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Liturgie - Page 553

  • Le jardin

    « Au lieu où il a été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf » (Jean, 19, 41).

    Et quand le Ressuscité apparaît à Marie-Madeleine, celle-ci croit que c'est le jardinier de ce jardin (Jean, 20, 15).

    Celui qui s'est levé du sépulcre neuf est celui qui fait toutes choses nouvelles (Apocalypse 21, 5). Le jardin de la Résurrection, le jardin du printemps de Pâques où tout refleurit, renvoie au jardin de la première création, le « paradisus voluptatis » (le paradis de délices), que Dieu avait planté « a principio », à l'origine (Genèse, 2, 8), et la Croix est l'arbre de Vie. Le Verbe de Dieu était le jardinier de ce jardin, et c'est bien le Jardinier qu'a vu Marie-Madeleine.

    Il y a un autre jardin, celui de Gethsémani (littéralement : le pressoir à huile...). Le jardin de l'agonie. Le jardin de la souffrance due au péché originel. Le jardin noir, le jardin de la nuit du péché (cf. les images saisissantes du film de Mel Gibson, où l'on voit précisément le Serpent). Cet anti-jardin est aboli par la Résurrection, qui du cœur même du Golgotha rétablit le « paradis » de l'origine, sur le plan infiniment plus élevé du Royaume.

    On remarque que Jésus, pendant toute sa prédication, n'a utilisé qu'une seule fois le mot « paradis ». Il parle toujours du « royaume de Dieu » ou du « royaume des cieux ». Il emploie le mot « paradis » une seule fois : sur la Croix. C'est-à-dire à l'extrême fin de sa prédication terrestre. Ce n'est évidemment pas un hasard. Il renvoie ainsi au tout début du Livre : l'histoire est bouclée. Entre la Genèse et le Christ, personne n'avait parlé du paradis (sinon pour citer la Genèse). Lui, il vient rétablir le paradis, mais ce n'est pas le paradis terrestre, c'est le Royaume. Qui implique de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans la lumière de la vie éternelle qui surgit à Pâques.

    La façon dont saint Jean raconte la rencontre entre Marie-Madeleine et le Ressuscité renvoie d'autre part à un autre jardin, un jardin spirituel et symbolique, celui du Cantique des cantiques. « Où est parti ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Où s'est tourné ton bien-aimé, que nous le cherchions avec toi ? - Mon bien-aimé est descendu dans son jardin. » On pourrait citer d'autres exemples, mais celui-ci contient les trois correspondances avec l'Evangile : le bien-aimé dans son jardin, la recherche du bien-aimé, le fait de se tourner. Ici, c'est le bien-aimé qui se tourne. Mais ailleurs, il dit par deux fois « Reviens ! Reviens ! ». Et c'est l'explication de la très curieuse notation de saint Jean qui montre Marie-Madeleine se retourner deux fois. Par cette précision a priori absurde (si Marie-Madeleine se retourne deux fois, la deuxième fois elle ne voit plus le Christ et ne peut pas lui dire « Rabbouni » ni se jeter à ses pieds) saint Jean souligne qu'il renvoie au Cantique des cantiques.

    Saint Grégoire le Grand écrit : « Quand les disciples eux-mêmes quittaient le tombeau du Christ, elle ne le quitta pas : Celui qu'elle n'avait pas trouvé, elle ne renonçait pas à le chercher ; en cherchant, elle pleurait : et le feu de son amour rendait plus vif l'ardent désir du Seigneur disparu. Si elle fut alors seule à le voir, c'est qu'elle avait persévéré à le chercher. (...) D'abord elle chercha et ne trouva pas. Mais elle s'obstina dans sa recherche ; et c'est pourquoi elle trouva : son désir même, à force de grandir, obtint de trouver et de saisir son objet. Pensant au même époux, l'Eglise épouse chante, dans le Cantique des cantiques : "Sur ma couche, durant les nuits, j'ai cherché celui qu'aime mon âme." »

    On voit que dans les premières lignes de ce texte, avant d'évoquer le Cantique, c'est déjà par une paraphrase du Cantique que saint Grégoire évoque Marie-Madeleine. On voit aussi qu'il fait de Marie-Madeleine, via l'épouse du Cantique, une figure de l'Eglise : l'épisode se situe entre le coup de lance qui ouvre la porte des sacrements, et le pouvoir donné aux apôtres de remettre les péchés. Ici, c'est l'Eglise en tant que peuple de Dieu, avec sa hiérarchie. L'Eglise comme Sacrement, c'est le jardin lui-même, que le Jardinier ne cesse de cultiver pour faire éclore les plus belles fleurs de la grâce.

