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Liturgie - Page 555

  • La Résurrection approche

    « Qu'il soit dans la joie, le cœur de ceux qui cherchent le Seigneur », dit l'introït. Cette joie est celle de la Résurrection, que cette messe annonce avec insistance. L'épître est le récit de la résurrection du fils de la Sunamite par Elisée. L'évangile est le récit de la résurrection du fils de la veuve de Naïm par Jésus.

    On peut penser aussi à la résurrection du fils de la veuve de Sarepta par Elie. La différence essentielle entre les prophètes et Jésus est que les prophètes doivent invoquer Dieu, alors que Jésus se contente de demander au jeune homme de s'« éveiller ». Puisqu'il est Dieu, le Verbe efficace de Dieu.

    Cette résurrection est un signe clair de la divinité du Christ. Il est renforcé par le fait que personne ne lui a demandé de ressusciter cet enfant. Il le fait parce qu'il est « remué jusqu'aux entrailles » : c'est la Miséricorde de Dieu en action.

  • La piscine de Siloé

    Le Sauveur est donc venu, et qu'a-t-il fait? Une chose toute mystérieuse et bien digne de remarque. « Il cracha à terre et fit de la boue avec sa salive », car le Verbe s'est fait chair, et il en frotta les yeux de l'aveugle. Les yeux de cet homme étaient couverts de boue, et il ne voyait pas encore. Le Sauveur l'envoya à la piscine qui porte le nom de Siloé. L'Evangéliste a bien voulu nous indiquer le nom de cette piscine, et nous dire « qu'il signifie l'Envoyé » (en latin : Missus). Vous savez qui a été envoyé (missus); s'il ne l'avait pas été, nul d'entre nous n'eût été délivré (dimissus) du péché. L'aveugle lava donc ses yeux dans cette piscine dont le nom signifie l'Envoyé, et il fut baptisé dans le Christ. Si, en un certain sens, Jésus baptisa en lui-même l'aveugle-né au moment où il lui rendait la vue, quand il frotta ses yeux avec de la boue, il le fit, sans doute, catéchumène. (...)

    Demande à un homme: Es-tu chrétien? - S'il est païen ou juif, il te répond: Je ne suis pas chrétien.- Si, au contraire, il te dit : Je le suis, tu lui fais une nouvelle question: Es-tu catéchumène ou fidèle? S'il te répond : Catéchumène, ses yeux ont été frottés, mais non encore lavés. Comment ont-ils été frottés? Interroge-le, il te répondra; demande-lui en qui il croit: par cela même qu'il est catéchumène, il te dira: Dans le Christ. Je m'adresse, en ce moment, aux fidèles et aux catéchumènes. Qu'ai-je dit de la salive et de la boue? Que le Verbe s'est fait chair. Les catéchumènes comprennent aussi cela; mais il ne leur suffit pas d'avoir eu les yeux frottés; s'ils veulent voir, qu'ils se hâtent de se laver.

