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Liturgie - Page 3

  • Sainte Claire

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    Sainte Claire et ses sœurs, oratoire de sainte Claire, église de Saint-Damien, Assise.

    Après avoir passé une période de quelques mois auprès d’autres communautés monastiques, résistant aux pressions de sa famille qui au début, n’approuvait pas son choix, Claire s’établit avec ses premières compagnes dans l’église Saint-Damien où les frères mineurs avaient préparé un petit couvent pour elles. Elle vécut dans ce monastère pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort, survenue en 1253. Une description directe nous est parvenue de la façon dont vivaient ces femmes au cours de ces années, au début du mouvement franciscain. Il s’agit du compte-rendu admiratif d’un évêque flamand en visite en Italie, Jacques de Vitry, qui affirme avoir trouvé un grand nombre d’hommes et de femmes, de toute origine sociale, qui « ayant quitté toute chose pour le Christ, fuyaient le monde. Ils s’appelaient frères mineurs et sœurs mineures et sont tenus en grande estime par Monsieur le Pape et par les cardinaux... Les femmes... demeurent ensemble dans divers hospices non loin des villes. Elles ne reçoivent rien, mais vivent du travail de leurs mains. Et elles sont profondément attristées et troublées, car elles sont honorées plus qu’elles ne le voudraient, par les prêtres et les laïcs. »

    Jacques de Vitry avait saisi avec une grande perspicacité un trait caractéristique de la spiritualité franciscaine à laquelle Claire fut très sensible : la radicalité de la pauvreté associée à la confiance totale dans la Providence divine. C'est pour cette raison qu'elle agit avec une grande détermination, en obtenant du Pape Grégoire IX ou, probablement déjà du Pape Innocent III, celui que l’on appela le Privilegium Paupertatis. Sur la base de celui-ci, Claire et ses compagnes de Saint-Damien ne pouvaient posséder aucune propriété matérielle. Il s'agissait d'une exception véritablement extraordinaire par rapport au droit canonique en vigueur et les autorités ecclésiastiques de cette époque le concédèrent en appréciant les fruits de sainteté évangélique qu’elles reconnaissaient dans le mode de vie de Claire et de ses consœurs. Cela montre que même au cours des siècles du Moyen âge, le rôle des femmes n'était pas secondaire, mais considérable. A cet égard, il est bon de rappeler que Claire a été la première femme dans l'histoire de l'Eglise à avoir rédigé une Règle écrite, soumise à l'approbation du Pape, pour que le charisme de François d'Assise fût conservé dans toutes les communautés féminines qui étaient fondées de plus en plus nombreuses déjà de son temps et qui désiraient s'inspirer de l'exemple de François et de Claire.

    Dans le couvent de Saint-Damien, Claire pratiqua de manière héroïque les vertus qui devraient distinguer chaque chrétien : l'humilité, l'esprit de piété et de pénitence, la charité. Bien qu'étant la supérieure, elle voulait servir personnellement les sœurs malades, en s'imposant aussi des tâches très humbles : la charité en effet, surmonte toute résistance et celui qui aime accomplit tous les sacrifices avec joie. Sa foi dans la présence réelle de l'Eucharistie était si grande que, par deux fois, un fait prodigieux se réalisa. Par la seule ostension du Très Saint Sacrement, elle éloigna les soldats mercenaires sarrasins, qui étaient sur le point d'agresser le couvent de Saint-Damien et de dévaster la ville d'Assise.

    Ces épisodes aussi, comme d'autres miracles, dont est conservée la mémoire, poussèrent le Pape Alexandre IV à la canoniser deux années seulement après sa mort, en 1255, traçant un éloge dans la Bulle de canonisation, où nous lisons : « Comme est vive la puissance de cette lumière et comme est forte la clarté de cette source lumineuse. Vraiment, cette lumière se tenait cachée dans la retraite de la vie de clôture et dehors rayonnaient des éclats lumineux ; elle se recueillait dans un étroit monastère, et dehors elle se diffusait dans la grandeur du monde. Elle se protégeait à l'intérieur et elle se répandait à l'extérieur. Claire en effet, se cachait : mais sa vie était révélée à tous. Claire se taisait mais sa renommée criait. » Et il en est véritablement ainsi, chers amis : ce sont les saints qui changent le monde en mieux, le transforment de manière durable, en insufflant les énergies que seul l'amour inspiré par l'Evangile peut susciter. Les saints sont les grands bienfaiteurs de l'humanité !

