce que le Christ lui dit : « Voici ta mère. »

    Homélie de saint Robert Bellarmin, lecture des matines (commentaire de l’évangile du jour).

  • 11e dimanche après la Pentecôte

    In Deo sperávit cor meum, et adjútus sum : et reflóruit caro mea, et ex voluntáte mea confitébor illi. ℣. Ad te, Dómine, clamávi : Deus meus, ne síleas, ne discédas a me.

    C’est en Dieu que mon cœur a espéré, et j’ai été secouru, et ma chair a refleuri, et de toute ma volonté je le confesserai. ℣. Vers toi, Seigneur, j’ai crié ; mon Dieu, ne garde pas le silence, ne t’éloigne pas de moi.

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    Les mélodies des graduels sont plus ou moins des centons, c’est-à-dire composées de formules qu’on retrouve éparses dans d’autres graduels. Dans celui-ci, la première partie est entièrement originale (en dehors des cadences, naturellement), et le verset est entièrement centonisé, composé de six formules qu’on retrouve ailleurs, en dehors d’une « soudure » sur ne discedas.

    La mélodie de la première moitié de la première partie est une prière sereine et intime, distillant discrètement le bonheur d’avoir été exaucé. La deuxième partie s’exalte sur l’action de grâce : je louerai le Seigneur de toute ma volonté.

    La mélodie du verset commence par une longue formule bien connue, mais qui n’est jamais aussi bien servie ailleurs par son texte, car elle n’exprime nulle part ailleurs ce « clamavi », j’ai crié, qui lui convient si parfaitement.

    Les formules suivantes poursuivent dans le même sens et s’enchaînent naturellement, la seule invention de la phrase étant le « ne discedas » qui à partir de la tonique relance efficacement l’élan pour la formule finale.

     

  • Saint Bernard

    Extraits du chapitre 6 de la Vie de saint Bernard par Ernald, abbé de Bonneval au pays chartrain.

    A cette époque, toute l'Église de Bordeaux était déchirée par le schisme, et il ne se trouvait, dans l'Aquitaine entière, personne qui osât résister au prince de cette contrée, dont Dieu avait endurci le cœur. A l’instigation de Gérard, évêque d’Angoulême, qui fomentait dans son cœur les germes de la discorde, il se fit l'auteur et le soutien d'un schisme. Quiconque ne souscrivait point à l'élection de Pierre de Léon [comme pape] était exposé à la persécution.

    (…)

    En apprenant ces nouvelles et plusieurs autres de même nature, le vénérable Geoffroy, évêque de Chartres, que le pape Innocent avait chargé des fonctions de légat en Aquitaine, en ressentit une vive douleur, et résolut de venir, sans aucun retard et toute autre chose cessant, au secours de cette Église en péril. Il demande donc, avec instances, à l'abbé de Clairvaux de lui prêter son concours pour faire cesser de si grands maux. L'homme de Dieu se rend à ses vœux, et lui annonce qu'il a l'intention de conduire une colonie de religieux en Bretagne à l'endroit, près de Nantes, que la comtesse Ermengarde leur avait préparé, et lui promet de partir avec lui pour l'Aquitaine, dès qu'il aura installé cette maison, selon son genre et son espèce.

    (…)

