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Liturgie - Page 667

  • Saint Antoine

    « Que le nom de la vertu ne nous étonne pas et ne nous surprenne pas, comme si c’était une chose fort extraordinaire. Elle n’est pas éloignée de nous ni hors de nous ; mais elle est en nous-mêmes, et il nous est facile de l’embrasser, pourvu que nous le voulions. Les Grecs traversent les mers et vont dans les pays éloignés, pour apprendre les sciences, mais nous n’avons pas besoin de faire de grands voyages pour acquérir le royaume du ciel, ni de traverser les mers pour nous instruire de la vertu, puisque Notre Seigneur a dit : Le Royaume de Dieu est en vous-mêmes (Lc 17, 21). Ainsi la vertu n’a besoin que de notre volonté, puisqu’elle est en nous, et tire son origine de nous-mêmes. Car cette partie de notre âme qui, de sa nature, est intelligente, est vertu et elle conserve sa nature lorsqu’elle demeure telle qu’elle a été créée. Or elle a été créée toute belle et toute juste, ce qui a fait dire à Jésus fils de Navé, parlant au peuple d’Israël : Rendez votre cœur droit en la présence de votre Dieu (Jos 24, 23), et à saint Jean : Rendez droites les voies du Seigneur (Mt 3, 4). Or avoir l’âme droite n’est autre chose que de conserver son âme dans la pureté même dans laquelle elle a été créée. Si elle décline et se détourne de sa nature, on dit alors que l’âme est corrompue et vicieuse. Ainsi ce que je vous propose n’est pas si difficile puisque, si nous demeurons dans l’état même où nous avons été créés, nous serons vertueux, et si au contraire nous nous portons à de mauvaises pensées et à de mauvais desseins, nous serons condamnés comme méchants. S’il fallait sortir hors de nous pour acquérir la vertu, j’avoue qu’il y aurait de la difficulté ; mais puisqu’elle est en nous-mêmes, prenons garde de ne pas nous laisser emporter à de mauvaises pensées et à conserver notre âme à Dieu comme un dépôt que nous avons reçu de sa main, afin que demeurant dans l’état où il lui a plu de la former, il reconnaisse en nous son ouvrage. »

    (Saint Antoine, cité par saint Athanase dans sa Vie de saint Antoine).

  • Le pape esclave

    Saint Marcel Ier fut le dernier pape martyr des persécutions romaines. Il succéda en 308 à saint Marcellin, lui aussi martyr. Dioclétien avait abdiqué en 306, après avoir divisé l’empire en quatre parties. Le « César de Rome » était Maxence, qui poursuivit avec assiduité la persécution des chrétiens. Marcel réussit toutefois à réorganiser la vie religieuse (dans les catacombes). Maxence le fit arrêter et lui ordonna de se démettre et de sacrifier aux dieux. Marcel répondit qu’il ne pouvait pas démissionner d’un poste auquel Dieu lui-même l’avait appelé, et que la foi en son Dieu lui était plus chère que la vie. Maxence le fit flageller, et plutôt que le condamner à mort, il l’envoya comme esclave dans ses écuries, afin d’humilier les chrétiens. Au bout de neuf mois il fut libéré par des clercs qui avaient négocié son rachat avec les officiers subalternes. Une veuve, Lucine, lui donna asile en sa maison qui devint un lieu de réunion des fidèles, et une église. Maxence l’apprit, arrêta de nouveau Marcel, et en fit de nouveau un esclave, cette fois dans un haras installé sur le lieu même de la maison de Lucine… Où il mourut bientôt. C'était en 310. Ses reliques sont en l'église qui porte son nom, édifiée sur le lieu de son martyre.

  • Saint Maur

    Dans les monastères bénédictins, c’est aujourd’hui la fête de saint Maur, le grand disciple de saint Benoît, que celui-ci envoya en Gaule, où il fonda un monastère. De nombreux lieux portent son nom. Dans la vie de saint Benoît écrite par saint Grégoire le Grand, on peut lire cet épisode où saint Maur marche sur les eaux.

