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Liturgie - Page 384

  • Saint Nicolas

    Dans son Année liturgique, dom Guéranger cite le répons suivant :

    . Ex ejus tumba marmorea sacrum resudat oleum, quo liniti sanantur caeci : * Surdis auditus redditur : et debilis quisque sospes regreditur. . Catervatim ruunt populi cernere cupientes quae per eum fiunt mirabilia. * Surdis bilis quisque sospes regreditur auditus redditur : et debilis quisque sospes regreditur.

     . De son tombeau de marbre, découle une huile sacrée qui guérit les aveugles dont les yeux en sont oints, * Rend l’ouïe aux sourds, et remet en santé tous ceux qui sont débiles. . Les peuples courent en foule, empressés de voir les merveilles qui se font par l’entremise de Nicolas. * Cette huile rend l’ouïe aux sourds, et remet en santé tous ceux qui sont débiles.

    Après avoir cité d’autres textes liturgiques sur saint Nicolas, il donne aussi la séquence qui fut la plus populaire, et qui a servi de type à de nombreuses autres. Or cette séquence fut souvent incluse dans le répons Ex ejus tumba, qui était le dernier des matines. C’est ce que l’on voit par exemple dans le manuscrit slovaque ci après (Bratislava IIb). Le répons Ex ejus tumba commence à la fin de la première page (le E en bleu). La séquence commence à la deuxième page (S rouge), et se poursuit sur la page suivante où chaque vers commence par une lettrine. Le dernier mot est « sospes » qui renvoie à la fin du répons : « sospes egreditur ».

    Sospitati dedit aegros olei perfusio.
    Nicolaus naufragantum adfuit praesidio.
    Relevavit a defunctis defunctum in bivio.
    Baptizatur auri viso Judaeus indicio.
    Vas in mari mersum, patri redditur cum filio.
    O quam probat Sanctum Dei farris augmentatio !
    Ergo laudes Nicolao concinat haec concio.
    Nam qui corde poscit illum, propulsato vitio, sospes regreditur.

    Les malades sont rendus à la santé par l’huile miraculeuse. Au milieu du naufrage, Nicolas est d’un puissant secours. Il ressuscite du tombeau un mort étendu sur le chemin. Un juif aperçoit de l’or, et demande le Baptême. Nicolas retire de l’eau le vase et l’enfant qu’il rend à son père ! Oh ! qu’il parut bien le Saint de Dieu, quand il multiplia la farine dans la disette ! Qu’ainsi les louanges de Nicolas soient chantées en cette assemblée. Car quiconque le prie de cœur, met le vice en fuite, et s’en retourne guéri.

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  • Le rite ambrosien

    Vient de paraître l’ordinaire de la messe en rite ambrosien dans une brochure bilingue latin-italien réalisée par Signum ambrosianum, disponible en format PDF. Munie du Nihil obstat et de l’imprimatur de l’archevêché de Milan.

    On y trouve aussi ce qui précède la messe dominicale : l’Asperges me particulier (avec tout le psaume Miserere), et les 12 Kyrie de la procession d’entrée.

    Et la partition de tout ce qui est chanté. (On peut constater par exemple que le Gloria qui figure dans ce livret n'a rien à voir avec ce que nous appelons le "Gloria ambrosien". Il est proche de notre Gloria XI : sans doute parce qu'il s'agit aussi du Gloria de la messe dominicale per annum.)

  • Rorate cæli desuper

    Voici le célèbre chant de l’Avent Rorate cæli, avec la traduction de dom Guéranger. On dit souvent que c’est un centon d’Isaïe. J’ai cherché les références. Le refrain et les deux premières strophes sont en effet des citations d’Isaïe, légèrement modifiées, surtout raccourcies. Mais dans la troisième il y a deux citations (modifiées) de l’Exode et la fin est un morceau d’antienne ; et la quatrième provient essentiellement d’un répons de l’Avent inspiré par divers textes prophétiques. Si quelqu’un a d’autres précisions, elles seront les bienvenues. Il y a deux ans j’avais mis un enregistrement qui permet de suivre la partition.

    Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum (Isaïe 45, 8). (bis)

    Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

    Ne irascaris Domine, ne ultra memineris iniquitatis, ecce civitas sancta facta est deserta, Sion deserta est, Jerusalem desolata est, domus sanctificationis tuæ et gloriæ tuæ, ubi laudaverunt te patres nostri (Isaïe 64, 9-11).

    Rorate caeli desuper, et nubes pluant justum.

    Ne vous irritez plus, Seigneur, ne vous souvenez plus désormais de notre iniquité. Voilà que la cité du Saint est devenue déserte, Sion est dans la solitude, Jérusalem est désolée, cette maison consacrée à votre culte et à votre gloire, où nos pères ont chanté vos louanges.

    Peccavimus, et facti sumus tamquam immundus nos, et cecidimus quasi folium universi. et iniquitates nostræ quasi ventus abstulerunt nos, abscondisti faciem tuam a nobis, et allisisti nos in manu iniquitatis nostræ (Isaïe 64, 6-7).

    Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum.

    Nous avons péché, et nous sommes devenus comme le lépreux ; et nous sommes tous tombés comme la feuille ; et comme un vent impétueux, nos iniquités nous ont enlevés et dispersés. Vous avez caché votre face à nos regards, et vous nous avez brisés par la main de notre iniquité.

    Vide Domine afflictionem populi tui (Exode 3, 7), et mitte quem missurus es (Exode 4, 13) : emitte Agnum dominatorem terræ, de petra deserti ad montem filiæ Sion (Isaïe 16, 1) ut auferat ipse jugum captivitatis nostræ (antienne de Magnificat, lundi de la deuxième semaine de l'Avent, cf. Isaïe 10, 27).

    Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum.

    Voyez, Seigneur, l'affliction de votre peuple, et envoyez Celui que vous devez envoyer. Faites sortir l'Agneau qui doit dominer sur la terre; qu'il s'élance de la pierre du désert sur la montagne de la fille de Sion, afin qu'il enlève lui-même le joug de notre captivité.

    Consolamini, consolamini, popule meus (Isaïe 40, 1) : cito veniet salus tua ; quare mœrore consumeris, quia innovavit te dolor? Salvabo te, noli timere, ego enim sum Dominus Deus tuus, Sanctus Israel, redemptor tuus (Répons Jerusalem du deuxième dimanche de l’Avent, inspiré des prophètes, dont Isaïe 41, 14 et 48, 17).

    Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum.

    Console-toi, console-toi, ô mon peuple ! bientôt viendra ton salut: pourquoi te consumes-tu dans la tristesse? Pourquoi la douleur s'est-elle emparée de toi ? Je te sauverai, ne crains point : car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d'Israël, ton Rédempteur.

  • La tradition liturgique a le vent en poupe dans les universités américaines.

    Le blog New Liturgical Movement reprend et illustre un article paru sur un blog du site de la Cardinal Newman’s Society, montrant que grandit dans les universités américaines le soutien aux pratiques liturgiques traditionnelles.

    Au Christendom College de Front Royal, en Virginie, le prêtre célèbre ad orientem deux fois par semaine dans la forme extraordinaire, et deux fois dans la forme ordinaire, une en anglais, une en latin. Le chapelain explique : « L’introduction progressive et la célébration occasionnelle de la messe ad orientem sur le campus, à côté de la célébration versus populum, permet aux étudiants de découvrir la façon traditionnelle et historique de célébrer l’eucharistie sans les heurter et aide à montrer et renforcer pour eux l’herméneutique de continuité, dont parlait Benoît XVI, entre les messes de la période préconciliaire et de la période postconciliaire. »

    Les messes célébrées ad orientem donnent aux étudiants l’occasion de « participer à la prière liturgique qui les conduit à la contemplation », dit le P. Hildebrand Garceau, aumônier au Thomas Aquinas College de Santa Paula en Californie. « Tous font face à l’orient liturgique dans un même mouvement de prière et d’offrande. Cela semble aider grandement à réduire les distractions et à aider les étudiants à se concentrer sur l’action liturgique de la plus puissante prière de l’univers : la Sainte Messe. » La messe est dire chaque matin dans la forme extraordinaire, et les étudiants ont ainsi « une messe respectueuse, calme, contemplative ».