    Cependant, le comte fut informé par quelques hommes illustres qui osaient s'approcher de sa personne, que l'abbé de Clairvaux, l'évêque de Chartres, d'autres évêques et des religieux lui demandaient une audience, dans l'intention de traiter avec lui de la paix de l'Église et de s’entendre sur les moyens de mettre un terme au mal. On lui fit comprendre qu'il ne pouvait se dispenser de recevoir des hommes de cette importance ; il pouvait se faire en effet qu’en les écoutant ce qui avait semblé difficile fût facile, et que ce qui avait paru impossible devint possible par un soudain retour. On se donne donc rendez-vous de part et d'autre à Parthenay. Les serviteurs de Dieu commencèrent par remontrer au comte, de plusieurs manières et à plusieurs titres, que la division de l'Église et l'obstination du schisme s'étaient abattues de ce côté-ci des Alpes sur la seule Aquitaine, comme un nuage qui portait la peste dans ses flancs ; que l’Église est une, et que tout ce qui est en dehors d’elle ne peut que sombrer et périr au jugement de Dieu, comme il est arrivé à tout ce qui était placé hors de l'arche de Noé. On rappela aussi l'exemple de Dathân et d'Abiron, que la terre a dévorés tout vivants en punition de leur schisme (Num. XXVI), et que jamais Dieu n'a manqué de punir un péché comme celui-là. En entendant cela, le comte obéissant en partie à de sage conseils, répondit qu'il pourrait consentir à reconnaître Innocent pour pape, mais que pour ce qui était de rétablir sur leurs sièges les évêques qu'il en avait chassés, il n'y avait point de considération qui pût le décider à le faire, attendu qu’ils l'avaient offensé de manière à ce qu'il ne l’oubliât jamais, et que lui-même avait fait le serment de ne point recevoir leur paix. On parlementa encore longtemps par messagers ; mais, pendant que de part et d'autre on en était aux paroles, l'homme de Dieu avait recours de son côté à des armes plus efficaces, et se rendait à l'autel pour y prier et y offrir le saint sacrifice. Tous ceux à qui il était permis d’assister aux saints mystères étaient entrés dans l'église, le comte se tenait à la porte.

    La consécration terminée, la paix donnée et portée au peuple, l'homme de Dieu, ne se conduisant plus en simple mortel, dépose le corps du Seigneur sur la patène et le prend avec lui, et, la face en feu, les yeux en flamme, il sort de l'église, non plus la prière, mais la menace aux lèvres, et adresse ces terribles paroles au duc : « Nous vous avons adressé des prières, et vous nous avez méprisé. Dans une autre rencontre que nous avons eue avec vous, les serviteurs de Dieu rassemblés en grand nombre devant vous, vous ont fait entendre leurs supplications, et vous n'en avez point tenu compte. Voici maintenant le fils même de la Vierge, Notre-Seigneur, le chef de l'Église que vous persécutez, qui vient à vous. Voici dans mes mains votre juge, celui au nom de qui tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ; voici votre juge, dis-je, celui dans les mains de qui votre âme tombera un jour. N'aurez-vous pour lui aussi que du mépris, et ne tiendrez-vous pas plus de compte de lui que de ses serviteurs ? » Tous les assistants fondaient en larmes, et attendaient en priant l'issue de cette démarche. Tout le monde était en suspens et je ne sais quelle espérance on avait de quelque coup du ciel. Le comte en voyant venir à lui l'abbé dans un esprit de force, et porter dans les mains le très-saint corps de Notre-Seigneur, se sentit vivement impressionné ; un froid glacial le paralyse, il tremble de tous ses membres, la crainte l'anéantit, il tombe presque fou à terre. Ses gens le relèvent, mais il tombe de nouveau la face coutre terre, sans pouvoir proférer une seule parole, ni lever les yeux sur personne ; la salive lui coule sur la barbe, il pousse de profonds soupirs, il suffoque, on aurait dit un épileptique. Alors, l'homme de Dieu s'approchant de lui davantage et le touchant du pied pendant qu'il était étendu à terre, lui ordonne de se lever et de se tenir debout, afin d’entendre la sentence de Dieu. « L’évêque de Poitiers que vous avez chassé de son siège est là présent, allez faire votre réconciliation avec lui, scellez-la par le baiser de paix, et reconduisez-le sur son siège. Vous satisferez à Dieu, en lui rendant autant d'honneur que vous l'avez abreuvé d'humiliations ; enfin, rappelez à l’union de la charité tous les peuples soumis à votre domination et qui maintenant sont déchirés par les divisions et les discordes. Soumettez-vous au pape Innocent comme le fait l'Église entière, et obéissez comme les autres à ce pontife élu de Dieu même. » En entendant le saint parler ainsi, le comte se sentait vaincu par l'autorité du Saint-Esprit et par la présente des saints sacrements, et il n'osait ni ne pouvait répondre aussitôt il se rendit, reçut l'évêque de Poitiers au baiser de paix et le rétablit sur son siège à la joie de toute la ville, de la même main qu'il l'en avait fait descendre. Dans la suite, le saint abbé s'entretenant doucement et familièrement avec le comte, lui recommanda d’un ton paternel de ne plus se laisser aller désormais à ces excès impies et téméraires, de ne point rendre nulle par de si grands forfaits la patience de Dieu, et de ne plus violer en quoi que ce fût la paix qui venait de se faire.