    (Daoudal Hebdo N° 75)

  • Les 153 poissons

    Quel nombre établir qui représente la loi ? Aucun, si ce n'est le nombre dix; car, nous le savons à n'en pas douter, Dieu d'abord a écrit, de son propre doigt, sur deux tables de pierre, le Décalogue de la loi, c'est-à-dire les dix commandements bien connus qui la composent. Mais, quand la loi n'est pas aidée de la grâce, elle fait des prévaricateurs et n'existe qu'à l'état de lettre : voilà surtout pourquoi l'Apôtre a dit : « La lettre tue, mais l'esprit vivifie ». Il faut donc que l'esprit vienne s'adjoindre à la lettre, pour que la lettre ne tue pas celui que ne vivifie point l'esprit et, aussi, afin que nous accomplissions les préceptes de la loi, non avec nos seules forces, mais avec la grâce du Sauveur. Quand la grâce vient en aide à la loi, c'est-à-dire, quand l'esprit s'unit à la lettre, le nombre sept s'ajoute, en une certaine façon, au nombre dix ; car ce nombre sept est l'emblème de l'Esprit Saint , les lettres sacrées en fournissent de remarquables preuves. La sainteté ou l'action de sanctifier appartient en propre au Saint-Esprit; quoique le Père soit esprit et le Fils également, par la raison que Dieu est esprit ; quoique le Père soit saint, et le Fils aussi, néanmoins, l'Esprit de l'un et de l'autre s'appelle proprement le Saint-Esprit. Sous l'empire de la loi, quel temps fut le premier sanctifié, sinon le septième jour? (...) C'est donc à juste titre que le nombre sept représente le Saint-Esprit. Le prophète Isaïe s'exprime dans le même sens : « L'Esprit de Dieu », dit-il, « se reposera sur lui », et il compte jusqu'à sept le nombre de ses opérations ou de ses dons : « Esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété; et l'esprit de la crainte du Seigneur le remplira ». Que lisons-nous dans l'Apocalypse? N'y est-il point parlé des sept Esprits de Dieu ? Et, pourtant, il n'y a qu'un seul et même Esprit qui partage ses dons aux uns et aux autres selon son bon plaisir. Le Saint-Esprit, qui a inspiré l'écrivain sacré, a lui-même désigné, sous le nom de sept Esprits, les sept manières dont opère le même Esprit. Le Saint-Esprit s'adjoignant à la loi, et ajoutant ainsi le nombre sept au nombre dix, il en résulte le nombre dix-sept. Si tu comptes tous les nombres depuis un jusqu'à dix-sept, et les additionnes ensemble, tu arriveras au chiffre total de cent cinquante trois. [1 + 2 = 3. + 3 = 6. + 4 = 10. + 5 = 15. Etc.] (...) Ce nombre ne représente pas uniquement les élus qui ressusciteront pour la vie éternelle, et ne veut pas dire qu'ils seront seulement cent cinquante-trois : il représente aussi les milliers de saints qui vivent sous l'empire de la grâce de l'Esprit (...). Tous ceux qui se trouvent soumis à l'influence de cette grâce, ce nombre les figure donc, c'est-à-dire qu'il les représente figurativement il est composé de trois fois cinquante, plus trois, qui représente le mystère de la Trinité : le nombre cinquante est formé par le résultat de sept multiplié par sept, auquel on ajoute un; car sept fois sept font quarante-neuf. On y ajoute un, pour signifier que celui qui est symbolisé par sept à cause de ces sept opérations, est un : nous le savons, le Saint-Esprit a été envoyé le cinquantième jour après la résurrection du Sauveur, il avait été promis aux disciples, et ils avaient reçu l'ordre de l'attendre.

    Saint Augustin

  • « Etonnés de joie »

    L'évangile de ce jour est celui où saint Luc raconte à sa manière l'apparition de Jésus ressuscité aux apôtres. Le récit est très vivant et fait entrer dans la psychologie agitée des apôtres. Jésus leur dit : La paix soit avec vous, n'ayez pas peur. Et l'évangéliste ajoute immédiatement : ils sont remplis de stupeur et... terrifiés. Alors Jésus leur montre ses mains et ses pieds, qui sont des pieds et des mains de chair, et non d'un fantôme. Les apôtres sont « incrédules et étonnés de joie ». Extraordinaire combat intérieur de deux et même trois sentiments contradictoires. Mais voici qu'est apparue la joie (que certaines traductions omettent, hélas). Pour achever de les convaincre, Jésus mange devant eux, et aussitôt il dit : « Telles sont les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous, qu'il était nécessaire que soit accompli tout ce qui est écrit dans la loi de Moïse et les prophètes et les psaumes à mon sujet. »

    Quand j'étais encore avec vous. Donc il n'est plus avec eux. Et pourtant il est là. Il n'est plus avec eux, depuis la Résurrection, car il est dans le Royaume. Et pourtant il est présent, d'une présence très réelle, palpable. Sa présence eucharistique. Ce récit suit immédiatement celui des pèlerins d'Emmaüs, qui l'ont reconnu à la fraction du pain.