    Un certain jour, alors que le vénérable Benoît se tenait en cellule, Placide, cet enfant attaché à la personne du saint homme, sortit pour puiser de l'eau dans le lac. Tenant son récipient, il eut un geste imprudent en le mettant dans l'eau, et entraîné par ce mouvement, il y tomba lui aussi. Aussitôt, le courant le saisit, l'éloigna du bord et le tira vers le large jusqu'à la distance d'un jet de flèche. Or l'homme de Dieu, à l'intérieur de sa cellule, eut aussitôt conscience de ce qui s'était passé et appela Maur en toute hâte : « Frère, lui dit-il, cours ! L'enfant qui était allé puiser de l'eau est tombée dans le lac et le courant l'a déjà entraîné fort loin ! »

    Chose admirable et qui ne s'était pas reproduite depuis l'apôtre Pierre ! Voici : la bénédiction ayant été demandée et reçue, Maur, stimulé par l'ordre de son Père gagna cet endroit et, se croyant toujours sur la terre ferme, il continua sa course sur l'eau jusqu'à l'endroit où l'enfant avait été emporté par le courant : il le saisit par les cheveux et revint toujours en courant. A peine eut-il touché terre et repris ses esprits qu'il jeta un regard derrière lui et voici que, ce qu'il n'aurait jamais cru possible, étonné et tout tremblant, il le voyait accompli !

    De retour chez le Père, il lui rendit compte de cet exploit. Le vénérable homme de Dieu, Benoît, lui, se mit à attribuer la chose non à ses propres mérites mais à l'obéissance de son disciple. Maur, au contraire, disait que c'était dû uniquement à son ordre : il était bien conscient que cela ne venait pas de sa propre vertu puisqu'il avait agi inconsciemment. Mais voici que dans cet assaut d'humilité, réciproque et amical, l'enfant sauvé intervint comme arbitre. Car il disait : « Moi, lorsque j'étais retiré de l'eau, je voyais au-dessus de ma tête la melote du Père Abbé, et j'avais conscience que c'était lui qui me conduisait hors de l'eau. »

  • Les Noces de Cana

    Le deuxième dimanche après l’Epiphanie, qui suit directement, cette année, le jour octave de la fête, célèbre le troisième mystère de l’Apparition : les Noces de Cana. Voici comment le présente et le médite Dom Guéranger, dans une des pages les plus inspirées de son Année liturgique.

    Le troisième Mystère de l'Epiphanie nous montre la consommation des plans de la divine miséricorde sur le monde, en même temps qu'il nous manifeste une troisième fois la gloire de l'Emmanuel. L'Etoile a conduit l'âme à la foi, l'Eau sanctifiée du Jourdain lui a conféré la pureté, le Festin Nuptial l'unit à son Dieu. Nous avons chanté l'Epoux sortant radieux au-devant de l'Epouse ; nous l'avons entendu l'appeler des sommets du Liban ; maintenant qu'il l'a éclairée et purifiée, il veut l'enivrer du vin de son amour.

    Un festin est préparé, un festin nuptial ; la Mère de Jésus y assiste ; car, après avoir coopéré au mystère de l'Incarnation du Verbe, il convient qu'elle soit associée à toutes les œuvres de son Fils, à toutes les faveurs qu'il prodigue à ses élus. Mais, au milieu de ce festin, le vin vient à manquer. Jusqu'alors la Gentilité n'avait point connu le doux vin de la Charité ; la Synagogue n'avait produit que des raisins sauvages. Le Christ est la vraie Vigne, comme il le dit lui-même. Lui seul pouvait donner ce vin qui réjouit le cœur de l'homme (Psalm. CIII), et nous présenter à boire de ce calice enivrant qu'avait chanté David. (Psalm. XXII.)

    Marie dit au Sauveur : « Ils n'ont point de vin. » C'est à la Mère de Dieu de lui représenter les besoins des hommes, dont elle est aussi la mère. Cependant, Jésus lui répond avec une apparente sécheresse : « Femme, qu'importe à moi et à vous ? Mon heure n'est pas encore venue. » C'est que, dans ce grand Mystère, il allait agir, non plus comme Fils de Marie, mais comme Fils de Dieu. Plus tard, à une heure qui doit venir, il apparaîtra aux yeux de cette même Mère, expirant sur la croix, selon cette humanité qu'il avait reçue d'elle. Marie a compris tout d'abord l'intention divine de son Fils, et elle profère ces paroles qu'elle répète sans cesse à tous ses enfants : Faites ce qu'il vous dira.

