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Liturgie - Page 649

  • Saint Vincent de Paul

    A 24 ans, saint Vincent de Paul fut capturé par des pirates barbaresques et vendu comme esclave. Il a raconté cet épisode de sa vie dans une des ses lettres, qui est intéressante à plus d’un titre.

    Le vent nous fut aussi favorable qu’il fallait pour nous rendre, ce jour, à Narbonne, qu’était faire cinquante lieues, si Dieu n’eût permis que trois brigantins turcs, qui côtoyaient le golfe du Lion pour attraper les barques qui venaient de Beaucaire, où il y avait foire que l’on estime être des plus belles de la chrétienté, ne nous eussent donné la charge et attaqués si vivement que, deux ou trois des nôtres étant tués et tout le reste blessé, et même moi, qui eus un coup de flèche, qui me servira d’horloge tout le reste de ma vie, n’eussions été contraints de nous rendre à ces félons et pires que tigres, les premiers éclats de la rage desquels furent de hacher notre pilote en cent mille pièces, pour avoir perdu un des principaux des leurs, outre quatre ou cinq forçats que les nôtres leur tuèrent. Ce fait, nous enchaînèrent, après nous avoir grossièrement pansés, poursuivirent leur pointe, faisant mille voleries, donnant néanmoins liberté à ceux qui se rendaient sans combattre, après les avoir volés. Et enfin, chargés de marchandise, au bout de sept ou huit jours, prirent la route de Barbarie, tanière et spélonque de voleurs, sans aveu du Grand Turc, où étant arrivés, ils nous exposèrent en vente, avec procès-verbal de notre capture, qu’ils disaient avoir été faite dans un navire espagnol, parce que, sans ce mensonge, nous aurions été délivrés par le consul que le roi tient de delà pour rendre libre le commerce aux Français.

    Leur procédure à notre vente fut qu’après qu’ils nous eurent dépouillés tout nus, ils nous baillèrent à chacun une paire de braies, un hoqueton de lin avec une bonnette, nous promenèrent par la ville de Tunis, où ils étaient venus expressément pour nous vendre. Nous ayant fait faire cinq ou six tours par la ville, la chaîne au col, ils nous ramenèrent au bateau, afin que les marchands vinssent voir qui pouvait bien manger et qui non, pour montrer comme nos plaies n’étaient point mortelles ; ce fait, nous ramenèrent à la place, où les marchands nous vinrent visiter, tout de même que l’on fait à l’achat d’un cheval ou d’un bœuf, nous faisant ouvrir la bouche pour visiter nos dents, palpant nos côtes, sondant nos plaies et nous faisant cheminer le pas, trotter et courir, puis tenir des fardeaux et puis lutter pour voir la force d’un chacun, et mille autres sortes de brutalités.

    Je fus vendu à un pêcheur, qui fut contraint de se défaire bientôt de moi, pour n’avoir rien de si contraire que la mer, et depuis par le pêcheur à un vieillard, médecin spagirique, souverain tireur de quintessences, homme fort humain et traitable, lequel, à ce qu’il me disait, avait travaillé cinquante ans à la recherche de la pierre philosophale, et en vain quant à la pierre, mais fort heureusement à une sorte de transmutation des métaux. En foi de quoi, je lui ai vu souvent fondre autant d’or que d’argent ensemble, les mettre en petites lamines, et puis mettre un lit de quelques poudres, puis un autre de lamines, et puis un autre de poudres dans un creuset ou vase à fondre des orfèvres, le tenir au feu vingt-quatre heures, puis l’ouvrir et trouver l’argent être devenu or ; et plus souvent encore congeler ou fixer de l’argent vif en fin argent, qu’il vendait pour donner aux pauvres. Mon occupation était à tenir le feu à dix ou douze fourneaux ; en quoi, Dieu merci, je n’avais plus de peine que de plaisir. Il m’aimait fort et se plaisait fort de me discourir de l’alchimie et plus de sa loi, à laquelle il faisait tous ses efforts de m’attirer, me promettant force richesses et tout son savoir.

