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Saint Bruno

Comment pourrais-je parler dignement de cette solitude, de son site agréable, de son air sain et tempéré ? Elle forme une plaine vaste et gracieuse, qui s’allonge entre les montagnes, avec des prés verdoyants et des pâturages émaillés de fleurs. Comment décrire l’aspect des collines qui s’élèvent légèrement de toutes parts, et le secret des vallons ombragés, où coulent à profusion les rivières, les ruisseaux et les sources ? Il n’y manque ni jardins irrigués, ni arbres aux fruits variés et abondants.
Mais pourquoi m’arrêter si longtemps sur ces agréments ? Il y a pour l’homme sage d’autres plaisirs, plus doux et bien plus utiles, parce que divins. Pourtant, de tels spectacles sont souvent un repos et un délassement pour l’esprit trop fragile, quand il est fatigué par une règle austère et l’application aux choses spirituelles. Si l’arc est tendu sans relâche, il perd de sa force et devient moins propre à son office.

Ce que la solitude et le silence du désert apportent d’utilité et de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le savent, qui en ont fait l’expérience. Ici en effet, les hommes forts peuvent se recueillir autant qu’ils le désirent, demeurer en eux-mêmes, cultiver assidûment les germes des vertus, et se nourrir avec bonheur des fruits du paradis. Ici on s’efforce d’acquérir cet œil dont le clair regard blesse l’Epoux d’un amour pur et limpide qui voit Dieu. Ici on s’adonne à un loisir bien rempli et l’on s’immobilise dans une action tranquille. Ici Dieu donne à ses athlètes, pour le labeur du combat, la récompense désirée: une paix que le monde ignore et la joie dans l’Esprit-Saint.

(Extrait de la lettre de saint Bruno à son ami Raoul Le Verd, prévôt du chapitre de Reims)

– Sur la devise des chartreux, Stat crux dum volvitur orbis, voir ma note de l’an dernier.

Commentaires

  • De l'éloge du repos de la philosopie grecque et de la vie monastique à la mystique du travail (plus, notamment le dimanche, pour gagner plus) : un racourci des valeurs de l'Occident ?
    A moins que l'immigration choisie et la délocalisation des usines marque un mépris du travail, celui-ci ne pouvant tenir les promesses que l'homme et la Société mettent en lui comme réponse au désir d'absolu.

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