    Au Thomas More College de Merrimack, New Hampshire, on a commencé à célébrer la messe traditionnelle ad orientem tous les vendredis, à la demande des étudiants, « particulièrement impressionnés » par le silence. Un silence qui leur est « très utile », souligne le P. John Healy. Lequel ajoute que les évêques des diocèses où la forme extraordinaire est célébrée notent une forte participation de le jeune génération : cela donne espoir pour la liturgie et la tradition de l’Eglise.

  • Saint Pierre Chrysologue

    Quand la vierge conçoit ou enfante tout en demeurant vierge, ce n’est pas la coutume qui le veut, mais le miracle; non la raison, mais la vertu; non la nature, mais Son Auteur. Ce n’est pas un événement commun, mais unique; quelque chose de divin, non d’humain. Que le philosophe cesse donc de se pressurer le cerveau : la naissance du Christ ne s’explique pas par les lois de la nature, mais par la toute-puissance divine. Elle est honorable à Dieu, non injurieuse. Ce n’est pas au détriment de la Déité qu’elle a été le sacrement de la miséricorde. Elle a été la réparation du salut humain, mais ne fut jamais une diminution de la substance divine. Celui qui, sans naître, a fait l’homme d’un limon intact, c’est le Même qui, en naissant, a fait l’Homme d’un corps intact. La main qui, avec bonté, prit du limon pour façonner notre corps, a pris également la chair avec bonté pour restaurer notre être. Que le Créateur soit dans sa créature, que Dieu se trouve dans la chair, c’est un honneur qui est rendu à la créature, sans porter aucun préjudice au Créateur. Celui qui voit là-dedans un outrage à la divinité, croit donc que le limon est plus précieux que la chair. Peut-être regrette-t-il que l’outrage apporté par le limon à la divinité se soit changé  en un ennoblissement de la chair et en une glorification de l’homme !

    Homme, pourquoi es-tu si vil à tes yeux, toi qui es si précieux aux yeux de Dieu ? Puisque tu es si honoré par Dieu, pourquoi t’avilis-tu ainsi ? Pourquoi cherches-tu d’où tu viens, au lieu d’essayer de découvrir pourquoi tu as été fait ? Toute cette maison du monde que tu vois n’a-t-elle pas été faite pour toi ? C’est pour toi  que la lumière resplendit afin de chasser les ténèbres qui t’entourent de toute part. C’est pour toi que la nuit est plus fraîche. C’est pour toi que les jours sont mesurés. C’est pour toi que le ciel brille de l’éclat du soleil, de la lune et des étoiles. C’est pour toi que la terre est remplie de fleurs, de bosquets et de fruits. C’est pour toi qu’a été crée dans l’air, dans les champs, dans les cours d’eau magnifiques une multitude admirable d’êtres vivants, pour que la solitude d’un triste monde ne déteigne pas sur la joie du nouveau monde. La raison pour laquelle Dieu t’a fait à partir de la terre, c’est pour que tu sois le maître des choses terrestres; et que tu leur sois apparenté, en partageant la même substance. Bien que tu proviennes de la terre, Il ne t’a quand même pas mis sur un pied d’égalité avec les choses terrestres, puisque, avec ton âme céleste, tu es l’égal des créatures célestes. Et pour que, avec Dieu, tu possèdes une raison en commun, et que tu aies un corps semblable à celui des animaux, Dieu t’a donné une âme qui vient du ciel, et un corps qui provient de la terre. Pour qu’en toi, une concorde soit nouée entre le Ciel et la terre.