    Benoît XVI, catéchèse du 15 septembre 2010.

  • A Homiel

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    Ce matin, la chaîne Soyouz TV retransmettait la divine liturgie depuis la cathédrale Saints Pierre et Paul de Homiel (ou Gomel : Гомель), en Biélorussie, près de la frontière ukrainienne, à l’occasion du 40e anniversaire de la mort de sainte Manefa et du 200e anniversaire de la cathédrale. Il y avait là 18 évêques, dont les métropolites de Tachkent, de Smolensk, de Brno et de Minsk, de nombreux prêtres et diacres et les autorités civiles.

    Si je le signale, c’est pour répondre une fois encore à ceux qui croient que l’Eglise orthodoxe est figée dans le passé. Son hiératisme liturgique est en réalité lié à une vie intense de l’Eglise. En témoigne ici le cercueil de sainte Manefa au centre de la cérémonie. Née en 1918 pendant la révolution, elle était paralysée des jambes. Malgré son handicap et la persécution elle voulait être moniale et elle le devint, au monastère de Tchonski. Après la Seconde guerre mondiale elle organisa une petite communauté monastique dans son village de Sevruki. Elle avait un don de guérison et un grand don de clairvoyance et de très nombreuses personnes venaient la voir. Elle voyait dans les cœurs et elle avait aussi diverses visions, notamment des démons qui prenaient figure humaine et qu’elle chassait avec son chapelet. Après sa mort en 1984, les gens continuèrent de venir lui demander conseils et guérison sur sa tombe. En 2006 ses reliques furent transférées à la cathédrale de Homiel, et elle fut canonisée l’année suivante.

    « Une fois, elle a vu le père Artème (son père spirituel) avec un mouchoir bleu dans les mains, debout sur un nuage. Les démons tendaient leurs pattes vers le mouchoir et le père Artème les repoussait. "Pour le péché de vol, le repentir a été fait !” - cria-t-il. Mère Manefa se réveilla en sursaut. Elle avait reconnu ce foulard. Elle se souvint que, dans son enfance, elle l'avait pris en cachette à sa voisine pour en faire une robe pour sa poupée. Elle avait oublié si elle s'était repentie de ce péché. Après le rêve, elle s'est repentie de son péché d'enfance, remerciant son confesseur de ne pas l'avoir abandonnée. Ce cas nous apprend que les péchés sont imprescriptibles. »

    « En 1948, Lioubov travaille comme chef adjoint du bureau de poste. Alors qu'elle était seule, des voleurs entrent dans le bureau de poste et la frappent à la tête avec un tuyau en métal jusqu'à ce qu'elle perde connaissance. Grièvement blessée, elle reste à l'hôpital pendant un an, mais sa santé ne s'est pas rétablie. Elle a dû continuer à travailler, endurant des maux de tête et de poitrine. Un voisin lui a conseillé : "Vous devriez essayer d'aller voir Mère Manefa". Elle y est allée. Dès le seuil de la porte, la mère l'a accueillie avec ces mots : "C'est la Providence de Dieu qui t'a amenée jusqu'à moi ! Viens passer la nuit avec moi. Nous prierons ensemble." C'était inhabituel : elle ne laissait personne rester avec elle, et les visiteurs, après avoir reçu des instructions, s'en allaient. “Ne sois pas triste, Lioubouchka, tu te rétabliras”, lui assura la Mère. Il y a un professeur que je connais à Kiev, il te guérira et tu viendras me voir, nous prierons Dieu et tu m'emmèneras à l'église.” Lioubov alla voir le professeur, il l'aida et la jeune fille retrouva la santé. Reconnaissante, elle aida constamment Mère Manefa pendant plus de dix ans. »

    A la fin de la cérémonie, à 2h52, on voit un représentant des autorités civiles faire cadeau d’une icône à l’archevêque de Homiel. Il s’agit d’une copie de la « Vierge de Svenski », qui montre la Mère de Dieu siégeant sur un trône élevé, tenant dans ses bras le Christ enfant qui bénit, avec à ses côtés saint Antoine et saint Théodose, fondateurs de la laure des Grottes de Kiev.

