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Liturgie - Page 674

  • Il est bon

    Il est bon de confesser le Seigneur et de chanter ton Nom, ô Très Haut ;

    pour annoncer le matin ta miséricorde, et ta vérité pendant la nuit,

    sur la harpe à dix cordes, sur le psaltérion, avec un cantique, et sur la cithare.

    Car tu m'as délecté, Seigneur, par tes œuvres, et j’exulte en voyant l’œuvre de tes mains.

    Que tes œuvres sont magnifiques, Seigneur ! Tes pensées se sont faites si profondes !

    (psaume 91, début)

  • Mémoire des morts

    Requiem æternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis.

    La commémoration de tous les fidèles défunts incite à penser aux morts en général, aux morts de sa famille en particulier, et, par contrecoup, à notre propre mort. Il y a des gens qui ne pensent jamais à la mort. Je n’arrive pas à comprendre comment c’est possible. Car enfin, s’il y a une seule chose dont on soit certain pour l’avenir, et il n’y en a aucune autre dont nous puissions être certains, c’est que nous allons mourir. C’est donc un événement essentiel. C’est même le seul événement essentiel de notre vie à venir. Or on se prépare pour tous les grands événements. Il faut donc se préparer à la mort. Maintenant, et tout le temps. Cela n’a rien de sinistre. Car penser à la mort, c’est penser à Dieu. C’est se mettre en présence de Dieu, amour, lumière, liberté, miséricorde, plénitude de vie. Si l’on pensait à la mort en permanence, on ne pècherait pas, comme l’ont dit et répété les maîtres spirituels. C’est pourquoi saint Barsanuphe de Gaza donnait cette consigne : « Sois vigilant et attends la mort. » Cette veille constante est un enseignement du Seigneur dans l’Evangile. Il s’agit de veiller en attendant... l’Epoux, qui arrive au milieu de la nuit. Veiller consiste à tenir toujours allumée la lampe de la charité : l’amour de Dieu et du prochain. Attendre la mort, non seulement ce n’est pas triste, mais c’est le secret de la joie.

  • Toussaint

    Parmi les fêtes chrétiennes qui ont pris la suite de fêtes païennes, la Toussaint est la seule qui n’ait pas éclipsé son héritage païen. L’Eglise a eu beau faire, elle n’a jamais réussi à imposer que la fête de tous les saints ne soit pas d’abord la fête des morts. L’explication ne tient pas, selon laquelle c’est parce que le 1er novembre est férié et que le 2 ne l’est pas. Car le phénomène se constate en des lieux très divers, sans considération des jours fériés.

    C’est du reste fort curieux. En effet on souligne souvent, à juste titre, que la Toussaint a été inventée en Occident pour supplanter la très antique fête celtique de Samain, moment du passage d’une année à l’autre, où il n’y a plus de séparation entre le monde des vivants et le monde des morts. Ce sont des moines irlandais du continent qui l’ont demandée à Charlemagne, et c’est son fils Louis le Pieux qui l’a obtenue du pape. La Toussaint a toujours été particulièrement célébrée en Bretagne. Comme fête des morts. Je me souviens que dans le village où j’habitais il y a une trentaine d’année, c’était le seul jour de l’année où l’église était pleine (en dehors des… enterrements). Mais ce n’est pas seulement celtique. Le 1er novembre fête des morts, c’est aussi le cas en Pologne… ou au Mexique, où l’on nous dit que c’est une coutume aztèque…