    Saint Bernard et le duc (Guillaume X) d’Aquitaine

    Par Marten Pepyn

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    Par Jean de Saint-Igny (tous deux de la première moitié du XVIIe siècle)

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  • Saint Jean Eudes

    Lettre à Anne d’Autriche.

    A Paris, ce 2 septembre 1648.

    MADAME,

    Je ne puis rejeter la pensée qu'il a plu à Dieu me donner en lui offrant le saint sacrifice de la Messe pour Votre Majesté, durant ces troubles de Paris*, de la supplier très humblement, au nom de Jésus-Christ et de sa très sainte Mère, d'employer le pouvoir qu'ils lui ont donné pour arrêter le torrent impétueux de l'iniquité qui fait aujourd'hui un étrange ravage dans la France, qui entraîne une infinité d'âmes dans les enfers, et qui est l'unique cause de toutes les misères de ce Royaume.

    C'est une chose déplorable, Madame, et à larmes de sang, de voir périr tant d'âmes qui ont coûté le précieux sang de Jésus-Christ, et que ce mal va toujours croissant, et que si peu de personnes s'en mettent en peine. Lorsqu'il s'agit de quelque intérêt temporel des Princes et des Rois de ce monde, que ne fait-on point ? Mais les intérêts du souverain Monarque sont abandonnés. Nous nous tuons, dans nos missions, à force de crier contre quantité de désordres qui sont dans la France, par lesquels Dieu est extrêmement déshonoré, et qui sont la cause de la damnation de beaucoup d'âmes ; et il nous fait la grâce de remédier à quelques-uns. Mais je suis certain, Madame, que si Votre Majesté voulait employer le pouvoir qu'il lui a donné, elle pourrait plus faire, elle seule, pour la destruction de la tyrannie du diable et pour l'établissement du règne de Jésus-Christ, que tous les missionnaires et prédicateurs ensemble.

    Si Votre Majesté désire en savoir les moyens, il sera facile de les lui proposer, et à elle encore plus facile, moyennant la grâce de Notre-Seigneur, de les exécuter. Pour maintenant, je dirai seulement le plus puissant de tous, qui est de donner de bons Évêques à l'Église, car les bons Évêques et les bons prêtres feraient de bons chrétiens, et par ce moyen, dans peu de temps, l'Église de France changerait de face, et reprendrait sa première splendeur. C'est ici la plus grande obligation de Votre Majesté, Madame ; c'est le plus grand service quelle puisse rendre à Dieu et à son Église ; et il est de telle importance qu'il mérite bien que Votre Majesté en prenne soin par Elle-même**, puisqu'elle sera la première à qui le souverain Juge en demandera compte, et un compte d'autant plus terrible qu'il y va du salut d'une infinité de personnes qu'il a commises à ses soins. Car j'entends le Saint-Esprit, lequel, parlant par la bouche de saint Paul, crie hautement : Que quiconque n'a pas soin du salut de ceux qui dépendent de lui, celui-là a renié la foi et est pire qu'un infidèle, tellement qu'à l'heure de la mort, il sera condamné de Dieu comme un apostat, et sera châtié plus sévèrement que les païens et les infidèles.

    Si Votre Majesté rend ce service à Jésus-Christ et à son Église, il la comblera de bénédictions spirituelles et temporelles ; mais si Elle néglige ces choses, je lui déclare, au nom et de la part du grand Dieu vivant, que tous les péchés qui seront commis en France, faute de pourvoir par Elle-même l'Église de bons Évêques, lui seront attribués comme si Elle-même les avait commis ; et qu'Elle en portera la condamnation et le châtiment ; et que toutes les âmes qui se perdront en suite de cela, et toutes les gouttes de sang que Jésus-Christ a répandues pour leur salut, crieront vengeance contre Elle à l'heure de la mort.