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    *

    Dans son allocution d'hier soir, l'ex-président Zelenski a déclaré qu’il a tenu une réunion « au sujet d'une décision qui renforcera notre indépendance spirituelle », parce qu’il doit « priver Moscou des dernières occasions de limiter la liberté des Ukrainiens ». « Les solutions pour y parvenir doivent être pleinement efficaces et fonctionner réellement. Nous les fournirons. »

    Autrement dit le vote de la loi interdisant l'Eglise orthodoxe ukrainienne est imminent. L'idée est de créer en même temps une "Eglise orthodoxe ukrainienne" dépendant de Constantinople, présentée comme la continuation de celle qui était liée à Moscou, changeant simplement d’affiliation. Ce qui ne fera qu'une petite Eglise de plus, tandis que la véritable Eglise orthodoxe ukrainienne sera persécutée. Mais elle a déjà connu cela. L'actuel tyran ukrainien ne pourra pas être plus efficace que Staline.

  • 12e dimanche après la Pentecôte

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    Delacroix, 1851.

    Ecoute l'Apôtre s'adressant aux Athéniens, lis dans les Actes de qu'il dit de Dieu, Notre Seigneur et Créateur : « Nous avons en lui la vie, le mouvement et l'existence. » Où n'est-il pas en effet, puisqu'il est partout ? N'est-ce donc pas à la joie que nous invitent ces paroles : « Le Seigneur est proche, ne vous inquiétez de rien » ? C'est une chose admirable, sans doute, qu'élevé au-dessus de tous les cieux, il soit si proche de nous qui vivons sur la terre. Comment est-il d'ailleurs si loin et si proche de nous ? N'est-ce point parce que sa miséricorde l'en a rapproché ?

    Il faut voir en effet le genre humain tout entier dans cet homme que les brigands laissèrent étendu et à demi-mort sur le chemin, près duquel passèrent, sans s'arrêter, le prêtre et le lévite, et dont le Samaritain s'approcha pour lui donner ses soins et du secours. Comment le Sauveur fut-il amené à faire ce récit ? Quelqu'un lui ayant demandé quels étaient les premiers et les plus importants préceptes de la loi, il répondit qu'il y en avait deux : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, et de tout ton esprit ; tu aimeras aussi ton prochain comme toi-même. » — « Qui est mon prochain ? » reprit l'interlocuteur. Le Seigneur rapporta alors qu'un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. C'était donc un Israélite. Il tomba au milieu des brigands, et ceux-ci l'ayant dépouillé et blessé grièvement, le laissèrent à demi-mort sur la route. Arriva un prêtre, un homme proche par l’origine ; il passa et le laissa. Un lévite, un homme également proche par l’origine vint à passer aussi; il le laissa encore sans s'occuper de lui. Arriva enfin un Samaritain, un homme que rapprochait de lui, non par l’origine, mais par la compassion ; il fit ce que vous savez.

    Le Seigneur voulait se désigner dans la personne de ce Samaritain. Samaritain en effet signifie gardien ; et si Jésus-Christ ressuscité d'entre les morts ne meurt plus, si la mort ne doit plus avoir d'empire sur lui, n'est-il pas écrit aussi que « le gardien d'Israël ne sommeille ni ne s'endort » ? Que répondit-il enfin lui-même quand en le chargeant d'outrages et d'affreux blasphèmes, les Juifs lui dirent : « N'avons-nous pas raison de soutenir que tu es un Samaritain et que tu es possédé du démon ? » il y avait dans ces mots deux injures. « N'avons-nous pas raison de soutenir que tu es un Samaritain, et que tu es possédé du démon ? » Il aurait pu répondre : Je ne suis ni samaritain, ni possédé du démon. Il se contenta de dire : « Je ne suis pas possédé du démon. » Ce qu'il dit était une réfutation ; ce qu'il tut, un assentiment. Il nia qu'il fût possédé du démon, car il savait comment il les chassait ; mais il ne nia pas qu'il fût le gardien de notre faiblesse. Ainsi « le Seigneur est proche », pour s'être rapproché de nous.

    Saint Augustin, sermon 171.

  • Saint Laurent

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    Saint Laurent, le gril et l'armoire aux quatre évangiles, mausolée de Galla Placidia, Ravenne.

