La séquence ci-dessous se trouve dans divers missels depuis qu’il y a des missels. Ci-dessous dans le Missel de Rouen, du XIIIe siècle (BNF). Traduction de l’Année liturgique.
Missus Gabriel de cælis,
Verbi bajulus fidelis,
Sacris disserit loquelis
Cum beata Virgine.
Verbum bonum et suave
Pandit intus in conclave
Et ex Eva format Ave,
Evæ verso nomine.
Gabriel, envoyé des cieux, fidèle messager de la parole, converse en un saint langage avec la Vierge bienheureuse. Sa parole bonne et suave se répand en la sainte demeure : et le nom d’Eva, se changeant sur ses lèvres, devient Ave, Salut !
Consequenter, juxta pactum,
Adest Verbum caro factum :
Semper tamen est intactum
Puellare gremium.
Patrem pariens ignorat
Et, quam homo non deflorat,
Non torquetur, nec laborat,
Quando parit filium.
Donc, selon le pacte nouveau, voici que le Verbe se fait chair ; mais toujours demeure intact le sein pudique de la Vierge. Celle qui enfante n’a point vu le père ; et sans que l’homme l’ait ternie, sans souffrance et sans labeur, elle met au jour un fils.
Signum audis novitatis,
Crede solum, et est satis :
Non est nostræ facultatis
Solvere corrigiam.
Grande signum et insigne
Est in rubo et in igne,
Ne appropiet indigne
Calceatus quispiam.
Écoute : c’est un signe nouveau ; crois seulement, et c’est assez ; il n’est pas de notre faiblesse de percer un si profond mystère. C’est un signe grand et sublime ; c’est le prodige du buisson enflammé ; que nul indigne n’en approche sans déposer sa chaussure.
Virga sicca sine rore
Novo ritu, novo more,
Fructum protulit cum flore :
Sicque virgo peperit.
Benedictus talis fructus,
Fructus gaudii, non luctus !
Non erit Adam seductus
Si de hoc gustaverit.
C’est la verge stérile, qui, sans rosée, d’une façon nouvelle et inouïe, a produit le fruit avec la fleur. Ainsi enfanta la Vierge. Béni est un fruit si doux ; fruit de joie et non de deuil ; non, Adam ne sera pas séduit, s’il ose le porter à sa bouche.
Jesus noster, Jesus bonus,
Piae matris pium onus,
Cujus est in cælo thronus,
Nascitur in stabulo.
Qui sic est pro nobis natus
Nostros deleat reatus
Quia noster incolatus
Hic est in periculo. Amen.
Notre Jésus, le bon Jésus, pieux fardeau d’une Mère si tendre, Jésus, qui dans le ciel a son trône, va naître dans une étable. C’est pour nous qu’il prendra naissance ; qu’il daigne effacer nos péchés ; car notre pèlerinage s’écoule parmi les périls. Amen.