    Dieu opéra toujours en moi une croyance de délivrance par les assidues prières que je lui faisais et à la sainte Vierge Marie, par la seule intercession de laquelle je crois fermement avoir été délivré. L’espérance et ferme croyance donc que j’avais de vous revoir, Monsieur, me fit être assidu à le prier de m’enseigner le moyen de guérir de la gravelle, en quoi je lui voyais journellement faire miracle ; ce qu’il fit ; voire me fit préparer et administrer les ingrédients. (1) (...)

    Je fus donc avec ce vieillard depuis le mois de septembre 1605 jusques au mois d’août prochain, qu’il fut pris et mené au grand sultan pour travailler pour lui mais en vain, car il mourut de regret par les chemins. Il me laissa à un sien neveu qui me revendit tôt après la mort de son oncle, parce qu’il ouit dire comme M. de Brèves, ambassadeur pour le roi en Turquie, venait, avec bonnes et expresses patentes du Grand Turc, pour recouvrer les esclaves chrétiens.

    Un renégat de Nice, en Savoie, ennemi de nature, m’acheta et m’en emmena en son temat ; ainsi s’appelle le bien que l’on tient comme métayer du Grand Seigneur, car le peuple n’a rien ; tout est au sultan. Le temat de celui-ci était dans la montagne, où le pays est extrêmement chaud et désert. L’une des trois femmes qu’il avait (comme grecque-chrétienne, mais schismatique) avait un bel esprit et m’affectionnait fort ; et plus à la fin, une naturellement turque, qui servit d’instrument à l’immense miséricorde de Dieu pour retirer son mari de l’apostasie et le remettre au giron de l’Église, fit me délivrer de mon esclavage. Curieuse qu’elle était de savoir notre façon de vivre, elle me venait voir tous les jours aux champs où je fossoyais, et après tout me commanda de chanter louanges à mon Dieu. Le ressouvenir du Quomodo cantabimus in terra aliena des enfants d’Israël captifs en Babylone me fit commencer, avec la larme à l’œil, le psaume Super flumina Babylonis et puis le Salve, Regina, et plusieurs autres choses ; en quoi elle prit autant de plaisir que la merveille en fut grande. Elle ne manqua point de dire à son mari, le soir, qu’il avait eu tort de quitter sa religion, qu’elle estimait extrêmement bonne, pour un récit que je lui avais fait de notre Dieu et quelques louanges que je lui avais chantées en sa présence ; en quoi, disait-elle, elle avait un si divin plaisir qu’elle ne croyait point que le paradis de ses pères et celui qu’elle espérait fut si glorieux, ni accompagné de tant de joie que le plaisir qu’elle avait pendant que je louais mon Dieu, concluant qu’il y avait quelque merveille.

    Cet autre Caïphe ou ânesse de Balaam fit, par ses discours, que son mari me dit dès le lendemain qu’il ne tenait qu’à commodité que nous ne nous sauvassions en France, mais qu’il y donnerait tel remède, dans peu de temps, que Dieu y serait loué. Ce peu de jours furent dix mois qu’il m’entretint en ces vaines, mais à la fin exécutées espérances, au bout desquels nous nous sauvâmes avec un petit esquif et nous rendîmes, le vingt-huitième de juin, à Aigues-Mortes et tôt après en Avignon, où Monseigneur le vice-légat reçut publiquement le renégat, avec la larme à l’œil et le sanglot au gosier, dans l’église de Saint-Pierre, à l’honneur de Dieu et édification des spectateurs. Mondit seigneur nous a retenus tous deux pour nous mener à Rome, où il s’en va tout aussitôt que son successeur à la trienne qu’il acheva le jour de la saint Jean, sera venu. Il a promis au pénitent de le faire entrer à l’austère couvent des Fate ben fratelli où il s’est voué, et à moi de me faire pourvoir de quelque bon bénéfice. Il me fait cet honneur de me fort aimer et caresser, pour quelques secrets d’alchimie que je lui ai appris, desquels il fait plus d’état, dit-il, que si io li avesse datto un monte di oro,  parce qu’il y a travaillé tout le temps de sa vie et qu’il ne respire autre contentement. Mondit seigneur, sachant comme je suis homme d’église, m’a commandé d’envoyer quérir les lettres de mes ordres, m’assurant de me faire du bien et très bien pourvoir de bénéfice.

