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Liturgie - Page 646

  • Saint Joseph Calasanz

    On le vit, ayant donné son nom à de pieuses confréries, s'employer avec une ardeur admirable à soulager par des aumônes et tous les offices de la charité les pauvres, spécialement les malades ou les prisonniers. Pendant une peste qui ravageait Rome, il s'adjoignit à saint Camille, et son zèle dévorant ne se dépensant pas suffisamment à son gré au service des malades indigents, il alla jusqu'à porter lui-même sur ses épaules à la sépulture les cadavres des morts. Cependant, averti d'en haut que sa vocation était de former les enfants, surtout les pauvres, à la science et à la piété, il fonda l'Ordre des Clercs réguliers pauvres de la Mère de Dieu des Ecoles pies, dont la profession spéciale devait être de s'adonner tout particulièrement à l'instruction du jeune âge. Hautement approuvé par Clément VIII, Paul V et d'autres Souverains Pontifes, cet Ordre se propagea merveilleusement en peu d'années dans beaucoup de provinces et de royaumes de l'Europe. Mais combien de fatigues, combien de tribulations Joseph eut à souffrir dans cette œuvre, quelle invincible constance il y montra, c'est ce qu'atteste la voix de tous, qui le proclama un prodige de force et la copie du saint homme Job (1).

    Bien que chargé du gouvernement de tout l’Ordre et se consacrant tout entier au salut des âmes, il ne cessa cependant jamais d'instruire les enfants, donnant aux pauvres sa préférence ; il avait la coutume de balayer leurs écoles et de les reconduire à leurs maisons. Office de souveraine patience et d'humilité, dans lequel il persévéra cinquante-deux années malgré une santé mauvaise. Aussi, en récompense, Dieu l'honora souvent par des prodiges sous les yeux même de ses disciples, et la bienheureuse Vierge daigna lui apparaître avec l'Enfant Jésus qui bénissait les écoliers en prière. Il refusa les plus hautes dignités ; mais le don de prophétie, de pénétration des cœurs, de connaissance des événements éloignés, les miracles qu'il faisait, le glorifiaient devant les hommes ; la Vierge Mère de Dieu, qu'il honorait depuis son enfance d'une pieté singulière et dont il recommandait grandement le culte aux siens, les autres bienheureux du ciel, l'honoraient fréquemment de leurs apparitions. Il prédit le jour de sa mort, et le rétablissement et l'accroissement de son Ordre alors presque détruit. Ce fut dans sa quatre-vingt-douzième année qu'il s'endormit dans le Seigneur, à Rome, le huit des calendes de septembre de l'an mil six cent quarante-huit. Son cœur et sa langue furent après un siècle retrouvés intacts et sans corruption. Illustré encore par Dieu de nombreux miracles après sa mort, Benoît XIV lui conféra le culte des Bienheureux, et ensuite Clément XIII le mit solennellement au nombre des Saints. Pie XII l’a donné comme patron à toutes les écoles populaires chrétiennes. (extrait de la légende du missel romain)

    (1) On pourra demander aux historiens de saint Joseph Calasanz le détail des épreuves qui firent de lui ce prodige de force que nous recommande aujourd'hui l'Eglise ; elles allèrent jusqu'à amener, sur les  calomnies spécieuses de  quelques faux frères, la déposition du bienheureux et la ruine momentanée de son Ordre, réduit à  l'état  de congrégation séculière. Ce fut seulement après sa mort, qu'Alexandre VII, puis Clément IX, rendirent aux Ecoles pies l'état Régulier et le titre de Religion à vœux solennels. Dans son grand ouvrage de la Canonisation des Saints, Benoît XIV s'étend longuement sur ce sujet, et il se complaît à rappeler la part multiple qu'il eut au procès du Serviteur de Dieu, à titre d'abord d'Avocat consistorial, puis comme Promoteur de la foi, enfin, Cardinal, émettant un suffrage favorable en la cause ; de plus, ce fut lui qui le béatifia. (Dom Guéranger, Année liturgique)

  • 13e dimanche après la Pentecôte

    Sur les dix lépreux guéris dont un seul revient rendre grâce (Luc 17)

