Puisque vous devez aux largesses du Seigneur d’être déjà entrés dans la maison des noces, c’est-à-dire dans la sainte Eglise, prenez bien garde, mes frères, à ce que le Roi, en entrant, ne trouve rien de blâmable dans l’habit de votre âme. En effet, il faut considérer avec une grande crainte ce que le texte ajoute aussitôt après : «Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’était pas revêtu de la robe nuptiale.» Quel symbolisme attribuerons-nous, frères très chers, à cette robe nuptiale? Allons-nous dire qu’elle représente le baptême, ou bien la foi? Mais qui aurait pu entrer dans la salle des noces sans le baptême ou sans la foi? Car celui qui n’a pas encore cru est par le fait même en dehors. Que devons-nous donc entendre par la robe nuptiale, sinon la charité? Il entre en effet pour les noces, mais il entre sans la robe nuptiale, celui qui est dans la sainte Eglise et qui a la foi, mais auquel manque la charité.
C’est avec raison qu’on appelle la charité une robe nuptiale, puisque notre Créateur la portait quand il vint aux noces pour s’y unir à l’Eglise. N’est-ce pas en vertu de son seul amour que Dieu envoya son Fils unique pour s’unir les âmes des élus? D’où la parole de Jean : «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné pour nous son Fils unique.» Celui qui vint aux hommes par amour a fait ainsi connaître que son amour est la robe nuptiale.
Tous ceux d’entre vous qui appartiennent à l’Eglise et croient en Dieu sont donc déjà entrés dans la salle des noces, mais s’ils n’ont pas gardé la grâce de la charité, ils n’y sont pas venus avec la robe nuptiale. Assurément, mes frères, si quelqu’un se trouvait invité à des noces humaines, il changerait de vêtements et manifesterait par la beauté même de ses habits qu’il va se réjouir avec l’époux et l’épouse; il rougirait de se montrer avec des vêtements négligés parmi les gens en liesse qui célèbrent cette fête. Et nous qui allons aux noces de Dieu, nous ne nous soucions pas de changer le vêtement de notre âme! Les anges se réjouissent de concert quand les élus montent au Ciel. Dans quel état d’esprit abordons-nous donc ces fêtes spirituelles, nous qui ne portons pas cette robe nuptiale qu’est la charité, alors qu’elle seule nous fait paraître beaux?
(Saint Grégoire le Grand, sermon 38, 9.)
N.B. Avant 1962, la fête du Très Saint Rosaire, le 7 octobre, était « double de deuxième classe » et primait le dimanche. Dans le calendrier de 1962, elle est de deuxième classe mais ces fêtes ne priment pas le dimanche. Dans le nouveau calendrier elle n’est qu’une « mémoire ».