    Au reste, Madame, je puis bien protester à Votre Majesté, en toute vérité, qu'en tout ceci, je suis sans intérêt et sans autre prétention que celle de la gloire de mon Maître et du salut des âmes.

    Celui qui connaît le fond des cœurs sait que je dis vrai. C'est en lui et en sa très sainte Mère que je serai toujours, en tout le respect possible,

    Madame,

    De Votre Majesté,

    Le très humble et très obéissant et très fidèle sujet et serviteur,

    JEAN EUDES, Prêtre

    * Le 26 août a été la « Journée des barricades », début de la Fronde.

    ** Au lieu de s'en rapporter à Mazarin.

  • Sainte Hélène

    Le martyrologe du jour commence ainsi :

    A Préneste (Palestrina), la naissance (au ciel) de saint Agapit martyr. Agé de quinze ans seulement, et brûlant d'amour pour le Christ, il fut arrêté par ordre de l'empereur Aurélien et tout d'abord battu très longtemps à coups de nerfs de bœuf ; il souffrit ensuite de plus cruels supplices sous le préfet Antiochus ; l'empereur le fit exposer aux lions, qui ne lui firent aucun mal; enfin frappé par le glaive des exécuteurs, il reçut la couronne du martyre.

    On peut toujours célébrer en ce jour la messe des martyrs en mémoire de saint Agapit.

    Le martyrologe se termine ainsi :

    A Rome, sur la voie Lavicane, sainte Hélène, mère du très religieux empereur Constantin le Grand, qui le premier protégea l'Eglise et favorisa son extension, donnant ainsi l'exemple aux autres princes.

    Il est curieux que le martyrologe ne signale pas le pèlerinage à Jérusalem, entrepris alors qu’elle avait 79 ans, et qui lui permit de trouver la Croix du Christ.

    On peut célébrer la messe de sainte Hélène, à savoir la messe des saintes femmes "Cognovi", avec de belles oraisons propres :

    Dómine Jesu Christe, qui locum, ubi Crux tua latébat, beátæ Hélenæ revelásti, ut, per eam, Ecclésiam tuam hoc pretióso thesáuro ditáres: ejus nobis intercessióne concéde; ut vitális ligni prétio, ætérnæ vitæ prǽmia consequámur.

    Seigneur Jésus-Christ, qui avez révélé à la bienheureuse Hélène le lieu où votre Croix était cachée, pour enrichir par elle votre Eglise de ce précieux trésor ; accordez-nous par son intercession d'obtenir, grâce au prix de cet arbre de vie, les récompenses de la vie éternelle.

    Per haec sacra mystéria concéde nobis, Dómine, ut, sicut beátae Hélenae misericórditer tribuísti, ut Fílium tuum crucifíxum in corde semper gestáret ; ita et nos eum in córdibus nostris perpétuo deferámus.

    Seigneur, qui avez miséricordieusement accordé à la bienheureuse Hélène de porter sans cesse en son cœur votre Fils crucifié, faites, par ces saints mystères, que nous le portions toujours, nous aussi, dans notre cœur.

    Concéde nobis, miséricors Deus: ut, qui salutíferae Crucis tuae fructu in terra sumus recreáti, per intercessiónem beátae Hélenae, eódem júgiter pérfrui mereámur in caelis.

    Dieu de miséricorde, à nous qui avons été recréés sur cette terre par le fruit de votre Croix, source de salut, accordez que par l’intercession de la bienheureuse Hélène nous méritions de jouir au ciel de ce même fruit pour l’éternité.

    Dans mon diocèse de Vannes il y a (au moins) quatre chapelles Sainte-Hélène : à Auray, Bubry, Locmalo et Surzur. Et il y a une église Sainte-Hélène au centre du bourg du même nom (sur la rivière d’Etel) : le pardon y est célébré le 18 août (ainsi qu’à Surzur). Mais dans le diocèse la fête du jour est saint Armel.