    On peut suivre dans la société de l'Eglise la pure et véritable doctrine, expliquer tout suivant la règle de la foi catholique, distinguer la créature du Créateur, et montrer par là qu'on a échappé à cette sorte de lèpre qu’est le mensonge avec ses variétés ; et cependant on peut aussi être ingrat envers le Seigneur Dieu, à qui l'on doit d'en être préservé ; parce qu'on ne veut pas abaisser son propre orgueil dans l'humilité de l'action de grâces, et qu'on devient alors semblable à ces hommes dont parle l'Apôtre « qui, ayant connu Dieu, ne l'ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces. » En disant qu'ils ont connu Dieu, l'Apôtre montre, il est  vrai, qu'ils ont été guéris de la lèpre, mais néanmoins il leur reproche aussitôt leur ingratitude. Aussi de tels hommes demeureront dans le nombre neuf, à raison de leur imperfection. Car ajoutez un à neuf, et l'image de l'unité est parfaite ; il y a là quelque chose de si complet, que les nombres ne vont pas plus loin, à moins qu'on ne revienne à un ; et cette règle doit être observée jusqu'à l'infini. Neuf a donc besoin de un, pour former avec lui dix, image de l'unité ; et pour garder l'unité, un n'a pas besoin de neuf. Aussi de même que les neuf lépreux qui n'ont pas rendu grâces furent réprouvés pour leur conduite, et exclus du concert de l'unité, ainsi celui qui fut le seul à témoigner sa reconnaissance, a été loué et approuvé comme signifiant l'unité de l'Eglise. Et comme ceux-là étaient des Juifs, ils ont été déclarés déchus par leur orgueil du royaume des cieux, où l'unité se conserve dans les conditions les plus parfaites ; quant à celui-ci, qui était samaritain, ce qui veut dire « gardien », attribuant à son bienfaiteur ce qu'il tenait de lui, et chantant en quelque sorte ce verset du psalmiste : « Auprès de toi je garderai ma force », il s'est soumis au roi par sa reconnaissance, et par son humble dévouement il a conservé le privilège de l'unité.

    (saint Augustin, questions sur les évangiles, livre 2, 40)

  • Saint Louis

    Extrait du sermon de Bourdaloue pour la fête de saint Louis roi de France

    Je sais que saint Louis, au milieu de ses glorieux succès, a eu des disgrâces et des adversités à essuyer, puisqu'il fut fait prisonnier dans le premier de ses voyages, et qu'il mourut dans le second. Mais c'est justement dans ses adversités et ses disgrâces qu'il me paraît encore plus  grand  et  plus supérieur à lui-même. Car je ne m'étonne pas que, malgré les prodiges de sa valeur, un prince aussi généreux que lui soit tombé, dans la chaleur du combat, entre les mains de ses ennemis : c'a été le  sort des plus grands  capitaines.  Mais qu'ayant été pris dans le combat, il eût soutenu sa captivité aussi dignement et aussi héroïquement qu'il la soutint; mais que dans sa prison, ces infidèles mêmes l'aient honoré jusqu'à vouloir se soumettre à lui, et jusqu'à vouloir le choisir pour leur souverain; mais qu'en recouvrant sa liberté, il ait recouvré en même temps toute sa puissance, comme nous l'apprenons de son histoire; mais qu'avant de quitter la Terre-Sainte il ait rétabli et mis en état de défense toutes les places qu'il y avait conquises; mais qu'au lit même de la mort, il ait obligé le roi de Tunis à acheter la paix à des conditions aussi glorieuses pour la France qu'elles lui étaient avantageuses et utiles, c'est ce qui pourrait vous surprendre aussi bien que moi, si je n'ajoutais que ce furent là les merveilleux effets de la piété de saint Louis et de son éminente vertu : car, ce que je vous prie de bien remarquer, si les Sarrasins délibérèrent, tout prisonnier qu'il était, d'en faire leur roi, ce ne fut, dit Joinville, que parce qu'en traitant avec lui, ils ne purent se défendre d'avoir pour lui une vénération secrète ; que parce qu'en l'observant de près, il leur parut un homme divin ; que parce qu'ils se sentirent touchés, ou, pour mieux dire, charmés de la sainteté de sa vie. Voulez-vous encore bien connaître quelle impression son édifiante et magnanime sainteté fit dans les esprits et dans les cœurs de ces barbares? écoutez-le parler dans les conférences qu'il eut avec eux : il est en leur puissance, et il s'explique devant eux avec autant de liberté que s'il était leur maître. Ils le tiennent captif, et c'est lui qui leur fait la loi; ils lui demandent sa rançon, et il leur répond qu'il n'y a point de rançon pour les rois; qu'il ne refuse pas de payer celle de ses soldats, mais que sa personne sacrée ne doit être mise à nul prix. Le sultan est frappé de cette grandeur d'âme, et en passe par où il veut. Avant que de l'élargir, on demande qu'il s'oblige, par un serment solennel, à renoncer à sa religion, s'il manque à sa parole ; et il déclare qu'un roi chrétien ne connaît point d'autre serment que sa parole même, et qu'il ne sait ce que c'est que de mettre sa religion en compromis, sous quelque condition que ce puisse être. Sur cela sa parole seule est acceptée. On lui rapporte, avec effroi, que les propres sujets du sultan viennent de l'assassiner, et que dans une pareille conjoncture tout est à craindre pour lui ; mais il demeure ferme et intrépide. Celui des conjurés qui a fait le coup, lui demande une récompense pour l'avoir délivré de son ennemi ; mais Louis, imitant la piété de David, et sans se mettre en peine du danger où il s'expose, reproche à ce parricide sa perfidie. Or, il n'y avait que la sainteté qui pût le soutenir de la sorte, et lui inspirer ces sentiments d'une droiture et d'une générosité toute royale. D'autres auraient au moins dissimulé : mais lui, jusque dans ses fers, il est libre; et l'esprit de Dieu, qui le possède, l'élève au-dessus de toutes les considérations et de tous les ménagements humains.