    En fait, même si cela doit choquer les pourfendeurs d’Halloween (dont je ne conteste pas les raisons), d’une certaine façon, la Toussaint pourrait avoir davantage son aspect de fête des saints dans les pays où l’on célèbre (ou célébrait) vraiment Halloween. Pour la bonne raison que ce mot veut dire « veille de la Toussaint  » : la veille au soir, où l’on se moque des anciens rites celtiques, dégradés en folklore et allègrement christianisés. En Irlande Halloween est appelé oídche na h-aimléise, la nuit des bêtises. On se déguise et on fait des farces en imitant ce que ferait un mort invisible (comme cogner à une porte et s’enfuir sans être vu). Les enfants se maquillent en noir et blanc, se mettent de vieux habits et des grands chapeaux et font le tour des voisins en chantant ceci : « Halloween is coming and the geese are getting fat. Please put a penny in the old man's hat. If you haven't got a penny, a ha'penny will do. If you haven't got a ha'penny then God bless you, and your old man, too! » (Halloween arrive et les oies engraissent. S'il vous plaît mettez un penny dans le chapeau du vieil homme. Si vous n'avez pas un penny, un demi-penny fera l'affaire. Si vous n'avez pas un demi-penny, que Dieu vous bénisse, et votre vieil homme aussi.)

    Peut-être bien que saint Odilon de Cluny s’est trompé quand, plus d’un siècle et demi après l’institution de la Toussaint , il a inventé une commémoration des défunts le lendemain. Il aurait été plus judicieux de le faire la veille, ce qui aurait peut-être permis à la Toussaint d’être vraiment la fête des saints.

  • Nous avons vu la vraie lumière

    Parmi les divines beautés de la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome, il y a ce tropaire qui est chanté à chaque messe après la communion :

    « Nous avons vu la vraie lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi : nous adorons la Trinité indivisible, car c’est elle qui nous a sauvés. »

    Pas question d’un retour sur soi. Pas question même de rester méditer sur le corps et le sang du Christ. Ils nous ont été apportés sur l’autel par le Saint Esprit, et par ce sacrement du Verbe fait chair c’est le Saint Esprit lui-même que nous avons reçu, et qui nous emporte dans le royaume, en présence de la Sainte Trinité qui nous a sauvés. Vu de la terre, vu de la chair, c’est le Christ qui nous sauve par sa crucifixion et sa résurrection. Vu de Dieu, c’est la Sainte Trinité qui a réalisé cette opération, par la kénose du Verbe qui s’est fait chair et qui est remonté dans sa gloire, emportant avec lui, chez le Père, les captifs du péché qu’il a libérés dans et par le Saint-Esprit.

    La prière souligne aussi que la Trinité « nous a sauvés ». C’est fait. Le salut n’est pas dans l’avenir, il est un acquis de la Croix , de la Résurrection et de la Pentecôte , toujours actuels sur l’autel. Il ne reste plus, si l’on ose dire (car c’est tout le problème), qu’à tenter d’en être conscient, et d’agir en adéquation avec ce salut qui nous a été donné. Ce n’est possible que grâce à la vraie foi que nous avons trouvée, et dans la vraie lumière que nous avons vue…

  • Sauve-moi

    Sana me, Domine, et sanabor ; salvum me fac, et salvus ero ; quoniam laus mea tu es.

    Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri ; sauve-moi, et je serai sauvé ; car tu es ma gloire.

    (Jérémie, 17, 14 — capitule de tierce)

  • Misérables

    Des évêques, farouchement opposés à la libéralisation de la messe de saint Pie V semble-t-il décidée par Benoît XVI, cherchent tous les moyens de contrecarrer cette décision. Leur dernière trouvaille est que, s’il n’y a pas moyen d’empêcher cette catastrophe, qu’au moins on limite les dégâts en obligeant les prêtres qui célébreront selon l’ancien missel à utiliser le nouveau calendrier et le nouveau « lectionnaire », afin de préserver « l’unité » liturgique de l’Eglise.

    Les misérables. S’ils arrivaient à leurs fins, ce n’est pas une « unité » qui serait construite, mais de nouvelles divisions qui pourraient se faire jour, dans le cas où certains prêtres accepteraient ce « marché », qui serait évidemment refusé par le plus grand nombre.

    Le calendrier et les lectures font partie intégrante de l’ancien missel. Comme le nouveau calendrier et les nouvelles lectures pour le nouveau missel : ce calendrier et ces lectures sont des illustrations de la « fabrication » (dixit le cardinal Ratzinger) de la nouvelle liturgie par des experts tournant le dos à l’esprit authentique de la liturgie pour concocter un ensemble qui se veut rationnel et pédagogique. Non selon la pédagogie divine, mais selon les théories humaines du XXe siècle.