    (1) La gravelle, ce sont les calculs rénaux. Et l’on a la composition du remède rapporté par saint Vincent de Paul : « Prenez thérébentine de Venise, deux onces ; turbith blanc, deux onces ; mastic, galanga, girofle, cannelle cubes, de chacun demi-once ; bois d’aloès battu, une once. Empâtez le tout ensemble avec demi-livre de miel blanc et une pinte d’eau-de-vie la plus forte. Laissez le tout en digestion quelque temps, puis le distillez. Il faut prendre, le matin, à jeun, la quatrième partie d’une cuillère et observer de l’emplir d’eau de bourrache ou de buglosse, en prendre autant de fois que l’on voudra, parce qu’elle ne peut être nuisible ; au contraire, elle est très bonne pour la santé, et la principale opération est pour les urines. C’est pourquoi on n’y est point obligé de garder d’autre régime de vivre, sinon qu’il ne faut manger qu’une heure après, et on peut aller à ses affaires ordinaires. »

  • Saint Camille de Lellis

    Dieu, qui avez doté saint Camille d’un amour incomparable pour secourir les âmes dans la lutte suprême de l’agonie, nous vous prions de répandre sur nous, par ses mérites, l’esprit de votre amour, afin qu’à l’heure de notre mort nous puissions vaincre l’ennemi et mériter la couronne céleste. Par Notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils qui vit et règne avec vous dans l’unité du Saint Esprit, Dieu, dans les siècles des siècles.

  • Saint Alexis

    Il fut extrêmement populaire tant en Orient (où il l'est toujours) qu’en Occident, de nombreuses églises portent son nom (dont celle de Rome où il fut enseveli selon la légende). Un pape fit même de sa fête un jour férié. Un autre pape supprima sa fête. Car des experts chargés d’une « réforme » liturgique décrétèrent qu’il n’y avait rien d’historique dans la légende du « pauvre de l’escalier ». Telle est la formidable impiété qui a présidé à la réforme du calendrier, et les Orientaux, qui célèbrent toujours (le 17 mars) la fête de « l’homme de Dieu », regardent ébahis cette Eglise de Rome qui a supprimé la fête d’un saint qui selon leur propre liturgie était romain et dont la sainteté fut révélée par un pape…

    Contrairement à ce que prétendent les prétendus experts, la merveilleuse légende de saint Alexis que l’on connaît, telle qu’elle a été popularisée par Jacques de Voragine dans sa Légende dorée, et qui a nourri la piété de nombreuses générations de chrétiens, comporte une part de vérité historique. Ce qui est vrai dans cette légende, c’est ce qui concerne Alexis à Edesse. On en a la preuve par le plus ancien manuscrit qui raconte sa vie, en syriaque. Ce manuscrit date au moins du début du VIe siècle, un siècle environ après la mort du saint selon la légende. Et surtout, ce texte raconte deux vies de saint Alexis : celle qui a été recueillie à Edesse, qui se termine à la mort du saint en cette ville, et celle qui vient de Constantinople, qui continue l’histoire telle qu’on la retrouve dans la Légende dorée (ce qui réduit à néant une autre idée reçue, selon laquelle la légende de saint Alexis aurait été inventée en Occident au XIe siècle).

    Il y a donc bien eu un saint Alexis, et il est certainement légitime de célébrer sa fête, et de l’invoquer pour qu’il nous apprenne la pauvreté évangélique. N’en déplaise aux experts de l’impiété.

  • Pour l’application du motu proprio

    Excellente initiative de l’équipe de chrétienté.info : la création d’un site entièrement consacré au motu proprio sur la messe, et à l’application de ce motu proprio. S’en servir sans modération comme aide à constituer des « groupes stables de fidèles ».

  • Notre Dame du Mont Carmel

    A la fin du XIIe siècle, des ermites latins se fixent au Mont-Carmel. Ils se reconnaissent dans la figure d´Elie. Sa parole de feu imprègne leur vie et leur prière. “Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens !” Par ces mots, Elie le prophète de feu, entre dans l´histoire.