    Saint Laurent était archidiacre. Le persécuteur, dit-on, lui demandait les richesses de l'Église, et c'est pour les obtenir qu'il lui fit endurer cette multitude de tourments dont le seul récit fait horreur. Placé sur un gril, il y eut tous les membres brûlés, il y sentit les ardeurs cuisantes de la flamme ; mais il avait une telle vigueur de charité, qu'aidé de Celui qui la lui avait donnée, il triompha de toutes les tortures corporelles. « Nous sommes en effet l'ouvrage de Dieu, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées afin que nous y marchions. » Voici même ce qu'il fit pour exciter la colère du persécuteur, non dans le but de l'irriter, mais de témoigner de sa foi devant la postérité et de montrer avec quelle sécurité il recevait la mort. « Fais venir avec moi, dit-il, des véhicules, afin que je t'amène les richesses de l'Église. » On lui envoya ces véhicules ; il les chargea de pauvres et ordonna qu'on les reconduisît ; il disait : « Ce sont là les richesses de l'Église. » Ce qui est indubitable, mes frères : la grande fortune des chrétiens consiste en effet dans les besoins des pauvres ; pourvu toutefois que nous sachions où il nous faut conserver ce que nous possédons. Devant nous sont les pauvres ; si nous leur donnons pour conserver, nous ne perdons rien. Ne craignons pas qu'on nous enlève quoi que ce soit : tout est gardé par Celui qui nous a tout donné. Comment découvrir un gardien plus sûr, un plus fidèle débiteur ?

    Animés de ces pensées, imitons courageusement les martyrs, si nous voulons profiter des solennités que nous célébrons. C'est ce que nous avons toujours dit, mes frères, c'est ce que nous n'avons jamais cessé de vous répéter. Il faut donc aimer l'éternelle vie, mépriser la vie présente, se bien conduire et compter sur le bonheur. Que celui qui est mauvais, change ; qu'une fois changé, on l'instruise ; une fois instruit il doit persévérer. « Qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. »

    Mais beaucoup de méchants tiennent tant de mauvais propos. - Que voudrais-tu ? Que le bien naquît du mal ? Ne cherche pas le raisin sur des épines ; on te l'a défendu. « La bouche parle de l'abondance du cœur. » Si tu peux quelque chose, si tu n'es pas méchant toi-même, souhaite au méchant de devenir bon. Pourquoi maltraiter les méchants ? - Parce qu'ils sont méchants, reprends-tu. - Mais en les maltraitant tu te joins à eux. Voici un conseil : Un méchant te déplaît ? fais qu'il n'y en ait pas deux. Tu le réprimandes, et tu te joins à lui ? Tu le condamnes et tu fais comme lui ? Tu veux par le mal triompher du mal ? Triompher de la méchanceté par la méchanceté ? Il y aura alors deux méchancetés qu'il faudra vaincre l'une et l'autre. Ne connais-tu pas le conseil que ton Seigneur t'a fait donner par son Apôtre : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien » ? Il est possible que cet homme soit pire que toi ; mais comme tu es mauvais ici, il y a deux méchants, et je voudrais que l'un de vous au moins fût un homme de bien. Enfin on le maltraite jusqu'à le faire mourir. Pourquoi le maltraiter encore après la mort, quand son cadavre est insensible et qu'on ne déploie plus contre lui qu'une rage coupable et stérile ? C'est de la folie, et non de la vengeance.

    Que vous dirai-je encore, mes frères, que vous dirai-je ? De n'aimer pas ces désordres ? Irai-je croire que vous les aimez ? Loin de moi d'avoir sur vous de telles idées ! Il ne suffit pas, non il ne suffit pas que vous ne les aimiez point ; on doit exiger de vous autre chose. Nul ne doit se contenter de dire : Dieu sait que je ne voulais pas qu'on fît cela. Ne pas y avoir pris part, n'y avoir pas consenti, voilà bien deux choses ; mais ce n'est pas encore assez. Il ne suffisait point de ne pas consentir, il fallait encore s'opposer. Il y a pour les méchants des juges, il y a des pouvoirs établis. « Ce n'est pas sans raison, dit l'Apôtre, que le pouvoir porte le glaive ; car il est le ministre de Dieu dans sa colère » : mais « contre celui qui fait le mal ». Le ministre de la colère divine contre celui qui fait le mal. « Si donc tu fais le mal, poursuit-il, crains. Ce n'est pas sans raison qu'il porte le glaive. Veux-tu ne craindre pas le pouvoir ? Fais le bien, et par lui tu seras glorifié. »