  • Motu proprio : de bonnes nouvelles... des Etats-Unis

    Sur son blog Américatho, Daniel Hamiche donne d’intéressantes nouvelles à propos de la réception du Motu proprio de Benoît XVI sur la messe.

    Mgr Raymond Burke, archevêque de Saint Louis (Missouri), s’est dit prêt à travailler avec les prêtres des paroisses pour satisfaire de manière appropriée et généreuse les demandes de célébration régulière de la forme extraordinaire du rite de la messe. Il a annoncé des cours de formation liturgique, et a décidé que les séminaristes de l’archidiocèse recevront une formation adéquate.

    Deux paroisses de ce diocèse, qui ont le même curé, vont organiser la célébration de la messe traditionnelle chaque dimanche, en rotation, un mois dans une paroisse, un mois dans l’autre. Ce sont les paroissiens qui l’ont demandé, et le curé, qui a été ordonné en 1990, est ravi de la célébrer. Cette messe s’ajoutera aux messes dans la « forme ordinaire ». Il est à noter que la messe de Paul VI sera célébrée à 7h30 dans une paroisse et à 9h 30 dans l’autre, et que la messe de saint Pie V sera célébrée à 11h 30 dans les deux paroisses. On imagine que celle-ci aura le suffrage non seulement des traditionnalistes mais de ceux qui souhaitent se lever plus tard le dimanche... Et l’on risque de voir dans ces deux paroisses se concrétiser l’objection que je formulais dans mon commentaire du motu proprio : que devient l’expression de « forme extraordinaire » quand elle devient pour les gens la forme ordinaire de leur messe ?

    Le 15 août dernier, Mgr Salvatore Matano, évêque de Burlington (Vermont) a célébré dans toute sa pompe pontificale la messe de l’Assomption dans la « forme extraordinaire » dans l’église co-cathédrale Saint-Joseph, qui était pleine. Dans son homélie, il a déclaré : « Si c’est de cette manière qu’on peut remplir nos églises, alors je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour remplir nos églises. »

    Le 14 septembre, jour de l’entrée en vigueur des dispositions du Motu proprio, la messe quotidienne que diffuse la chaîne de télévision EWTN (fondée par la célèbre Mère Angelica) sera pour la première fois une messe de saint Pie V. Elle sera célébrée avec diacre et sous-diacre par des prêtres de la Fraternité Saint Pierre.

    Mgr Edward Slattery, évêque de Tulsa (Oklahoma), célébrera le 30 août la messe de clôture de la session de formation à la liturgie traditionnelle organisée par la Latin Mass Society à Oxford.

    Mgr Michael Schmitz, provincial pour les États-Unis de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, confie que depuis la publication du Motu proprio il a reçu des centaines d’appels de prêtres américains désireux de mieux connaître la liturgie traditionnelle et de s’y initier.

