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Mercredi de la troisième semaine de carême

Dans l’évangile de ce jour, Jésus répond à ses disciples à propos des pharisiens scandalisés par ce qu’il vient de dire (« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme ») :

« Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. »

Cette phrase ne se trouve pas dans les autres évangiles.

Les Constitutions apostoliques commencent ainsi : « L’Eglise est la plantation de Dieu et sa vigne choisie. » Jésus ne reprend pas ici l’image bien connue de la vigne. La plantation dont il parle (c’est le même mot : phyteia, plantatio, qui veut dire d’abord plantation, puis plante) établit un parallèle entre l’Eglise et le paradis. « Au principe le Seigneur Dieu avait planté un paradis de volupté dans lequel il avait posé l’homme qu’il avait façonné », dit la Genèse. L’Eglise est le nouveau paradis où les arbres sont les chrétiens plantés par Dieu. Dans les Odes de Salomon, texte apocryphe du IIe siècle, le roi sage chante :

Mes fondations furent placées par la main du Seigneur ; car c'est bien lui qui m'a planté : c'est lui qui a placé la racine, l'a arrosée, affermie et bénie, et ses fruits existent pour l'éternité. Il l'a enfoncée, l'a fait monter et croître ; et l'a remplie [de sève], et elle est devenue grande. Au Seigneur seul revient la gloire de sa plantation et de sa culture, de ses soins et de la bénédiction de ses lèvres, de la belle plantation de sa droite, de la beauté de sa plantation et de la notification de sa pensée.

C’est par le baptême que l’homme est planté par Dieu dans le jardin de l’Eglise. Le baptême qui fait les néophytes : néo-phytos, les nouvelles plantes. Le baptême étant administré par les apôtres au nom du Seigneur, on dira aussi que ce sont les apôtres qui plantent. Dans l’Ascension d’Isaïe, autre texte apocryphe du début du christianisme, il est dit qu’aux derniers temps le « roi de ce monde » Béliar « persécutera la plantation qu’auront plantée les douze apôtres ». On pense bien sûr à la première épître de saint Paul aux Corinthiens : « Moi j’ai planté, Apollo a arrosé, mais c’est Dieu qui fait croître. »

Saint Ignace d’Antioche emploie lui aussi le mot de « plantation », phyteia, pour désigner l’Eglise. Et les plantes que le Père n’a pas plantées sont les hérétiques. Il écrit aux Tralliens : « Fuyez donc ces mauvaises plantes parasites : elles portent un fruit qui donne la mort, et si quelqu’un en goûte, il meurt sur-le-champ. Ceux-là ne sont pas la plantation du Père. » Et aux Philadelphiens : « Abstenez-vous des plantes mauvaises que Jésus-Christ ne cultive pas, parce qu’elles ne sont pas une plantation du Père. »

« Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. » Cette phrase de Jésus au milieu de l’évangile du jour peut passer presque inaperçue. Mais pas des catéchumènes, qui se préparent pendant le carême à devenir à Pâques la nouvelle plantation du Père.

Commentaires

  • Merci de cultiver l'intelligence de notre foi!

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