    Le Carmel a repris à son compte ce cri en y trouvant l´expression de sa propre expérience contemplative et en annonçant ainsi la présence agissante de Dieu. A la suite d´Elie, nous redisons aux hommes que Dieu EST, qu´il est VIVANT. Par notre vie cachée, nous vivons Dieu et nous disons Dieu.

    Le Carmel entre dans l´histoire, non par la parole d´un fondateur, mais par la présence silencieuse d´hommes de prière. Cette vie érémitique est expérimentée longuement avant de se traduire dans une reconnaissance officielle et un appui canonique.
    Aux environs de 1209, l´évêque Albert de Jérusalem rédige une “formule de vie” qui approuve le style de vie des ermites. C´est un texte court et dense connu sous le nom de “Règle du Carmel”. Il vise l´essentiel et se base sur l´Ecriture. Il constitue “l´acte de baptême” de l´Ordre du Carmel.

    A l´origine du Carmel comme Ordre dans l´Eglise se tient Elie le prophète de feu.

    Au long de l´histoire du Carmel, une présence silencieuse qui accompagne : Marie. Depuis son origine, le Carmel est revêtu de la beauté et de la prière de Notre Dame. Carmes et carmélites portent “l´habit de la Vierge” et se laissent revêtir de son regard pour suivre les sentiers escarpés de la recherche de Dieu. Contemplant la Vierge dans l´Evangile, le Carmel a toujours reconnu en elle le modèle de prière et d´écoute, la “pauvre du Seigneur” toute tendue vers l´accueil de la Parole, docile à l´Esprit et associée par son OUI inconditionnel au mystère pascal du Christ.

    Géographiquement, le Carmel traverse les mers pour venir d´Orient en Occident. En effet, peu après la reconnaissance officielle des “frères ermites de Notre-Dame du Mont-Carmel”, la situation politique de la Palestine s´aggrave. Les Sarrasins veulent reconquérir le pays de Jésus et des violentes persécutions obligent les ermites à émigrer en Occident en vue de la survie de l´Ordre. L´implantation dans les villes nécessite une adaptation à tous les niveaux. En quelques années, l´Ordre des ermites devient un Ordre mendiant.

    Le Carmel était entré dans l´histoire depuis plus de deux siècles avant d´accueillir des moniales de façon officielle. Déjà au Moyen-Âge, des recluses et des béguines vivent de l´esprit du Carmel. Jean Soreth, l´animateur du Carmel médiéval, institue officiellement les carmélites, en Hollande d´abord (1452), en France et en Espagne (1478) où le couvent de l´Incarnation à Avila deviendra célèbre par l´entrée, le 2 novembre 1535, d´une jeune fille de la ville qui s´appelle Teresa de Ahumada.

    (Présentation de l’histoire du Carmel sur le site internet du Carmel de Luxembourg)

  • 7e dimanche après la Pentecôte

    « A leurs fruits vous les reconnaîtrez : est-ce qu’on récolte du raisin sur les épines, ou des figues sur les ronces ? »

    Le raisin contient en lui le mystère du Christ, car de même que la grappe par l’intermédiaire du bois de la vigne tient suspendus des grains nombreux, ainsi le Christ, par le bois de la croix tient dans une étroite union la multitude des fidèles. La figue, c’est l’Église qui tient aussi la multitude de ses enfants dans le doux embrassement de sa charité, comme la figue tient en elle une quantité considérable de graines sous une seule enveloppe. Or la figue est le signe tout à la fois de la charité par sa douceur, et de l’unité par l’union de ses graines. Le raisin est tout ensemble le symbole de la patience parce qu’il est foulé dans le pressoir ; de la joie, parce que le vin réjouit le cœur de l’homme ; de la sincérité, parce qu’il n’est pas mélangé d’eau ; et de la suavité par le plaisir qu’il donne. Les épines et les ronces sont les hérétiques. En effet, de même que l’épine et la ronce présentent des pointes de toutes parts, de même les serviteurs du diable sont pleins d’iniquités, de quelque côté qu’on les considère. Ces ronces et ces épines ne peuvent produire aucun des fruits que demande l’Église. Notre Seigneur ne se borne pas à cette comparaison particulière du figuier et de la vigne pour rendre sensible cette vérité, il la généralise par ces paroles : « C’est ainsi que tout arbre qui est bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais en porte de mauvais. »

    (Ce texte, cité par saint Thomas d’Aquin dans la Catena Aurea, est extrait de la 19e homélie de l’Opus imperfectum in Matthaeum, traduction latine d’un texte grec attribué à saint Jean Chrysostome et dont l’auteur est inconnu.)

