Stat crux dum volvitur orbis.
C’est la devise des chartreux, dont le fondateur est saint Bruno.
Cette phrase me fascine depuis la première fois que je l’ai lue.
Elle est intraduisible. Car elle est d’une telle richesse de sens que toute traduction la mutile. Il n’y a guère que crux qui puisse « simplement » se traduire par croix, mais dans toutes ses significations religieuses et cosmiques.
Stat crux dum volvitur orbis.
C’est une définition générale du monde, de la vie spirituelle, de la vie sociale, de la vie politique... Le cosmos est en révolutions, la terre tourne, le monde change, tout se transforme, les sociétés évoluent, guerre et paix, révolutions et réactions… Mais la croix demeure. La croix est le seul élément fixe. Debout. La croix est l’axe du monde, des sociétés, de la personne. Et celui qui ne la discerne pas se disperse dans le mouvement, à la surface des choses, sans jamais trouver l’essentiel, le sens de la vie.
C’est aussi ce que signifient un certain nombre de très anciens symboles, que l’on trouve un peu partout, croix cerclées ou svastikas.
L’arbre de vie était au centre du paradis, d’où s’écoulaient quatre fleuves vers les quatre points cardinaux…
La croix stable dans le cercle qui tourne sans fin, c’est elle qui à travers les vicissitudes, les occupations, les distractions, est et demeure le phare qui montre la voie, la vérité et la vie.
Et ce ne sont là que de très fragmentaires aperçus des richesses de sens de la devise des chartreux. Pensez par exemple à ce que devient la croix dans une sphère (orbis !) : elle est à six branches, et sa septième dimension est son centre. Son centre, immobile, invisible, son cœur autour duquel tout se meut, et qui meut toutes choses…