    Or, il y avait là six grands vases de pierre, et ils étaient vides. Le monde, en effet, était parvenu à son sixième âge, comme l'enseignent saint Augustin et les autres docteurs après lui. Durant ces six âges, la terre attendait son Sauveur, qui devait l'instruire et la sauver. Jésus commande de remplir d'eau ces vases ; mais l'eau ne convient pas pour le festin de l'Epoux. Les figures, les prophéties de l'ancien monde étaient cette eau ; et nul homme, jusqu'à l'ouverture du septième âge, où le Christ, qui est la Vigne, devait se communiquer, n'avait contracté l'alliance avec le Verbe divin.

    Mais lorsque l'Emmanuel est venu, il n'a qu'une parole à dire : « Puisez maintenant. » Le vin de la nouvelle Alliance, ce vin qui avait été réservé pour la fin, remplit seul maintenant les vases. En prenant notre nature humaine, nature faible comme l'eau, il en a ménagé la transformation ; il l'a élevée jusqu'à lui, nous rendant participants de la nature divine (II Petr. IV, 1) ; il nous a rendus capables de contracter l'union avec lui, de former ce seul corps dont il est le Chef, cette Eglise dont il est l'Epoux, et qu'il aimait de toute éternité d'un si ardent amour, qu'il est descendu du ciel pour célébrer ces noces avec elle.

  • Octave de l’Epiphanie

    L’octave de l’Epiphanie célèbre plus particulièrement le second des trois mystères, celui qui fait l’objet principal de la fête dans la liturgie byzantine : le Baptême de Notre Seigneur. Voici la préface du missel ambrosien :

    Il est véritablement digne, juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces partout et toujours, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, qui vous êtes manifesté à nous du haut du ciel, dans une voix tonnante, sur les eaux du Jourdain; pour nous montrer le Sauveur céleste, et vous manifester à nous comme le Père de la lumière éternelle, vous avez ouvert les cieux, sanctifié les airs, purifié la fontaine, et désigné votre Fils unique par l'Esprit-Saint apparaissant sous la forme d'une colombe. Aujourd'hui les eaux ont reçu votre bénédiction et ont enlevé notre malédiction ; elles ont reçu la vertu de produire dans les croyants la purification de tous les péchés, et d'opérer l'adoption des enfants de Dieu pour la vie éternelle. Ceux que la naissance charnelle avait produits pour la vie du temps, ceux que, par suite de leur prévarication, la mort tenait en sa puissance, la vie éternelle les a reçus et les a rappelés à la gloire du céleste royaume.

  • Donnez à nos yeux cette lumière

    Voici une autre oraison mozarabe.

    Seigneur, le ciel étincelant brille de l'éclat serein de votre étoile, la terre réfléchit sa douce splendeur, en ce jour où, du haut de votre habitation sainte, vous avez daigné apparaître à la terre ; guérissez donc la tristesse de nos cœurs, car vous êtes venu racheter toutes choses; donnez à nos yeux cette lumière par laquelle, devenus purs, nous mériterons de vous voir à jamais, afin que nous, qui annonçons dans les nations la joyeuse allégresse de votre Apparition, nous soyons appelés à nous réjouir avec vous au sein de votre félicité infinie. Amen.

  • Retour sur les trois mystères

    Cette superbe oraison de la liturgie mozarabe évoque elle aussi les trois mystères de l’Epiphanie (cf ici et ).