    L’abbé John Berg, supérieur de la Fraternité Saint-Pierre, signale qu’en coopération avec Una Voce, la FSSP a organisé ce printemps trois sessions de formation de prêtres à la messe traditionnelle. Chacune de ces sessions devait recevoir 15 prêtres : il en est venu trois fois plus. Une session supplémentaire a accueilli plus de 50 prêtres, et une autre, prévue en septembre est archi complète.

    Les ventes de missels traditionnels sont en forte hausse. À Fort Collins (Colorado) une librairie catholique a vendu 200 exemplaires du missel d’autel (155 $ l’unité) dans les deux semaines qui ont suivi la publication du Motu proprio (alors qu’il s’en vend ordinairement 20 à 35 par mois). La gérante de la librairie estime « qu’on en vendra plus de 700 d’ici à la fin de l’année. Dès lors que n’importe quel prêtre peut célébrer cette messe à tout moment, de nombreux prêtres et paroisses nous l’ont commandé. »

  • Saint Barthélémy

    Aujourd’hui, on prétend qu’on ne sait rien, absolument rien, de saint Barthélémy, hormis qu’il était un des douze apôtres, puisque c’est écrit dans l’Evangile. C’est pourtant parce qu’elle a été fondée par saint Barthélémy et saint Thaddée que l’Eglise arménienne se dit apostolique…

    Quand notre Eglise n’avait pas encore sombré dans le néant de la critique historique, voici ce qu’elle en disait :

    L'Apôtre Barthélémy était de Galilée. L'Inde citérieure lui étant échue dans le partage du monde entre les prédicateurs de l'Evangile, il s'y rendit, et annonça l'arrivée du Seigneur Jésus aux peuples qui l'habitaient, en se servant de l'Evangile de saint Matthieu. Nombreux furent dans cette contrée ceux qu'il amena à Jésus-Christ, mais grands aussi ses labeurs, et multipliées ses épreuves. Il vint de là dans la grande Arménie. Il y convertit à la foi chrétienne le roi Polymius avec son épouse, et douze villes. Mais cet événement porta contre lui jusqu'aux derniers excès l'envie des prêtres du pays. Astyages frère de Polymius, excité par eux contre l'Apôtre, fit écorcher vif et décapiter Barthélémy. Tel fut le cruel martyre dans lequel il rendit à Dieu son âme. Son corps, enseveli à Albanopolis, ville de la grande Arménie où il avait souffert, fut par la suite transporté dans l'île Lipari, puis à Bénévent, à Rome enfin où l'empereur Othon III le déposa dans l'île du Tibre, dans l'église dédiée à Dieu sous son nom. Sa fête s'y célèbre le huit des calendes de septembre, et amène pendant les huit jours qui suivent à cette basilique un grand concours de peuple.

  • Afferte Domino

    Le psaume 28 est l’un des plus étonnants. En voici une traduction quasi littérale, laissant intact l’entrechoquement des images de la puissance divine typiques du style prophétique.

    Apportez au Seigneur, ô fils de Dieu, apportez au Seigneur les fils des béliers.

    Apportez au Seigneur gloire et honneur, apportez au Seigneur la gloire de son nom, adorez le Seigneur en son saint parvis.

    La voix du Seigneur sur les eaux : le Dieu de majesté a tonné, le Seigneur sur les grandes eaux.

    La voix du Seigneur dans sa force, la voix du Seigneur dans sa magnificence.

    La voix du Seigneur brisant les cèdres, et il brise, le Seigneur, les cèdres du Liban.

    Et il les mettra en pièces comme le veau du Liban, et le bien aimé est comme le fils des licornes.

    La voix du Seigneur fendant la flamme de feu, la voix du Seigneur secouant le désert, et le Seigneur ébranlera le désert de Cadès.

    La voix du Seigneur préparant les cerfs, et elle dévoilera les forêts. Et dans son temple tous diront sa gloire.

    Le Seigneur fait habiter dans le déluge, et il siègera, le Seigneur, roi pour l’éternité.

    Le Seigneur donnera la force à son peuple, le Seigneur bénira son peuple dans la paix.

  • 22 août...

    Ce jour a été pendant très longtemps le jour octave de l’Assomption.

    En 1944, Pie XII, après avoir consacré le genre humain au Cœur immaculé de Marie, décréta que ce jour serait une fête du Cœur immaculé de Marie. Du moins dans le missel romain, car l’office bénédictin continua d’être celui de l’octave.