    L’un des aspects les plus déplorables du nouveau missel est la façon dont on a sélectionné les « lectures » de la messe dominicale. On a choisi des textes sur un même thème, comme si la messe consistait à réfléchir sur les concordances entre les textes de la Bible. Alors que les textes de toutes les liturgies traditionnelles sont (sauf cas particulier des grandes fêtes qui imposent leur thème) un bouquet de fleurs multicolores, cueillies comme au hasard dans l’Ecriture. Car il ne s’agit pas de raisonner, mais d’adorer, d’entrer en contact avec Dieu : on n’entre pas en contact avec Dieu par la raison, mais par le cœur et par la chair. Dieu le Verbe ne se donne pas à raisonner, il se donne à manger.

    On prétend que le nouveau « lectionnaire » est beaucoup plus riche que l’ancien. C’est matériellement vrai. Mais cette façon de le fabriquer aboutit en réalité à un appauvrissement considérable. Le fidèle est enfermé dans une problématique rationnelle. On lui donne clef en main l’explication de tel texte par un autre. Il croit avoir tout compris, alors qu’il est resté à la surface.Dans la sainte Ecriture, il n’y a jamais un texte unique qui donnerait la clef de compréhension d’un autre texte. Ce n’est pas un chant à deux (ou trois) voix qui se complètent, c’est une gigantesque polyphonie, aux résonances infinies, dont on ne peut jamais épuiser les potentialités. Et cela pour une raison très simple, c’est que c’est la parole de Dieu, qui nous parle, à nous, mais nous dépasse infiniment.

    C’est pourquoi il n’y a rien de « rationnel » dans les liturgies traditionnelles. Dans la liturgie byzantine, il y a même, à partir de la fête de la Sainte Croix, un double calendrier, celui des évangiles qui continue d’égrener les dimanches après la Pentecôte, et celui des épîtres qui en est déconnecté. Ainsi est-on sûr qu’il n’y ait pas de rapport rationnel entre l’un et l’autre texte. On retrouve un peu de cela dans les matines du bréviaire traditionnel (monastique, en tout cas, c’est le seul que je connaisse) : à partir du premier dimanche d’août, les lectures des premier et deuxième nocturnes sont déconnectés de celles du troisième nocturne, celui-ci (qui comporte l’évangile) étant le seul à suivre l’ordonnancement des dimanches après la Pentecôte.

    Enfin, pour présenter un plus grand nombre de lectures, on les étale sur trois ans. Ce qui est psychologiquement, donc ici spirituellement, déstabilisant. Dans la vie de tous les jours, on ne change pas sans arrêt de repères et d’horaires. Si on le fait, on perd beaucoup de temps et d’énergie. Et si on élève un enfant ainsi, on l’empêche de se structurer. De même, il est important que l’année liturgique soit toujours rythmée par les mêmes occurrences, ce qui permet d’approfondir année après année la perception de l’épître et de l’évangile. Comme en une spirale dont le cercle est toujours le même, et jamais le même, conduisant peu à peu vers son centre, qui est Dieu. La liturgie est toujours la même, mais chaque année notre rapport à la liturgie se modifie, s’approfondit, se densifie.

    L’année liturgique est un tout. Elle symbolise l’histoire de l’humanité, l’histoire du salut, notre histoire personnelle. Il n’y a pas trois histoires de l’humanité, trois histoires du salut, et nous n’avons pas trois vies.

    Le mot essentiel de la liturgie est « canon ». Un canon est immuable. La liturgie doit être immuable. Dieu est immuable. Stat crux dum volvitur orbis.

    Quant au souci de l’unité liturgique, c’est une blague de très mauvais goût. Il n’y a aucune unité liturgique dans les messes de Paul VI, qui sont livrées à la créativité la plus débridée des clercs et des « animateurs ».

