Né à Imola, Pierre, dit Chrysologue (à la parole d’or), était simple diacre lorsque le pape le nomma archevêque de Ravenne, ville de résidence de l’empereur d’Occident, qui était très orientale (come l’attestent le surnom de Pierre… et les mosaïques) et dont la souveraine était alors Galla Placidia, mère de l’empereur en titre, princesse de Constantinople, fille de l’empereur d’Orient qui était… espagnol. La lettre de saint Pierre Chrysologue à Eutychès fut jointe aux actes du concile de Chalcédoine. Il est mort le 2 décembre 450. Benoît XIII le fit docteur de l’Eglise. Dom Guéranger remarque que dans un de ses sermons il tient pour acquis le dogme de l’Immaculée Conception, lorsqu’il dit : « L'ardent messager s'élance d'un vol rapide vers la Vierge ; il vient suspendre les droits de l'union humaine ; sans enlever la Vierge à Joseph, il la restitue au Christ à qui elle fut fiancée dès l'instant même où elle était créée. » La phrase la plus célèbre de saint Pierre Chrysologue est : « Qui rit avec le diable ne se réjouira pas avec le Christ. » On connaît aussi cette belle formule sur le sacrement eucharistique : « Le Christ est le pain semé dans le sein de la Vierge Marie , levé dans la chair, formé dans sa Passion, cuit dans le four du tombeau, conservé dans les églises et distribué chaque jour aux fidèles comme une nourriture céleste placée sur les autels. »
Liturgie - Page 671
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Saint Pierre Chrysologue
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Exaltabo te, Deus meus
Je t’exalterai, ô mon Dieu, tu es roi, et je bénirai ton Nom à jamais et dans les siècles des siècles.
Chaque jour je te bénirai, et je louerai ton Nom à jamais, et dans les siècles des siècles.
Le Seigneur est grand et très digne de louange, et sa grandeur n'a pas de bornes.
Chaque génération louera tes œuvres et publiera ta puissance.
On parlera de la magnificence de gloire de ta sainteté, et on racontera tes merveilles.
On dira quelle est la puissance de tes œuvres terribles, et on racontera ta grandeur.
On proclamera le souvenir de ta surabondante bonté, et on se réjouira de ta justice.
Le Seigneur est clément et miséricordieux, patient et tout-à-fait miséricordieux.
Le Seigneur est bon envers tous, et ses miséricordes sont sur toutes ses œuvres.
(Psaume 144, première partie)
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Saint André
Constantinople fut prise par les Turcs en 1453. En 1462, le chef de saint André fut apporté de Grèce par le Cardinal Bessarion. Le 12 avril, dimanche des Rameaux, le Pape Pie II l'alla chercher en grande pompe jusqu'au Pont Milvius et le déposa dans la Basilique Saint-Pierre. Le Pape prononça alors cette allocution de… circonstance : « Vous voici donc arrivé, ô très saint et très vénérable Chef du saint Apôtre ! La fureur des Turcs vous a chassé de votre asile, et vous venez demander un refuge à votre frère le Prince des Apôtres. Non, ce frère ne vous fera point défaut ; et par la volonté du Seigneur, on pourra dire un jour à votre gloire : O heureux exil qui trouve un pareil secours ! Cependant, vous demeurerez avec votre frère, et vous partagerez ses honneurs.
« Cette ville que vous voyez, c'est l'auguste Rome consacrée par le sang précieux de votre frère. Ce peuple qui vous entoure, c'est celui que le bienheureux Apôtre, votre frère plein de tendresse, aidé par saint Paul, le Vase d'élection, a régénéré en Jésus-Christ. Fils de votre frère, ces Romains sont vos neveux. Tous reconnaissent en vous le frère d'un père, un second père ; tous vous vénèrent, vous honorent, vous rendent hommage et s'appuient sur votre patronage en la présence du grand Dieu.
« O très fortuné Apôtre André ! prédicateur de la vérité, défenseur de l'auguste Trinité, de quelle joie vous nous remplissez en ce moment où nous contemplons de nos yeux votre tête sacrée et vénérable, qui mérita qu'au jour de la Pentecôte, le saint Paraclet se reposât visiblement sur elle, sous l'apparence du feu !
« O vous, Chrétiens, qui allez à Jérusalem pour honorer le Sauveur au lieu même où ses pieds se sont posés, voici le Trône de l'Esprit-Saint ! Ici s'arrêta l'Esprit du Seigneur ; ici a été vue la troisième personne de la Trinité ; ici ont été des yeux qui souvent ont contemplé le Seigneur dans la chair. Cette bouche a fréquemment adressé la parole au Christ ; ces joues, il n'est pas douteux qu'elles n'aient plus d'une fois reçu les baisers de Jésus.