  • Saint Bonaventure

    Si l'on en croit le nouveau calendrier et d'autres sources, saint Bonaventure est mort un 15 juillet (d'autres ont dit le 14, jour de sa fête dans l'ancien calendrier, d'autres le 16...). Une curiosité est le texte du nouveau lectionnaire pour la fête de saint Bonaventure, donc le 15. Alors que la nouvelle liturgie a été fabriquée par des intellectuels utilitaristes (comme le disait à peu près un certain cardinal Ratzinger), il s’agit d’un texte (absolument sublime) qui explique que ce n’est pas par la spéculation intellectuelle qu’on peut pénétrer le mystère du Christ...

    Le Christ est le chemin et la porte, l'échelle et le véhicule ; il est le propitiatoire posé sur l'arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement.

    Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration, exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Pâque avec lui, c'est-à-dire qu’il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l'Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant dans la mesure où le permet l'état de voyageur ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ : « Aujourd'hui avec moi tu seras dans le paradis. »

    En cette traversée, si l'on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que « personne ne connaît sauf celui qui le reçoit », que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l'Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c'est pourquoi l'Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l'Esprit Saint.

    Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture ; interroge l'Époux et non le professeur, Dieu et non l'homme, l'obscurité et non la clarté ; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l'être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d'ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont « la fournaise est à Jérusalem. » C'est le Christ qui l'a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job : « Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. » Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu ; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité : « L'homme ne peut me voir et vivre. »

    Mourons donc, entrons dans l'obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe : « Cela nous suffit » ; écoutons avec Paul : « Ma grâce te suffit » ; exultons en disant avec David : « Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : le roc de mon cœur et mon héritage, c’est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l’éternité, et que tout le peuple réponde : Amen, amen ! »

    (Saint Bonaventure, Itinéraire de l'âme à Dieu, 7) 

  • Saint Henri

    Duc de Bavière, puis roi de Germanie, puis empereur du Saint Empire, Henri II conduisit de nombreuses guerres pour garantir l’unité et les frontières de son empire, (et pour l’étendre un peu, aussi). Il favorisa l’Eglise et appuya les efforts de Rome pour ramener la discipline ecclésiastique, créa l’évêché de Bamberg, soutint la réforme de Cluny. Lorsqu’il mourut il légua sa fortune « au Christ ». Car il n’avait pas d’enfants. Les historiens semblent partagés sur la raison de cette absence de descendance. Il a été longtemps dit que son épouse sainte Cunégonde avait fait vœu de chasteté. On dit plutôt aujourd’hui qu’elle était sans doute stérile. Ce qui ne change rien à la sainteté d’Henri (ni de Cunégonde), puisqu’il resta fidèle à sa femme toute sa vie alors qu’il aurait très facilement obtenu du pape, comme tant d’autres souverains en la circonstance, la reconnaissance de nullité de son mariage.

    Il écrivit une belle lettre à l’évêque de Bamberg, dont voici un extrait : « Nous devons abandonner les biens temporels et mettre au second plan les avantages terrestres pour nous efforcer d’atteindre les demeures célestes qui sont éternelles. Car la gloire présente est fugitive et vaine si, tandis qu’on la possède, on omet de penser à l’éternité céleste. »

     PS, 15 juillet. Fatalement ça devait arriver un jour ou l'autre. Je me suis mélangé les calendriers. C'est dans le nouveau que saint Henri est fêté le 13 (par une "mémoire facultative"...). Dans l'ancien, c'est le 15. 

  • Saint Jean Gualbert

    Fondateur du monastère de Vallombreuse et d’une branche bénédictine du même nom, saint Jean Gualbert fut l’un des protagonistes d’un de ces violents conflits entre deux saints dont l’histoire de l’Eglise donne quelques exemples, l’autre protagoniste étant saint Pierre Damien. Cela mérite d’être rappelé, quand la moindre pointe polémique sur un évêque est aujourd’hui condamnée par de bonnes âmes comme contraire au respect dû au prélat, voire à la « charité ».