  • Saint Hyacinthe (Jacek)

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    Lu sur Sensus Fidelium (adaptation de l'Année liturgique) :

    La dévotion à la Sainte Vierge a dominé toute la vie de saint Hyacinthe et la Vierge avait pour lui une tendresse maternelle. Au début de sa vie apostolique, la Vierge lui est apparue et lui a dit : "Prends courage, Hyacinthe, mon fils, et sois joyeux, tout ce que tu demanderas en mon nom te sera accordé"*. La vision eut lieu la veille de l'Assomption et le bienheureux y plaça la confiance surhumaine du thaumaturge, qu'aucun obstacle ne put jamais arrêter. Il a gardé le parfum virginal, qui l'a accompagné toute sa vie, et la splendeur de la beauté surnaturelle, qui a fait de lui une image fidèle de son père Dominique. Le jour de son triomphe, le 15 août 1257, la Vierge lui apparut de nouveau dans l'église de la Sainte-Trinité, au milieu d'une foule d'Anges formant sa cour, et une âme sainte**, dont l'extase avait brisé les voiles de la mortalité, s'écria : "Qui êtes-vous ?". "Marie répondit : "Je suis la Mère de la Miséricorde et celui dont je tiens la main dans la mienne est le Frère Hyacinthe, mon fils le plus dévoué, que je conduis aux noces éternelles". La Vierge entonna alors de sa voix la plus douce : "Je vais sur les collines du Liban" et, tandis que les Anges et les Vierges continuaient le chant céleste dans une admirable harmonie, la procession disparut vers les hauteurs resplendissantes de la patrie.

    * C'est ce qui est écrit sur le phylactère.

    ** Il s’agit de la bienheureuse Bronisława, qui était sa cousine.

  • Saint Joachim

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    Saint Joachim était de Nazareth en Galilée, et il était marié depuis vingt ans à sainte Anne de Bethléem. Tous deux vivaient de façon irréprochable et très pieuse, mais ils n’avaient pas d’enfants. Un jour que Joachim, avec quelques-uns de sa tribu, allait au Temple de Jérusalem pour présenter une offrande, le grand prêtre le prit à parti et lui demanda comment lui, qui était stérile, osait se présenter au Temple de Dieu en compagnie de ceux qui ne l’étaient pas. Puisque Dieu l’avait jugé indigne d’avoir des enfants, ses dons n’étaient pas dignes de Dieu.

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    Rempli de confusion, Joachim ne voulut pas rentrer chez lui, de peur de s'entendre adresser les mêmes reproches par ceux de sa tribu. Il se retira dans la campagne avec ses troupeaux. Quelque temps plus tard, un ange lui apparut, pour lui annoncer que ses prières étaient exaucées : « J'ai vu ta honte, et j'ai entendu les reproches de stérilité qui t’ont été adressés à tort. Dieu est le vengeur du péché, mais non de la nature, et s'il a fermé le sein d'une femme c'est pour le rendre fécond plus tard d'une manière qui paraisse plus merveilleuse, et pour faire connaître que l’enfant qui naît alors, loin d'être le fruit de la passion, sera un don de Dieu. » Anne concevra et mettra au monde une fille, que vous appellerez Marie, et elle deviendra la mère du Fils du Très-Haut. Le signe que ce que je dis est vrai : quand tu arriveras à Jérusalem, tu rencontreras ta femme près de la Porte Dorée.

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    Pendant ce temps-là, Anne était chez elle, seule, très triste d’avoir été abandonnée par son cher Joachim, sans même savoir où il était allé. Or l’ange apparut également à Anne, et lui dit les mêmes choses qu’il avait dites à Joachim.

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    Joachim et Anne crurent aux paroles de l’ange et partirent vers la Porte Dorée, où ils se rencontrèrent et s’étreignirent. Ils adorèrent le Seigneur puis rentrèrent chez eux. Anne conçut et mit au monde une fille qu’ils appelèrent Marie.

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  • Assomption

    Apostiches des grandes vêpres de la Dormition, à Palazzo Adriano le 14 août 2020.