     O Dieu, qui, pour charmer les travaux de cette vie, avez distribué les consolations et les joies par le souvenir de vos bienfaits, dont chaque année nous célébrons le solennel anniversaire ; nous vous offrons, dans la présente fête, les vœux et les hommages de votre Eglise. Naguère nous avons honoré la Naissance de notre Seigneur et Sauveur, qui, né pour nous dans le temps, est né de vous sans le temps, qui précède tous les siècles et tous les temps, et qui les a créés. Nous avons fêté ensuite, par de solennels sacrifices, ce huitième jour de la Circoncision, tout brillant de la lumière de votre Fils unique et digne de notre culte. Aujourd'hui, nous célébrons le jour de l'Epiphanie, qui a révélé la divinité dans l'homme, et nous proclamons les trois merveilles qui manifestent l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, en ce monde : soit qu'il envoie du ciel l'étoile messagère de sa naissance, qui précède et conduit les Mages étonnés jusqu'au berceau de son enfance dans la chair; soit que, voulant sanctifier les eaux par son baptême, pour laver toutes les nations, il entre dans le lit du Jourdain, où vous avez montré qu'il est votre Fils unique et bien-aimé, par l'Esprit-Saint volant sur en forme de colombe, pendant que vous proclamez ce mystère d'une voix paternelle; soit qu'il opère son premier miracle en Cana de Galilée, en changeant les eaux en vin dans le festin nuptial, nous apprenant, par un haut et admirable mystère, que Celui qui devait s'unir à l'Eglise qu'il s'était fiancée depuis des siècles, était enfin arrivé, et que l'humble foi dans la vérité des promesses devait se changer en le vin de la sagesse, à la spirituelle saveur. Ainsi, dans ces trois merveilles qui sont l'objet mystérieux de la solennité d'aujourd'hui, notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, opère tout à la fois les prodiges de votre puissance et la préparation de notre salut. Faites donc, Seigneur, selon la forme de ces trois grands mystères, que l'intégrité de votre grâce spirituelle demeure en nous ; que la saveur du vin de votre sagesse se répande dans nos cœurs; que l'étoile de votre justice brille dans nos œuvres. Amen.

  • Par un autre chemin

    Les mages nous donnent encore une leçon très importante en revenant dans leur pays par un autre chemin. En effet, ce qu’ils font sur l’avertissement qu’ils ont reçu nous indique ce que nous devons faire. Notre pays, c’est le paradis, et une fois que nous connaissons Jésus, il nous est interdit d’y retourner par le chemin que nous avons suivi en venant. Car nous nous sommes éloignés de notre pays par l’orgueil, la désobéissance, la poursuite des biens visibles et l’avidité à goûter les nourritures défendues. Mais pour y revenir, il faut les larmes, l’obéissance, le mépris des biens visibles et la maîtrise des appétits de la chair. C’est donc bien par un autre chemin que nous retournons dans notre pays, puisque nous étant éloignés des joies du paradis par les plaisirs, nous y sommes ramenés par les lamentations.

    Aussi faut-il, frères très chers, que demeurant toujours dans la crainte et toujours dans l’expectative, nous ayons devant les yeux du cœur, d’une part nos actions coupables, et de l’autre l’extrême rigueur du jugement. Considérons que le Juge si rigoureux va venir; il nous menace du jugement, mais il demeure caché. Il frappe d’épouvante les pécheurs, et néanmoins, il patiente encore. S’il diffère de venir, c’est pour en trouver moins à condamner. Expions nos fautes dans les larmes, et selon le mot du psalmiste, «hâtons-nous de nous présenter devant lui par la confession» (Ps 95, 2). Ne nous laissons prendre à aucune des tromperies de la volupté ou des séductions de la vaine joie. Bien proche, en effet, est le Juge qui affirmait : «Malheur à vous qui riez maintenant, parce que vous vous affligerez et vous pleurerez.» (Lc 6, 25). Salomon a dit également : «Le rire se mêlera à la douleur, et la joie se terminera dans le deuil.» (Pr 14, 13). Et aussi : «J’ai tenu le rire pour une erreur, et j’ai dit à la joie : pourquoi te laisses-tu prendre au piège?» (Qo 2, 2). Et encore : «Le cœur des sages est dans le lieu de la tristesse, et le cœur des insensés dans le lieu de la joie.» (Qo 7, 4)

    Ayons donc grande crainte des commandements de Dieu, afin de célébrer dans la vérité sa fête solennelle. Car le sacrifice agréable à Dieu est la douleur qu’inspire le péché. Le psalmiste l’atteste : «Le sacrifice en l’honneur de Dieu, c’est un esprit contrit.» (Ps 51, 19). Nos péchés passés ont été lavés par le baptême; mais depuis, nous en avons commis beaucoup d’autres, et nous ne pouvons plus être lavés par l’eau baptismale. Puisque même après le baptême, nous avons souillé notre vie, baptisons notre conscience par nos larmes. Ainsi, nous regagnerons notre pays par un autre chemin. Les biens nous en ont éloignés par leur attrait; que les maux nous y ramènent par leur amertume, avec l’aide de Notre-Seigneur…

    (Saint Grégoire le Grand, homélie 10 sur l'Evangile, n.7)