    Saint Augustin

  • Ma doctrine ne vient pas de moi

    Que répond le Sauveur à ces hommes qui se demandaient avec étonnement comment il pouvait savoir lire sans avoir appris à le faire ? « Ma doctrine, leur dit-il, ne vient pas de moi, mais de Celui qui m'a envoyé. » Voici le premier mystère que je rencontre dans ces paroles, c'est que dans ce peu de mots sortis de la bouche de Jésus, il semble se trouver une contradiction; car il ne dit pas: Cette doctrine n'est pas la mienne; mais il dit: « Ma doctrine ne vient pas de moi. » Si cette doctrine ne vient pas de toi, comment est-elle la tienne ? Et si elle est la tienne, comment se fait-il qu'elle ne vienne pas de toi? Tu dis pourtant l'un et l'autre: « C'est ma doctrine, elle ne vient pas de moi. » Si Jésus avait dit : « Cette doctrine n'est pas la mienne », il n'y aurait aucune difficulté. Mais, mes frères, examinez d'abord la difficulté, puis attendez-en la solution raisonnée; car celui qui ne comprend pas bien l'état de la question, est-il à même d'en bien saisir la solution ? Voici donc l'état de la question. Le Sauveur dit : « Ma doctrine ne vient pas de moi »; ces mots : « Ma doctrine », semblent être en contradiction avec ces autres : « Ne vient pas de moi ». Rappelons-nous bien ce que l'écrivain sacré dit au commencement de son Evangile: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. » De là sort la solution de la difficulté. Quelle est la doctrine du Père, sinon son Verbe ? Le Christ est donc la doctrine du Père, s'il en est le Verbe; mais parce que le Verbe est de quelqu'un, parce qu'il est impossible qu'il ne soit de personne, il s'est appelé lui-même sa doctrine, et il a dit qu'elle ne vient pas de lui; car il est le Verbe du Père. Y a-t-il, en effet, quelque chose qui soit davantage tien que toi-même ? Et y a-t-il rien qui soit moins tien que toi-même, si ce que tu es est d'un autre ?

    Saint Augustin

  • Il parlait du temple de son corps

    « La Pâque des juifs était proche », dit saint Jean en commençant son récit de l'expulsion des marchands du Temple. Saint Jean est le seul évangéliste à expliquer le sens de ce geste. Car, en soi, il n'en a pas. Sans doute les changeurs profitaient-ils quelque peu de la situation, et les marchands d'animaux aussi. Mais les pèlerins étaient bien contents de trouver à acheter sur place les animaux qu'ils allaient offrir en sacrifice. Et, bien entendu, tout ce petit monde se retrouva à la même place quelques minutes après l'esclandre.

    Saint Jean explique qu'il s'agit d'un signe prophétique. Et de fait c'est tout à fait le genre de signe qu'on voit les prophètes accomplir dans l'Ancien Testament. C'est le seul de ce genre accomplit par Jésus. D'où son importance. S'il ne doit plus y avoir de marchands dans le Temple, c'est parce que Jésus annonce que le véritable Temple est son corps. « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. »

  • 4e dimanche de carême

    L'évangile est celui de la multiplication des pains, selon saint Jean, qui précise d'emblée : « La Pâque, la fête des juifs, était proche. » Or cette Pâque va être celle de la crucifixion.

    Le miracle qui va être accompli, le signe des pains, annonce que la Pâque des juifs va être remplacée par la Pâque du Fils de l'homme, qui est le Pain descendu du Ciel. Ce miracle est raconté au début du chapitre 6, qui est aussi, précisément, celui du grand discours sur le pain de vie : « Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour le salut du monde. »

    La multiplication des pains est donc clairement l'annonce de l'Eucharistie, le Sacrement du Pain qui est la Chair clouée à la Croix et ressuscitée le troisième jour.

    Et l'évangéliste dit que Jésus « rend grâce » avant de distribuer le pain, qui va se multiplier comme il multiplie son Corps à la messe depuis plus de 2000 ans. En grec, le verbe est « eucharistein »...

  • Adultères

    Après le plus long évangile, la plus longue épître : la messe de ce jour nous fait lire l'histoire de Suzanne, faussement accusée d'adultère, condamnée à mort et sauvée grâce à l'intervention divine via le tout jeune Daniel. Et l'évangile est celui de la femme réellement adultère condamnée à mort latae sententiae, et sauvée par le Christ. Les deux textes sont proches, par le thème, et par le fait qu'ils évoquent l'articulation entre la justice et la miséricorde de Dieu, mais celui de la femme adultère souligne la radicale nouveauté de l'Evangile, qui est une brutale plongée dans le réel : devant la Justice divine, tous les hommes sont pécheurs et tous ont besoin de la miséricorde.