« O Sanctuaire ineffable ! ô charité ! ô piété ! ô douceur de l'âme ! ô consolation de l'esprit ! ô qui ne sentirait, en une telle présence, ses entrailles s'émouvoir ? Quel cœur ne s'embraserait ? Qui ne répandrait des larmes de joie, à l'aspect des tant vénérables et précieuses reliques de l'Apôtre du Christ ? Oui, nous nous réjouissons, nous tressaillons, nous jubilons de votre arrivée, ô très divin Apôtre André ! car nous ne doutons pas que vous ne soyez ici accompagnant votre Chef mortel, et que vous ne fassiez avec lui votre entrée dans Rome.
« Sans doute, nous haïssons les Turcs, ennemis de la Religion chrétienne ; mais nous ne les haïssons pas de ce qu'ils ont été la cause de votre venue parmi nous. En effet, que pouvait-il nous arriver de plus fortuné que de contempler votre très honorable Chef, et d'être embaumés de son très suave parfum ? Une seule chose nous attriste : c'est de ne pouvoir, à votre arrivée, vous rendre les honneurs dont vous êtes digne, ni vous recevoir comme le mérite votre excellente sainteté. Mais accueillez notre désir, comprenez la sincérité de notre cœur, et souffrez avec bonté que nos mains indignes touchent vos ossements, et que nous, pécheurs, vous fassions cortège dans l'enceinte de la ville. Pénétrez donc dans cette sainte Cité, et soyez propice au peuple Romain. Qu'à tout le monde chrétien votre arrivée soit salutaire, votre entrée pacifique ; votre séjour au milieu de nous, heureux et fortuné. Soyez notre Avocat au ciel, et ensemble avec les bienheureux Apôtres Pierre et Paul, veillez paternellement sur tout le peuple chrétien, afin que, par votre intercession, les miséricordes de Dieu viennent sur nous ; et si nos péchés, qui sont nombreux, ont provoqué son indignation, qu'elle retombe sur les Turcs impies et sur les nations barbares qui déshonorent le Seigneur Jésus-Christ. Amen. »
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Double Saturnin
Saint Saturnin, dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’il était de Carthage, fut un martyr romain du temps de Dioclétien. C’est lui qui est fêté aujourd’hui. Pourtant c’est d’abord à un autre saint Saturnin que l’on pense, celui que le parler populaire a appelé saint Sernin, celui de Toulouse. Or le saint Saturnin de Toulouse (qui était grec) a l’antériorité, puisqu’il fut quant à lui victime de la persécution de Dèce, un demi-siècle plus tôt. Curieusement, celui qui était chronologiquement le premier saint Saturnin a fini par établir sa fête le jour où l’on fêtait le second saint Saturnin…
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Deus in nomine tuo salvum me fac
O Dieu, sauve-moi par ton Nom, et rends-moi justice par ta puissance.
O Dieu, exauce ma prière, prête l'oreille aux paroles de ma bouche.
Car des étrangers se sont élevés contre moi, et des hommes puissants ont cherché à m'ôter la vie, et ils n'ont point placé Dieu devant leurs yeux.
Mais voici que Dieu vient à mon aide, et que le Seigneur est le protecteur de ma vie.
Détourne les maux sur mes ennemis, et anéantis-les dans ta vérité.
Je t’offrirai spontanément des sacrifices, et je célébrerai ton Nom, Seigneur, parce que cela est bon.
Car tu m'as délivré de toute tribulation, et mon œil a regardé mes ennemis de haut.
(psaume 53)
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Saint Jacques l’Intercis
Dans le martyrologe romain, saint Jacques l’Intercis n’est qu’un des saints inscrits pour ce jour. Dans le ménologe byzantin, il est, sous le nom de Jacques le Persan, le saint dont on fait mémoire en ce 27 novembre, qui est le jour de son martyre, en 421.
Dans sa Légende dorée, Jacques de Voragine a fait le récit de son martyre, tel qu’il l’a trouvé dans l’Histoire ecclésiastique de Nicéphore Calliste (autour de l’an 1300).