    Δεῦτε ἀνυμνήσωμεν λαοί, τὴν Παναγίαν Παρθένον ἁγνήν, ἐξ ἧς ἀῤῥήτως προῆλθε, σαρκωθεὶς ὁ Λόγος τοῦ Πατρός, κράζοντες καὶ λέγοντες· Εὐλογημένη σὺ ἐν γυναιξί, Μακαρία ἡ γαστήρ, ἡ χωρήσασα Χριστόν. Αὐτοῦ ταῖς ἁγίαις χερσί, τὴν ψυχὴν παραθεμένη, πρέσβευε ἄχραντε, σωθῆναι τὰς ψυχὰς ἡμῶν.

    Venez, tous les peuples, chantons la Vierge pure et toute-sainte de qui le Verbe du Père est issu ineffablement incarné ; disons-lui, élevant la voix : Entre les femmes tu es bénie, heureux le sein qui a porté le Christ ! Toi qui as remis ton âme entre ses mains, intercède, Immaculée, pour que nos âmes soient sauvées.

    Ἀνάστηθι, Κύριε, εἰς τὴν ἀνάπαυσίν σου, σὺ καὶ ἡ κιβωτὸς τοῦ ἁγιάσματός σου.
    Lève-toi, Seigneur, vers ton repos, toi et l'arche de ta sainteté. (psaume 131)

    Τὴν πάνσεπτόν σου Κοίμησιν, Παναγία Παρθένε ἁγνή, τῶν Ἀγγέλων τὰ πλήθη ἐν οὐρανῷ, καὶ ἀνθρώπων τὸ γένος ἐπὶ τῆς γῆς μακαρίζομεν, ὅτι Μήτηρ γέγονας τοῦ ποιητοῦ τῶν ἁπάντων Χριστοῦ τοῦ Θεοῦ. Αὐτὸν ἱκετεύουσα, ὑπὲρ ἡμῶν μὴ παύσῃ δεόμεθα, τῶν εἰς σὲ μετὰ Θεόν, τὰς ἐλπίδας θεμένων, Θεοτόκε πανύμνητε, καὶ ἀπειρόγαμε.

    Vierge toute-sainte, immaculée, avec la multitude des Anges dans le ciel et sur terre l'ensemble des humains nous célébrons ta bienheureuse Dormition, car tu fus la Mère du Créateur de toutes choses, le Christ notre Dieu ; ne cesse pas de l'implorer pour nous qui t'en supplions et mettons en toi notre espérance après Dieu, divine Mère inépousée, toute-digne de nos chants.

    Ὤμοσε Κύριος τῷ Δαυῒδ ἀλήθειαν καὶ οὐ μὴ ἀθετήσει αὐτήν· Ἐκ καρποῦ τῆς κοιλίας σου θήσομαι ἐπὶ τοῦ θρόνου σου.
    A David le Seigneur l'a promis en vérité, jamais il ne s'écartera de son serment. (psaume 131)

    Δαυϊτικὴν ᾠδὴν σήμερον λαοί, ᾄσωμεν Χριστῷ τῷ Θεῷ. Ἀπενεχθήσονται φησί, τῷ Βασιλεῖ παρθένοι ὀπίσω αὐτῆς, ἀπενεχθήσονται ἐν εὐφροσύνῃ καὶ ἀγαλλιάσει. Ἡ γάρ ἐκ σπέρματος Δαυΐδ, δι' ἧς ἡμεῖς ἐθεώθημεν, ἐν ταῖς χερσὶ τοῦ ἑαυτῆς Υἱοῦ καὶ Δεσπότου, ἐνδόξως καὶ ὑπὲρ λόγον μετατίθεται, ἣν ὡς Μητέρα Θεοῦ ἀνυμνοῦντες βοῶμεν καὶ λέγομεν· Σῶσον ἡμᾶς, τοὺς ὁμολογοῦντας σε Θεοτόκε, ἀπὸ πάσης περιστάσεως, καὶ λύτρωσαι κινδύνων τὰς ψυχὰς ἡμῶν.