    Se demandant ce qu’Il pouvait bien encore ajouter pour te faire honneur, ton Créateur a inventé ceci : Il a incrusté en toi Son image, pour que le Créateur invisible soit rendu présent sur la terre par Son image visible. Et Il t’a donné à toi Son pouvoir sur les choses terrestres, pour que le vicaire du Seigneur ne soit pas frustré de la possession du monde dans toute son étendue. Et s’il en est bien ainsi, pourquoi penses-tu que Dieu subit une avanie quand Il tire avec clémence de Lui-même ce qu’Il fait en toi par Lui-même; et quand Il a voulu, en toute vérité, être vu dans l’homme, dans lequel Il avait voulu auparavant qu’on voie Son image ? A celui qui avait autrefois reçu d’être la similitude divine, Dieu lui donne d’être lui-même Celui que représente l’image. La vierge a conçu, la vierge a enfanté. Que cette conception ne te bouleverse pas; que cette naissance ne te déboussole pas, puisque la pudeur virginale rachète tout ce qu’il y a d’humain. Où se trouve la lésion de la pudeur, là où la Déité s’est associé l’intégrité qui lui est toujours amie; là où l’entremetteur est un ange; où le chaperon est la fidélité, où le mariage est la chasteté, où l’engagement réciproque est la vertu, où le juge est la conscience, où la cause est celle de Dieu, où la conception se fait dans le respect de l’intégrité, l’enfantement dans la virginité, où la mère est en même temps vierge ?

    Sermon 148 (extrait)

  • Saint François Xavier

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    Vie de saint François Xavier, par le Père Bouhours, 1826

  • Sainte Bibiane

    L'église de Sainte-Bibiane s'élève dans le beau désert de l’Esquilin, non loin de Sainte-Marie-Majeure. Le chemin d'herbe et de murailles qui mène à ce sanctuaire n'est jamais abandonné. C'est une des promenades de la méditation et de la prière, une des routes fréquentées par la douleur en quête d'espérance et de secours.

    Aujourd'hui, c'était un chemin d'allégresse, animé et saintement joyeux de la foule des pèlerins. Prêtres de tout rang, laïques de tout âge et de toute condition, princes, prélats, et pauvres allaient et revenaient, mêlés aux graves et charmantes files des écoles monastiques, si pittoresques dans leurs costumes amples et variés.

    L'humble église, humble, non indigente, tendue d'étoffes à franges d'or, jonchée de rameaux odorants, riante de la lumière des cierges et de la lumière du jour, étalait ses richesses sur les  autels parés de fleurs. O tombeaux embaumés ! O Rome, terre des vivants ! Les voilà, ces restes offerts à la dent des chiens, la voilà, cette enfant qui a vu périr son père et sa mère et sa sœur et qui n'a pas été vaincue, cette vaillante qui a été plus forte que l'empereur et que l’enfer ! L'Apostat n'ayant pu flétrir cette fleur, posa sur elle son pied brutal et crut l'avoir écrasée : la voilà fraîche et odorante dans le quinzième siècle de sa floraison ! Et toi, l'Apostat, où es-tu ?

    Où es-tu, et qu'as-tu emporté de l'empire ? Où est ta pourpre ignominieuse ? Où sont tes ossements que la mort et la vie ont également souillés ? Si l’on découvrait ta tombe, quel hommage  lui serait rendu, et que penserait le monde des hommes qui oseraient y répandre l’infection de leur encens ?

    Je promenai mes yeux sur cette foule prosternée autour de Bibiane. Il y avait des Français, des Anglais, des Espagnols, des Allemands, des Polonais. Comme nous sortions, entraient les élèves de la Propagande, enfants de races inconnues des Romains. Nazaréen, tu es vainqueur !

    Sainte Bibiane est célébrée le 2 décembre, au temps de l'Avent, où l’Eglise se réjouit du prochain avènement du Sauveur. Quatre autres vierges sont honorées durant cette période. Fleurs très-pures, placées sur le seuil de Bethléem, à dessein choisies de différentes nations. Bibiane, la fleur romaine ; Barbe, la fleur d'Orient ; Eulalie, le parfum des Espagnes ; Luce, la bonne odeur de la Sicile ; et ces quatre sont empourprées de leur sang. Odile est le lis donné par la France. Vierges prudentes, dit l'Abbé de  Solesmes, elles ont allumé leurs lampes et veillé en attendant l'Epoux.