    Ces deux textes, qui ont été écrits à moins de 200 ans d'intervalle, peut-être moins de 100 ans, ont d'autres points communs. Ils ont tous deux été écrits en grec, et tous deux rajoutés au livre où on les trouve. L'histoire de Suzanne ne figurait pas, en effet, dans le Livre de Daniel en hébreu, et l'histoire de la femme adultère est absente de la majorité des manuscrits, notamment des plus anciens, de l'évangile de saint Jean, tandis qu'elle se trouve dans un certain nombre de manuscrits de l'évangile de saint Luc (juste avant la trahison de Judas) : le thème et le vocabulaire sont de fait plus proches de saint Luc que de saint Jean.

  • L’eau vive

    L'évangile de ce jour doit être le plus long de l'année liturgique (hors Passion). C'est in extenso le très touchant récit de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine au puits de Jacob, et ce qui s'en est suivi. Il a été choisi à cause de l'enseignement de Jésus sur « l'eau vive », de même que l'épître montre Moïse faisant jaillir l'eau du rocher dans le désert (ce rocher qui est le Christ, dira saint Paul), parce qu'il s'agit de la préparation des catéchumènes au baptême qui leur sera conféré à Pâques. L'eau est la matière du sacrement de baptême, l'eau vive que donne Jésus est la grâce, particulièrement celle qui s'écoule de tous les sacrements dans la vie du baptisé, et devient en lui « source jaillissant en vie éternelle ».

  • La guérison

    Dans la collecte de ce jour on célèbre « la bienheureuse solennité des saints Côme et Damien ». Pourtant nous sommes bien au jeudi de la troisième semaine de carême, et la fête des saints Côme et Damien a lieu le 27 septembre. Mais la station du jour (à chaque jour du carême est assignée une église de Rome) est à la basilique des saints Côme et Damien. Exceptionnellement, la messe leur est dédiée. Parce que Côme et Damien étaient médecins, et que le carême est une médecine des âmes. Et la messe est dominée par l'idée de la guérison. C'est-à-dire du salut, qui sera manifesté à Pâques. Or nous sommes à la mi-carême, d'où l'insistance, au milieu du gué, sur la guérison qui va venir, et qui est assurée à celui qui aura fait tout le pèlerinage.

  • La Tradition

    L'évangile de ce jour est un long passage de saint Matthieu (15, 1-20), qui forme un tout, selon la technique dite de l'inclusion : il s'ouvre et se ferme par la même expression : « manger avec des mains non lavées ».

    La première fois, c'est une question des pharisiens : « Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? » La deuxième fois, c'est la fin de la réponse de Jésus : sur ce qui souille l'homme.

    Mais auparavant il va répondre sur « la tradition des anciens », qu'il va appeler « votre tradition à vous », et cette expression elle-même forme une inclusion, où il explique que cette tradition est pleine d'hypocrisie.

    La première fois, il leur demande pourquoi ils transgressent les commandements de Dieu au nom de leur tradition à eux. La deuxième fois, il affirme qu'ils ont « annulé la parole de Dieu » au nom de leur tradition à eux.

    La parole de Dieu : « Logos tou Théou ». C'est lui-même. La vraie Tradition, c'est le Verbe de Dieu, d'où viennent la Loi et les prophètes.

  • L’Eglise

    « Si ton frère a péché contre toi, va, et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire soit réglée par l'autorité de deux ou trois témoins. S'il ne les écoute pas, dis-le à l'Eglise ; et s'il n'écoute pas l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. »

    Ce passage de saint Matthieu est l'un des deux seuls, dans les Evangiles, où soit mentionnée l'Eglise. L'autre est un passage précédent du même évangile de saint Matthieu, quand Jésus dit à Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. » Dans ce passage-là, Jésus dit ensuite à Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux. Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »

    Or on constate que dans l'évangile d'aujourd'hui, Jésus dit ensuite : « En vérité, Je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aussi dans le Ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le Ciel. »

    Ce qui a été donné à Pierre est donné à tous les apôtres, aux chefs des Eglises en communion avec Pierre.

    Il est courant d'entendre que Jésus n'avait pas l'intention de créer une Eglise. On voit ici au contraire qu'elle est parfaitement constituée.