    Quoi donc ? observera-t-on, est-ce que saint Laurent avait fait le mal, lui qui a été mis à mort par le pouvoir ? Comment s'appliquent à lui ces mots : « Fais le bien, et par lui «tu seras glorifié», puisque c'est pour avoir fait le bien qu'il a été si cruellement torturé par le pouvoir ? - Pourtant, si le pouvoir n'avait servi à le glorifier, serait-il aujourd'hui honoré, exalté, comblé par nous de tant d'éloges ? Ainsi le pouvoir malgré lui-même a servi à le glorifier. Aussi bien l'Apôtre ne dit pas : Fais le bien et le pouvoir te glorifiera. De fait les apôtres et les martyrs ont tous fait le bien, et au lieu de les louer, les puissances publiques les ont mis à mort. L'Apôtre te tromperait donc s'il te disait : Fais le bien, et la puissance te glorifiera. Mais il a fait attention ; il a médité, pesé, adopté, châtié son langage. Remarquez bien ces mots : « Fais le bien, et « par elle tu seras glorifié » ; soit qu'elle te loue elle-même, si elle est bonne, soit que, si elle est injuste et que tu meures pour la foi, pour la justice, pour la vérité, elle travaille à ta gloire par ses cruautés mêmes, non pas en te louant, mais en te donnant occasion de mériter des louanges. Ainsi donc fais le bien, et tu en jouiras avec sécurité.

    Extrait (n. 8 à 12) du très long premier sermon de saint Augustin pour la fête de saint Laurent.

  • Vigile de saint Laurent

    Notre Seigneur et Rédempteur, l’homme nouveau, étant venu en ce monde, a donné au monde des commandements nouveaux. A notre ancienne vie, toute alimentée de vices, il a imposé le devoir de se transformer en une vie nouvelle. Le vieil homme, l’homme charnel, savait-il faire autre chose que garder pour lui-même ses biens ; s’emparer, s’il le pouvait, de ceux d’autrui ou les convoiter s’il ne pouvait les prendre ? Mais le médecin céleste oppose à chacun de nos vices les remèdes qui lui conviennent. De même que l’art de la médecine guérit le froid par le chaud et le chaud par le froid, ainsi notre Seigneur oppose-t-il à nos péchés des médicaments contraires : par exemple aux impudiques, il prescrit la continence ; aux avares, la libéralité ; aux hommes colères, la douceur ; aux orgueilleux, l’humilité.

    II est certain qu’en proposant à ceux qui le suivent de nouveaux préceptes, Jésus-Christ a dit : « Quiconque d’entre vous ne renonce point à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple. » Comme s’il eût dit : Vous qui, durant votre vie passée, convoitiez les biens d’autrui ; si vous avez à cœur de vivre d’une vie nouvelle, donnez vos propres biens. Mais écoutons ce qu’il nous enseigne dans le passage de l’Évangile que nous avons lu aujourd’hui : « Que celui qui veut venir après moi renonce à lui-même. » Ailleurs il est prescrit que nous renoncions à nos biens, et ici que nous renoncions à nous-mêmes. Peut-être n’est-il pas difficile à un homme d’abandonner ses biens ; mais ce qui exige un bien grand travail, c’est de renoncer à soi-même. En effet, c’est peu de chose que de se détacher de ce qu’on possède ; mais c’est beaucoup de faire abnégation de ce que l’on est.

    Notre Seigneur nous commande, à nous qui venons à lui, de renoncer à ce que nous avons, parce que tous ceux qui entrent dans la lice de la foi chrétienne entreprennent de combattre les malins esprits. Or les malins esprits n’ont en ce monde rien qu’ils possèdent en propre : c’est donc dépouillés de tout, que nous devons lutter contre ceux qui sont dénués de tout. Si quelqu’un, sans ôter ses vêtements engage une lutte avec un ennemi qui n’en ait point, il est bientôt jeté à terre parce qu’il donne prise à son adversaire. Tous les biens terrestres ne sont-ils pas, en effet, comme une sorte de vêtements superflus de notre corps ? Que celui qui entreprend de combattre le diable s’en dépouille donc pour ne point succomber.

    Saint Grégoire le Grand, leçon des matines (homélie 32 sur les Evangiles).

  • Saint Jean-Marie Vianney

    Extrait du sermon sur l’amour de Dieu.