    En 1950 Pie XII proclama le dogme de l’Assomption, ce qui entraîna des modifications dans la liturgie de ce mystère, mais l’octave demeurait, se terminant par la fête du Cœur immaculé de Marie.

    Le 11 octobre 1954, en la fête de la Maternité divine de Marie, Pie XII institua la fête de Marie Reine, devant être célébrée le 31 mai.

    En 1955 Pie XII supprima la plupart des octaves, dont celle de l’Assomption. La fête du Cœur immaculé de Marie demeurait, le 22 août, sans lien avec l’Assomption.

    Dans le nouveau calendrier, la fête de Marie Reine a été transférée du 31 mai au 22 août. Pour quelle raison ? Parce que le couronnement de Marie est le terme – le couronnement – de son Assomption. Comme le dit l’antienne des deuxièmes vêpres de l’Assomption : « Hodie Maria Virgo cælos ascendit. Gaudete, quia cum Christo regnat in æternum » (aujourd’hui la Vierge Marie est monté au Ciel. Réjouissez-vous, parce qu’elle règne avec le Christ pour l’éternité).

    Revoilà donc, curieusement, que le jour octave de l’Assomption trouve un bel accomplissement, alors qu’il n’y a plus d’octave.

    Mais il faut être très attentif pour trouver cette fête. Car ce n’est pas une fête mais une « mémoire ». Une « mémoire obligatoire », théoriquement. Mais un site catholique comme « L’évangile au quotidien », par exemple, nous dit que ce 22 août est le « mercredi de la 20e semaine du temps ordinaire »…

    Salve Regina, mater misericordiæ...

    On a attribué cette antienne à saint Bernard (puis à Hermann Contract, puis à Adhémar de Monteil...). La Reine des cieux, mère de miséricorde, c’est en tout cas le thème de la fin du 4e sermon de saint Bernard pour la fête de l’Assomption :

    Qu'il ne soit point parlé de ta miséricorde, ô Vierge bienheureuse, s'il se trouve un seul homme qui se rappelle t’avoir invoquée en vain dans ses besoins. Pour ce qui est de toutes tes autres vertus, ô toi dont nous sommes les humbles serviteurs, nous t’en félicitons pour toi-même, mais pour ce qui est de celle-ci, c'est nous que nous en félicitons. Nous avons des louanges à donner à ta virginité, et nous tâchons d'imiter ton humilité; mais ce qui charme tout particulièrement des malheureux comme nous, c'est la miséricorde; ce que nous embrassons plus étroitement, ce que nous invoquons le plus souvent, est la miséricorde. C'est elle, en effet, qui a obtenu la réparation de l'univers entier et le salut de tous les hommes, car on ne peut douter qu'elle n'ait songé avec sollicitude à tout le genre humain à la fois, la femme à qui il fut dit : « Ne crains pas, ô Marie, tu as trouvé la grâce  (Luc. I, 39) ». Qui donc, ô femme bénie, pourra mesurer la longueur, et la largeur, la sublimité et la profondeur, de ta miséricorde? Sa longueur, elle secourt jusqu'à son dernier jour celui qui l'invoque. Sa largeur, elle remplit si bien la terre entière, qu'on peut dire de toi aussi que la terre est pleine de ta miséricorde. Quant a sa sublimité et à sa profondeur, elle s'élève, d'un côté, à la restauration de la cité céleste, et de l'autre, elle apporte la rédemption à tous ceux qui sont assis dans les ténèbres, à l'ombre de la mort. En effet, c'est pour toi, ô Vierge, que le ciel s'est rempli, et que l'enfer s'est vidé, que les brèches de la céleste Jérusalem se sont relevées, et que la vie a été rendue aux malheureux hommes qui l'avaient perdue et qui l'attendaient. Voilà comment ta toute puissante et toute bonne charité abonde, en sentiments de compassion, et en désirs de venir à notre secours, aussi riche en compassion qu'en assistance.