  • L'or, l'encens et la myrrhe

    Les mages offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or convient bien à un roi ; l’encens est présenté à Dieu en sacrifice ; et c’est avec la myrrhe qu’on embaume les corps des défunts. Les mages proclament donc, par leurs présents symboliques, qui est celui qu’ils adorent. Voici l’or : c’est un roi; voici l’encens : c’est un Dieu; voici la myrrhe : c’est un mortel. Il y a des hérétiques qui croient en sa divinité sans croire que son règne s’étende partout. Ils lui offrent bien l’encens, mais ne veulent pas lui offrir également l’or. Il en est d’autres qui reconnaissent sa royauté, mais nient sa divinité. Ceux-ci lui offrent l’or, mais refusent de lui offrir l’encens. D’autres enfin confessent à la fois sa divinité et sa royauté, mais nient qu’il ait assumé une chair mortelle. Ceux-là lui offrent l’or et l’encens, mais ne veulent pas lui offrir la myrrhe, symbole de la condition mortelle qu’il a assumée. Pour nous, offrons l’or au Seigneur qui vient de naître, en confessant qu’il règne en tout lieu; offrons-lui l’encens, en reconnaissant que celui qui a paru dans le temps était Dieu avant tous les temps; offrons-lui la myrrhe, en reconnaissant que celui que nous croyons impassible en sa divinité s’est également rendu mortel en assumant notre chair.

    Mais on peut aussi comprendre différemment l’or, l’encens et la myrrhe. L’or symbolise la sagesse, comme l’atteste Salomon : « Un trésor désirable repose dans la bouche du sage. » (Pr 21, 20, d’après les Septante). L’encens brûlé en l’honneur de Dieu désigne la puissance de la prière, ainsi qu’en témoigne le psalmiste : « Que ma prière s’élève devant ta face comme l’encens. » (Ps 141, 2). Quant à la myrrhe, elle figure la mortification de notre chair; aussi la sainte Eglise dit-elle, à propos de ses serviteurs combattant pour Dieu jusqu’à la mort : « Mes mains ont distillé la myrrhe. » (Ct 5, 5). Au roi qui vient de naître, nous offrons donc l’or si nous resplendissons devant lui de l’éclat de la sagesse d’en haut. Nous offrons l’encens si, dans la sainte ardeur de notre prière, nous consumons nos pensées charnelles sur l’autel de notre cœur, permettant ainsi à nos désirs du Ciel de répandre pour Dieu leur agréable odeur. Nous offrons la myrrhe si nous mortifions les vices de la chair par l’abstinence. Car la myrrhe, nous l’avons dit, empêche la chair morte de pourrir. Or asservir ce corps mortel à la débauche luxurieuse, c’est laisser pourrir une chair morte, comme le prophète l’affirme au sujet de certains hommes : « Les bêtes de somme ont pourri dans leur fumier. » (Jl 1, 17). Que les bêtes de somme pourrissent dans leur fumier, cela signifie que les hommes charnels achèvent leur vie dans la puanteur de la luxure. Nous offrons donc à Dieu la myrrhe quand, par les aromates de notre continence, nous empêchons la luxure de faire pourrir ce corps mortel.

    (Saint Grégoire le Grand,  homélie 10 sur l'Evangile, n. 6)

  • Dans l’octave de l’Epiphanie

    Pour ce trosième jour dans l’octave de l’Epiphanie, voici un hymne de la liturgie ambrosienne, dans la traduction de Dom Guéranger. On y retrouve les trois mystères chantés dans les antiennes du Benedictus et du Magnificat et dans une hymne de la liturgie romaine.

    Dieu Très-Haut, qui allumez l'éclatant flambeau des sphères célestes, Jésus ! paix, vie, lumière, vérité, soyez propice à nos prières.

    Soit que, par votre baptême mystique, vous rendiez ce jour à jamais sacré, sanctifiant les flots du Jourdain qui jadis remonta trois fois vers sa source ;

    Soit que vous annonciez au ciel l'enfantement de la Vierge par une étoile étincelante, et conduisiez en ce jour les Mages à la crèche, pour vous adorer ;

    Soit que vous donniez la saveur du vin aux amphores remplies d'eau, et fassiez goûter au serviteur la liqueur qu'il n'y avait pas versée :

    Gloire à vous, ô Seigneur, qui avez apparu aujourd'hui ; gloire à vous avec le Père et l'Esprit divin, dans les siècles éternels. Amen.