    Saint Justin nous dit que l'amour a ordinairement trois effets. Quand nous aimons quelqu'un, nous pensons souvent, et volontiers à lui ; nous donnons volontiers pour lui et nous souffrons volontiers pour lui : voilà, mes frères, ce que nous devons faire pour le bon Dieu, si nous l'aimons véritablement. Je dis

    1. que nous devons souvent penser à Jésus-Christ. Rien n'est plus naturel que de penser à ceux qu'on aime. Voyez un avare : il n'est occupé que de ses biens ou du moyen de les augmenter ; seul ou en compagnie, rien n'est capable de le distraire de cette pensée. Voyez un libertin : la personne qui fait tout l'objet de son amour, ne le quitte guère plus que la respiration ; il y pense tellement que, souvent, son corps en est si accablé qu'il en est malade. Oh ! si nous avions le bonheur d'aimer autant Jésus-Christ qu'un avare aime son argent ou ses terres, qu'un ivrogne, son vin, qu'un libertin, l'objet de sa passion, ne serions-nous pas continuellement occupés de l'amour et des grandeurs de Jésus-Christ ? Hélas ! mes frères, nous nous occupons de mille choses qui, presque toutes, n'aboutissent à rien ; tandis que, pour Jésus-Christ, nous passons des heures et même des jours entiers sans nous souvenir de lui, ou d'une manière si faible, que nous croyons à peine ce que nous pensons. O mon Dieu, comment ne vous aime-t-on pas ! Cependant, mes frères, de tous nos amis y en a-t-il un plus généreux, plus bienfaisant ? Dites-moi, si nous avions bien pensé qu'en écoutant le démon qui nous portait au mal, nous avons grandement affligé Jésus-Christ, que nous l'avons fait mourir une seconde fois, aurions-nous eu ce courage ?... n'aurions-nous pas dit : Comment, mon Dieu, pourrais-je vous offenser, vous qui nous avez tant aimés ! Oui, mon Dieu, le jour et la nuit mon esprit et mon cœur ne seront occupés que de vous.

    2. Je dis que si nous aimons véritablement le bon Dieu, nous lui donnerons tout ce qu'il est en notre pouvoir de lui donner, et cela, avec un grand plaisir. Si nous avons du bien, faisons-en part aux pauvres, c'est comme si nous le donnions à Jésus-Christ lui-même ; c'est lui qui nous dit dans l'évangile : « Tout ce que vous donnerez au moindre des miens, c'est-à-dire aux pauvres, c'est comme si vous le donniez à moi-même. » Quel bonheur, mes frères, pour une créature, de pouvoir être libérale envers son créateur, son Dieu et son Sauveur ! Ce ne sont pas seulement les riches qui peuvent donner ; mais tous les chrétiens, même les plus pauvres. Nous n'avons pas tous des biens pour les donner à Jésus-Christ dans la personne des pauvres ; mais nous avons tous un cœur, et c'est précisément de ce présent qu'il est le plus jaloux ; c'est celui-là qu'il demande avec tant d'empressement. Dites-moi, mes frères, pourrions-nous lui refuser ce qu'il nous demande avec tant d'instances, lui qui ne nous a créés que pour lui ? Ah ! si nous y pensions bien, ne dirions-nous pas au divin Sauveur : « Seigneur, je ne suis qu'un pécheur, ayez pitié de moi ; me voilà tout à vous. » Que nous serions heureux si nous faisions cette offrande universelle au bon Dieu ! que notre récompense serait grande !...

    3. Mais cependant la meilleure marque d'amour que nous puissions donner au bon Dieu, c'est de souffrir pour lui ; car, si nous voulions bien considérer ce qu'il a souffert pour nous, nous ne pourrions pas nous empêcher de souffrir toutes les misères de la vie, les persécutions, les maladies, les infirmités et la pauvreté : Qui ne se laisserait pas attendrir à la vue de tout ce que Jésus-Christ a souffert pendant sa vie mortelle ? Que d'outrages ne lui font pas souffrir les hommes, par la profanation de ses sacrements, par le mépris de sa religion sainte, dont l'établissement lui a tant coûté ? Quel aveuglement, mes frères, de ne pas aimer un Dieu si aimable et qui ne cherche, en tout, que notre bonheur ! Nous avons un bel exemple dans la personne de sainte Magdeleine, devenue célèbre dans toute l'Église par ce grand amour qu'elle a eu pour Jésus-Christ. Une fois qu'elle fut à lui, elle ne le quitta plus ; non seulement de cœur, mais encore réellement : le suivant dans ses voyages, l'assistant de ses biens, et l'accompagnant jusqu'au calvaire : Elle fut présente à sa mort, elle prépara les parfums pour embaumer son corps et se rendit de grand matin au sépulcre. N'y trouvant plus le corps de Jésus-Christ, elle s'en prend au ciel, à la terre ; elle supplie les anges et les hommes de lui dire où ils ont mis son Sauveur ; parce qu'elle veut le trouver à quel prix que ce soit. Son amour était si ardent que nous pouvons dire qu'il fut impossible à Jésus-Christ de se cacher à elle ; car, elle n'a pensé qu'à lui, elle n'a désiré et n'a voulu que lui ; toutes choses ne lui sont rien ; elle n'a eu ni respect humain, ni crainte d'être méprisée ou raillée ; elle a abandonné tous ses biens, elle a foulé aux pieds les parures et les plaisirs pour courir à la suite de son bien-aimé ; tout le reste ne lui est plus rien.

