Novgorod, XVe siècle.
L’icône canonique de l’Ascension est l’une des plus anciennes, puisque dès le VIe siècle la configuration est fixée : en haut le Christ avec des anges, en bas les apôtres avec au milieu d’eux la Mère de Dieu encadrée par deux anges.
La présence de la mère de Dieu à l’Ascension paraît curieuse. La Sainte Ecriture n’en dit rien, et elle est absente de l’icône traditionnelle de la Pentecôte alors que les images occidentales l’y représentent, conformément à ce que laisse entendre l’Ecriture. Or non seulement elle est là, mais elle est le personnage central, l’axe de la composition. Et sa présence est soulignée par le contraste entre les teintes sombres de ses vêtements et les deux anges qui sont en blanc. Elle est l’axe vertical qui s’épanouit dans le Christ en gloire, que les anges montrent avec insistance. Elle est en position d’orante, elle intercède auprès du Fils, elle est l’image de l’Eglise. Elle est le seul personnage à nous regarder, pour nous dire qu’elle est le chemin vers son Fils.
De part et d’autre, les douze apôtres. Autre image de l’Eglise. Le premier à la droite de la Mère de Dieu est saint Pierre, le premier à sa gauche est saint Paul. Lequel n’était pas là, évidemment. Mais il complète le nombre 12 et les deux apôtres symétriques sont les coryphées de l’Eglise.
Tous ces personnages sont sur cette terre, ce que soulignent les rochers derrière eux, le mont des Oliviers, avec les deux arbres qui symbolisent les dits oliviers.
La partie supérieure est la partie céleste. Les anges louent et adorent le Christ monté au ciel. Il ne monte pas, il est déjà monté, il est le roi de gloire, habillé de pourpre et d’or et non plus de blanc, assis dans un cercle éternel de lumière (et non plus dans une mandorle), il est le Pantocrator qui tient le rouleau des Ecritures et bénit en montrant sa seigneurie universelle. Il est tel qu’il reviendra, et c’est ce que disent les anges : « Ce Jésus, qui du milieu de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel. »
Les anges qui sont au milieu des hommes sont vêtus de lumière divine, et les anges qui sont auprès du Christ ont des vêtements aux couleurs terrestres. Car la nature humaine est montée au ciel, mais la nature divine est restée sur la terre.
On remarquera que l'autre icône où le Christ est dans un cercle de gloire est aussi l'autre icône où la Mère de Dieu est en position d'orante : c'est l'icône de la Mère de Dieu du signe, le signe étant : "La Vierge concevra". Le Christ est en gloire, mais caché, comme il reviendra en gloire, manifeste.