Saint Tugdual par Serge Louvel à la Vallée des Saints.
Venu de Galles ou d’Angleterre au début du VIe siècle, Tugdual fonda un monastère près du Conquet où il avait débarqué, puis à Tréguier dont il devint le premier évêque. Il est donc l’un des sept saints fondateurs de Bretagne, et la magnifique cathédrale de Tréguier (où se trouve le tombeau de saint Yves) porte son nom.
Commentaires
La forme Tugdual est fautive et procède d'une erreur d'un copiste médiéval du XI ème siècle .-qui connaissait sûrement mal le breton-qui a changé Tutgual en TugduaLen inversant le T et le G. La forme originelle en vieux-breton est Tutuual qui peut se transcrire comme
"Peuple =tud -et valeureux=gwall-". Apartir du Xème siècle, le uu s'est transcrit en gu (gw en breton moderne) en suivant l'évolution de la langue parlée..
En 880, Gourdisten, chroniqueur de l'abbaye de Landévennec l'écrivait Tutuual, en 924, il était orthographié Tutgual. Et c'est l'inversion des consonnes au XIème siècle qui a été hélas communément reprise en français, notamment chez beaucoup de catholiques francophones uniligues en mal d'exotisme pour donner des prénoms à leurs enfants, alors que la tradition populaire bretonne a gardé l'ancienne forme parfois altérée de : Tudal, Tudual, Tudwal, Tual..
Il est aussi surnommé Pabu, Pabi, Poban ou Paban (en breton pab=Pape).Car c'était le père par excellence pour ses moines. Selon une légende tardive,, il aurait été brièvement pape à Rome, sous le nom de "Léon le Breton" -tradition totalement fantaisiste, alors que c'était un surnom affectueux qui était donné dans la tradition des moines celtiques comme une marque de déférence.. que l'on retrouve dans les sagas islandaises concernant les moines irlandais que les Vikings ont rencontré lors de leur exploration de l'Irlande. Ils les appelaient les "papas", mot qui avait aussi signification d'évêque ou d'abbé, comme l'atteste la vita Samnsonis de Dol, ainsi que les manuscrits irlandais..
Il est traditionnellement invoqué contre l'épileptie et les maladies de poitrine ainsi que saint patron des tisserands et des filatiers..
Saint Yves, lorsqu'il défendit la cathédrale de Tréguier contre l'incursion des prévôts du roi Philippe IV Le Bel qui voulaient la piller de ses richesses, invoqua le nom de saint Tudual pour les chasser.
Sources : dictionnaire des prénoms celtiques par Albert Deshayes, éditions le Chasse-Marée-Ar Men, 2000
Merci à Jobig pour ces précisions "onomastiques". Pour ce qui est de saint Yves, de son temps c'est le tombeau de saint Tual qu'on vénérait dans la cathédrale. Un des 21 miracles de sa vie, retenu au procès de canonisation, est d'avoir "conversé avec Tual près de son tombeau" (témoignage du sacristain Lannuig, Petit-Alain).
La scène a été gravée en 1926 par la grande artiste bretonne Jeanne Malivel.
Cette oeuvre de Jeanne Malivel, que j'avais oubliée depuis logtemp,artiste trop méconnue, morte trop jeune-est représentative de la spiritualité de saint Yves, proche des spiritualités franciscaine et cistercienne, mais qui puisait à la source des saints bretons. Merci pour nous rappeller ce renouveau de l'art breton des Seiz breur.
Jeanne Malivel avait illustré l' Histoire de notre Bretagne, ouvrage écrit par Jeanne Coroller-Danio. Cette dernière assassinée par les FTP communistes en 1944 qui "liquidaient" les opposants. Il suffisait de les accuser de collabos. La plupart de ces crimes communistes sont restés impunis avec la complicité du ministre de la justice le "catho" François de Menthon, chargé de l'épuration à la sauce gaulliste qui n'avait rien à envier aux méthodes des bolchéviques.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Coroller-Danio