    Avec David en ce jour chantons un cantique pour le Christ notre Dieu : A sa suite, dit-il, des vierges sont amenées vers le Roi, ses compagnes lui sont présentées dans l'allégresse et les chants de joie (ps. 44). Car la descendante de David grâce à qui nous fûmes déifiés remet son âme entre les mains du Maître, son propre Fils, d'ineffable et glorieuse façon ; et comme Mère de Dieu la chantant, nous disons, élevant la voix : Sauve-nous qui reconnaissons ta divine maternité, de tout danger qui nous menace délivre nos âmes.

    Δόξα Πατρὶ...
    Ὅτε ἐξεδήμησας Θεοτόκε Παρθένε, πρὸς τὸν ἐκ σοῦ τεχθέντα ἀφράστως, παρῆν Ἰάκωβος ὁ Ἀδελφόθεος, καὶ πρῶτος, Ἱεράρχης, Πέτρος τε ἡ τιμιωτάτη κορυφαία τῶν θεολόγων ἀκρότης, καὶ σύμπας ὁ θεῖος τῶν Ἀποστόλων χορός, ἐκφαντορικαῖς θεολογίαις ὑμνολογοῦντες, τὸ θεῖον καὶ ἐξαίσιον, τῆς Χριστοῦ τοῦ Θεοῦ οἰκονομίας μυστήριον, καὶ τὸ ζωαρχικόν, καὶ θεοδόχον σου σῶμα κηδεύσαντες, ἔχαιρον πανύμνητε. Ὕπερθεν δὲ αἱ πανάγιαι καὶ πρεσβύταται τῶν Ἀγγέλων Δυνάμεις, τὸ θαῦμα ἐκπληττόμεναι, κεκυφυῖαι ἀλλήλαις ἔλεγον· Ἄρατε ὑμῶν τὰς πύλας, καὶ ὑποδέξασθε τὴν τεκοῦσαν, τὸν οὐρανοῦ καὶ γῆς Ποιητήν, δοξολογίαις τε ἀνυμνήσωμεν, τὸ σεπτὸν καὶ ἅγιον σῶμα, τὸ χωρῆσαν τὸν ἡμῖν ἀθεώρητον καὶ Κύριον. Διόπερ καὶ ἡμεῖς τὴν μνήμην σου ἑορτάζοντες, ἐκβοῶμέν σοι· Πανύμνητε, Χριστιανῶν τὸ κέρας ὕψωσον, καὶ σῶσον τὰς ψυχὰς ἡμῶν.

    Vierge Mère de Dieu, lorsque tu allas rejoindre celui qui fut mis au monde d'ineffable façon par toi, il y avait Jacques, premier hiérarque et frère du Seigneur, Pierre le vénérable et souverain coryphée des théologiens et tout le chœur des Apôtres divins ; en des hymnes d'explicite théologie ils chantaient le divin mystère de l'Economie du Christ notre Dieu ; et tandis qu'ils mettaient ton corps au tombeau, ce corps porteur de Dieu et source de vie, ils étaient dans la joie, Vierge toute-digne de nos chants. Au-dessus d'eux les très-saintes et vénérables Puissances des cieux, admirant la merveille et courbées de respect, se disaient mutuellement : Elevez les portes et recevez celle qui enfanta le Créateur de la terre et du ciel ; glorifions et chantons l'auguste corps plein de sainteté qui porta le Seigneur invisible pour nous ! C'est pourquoi, dans la célébration de ta mémoire, nous crions, Vierge toute-digne de nos chants : Relève le front des chrétiens et sauve nos âmes.

    (Cantique de Siméon)
    Νῦν ἀπολύεις τον δοῦλόν σου, Δέσποτα, κατὰ τὸ ῥῆμά σου, ἐν εἰρήνῃ· ὅτι εἶδον οἱ ὀφθαλμοί μου τὸ σωτήριόν σου, ὃ ἡτοίμασας κατὰ πρόσωπον πάντων τῶν λαῶν· φῶς εἰς ἀποκάλυψιν ἐθνῶν, καὶ δόξαν λαοῦ σου Ἰσραήλ.

    Maintenant laisse ton serviteur, Maître, selon ta parole, aller en paix ; car mes yeux ont vont ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples ; lumière pour la révélation aux nations, et gloire de ton peuple Israël.