    Aussi, que notre âme, dévorée des ardeurs de la soif, vole à cette fontaine, que notre misère recoure avec sollicitude à ce comble de miséricorde. Tels sont les vœux dont nous t’accompagnons autant que nous le pouvons, à ton retour vers ton fils, et dont nous grossissons de loin ton cortège, ô Vierge bénie. Que désormais ta bonté ait à cœur de faire connaître au monde la grâce que tu as trouvée devant Dieu, en obtenant, par tes prières, le pardon pour les pécheurs, la guérison pour les malades, la force pour les cœurs faibles, la consolation pour les affligés, du secours pour ceux qui sont en péril, et la délivrance pour les saints. Que, dans ce jour de fête et de joie, ô Marie, reine de clémence, tes petits serviteurs qui invoqueront ton très-doux nom, obtiennent les dons de la grâce de Jésus-Christ ton fils, Notre Seigneur qui est le Dieu béni par dessus tout, dans les siècles des siècles. Amen.

  • Sainte Jeanne Françoise Frémyot de Chantal

    L’acte d’abandon de sainte Jeanne de Chantal, fondatrice de l’ordre de la Visitation :

    O bonté souveraine de la souveraine providence de mon Dieu, je me délaisse pour jamais entre vos bras ; soit que vous me soyez douce ou rigoureuse, menez-moi désormais par où il vous plaira. Je ne regarderai point les chemins par où vous me ferez passer, mais vous, ô mon Dieu, qui me conduisez ; mon cœur ne trouve point de repos hors des bras et du sein de cette céleste Providence, ma vraie mère, ma force et mon rempart ; c'est pourquoi je me résous moyennant votre aide divine, ô mon Sauveur, de suivre vos désirs et ordonnances sans jamais regarder où éplucher les causes pourquoi vous faites ceci plutôt que cela, mais à yeux clos je vous suivrai selon vos volontés divines sans rechercher mon propre goût ; c'est à quoi je me détermine de laisser tout faire à Dieu, ne me mêlant que de me tenir en repos entre ses bras, sans désirer chose quelconque, que selon qu'il m'incitera à désirer, à vouloir et à souhaiter.

    Je vous offre ce désir, ô mon Dieu, vous suppliant de le bénir, entreprenant le tout appuyé sur votre bonté, libéralité et miséricorde, en la totale confiance en vous et défiance de moi et de mon infinie misère et infirmité.

    Amen.

  • Saint Bernard

    Saint Bernard est mort le 20 août 1153, pendant l’octave de l’Assomption, et sa fête est donc le 20 août.

    Même si hélas, il ne croyait pas en l’Immaculée Conception, saint Bernard est un des chantres les plus admirables de Notre Dame, notamment dans ses quatre homélies sur l’Assomption, et celle sur les 12 prérogatives de Marie, prononcée un dimanche dans l’octave de l’Assomption. Tout naturellement, l’Eglise a donné comme lecture, en ces jours, des extraits de ces homélies si merveilleusement tissées de citations des psaumes et du Cantique des cantiques. Jusqu’à ce que Pie XII décide de supprimer l’octave de l’Assomption. Stupéfiante décision, de la part du pape qui avait proclamé, cinq ans plus tôt, le dogme de l’Assomption…

    Ainsi, saint Bernard, dont la fête avait été placée en ce jour par la Providence elle-même, par Dieu qui soulignait ainsi comment Bernard avait bien chanté sa Mère et qu’il fallait l’entendre sur le sujet, a perdu au 20 août son environnement marial. On l’a déconnecté de l’Assomption…

    Or voici la très belle hymne des vêpres de la fête de saint Bernard, écrite dans l’esprit de saint Bernard, et datant du temps où l’on savait composer des hymnes (à comparer avec celles composées en 1950 pour l’Assomption, dans un latin de professeurs pédants ne comprenant rien aux symboles, au point que les douze étoiles deviennent « deux fois six »…).

    Jam Regina discubuit,
    Sedens post Unigenitum :
    Nardus odorem tribuit
    Bernardus, tradens spiritum.

    Dulcis Reginæ gustui
    fructus sui suavitas :
    Dulcis ejus olfactui
    Nardi Bernardi sanctitas.

    Venit Sponsa de Libano,
    Coronanda divinitus,
    ut Bernardus de clibano
    Veniret sancti Spiritus.

    Quæ est ista progrediens
    Velut aurora rutilans ?
    Quis est iste transiliens
    Colles, Sanctis conjubilans ?

    Hæc gloria terribilis
    Sicut castrorum acies :
    Hic gratia mirabilis
    Ut Assueri facies.

    Ora pro nobis Dominum,
    Prædulcis fumi virgula ;
    Inclina Patrem luminum,
    Pastor ardens et facula.