  • Saint Gaétan de Thiene

    Saint Gaétan selon Pie XII, selon les théatins.

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    Monument à saint Gaétan de Thiène, sur la place du même nom, à Naples, près de l'église Saint-Paul.

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    Le sanctuaire Saint Gaétan, crypte de l'église Saint Paul de Naples.

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    Le tombeau de saint Gaétan.

  • Transfiguration

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    Début du XVe siècle, traditionnellement attribuée à Théophane le Grec, galerie Tretiakov.

    Tropaire et kondak, au monastère de Potchaïev, dont la dictature ukrainienne veut chasser les moines.

    Преобразился еси на горе, Христе Боже,/ показавый учеником Твоим славу Твою,/ якоже можаху,/ да возсияет и нам, грешным,/ Свет Твой присносущный/ молитвами Богородицы,// Светодавче, слава Тебе.

    Tu t'es transfiguré sur la montagne, ô Christ notre Dieu, laissant tes disciples contempler ta gloire autant qu'ils le pouvaient : fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes ton éternelle clarté par les prières de la Mère de Dieu, Source de lumière, gloire à toi.

    На горе преобразился еси,/ и якоже вмещаху ученицы Твои,/ славу Твою, Христе Боже, видеша,/ да егда Тя узрят распинаема,/ страдание убо уразумеют вольное,/ мирови же проповедят,// яко Ты еси воистинну Отчее сияние.

    Sur la montagne tu t’es transfiguré et tes disciples contemplèrent ta gloire, ô Christ notre Dieu, pour autant qu’ils le pouvaient, afin qu’en te voyant sur la croix ils comprennent que ta Passion était voulue et proclament à la face du monde que tu es en vérité le reflet de la splendeur et de la gloire du Père.

    Le mégalynaire, à la cathédrale de la Résurrection du Christ de Tver.

    Величаем Тя,/ Живодавче Христе,/ и почитаем пречистыя плоти Твоея/ преславное// преображение.

    Nous te magnifions, ô Christ source de vie, et nous vénérons de ta chair immaculée la sainte Transfiguration.

  • Dédicace de Sainte Marie aux Neiges

    Voir ici et .

    En ce jour, le bienheureux cardinal Schuster cite un poème du VIe siècle qui chante magnifiquement la théologie du concile de Chalcédoine, mais tellement latin qu’il en oublie le rôle du Saint-Esprit dans l'Incarnation… Selon son titre l’auteur est un certain Andreas Orator : André l’orateur, à moins que ce ne soit son nom, inconnu par ailleurs. Il est dédié à Rusticiana, la femme la plus connue de ce nom étant l’épouse de Boèce.

    Andreae oratoris, de Maria Virgine, ad Rusticianam carmen.

    Virgo parens hac luce Deum virumque creavit,
    Gnara puerperii, nescia conjugii.

    La Vierge-Mère a donné le jour à l’Homme-Dieu ;
    Elle a connu l’enfantement, ignoré le mariage.

    Obtulit haec jussis uterum, docuitque futuros
    Sola capax Christi quod queat esse fides.

    Aux ordres divins elle a prêté son sein, enseignant à la postérité
    Que seule la foi peut posséder le Christ.

    Credidit et tumuit, Verbum pro semine sumpsit,
    Sepserunt magnum parvula membra Dominum.

    Elle a cru et conçu, ensemencée du Verbe :
    Ses très petits membres ont contenu le Seigneur très grand.

    Fit fabricator opus, servi rex induit artus,
    Mortalemque domum vivificator habet.

    Le Créateur se fait créature, le Roi prend le corps d’un serviteur,
    Et dans une demeure mortelle réside l’Auteur de la vie.

    Ipse sator semenque, sui matrisque creator ;
    Filius ipse hominis, qui pater est hominum.