    Louis Veuillot, Le parfum de Rome

  • Aspiciens a longe

    ℟. Aspíciens a longe, ecce video Dei poténtiam veniéntem, et nébulam totam terram tegéntem. * Ite obviam ei, et dícite: * Núntia nobis, si tu es ipse, * Qui regnatúrus es in pópulo Israël.
    ℣.Quique terrígenæ, et fílii hóminum, simul in unum dives et pauper. Ite obviam et, et dícite.
    ℣.Qui regis Israël, inténde, qui dedúcis velut ovem Ioseph. Núntia nobis, si tu es ipse.
    ℣.Tóllite portas, príncipes, vestras, et elevámini portæ æternáles, et introíbit Rex glóriæ. Qui regnatúrus es in pópulo Israël.
    Glória Patri et Filio et Spiritui Sancto.
    ℟. Aspíciens a longe, ecce video Dei poténtiam veniéntem, et nébulam totam terram tegéntem. * Ite obviam ei, et dícite: * Núntia nobis, si tu es ipse, * Qui regnatúrus es in pópulo Israël.

    Guettant de loin, voici que je vois venir la puissance de Dieu, et une nuée recouvrant toute la terre. Allez à sa rencontre, et dites : Annoncez-nous si c’est bien vous
    qui allez régner sur le peuple d’Israël.

    Vous tous, nés de la terre, et enfants des hommes : ensemble, dans l’unité, le riche et le pauvre.

    Pasteur d’Israël, prêtez l’oreille : vous qui conduisez Joseph comme une brebis.

    Levez vos portes, princes : et élevez-vous, portes éternelles : et il fera son entrée.

    Ce grand répons, avec trois versets qui sont trois versets de psaumes différents, est le premier répons des matines du premier dimanche de l’Avent, donc le premier répons de l’année liturgique. Contrairement à ceux qui le suivent, il n’est pas repris dans la liturgie quotidienne.

     

    Addendum

    Le blog New Liturgical Movement en donne un enregistrement.

  • Premier dimanche de l’Avent

    L’Avent représente, dans l’Année liturgique, les temps qui ont précédé la venue du Messie; ce fut une période d’attente pénible, mais aussi de désir, d’espoir et déjà de joie.

    Nous avons à la revivre. Nous avons, nous aussi, attendre le Messie et à attendre dans la même ferveur que les Prophètes, le peuple juif, Notre Dame, Elisabeth, Zacharie...

    Il semble que cela devrait se faire comme naturellement, car les textes sont là - et plus encore peut-être, la mélodie - qui nous meuvent d'un sentiment à l’autre, selon le jeu des scènes et des personnages ; nous n’avons qu’à nous laisser mener.

    En fait, il n'en va pas ainsi.

    Beaucoup trouvent difficile de réaliser sur le champ, en plénitude et vérité, ces sentiments d’attente; car le Messie est déjà venu et, par le fait, les mots d’espoir et de désir par lesquels ils l’appellent ne sont pour eux qu’artificiels, ils ne correspondent à aucune réalité ; on ne saurait appeler quelqu’un qui est là, ni désirer que vienne celui qui est déjà venu.

    A cette difficulté il existe trois solutions.

    La première est d’ordre historique, si l’on peut dire. Il est bien certain que, pour nous, la naissance du Christ étant un fait passé, nous ne saurions diriger vers cet événement historique nos espoirs, nos désirs et nos appels. Mais, pour Dieu, à qui tout est présent, il n'y a ni passé, ni futur. Il est au dessus du temps. Au moment où les Juifs de l’Ancien Testament prononçaient les paroles qui composent la liturgie actuelle de l’Avent, Il les entendait; mais, dans le même acte, Il entendait aussi tous ceux qui, dans la suite des siècles, les rediraient, et toutes, celles des juifs d’hier et celles des chrétiens d’aujourd’hui et de tous les temps, avaient sur lui l’influence réelle qu’Il a bien voulu leur donner dans la disposition des causes secondes. En deux mots, nos supplications qui, pour nous, sont postérieures à l’Incarnation, pour Lui, ne le sont pas.