    Saint Jean Gualbert combattait la simonie, qui était très répandue en ce XIe siècle. Lorsque Pierre de Pavie achète le siège épiscopal de Florence, il le dénonce. Sa dénonciation rencontre un écho au sein du peuple, et un relais au monastère de Saint-Sauve. Pierre de Pavie riposte en incendiant ce monastère et en passant les moines par le fil de l’épée. A Florence, la colère du peuple gronde. Saint Pierre Damien, évêque d’Ostie, est nommé légat du pape pour ramener la sérénité dans la ville. Va-t-il déposer l’évêque simoniaque et assassin ? Non. Il réprouve la conduite des adversaires de l’évêque, dont saint Jean Gualbert et ses moines, dénonce les excès de langage de cette piétaille qui dénonce un prétendu scandale au lieu de se soumettre à l’autorité, et retourne contre eux l’accusation d’hérésie qu’ils avaient portée contre l’évêque.

    Les moines vont porter l’affaire à Rome. Mais là ils trouvent tout le monde ligué contre eux, car à la cour du Souverain Pontife on juge insupportable que des laïcs et des moines s’en prennent à un évêque. On juge qu’ils ne méritent que la mort, et saint Pierre Damien déclare au pape Alexandre II à propos de saint Jean Gualbert et de ses moines : « Seigneur et Père saint, ce sont là les sauterelles qui dévorent la verdure de la sainte Eglise ; que le vent du midi se lève et les emporte à la mer Rouge ! »

    Le pape tenta de prendre la défense des accusés, mais la plupart des évêques soutenaient Pierre de Pavie.

    Les moines rentrèrent néanmoins sains et saufs à Florence, et furent assignés à résidence au monastère de Saint-Sauveur de Septime, qui devint le refuge des clercs persécutés. La situation continua de se détériorer à Florence, au point qu’un jour une foule d’habitants de la ville vint réclamer le jugement de Dieu. Saint Jean Gualbert, en témoignage que ses accusations étaient véridiques, demanda à l’un de ses moines de traverser un immense brasier. Ce qu’il fit, et il en sortit indemne. Le pape finit par envoyer l’évêque dans le même monastère où les moines avaient été précédemment assignés à résidence.

  • Solennité de saint Benoît

    Les auteurs du nouveau calendrier liturgique ont décidé que les saints devaient toujours être fêtés au jour anniversaire de leur naissance au ciel, à savoir au jour de leur mort sur la terre. Telle est la raison du bouleversement opéré dans le calendrier.

    C’est pourquoi saint Benoît, qui est mort le 21 mars 547, est fêté le 11 juillet, alors que sa fête était le 21 mars dans l’ancien calendrier...

    Je sais, je fais du mauvais esprit.

    C’est parce que les auteurs du nouveau calendrier avaient un autre principe : pas de fête pendant le Carême. Donc la règle absolue numéro 1 ne s’applique pas quand il faut appliquer la règle numéro 2, qui devient alors la règle numéro 1.

    Je sais, je fais encore du mauvais esprit. C’est juste pour souligner que lorsqu’on se met à édicter des règles rationnelles et universelles en une telle matière, on finit forcément par se contredire à un moment ou à un autre.

    Bienheureux sont les bénédictins qui suivent l’ancien calendrier, car ils ont toujours les deux fêtes de saint Benoît : celle du 21 mars, et la solennité du 11 juillet, qui est la fête commémorant la translation de ses reliques au monastère qui prendra le nom de Saint-Benoît-sur-Loire.

    Prière de sainte Gertrude

    Je vous salue par le Cœur de Jésus, grand saint Benoît ! Je me réjouis de votre gloire et je rends grâces à Notre Seigneur de tous les bienfaits dont il vous a comblé. Je le loue et le glorifie et vous offre, en accroissement de joie et d'honneur, le Cœur très pacifique de Jésus.

    Daignez donc, ô Père bien-aimé, prier pour nous afin que nous devenions selon le Cœur de Dieu.