  • Lundi de Pâques

    Art de la transposition et des gradations chez Luc: au temps de la vie terrestre, quelque part vers le nord du pays, en un lieu intentionnellement non précisé, une multiplication des pains, signe de puissance et de miséricorde, et en même temps annonce, prophétie d'une réalité à venir. A la fin de la vie terrestre de Jésus, à Jérusalem, la Cène, où déjà il effectue son sacrifice, en donnant à son peuple le moyen d'y participer.

    Une fois le Christ remonté auprès du Père, c'est le temps de l'Eglise, que nous décrivent les Actes des Apôtres. Ils sont ponctués de ces «partages du pain» (Ac 2, 42, 46 ; 20, 7. 11) qui rythment l'existence même de la communauté des fidèles. Et tout au long des siècles, la vie de l'Eglise continuera à être centrée sur l'eucharistie, mémorial de la Cène, sacrement où les chrétiens sont nourris à la vie même du Christ ressuscité.

    Entre les deux, à cette déchirure du temps, entre la vie terrestre de Jésus de Nazareth et le temps de l'Eglise, c'est, en ce jour de Pâques unique, le partage du pain d'Emmaüs, comme une multiplication des pains qui participe à la nouveauté absolue de ce jour: elle inaugure les Actes des Apôtres et toute l'étape sacramentelle du peuple de Dieu. Une reprise allusive du miracle de jadis, pour expliciter son sens définitif à l'intention des lecteurs qui maintenant connaissent la Cène. Et le récit s'achève sur cet extraordinaire imparfait que nous comprenons enfin: il ouvre le texte sur toute la durée de l'Eglise et le prolonge jusqu'à la fin des temps: il le leur donnait... Le Christ continue à nourrir son peuple à la fraction du pain.

    Sœur Jeanne d'Arc, Les pèlerins d'Emmaüs, pp. 89-90. Un livre exceptionnel, que les éditions du Cerf devraient absolument rééditer.

  • Pâques

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  • Samedi Saint

    Un grand silence règne aujourd'hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s'est calmée parce que Dieu s'est endormi dans la chair et qu'il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli. Dieu s'est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers...

    Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Eve, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Descendons donc avec lui pour voir l'Alliance entre Dieu et les hommes...

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  • Vendredi Saint

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    (Bernardo Daddi, première moitié du XIVe siècle)

  • Jeudi Saint

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    (Agnolo Gaddi, vers 1395)

  • La Passion selon saint Luc

    Parmi les importantes spécificités de la Passion selon saint Luc, il y a les propos des « deux autres malfaiteurs », comme ose le dire l'évangéliste, à la suite de Jésus lui-même qui avait annoncé l'accomplissement de la prophétie d'Isaïe : « Il a été compté parmi les hors la loi. »

    Jésus répond au « bon larron » :  « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. »

    C'est la seule fois qu'on trouve le mot « paradis » dans les évangiles. Jésus ne l'utilise qu'ici. Sur la Croix. A l'extrême fin de sa prédication terrestre. Il renvoie ainsi au tout début du Livre : l'histoire est bouclée. Entre la Genèse et le Christ, personne n'avait parlé du paradis (sinon pour citer la Genèse). Lui, il vient rétablir le paradis, mais ce n'est pas le paradis de l'origine, c'est le Royaume éternel.

  • La Passion selon saint Marc

    Se souvenir que l'évangile de saint Marc est celui de saint Pierre. Qu'il est rédigé à Rome, pour annoncer la bonne nouvelle aux païens, c'est-à-dire aux Romains. La « bonne nouvelle de Jésus, le Christ, Fils de Dieu », comme il le dit dans le premier verset. Et il y aura un écho de cette annonce liminaire après la crucifixion, quand le centurion (seul endroit du Nouveau Testament où est utilisé ce mot romain) s'exclamera, en voyant comment Jésus est mort : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ! » La réaction du centurion, qui est l'unique réaction que nous donne saint Marc, est l'annonce que la bonne nouvelle de l'évangile est aussi, et immédiatement, pour les Romains, pour les non-juifs : c'est même une mise en demeure du lecteur, qui doit se prononcer, au vu de ce que l'évangile lui a dit de ce Jésus. Et la seule réponse qu'on puisse faire en toute honnêteté est celle du centurion : « Vraiment, cet homme est le Fils de Dieu. »