    Dès lors, nous pouvons les dire en toute vérité et sincérité. Dans la liturgie de l’Avent, sur notre plan temporel, nous jouons des personnages historiques; et sur le plan de Dieu, nous vivons la réalité, la grande réalité du drame éternel, étant ainsi, en toute vérité, et du passé et du présent.

    La seconde solution est d’ordre mystique.

    Ce n’est pas seulement pour les hommes de son temps qui le virent dans la chair, que le Christ est venu: c’est pour tous les hommes de tous les temps. Il continue donc de venir. Les textes sont là indéniables : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviendrai vers vous... Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons en lui... » Il vient en chacun de ceux qui veulent bien le recevoir, selon un mode spirituel, mystérieux, mais réel.

    Les voies qu'il emprunte sont multiples. Il a lui-même institué la principale : les sacrements, l’Eucharistie, entre tous, le premier. Il en a inspiré une autre: la liturgie.

    Sous le symbolisme des mystères de sa vie qui se déroulent tout au long de l’année, il revit, et ses paroles et ses gestes, à travers l’Eglise, produisent, dans l’âme bien disposée, l’augmentation de charité qui le fait venir à un titre nouveau et nous établit nous-mêmes, avec lui, en des rapports plus intimes.

    A Noël, il vient donc en toute vérité dans l’Eglise et dans les âmes. Il s’ensuit que notre attente, nos désirs, nos appels peuvent être réels et contribuer efficacement à le faire venir avec plus de plénitude.

    La troisième solution est basée sur la venue du Christ dans la gloire à la fin du monde. Vers ce dernier acte de sa royauté terrestre, toute créature soupire. Sa naissance à Bethléem en a été le prélude, sa venue dans les âmes, par les sacrements et la liturgie, en est la préparation; tout va vers là comme vers sa fin. Les textes liturgiques de l’Avent peuvent donc être entendus dans le sens de cet ultime avènement. Aussi bien, les prophètes l’avaient-ils vu en même temps que le premier.

    Ici il n’y a plus aucune difficulté : nous pouvons espérer, désirer, appeler le Christ, car en vérité il viendra.

    De ces trois solutions, laquelle choisir ? Si le texte n’en impose aucune, chacun est libre de son choix. Le mieux est de les prendre toutes les trois car elles se complètent l’une l’autre. Réunissant ainsi, dans un même acte, le désir du Christ qui est venu, du Christ qui vient et du Çhrist qui doit venir, on a alors l’idée splendide du Christ total : Heri, hodie… et in sæcula ; et les textes prennent tout leur sens et toute leur vie. La mélodie aussi ; car il n’y a aucun doute que celui qui l’a composée ne les compris de la sorte.

    Dom Ludovic Baron

  • De la Sainte Vierge le samedi

    O gloriosa Domina,
    Excelsa super sidera,
    Qui te creavit provide
    Lactasti sacro ubere.

    Quod Heva tristis abstulit,
    Tu reddis almo germine:
    Intrent ut astra flebiles,
    Caeli fenestra facta es.

    Tu regis alti janua,
    Et porta lucis fulgida:
    Vitam datam per Virginem
    Gentes redemptae plaudite.

    Gloria tibi Domine,
    Qui natus es de Virgine,
    Cum Patre, et Sancto Spiritu
    In sempiterna saecula.
    Amen.

    O glorieuse Dame
    Plus élevée que les astres,
    Celui qui t'a créée avec prévoyance,
    Tu l'as allaité de ton sein sacré.

    Ce que la triste Eve nous ravit,
    Tu le rends par le saint Germe.
    Qu'ils entrent comme des astres, les affligés
    Tu as été faite fenêtre du ciel.

    Tu es l'accès du grand Roi
    La porte éclatante de la lumière.
    Une vierge vous donne la vie.
    Peuples rachetés, applaudissez.

    Gloire à toi, Seigneur,
    Qui es né de la Vierge,
    Gloire au Père et à l'Esprit Saint
    Pendant tous les siècles des siècles.
    Ainsi soit-il.

    (Hymne des laudes, bréviaire bénédictin)