    En outre, l’unité liturgique n’est pas un objectif légitime. Il y a eu, certes, en Occident, un mouvement historique d’unification liturgique, correspondant à une centralisation romaine de plus en plus étroite (et dont le point culminant fut le missel de saint Pie V). Dom Guéranger, pour qui j’ai une immense admiration mais que je suis pas sur ce point-là, se montrait un partisan résolu de cette unification. Mais on voit bien qu’il s’agit chez lui d’une position tactique (sinon il ne citerait pas de façon si prolixe les liturgies byzantine, mozarabe ou gallicane dans son Année liturgique) : il s’agit pour lui de lutter contre les déviations liturgiques qui renaissent sans cesse, et auxquelles seule l’autorité romaine peut mettre le holà. Et dom Guéranger a été magnifiquement entendu par saint Pie X (qui fut un grand et authentique réformateur liturgique). Mais dom Guéranger ne pouvait pas imaginer qu’un jour les déviations liturgiques (celles-là même qu'il dénonçait) viendraient de Rome, et qu’alors la centralisation romaine conduirait à une destruction de la liturgie latine.

    Malgré cette unification, il n’y a jamais eu un seul rite latin. Avant le tsunami de la réforme dite liturgique, il y avait à côté du rite romain le rite ambrosien (Milan), le rite mozarabe (Tolède), le rite de Braga, le rite lyonnais (vénérable témoin de l’ancien rite gallican), le rite des chartreux, le rite des carmes, le rite dominicain…

    Face au dessèchement de la liturgie ex-latine à géométrie variable, imposée de façon totalitaire (saint Pie V n’avait absolument pas procédé ainsi), il est non seulement possible et légitime, mais nécessaire, de briser le diktat et de redonner aux fidèles la possibilité de connaître une liturgie bien plus évidemment spirituelle et surnaturelle. Dans toute son ampleur et dans toutes ses dimensions, calendrier et « lectionnaire » compris.

  • Christ Roi

    La fête du Christ Roi (Domini nostri Jesu Christi Regis), instituée par Pie XI pour lutter contre le laïcisme, est plus que jamais d’actualité. Et la messe et l’office qu’il avait fait composer pour ce jour sont admirables, dignes en tout point de la plus profonde tradition liturgique.

    Pie XI avait fixé la célébration de cette fête au dimanche qui précède la Toussaint. La raison en est évidente, et elle est soulignée par l’épître : « Nous rendons grâce à Dieu le Père qui nous a rendu capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténébres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien aimé en qui, par son sang, nous avons la rédemption, la rémission des péchés. »

    La réforme liturgique a renvoyé la fête du Christ Roi au dernier dimanche de l’année liturgique. Ce changement pouvait se justifier. En effet le Christ règnera pour de bon à la fin de l’histoire, et la fin de chaque année liturgique est le moment de constater les progrès (ou non) de la royauté du Christ dans nos vies et dans nos sociétés.

    Du moins, ce serait justifié, s’il y avait une année liturgique. Or l’année liturgique, dans la nouvelle liturgie, s’arrête à la Pentecôte. Dès le lundi qui était de la Pentecôte et qui ne l’est plus (qu’on le veuille ou non, la liturgie officielle fait qu’il n’y a objectivement aucune raison que le lundi dit de Pentecôte soit férié), commence (ou se poursuit, plutôt, puisque cela avait commencé après l’Epiphanie) une longue série statique de semaines ordinaires et de dimanches ordinaires. Il n’y a plus cette succession dynamique de dimanches après la Pentecôte, qui symbolisent l’histoire de chacun, et l’histoire de l’humanité, sous la conduite du Saint-Esprit, entre les événements du salut et la fin du temps.

    La fête du Christ Roi marque ainsi la fin d’une année liturgique qui s’est arrêtée six mois plus tôt. Ce qui n’a aucun sens. Mais il est vrai que la fête du Christ Roi n’a de toute façon aucun sens pour les clercs qui célèbrent la loi de 1905 et inaugurent des mosquées.