    Si Trinitati gloria,
    Per quam triumphus Virginis,
    Et Bernardi felicitas
    Manent in cæli curia. Amen.

    Voici que la Reine a pris place, s’est assise (corps et âme au paradis) après le Fils unique. Bernard apporte le parfum du nard, en remettant son esprit.

    La suavité de son fruit est douce au palais de la Reine, la sainteté du nard de Bernard est douce à son nez.

    L’Epouse vient du Liban pour être divinement couronnée, afin que Bernard puisse venir du four à pain de l’Esprit saint.

    Qui est celle-là qui s’avance comme l’aurore rutilante ? Qui est celui-ci qui saute les collines, jubilant avec les saints ?

    Celle-là est terrible dans sa gloire, comme une armée en ordre de bataille ; celui-ci est admirable par sa grâce, comme le visage d’Assuérus.

    Prie pour nous le Seigneur, très douce volute de fumée ; fais que se penche sur nous le Père des lumières, pasteur ardent comme une torche.

    Gloire soit à la Trinité, par laquelle le triomphe de la Vierge et la félicité de Bernard demeurent à la cour céleste. Amen.

    On aura reconnu que la plupart des images de cette hymne proviennent du Cantique des cantiques, à l’imitation des textes de saint Bernard (et de l'ensemble de la liturgie de l'Assomption), et en hommage à celui qui est le grand commentateur de ce livre. L’allusion à Assuérus provient du livre d’Esther, 15, 16-17 : Seigneur, je t’ai vu comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de ta gloire. Car, Seigneur, tu es admirable, et ton visage est plein de grâce.

  • 12e dimanche après la Pentecôte

    « Lequel des trois te semble avoir été le prochain de l’homme qui est tombé aux mains des brigands ? »

    Il est étonnant de constater que nombre de commentaires de l’évangile « du bon Samaritain » ne portent pas attention à ce que dit le Christ. Jésus ne demande pas au docteur de la loi lequel des trois hommes a considéré le blessé comme son prochain, mais lequel s’est montré le prochain de l’homme blessé.

    La différence n’est pas minime, puisque c’est littéralement le contraire.

    Et par sa question, qui devrait attirer l’attention par son caractère très insolite, Jésus veut nous faire comprendre que sa parabole n’est pas, n’est pas d’abord, sur la charité fraternelle.

    C’est une parabole du salut. Et cela est très explicite si l’on daigne se souvenir de ce qui la précède immédiatement, et de son début.

    « Jésus dit à ses disciples : Bienheureux les yeux qui voient ce que vous voyez. Car je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, et entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » Que voient-ils ? Le Fils de Dieu qui par ses miracles et son enseignement, et bientôt sa Passion, apporte le salut. Alors, poursuit saint Luc, un docteur de la loi se dressa (surrexit !) et voulant le mettre à l’épreuve lui demanda ce qu’il devait faire pour avoir la vie éternelle. Jésus lui demanda ce qu’il y a dans la Loi. Le docteur lui répond : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toutes tes forces, et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.
    Mais qui est mon prochain ?

    Dans la parabole, le prochain de l’homme blessé est le Samaritain. C’est le Fils de Dieu qui va chercher l’homme blessé par le péché originel, le porte en son humanité par l’Incarnation, le soigne avec l’huile et le vin, ce qui représente à la fois les sacrements et la double nature divino-humaine du Christ. Mon prochain est le Christ qui me sauve, qui me donne la vie éternelle, alors que la Loi et les prophètes (le prêtre et le lévite) sont incapables de me sortir de ma misérable condition.

    Et comme le Christ s’est fait notre prochain, en se faisant Samaritain, le plus méprisé des hommes, jusqu’à la mort de la croix, nous devons nous aussi nous faire le prochain des autres hommes.

    « Le nom de prochain suppose une relation, et nous ne pouvons être le prochain d’un homme sans que lui-même ne devienne notre prochain », note saint Augustin. Ainsi, mais seulement ainsi, on retrouve l’interprétation habituelle de la parabole. L’homme blessé est en effet mon prochain, parce que le Christ s’est fait mon prochain. C’est par le Christ que l’autre peut être mon prochain, parce que je vois le Christ en lui.

    C’est ainsi qu’en effet, comme le dira Jésus, les deux commandements (les deux deniers donnés à l’aubergiste, c’est-à-dire à l’Eglise) n’en font qu’un. Puisque l’amour est un.