    Il est semeur et semence, son auteur et celui de sa Mère ;
    Fils de l’homme, Lui, Père des hommes.

    Affulsit partus, lucem lux nostra petivit,
    Hospitii linquens ostia clausa sui.

    A sa naissance glorieuse, notre lumière est venue au jour,
    Laissant portes closes son asile.

    Virginis et Matris, servatur gloria consors,
    Mater dans hominem noscere, Virgo Deum.

    Vierge et Mère, ces deux gloires demeurent associées :
    Mère, elle enfante l’Homme ; Vierge, elle connaît Dieu.

    Spiritus huic Genitorque suus sine fine cohaerent,
    Triplicitas simplex, simplicitasque triplex.

    Son Esprit et son Père lui sont unis à jamais,
    Trinité simple et trine simplicité.

    Bis genitus, sine Matre opifex, sine Patre redemptor,
    Amplus utrisque modis, amplior unde minor.

    Deux fois engendré, Créateur sans mère, Rédempteur sans père,
    De part et d’autre il est grand, d’autant plus grand qu’il s’abaisse.

    Sic voluit nasci, domuit qui crimina mundi,
    Et mortem jussit mortuus ipse mori.

    Ainsi voulut naître le vainqueur des crimes de ce monde,
    Qui, mourant, contraignit la mort à mourir.

    Nostras ille suo tueatur numine vitas,
    Protegat ille tuum, Rusticiana, genus.

    Que, par sa puissance, il protège nos vies.
    Qu’il protège, ô Rusticiana, ta race.

  • La nouvelle Tikhvine

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    Soyouz TV retransmettait ce matin la divine liturgie depuis la cathédrale Saint Alexandre Nevski du Nouveau monastère de Tikhvine à Iekaterinbourg. C’est l’un des plus grands monastères féminins de Russie, et il a parmi ses particularités celles d’avoir un chœur qui chante le vieux chant monodique znamenny et surtout un chant byzantin de toute beauté. Par exemple, à 41’17, un sublime hymne des chérubins. A 54’12 « il est digne et juste » et le Sanctus.  A 1h18’55, le chant de communion.

    Ce monastère a été fondé à la fin du XVIIIe siècle par une veuve illettrée, Tatiana Kostromina.

    A l’origine il y a le nouveau cimetière près de la ville. Un marchand, dont la femme y est enterrée, fait ériger une église en bois, et une maison pour les prêtres. Mais aucun prêtre n’est nommé, et la maison devient un hospice pour les veuves et les orphelines. Les femmes vivent grâce aux dons pour les prières pour les défunts, et d’une allocation de la mairie. Tatiana dirige la communauté, quasi monastique. En 1801, avec une autre femme, elle se rend à Saint-Pétersbourg pour obtenir la création d’un monastère. Les femmes s’installent chez l’amiral Ouchakov, qui va finir par obtenir l’autorisation et le financement. D’autre part, Tatiana obtient de l’abbé du monastère de Tikhvine une copie de la célèbre icône de la Mère de Dieu. Le 31 décembre 1809 un décret d’Alexandre Ier érige le monastère de Tikhvine de Iekaterinbourg, et Tatiana en devient la première abbesse. Selon le décret le monastère est prévu pour 17 religieuses, mais en 1819 elles sont déjà 135.

    Pendant la période soviétique le monastère est défiguré et à moitié démoli, et l’icône de Tikhvine disparaît.

    L’Eglise orthodoxe a récupéré le monastère en 1994 et un long travail de restauration des bâtiments a commencé. La cathédrale a été consacrée en 2013, avec à gauche des portes royale une nouvelle icône de Tikhvine.

    Aujourd’hui les moniales perpétuent la tradition première de l’hospice : leur cantine nourrit 800 personnes par jour, elles gèrent un entrepôt de vêtements où chacun peut apporter ou emporter, un centre spirituel et éducatif où des psychologues consultent gratuitement, des ateliers de théâtre, de musique, d’artisanat, une maison d’édition. Leur atelier d’icônes est célèbre (deux des religieuses sont membres de l’Union des artistes de Russie), elles cousent et brodent des vêtements liturgiques, etc.

    Non seulement leur chant byzantin est reconnu, mais elles sont parmi les principales spécialistes ayant travaillé à la reconstitution du « Grand Polyeleos de Multan », un « trésor de l’ancienne Byzance » désormais accessible.