  • Saints Simon et Jude (ou Thaddée)

    Thaddée dit au Seigneur : « Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde ? » C'est une question de grande actualité, que nous posons nous aussi au Seigneur : pourquoi le Ressuscité ne s'est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer que le vainqueur est Dieu ? Pourquoi s'est-il manifesté seulement à ses Disciples ? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde. Le Seigneur dit : « Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14, 22-23). Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également avec le cœur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en nous. Le Seigneur n'apparaît pas comme une chose. Il veut entrer dans notre vie et sa manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un cœur ouvert. Ce n'est qu'ainsi que nous voyons le Ressuscité.
    (Benoiît XVI, 11 octobre 2006)

  • Acclamez Dieu

    Acclamez Dieu, toute la terre, servez le Seigneur avec joie. Entrez en sa présence avec allégresse.

    Sachez que c'est le Seigneur qui est Dieu, c'est lui qui nous a faits, et non pas nous-mêmes.

    Nous sommes son peuple, et les brebis de son pâturage. Franchissez ses portes avec des louanges, ses parvis en chantant des hymnes, célébrez-le.

    Louez son Nom, car le Seigneur est doux, sa miséricorde est éternelle, et sa vérité demeure de génération en génération.

    (Psaume 99)

  • Saint Evariste

    Saint Evariste fut le cinquième pape. Il semble avoir disparu des calendriers. Pourtant il y a un dicton qui dit : à Saint-Evariste, jour de pluie, jour triste. Ce qui montre que sa fête fut célébrée autrefois. Cela dit, ce dicton est d'une affligeante banalité. On lira en revanche avec intérêt le très beau texte de dom Guéranger, dans son Année liturgique, que voici.

    Tandis que Jean le bien-aimé voyait enfin venir à lui le Seigneur et quittait pour le ciel son séjour d'Ephèse, Rome, sous Evariste, achevait d'arrêter les dispositions du long pèlerinage qui ne se terminera pour elle qu'au dernier des jours. La période bénie des temps apostoliques est définitivement close ; mais la Ville éternelle accroît sans fin son trésor de gloire. Le pontificat nouveau voit la vierge Domitille cimenter dans le sang des Flavii, par son martyre, les fondations de cette Jérusalem qui remplace la première, détruite par les siens. Puis c'est Ignace d'Antioche, apportant « à l'Eglise qui préside dans la charité » le témoignage suprême ; froment du Christ, la dent des fauves du Colisée donne satisfaction à son désir et fait de lui un pain vraiment pur.

    Evariste, né en Grèce d'un père juif, fut Souverain Pontife au temps de l'empereur Trajan. Ce fut lui qui divisa entre les prêtres romains les titres des églises de la ville, et ordonna que les sept diacres assisteraient l'évêque quand il prêcherait. Conformément à la tradition apostolique, il ordonna en outre que le mariage se célébrât publiquement et fût béni par le prêtre. Il gouverna l'Eglise neuf ans et trois mois ; en quatre Ordinations au mois de décembre, il ordonna dix-sept prêtres, deux diacres, quinze évêques. Couronné du martyre, on l'ensevelit près du Prince des Apôtres, au Vatican, le sept des calendes de novembre.

    Vous êtes le premier des Pontifes à qui l'Eglise se trouva confiée, quand disparurent les derniers de ceux qui avaient vu le Seigneur. Le monde maintenant pouvait dire, sans aucune restriction : Si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus désormais de cette sorte. L'exil devenait plus absolu pour l'Epouse ; et à cette heure, qui n'était pas sans périls ni angoisses, c'était vous que l'Epoux daignait charger de lui apprendre à poursuivre seule sa route de foi, d'espérance et d'amour. Vous sûtes justifier l'attente de l'Homme-Dieu. Reconnaissance spéciale vous est due de ce chef par la terre, ô Evariste, comme spéciale sans doute est aussi votre récompense. Veillez toujours sur Rome et sur l'Eglise. Enseignez-nous qu'il faut savoir jeûner ici-bas, se résigner à l'absence de l'Epoux quand il se dérobe, et ne l'en servir pas moins, et ne l'en aimer pas moins de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, de tout notre esprit, tant que dure ce monde et qu'il lui plaît de nous y laisser.