Jacques était un chrétien d’une famille noble sous l’empereur de Perse Yasdagerd Ier (399-425). Il devint un très haut personnage et abandonna la foi. Sa mère et sa femme lui ayant reproché d’avoir sacrifié l’amour du Christ à une gloire passagère, et ayant rompu tout contact avec lui, il fit un retour sur lui-même et retrouva la foi. Ce qui mit l’empereur en fureur, et il le condamna à une mort terrible, pour faire un exemple : Jacques fut condamné à être coupé en morceaux (d’où son nom latin d’Intercis). Les bourreaux lui coupèrent d’abord les doigts des mains, l’un après l’autre, puis les orteils, puis un pied, puis une main, etc., puis les jambes, et enfin la tête. Ce qui est superbe dans le récit de Jacques de Voragine est que, chaque fois qu’on lui coupe un doigt ou un membre, Jacques fait allusion à un passage de l’Evangile, au symbolisme des nombres, ou récite un verset de psaume approprié. Enfin il dit cette prière : « Souverain Seigneur, exaucez un homme à demi mort ; vous êtes le maître des vivants et des morts. Des doigts, Seigneur, je n'en ai plus pour les lever à vous ; des mains non plus, pour les étendre vers vous ; mes pieds sont coupés et mes genoux sont abattus, je ne puis plus les fléchir devant vous ; je suis comme une maison qui a perdu ses colonnes et qui va crouler. Exaucez-moi, Seigneur Jésus-Christ, et ôtez mon âme de prison. »
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Dernier dimanche après la Pentecôte
C’est le dernier dimanche de l’année liturgique. Donc celui de la fin du monde. L’évangile en est le terrible récit fait par le Christ selon saint Matthieu. Mais l’introït montre que ce jour de colère et de jugement est aussi jour d’espérance : « Le Seigneur dit : moi je pense des pensées de paix et non d’affliction. Vous m’invoquerez, et je vous exaucerai. Et je ramènerai vos captifs de tous les lieux. » A la fin de son récit, le Christ lui-même utilise une comparaison qui, si l’on y fait attention, renverse la perspective (juste après avoir évoqué les anges qui rassembleront les élus des quatre points de l'horizon) : « Comprenez cette parabole tirée du figuier : Dès que son bois devient tendre et qu’il y naît des feuilles, vous savez que l’été est proche. » Car ce qui importe n’est pas la fin de ce monde de ténèbres mais l’irruption du monde de la lumière sans fin.
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Sainte Catherine
O Dieu, qui as donné la Loi à Moïse au sommet du mont Sinaï, et qui as fait placer au même lieu par tes saints anges le corps de la bienheureuse Catherine, ta vierge et martyre, fais, nous t’en prions, que par ses mérites et son intercession, nous puissions parvenir au mont qui est le Christ.
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Saint Jean de la Croix
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Saint Clément 1er
L’Itinéraire de saint Clément est le texte le plus abracadabrantesque de la vie des saints. La trame de la première partie du récit est l’histoire souvent déclinée de la famille qui se retrouve dispersée après un naufrage, dont chaque membre réduit à l’errance croit que les autres sont morts, et qui finit par se réunir miraculeusement en plusieurs étapes qui sont autant de coups de théâtre. Ici, l’histoire se déroule entre Rome, Athènes et Antioche, et les deux frères aînés de Clément sont devenus des disciples de Simon le Magicien, qu’ils ont quitté pour saint Pierre, lequel est en fait le personnage central… C’est un tel tissu d’invraisemblances que Jacques de Voragine, qui rapporte pourtant sans sourciller, dans sa Légende dorée, nombre de pieuses fictions comme des récits authentiques, s’arrête en plein milieu de la narration pour dire que là, ça dépasse les bornes… C’est au moment, il est vrai, où saint Pierre vient de demander (pour la deuxième fois) à un protagoniste de mentir… Pour la bonne cause, certes, mais tout de même, comme le remarque Jacques de Voragine, ça ne se fait pas. Cela dit il continue le récit comme si de rien n’était. Jusqu’au martyre de saint Clément, et ce qui s’est produit après : il fut jeté dans la mer attaché à une ancre, et ensuite, régulièrement, la mer se retirait jusqu’à l’endroit où il avait été jeté, où se trouvait un superbe mausolée de marbre, construit par les anges, contenant son corps.
Ce que l’on doit retenir de tout cela, c’est le symbolisme de l’eau, comme le fait magnifiquement la liturgie de ce jour, en faisant référence aux psaumes, à Isaïe et à l’Apocalypse (dont vient directement cet autre épisode du récit : l’agneau blanc sous les pattes duquel naît une source).
Sans oublier que saint Clément, dont saint Paul dit (dans l’épître aux Philippiens) que son nom est inscrit au livre de vie, fut réellement un compagnon de saint Pierre, qu’il fut pape après saint Lin et saint Clet, qu’il fut condamné à l’exil sous Vespasien puis condamné à mort sous Trajan, et qu’il nous a laissé une belle épître aux Corinthiens.