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Liturgie - Page 380

  • Saint Marcel

    VERIDICVS • RECTOR • LAPSOS • QVIA • CRIMINA • FLERE
    PRAEDIXIT • MISERIS • FVIT - OMNIBVS • HOSTIS • AMARVS
    HINC • FVROR • HINC • ODIVM • SEQUITVR • DISCORDIA • LITES
    SEDITIO • CAEDES • SOLVVNTVR • FOEDERA • PACIS
    CRIMEN • OB • ALTERIVS • CHRISTVM • QVI • IN • PACE • NEGAVIT
    FINIBVS • EXPVLSVS • PATRIAE • EST • FERITATE • TYRAMNI
    HAEC • BREVITER • DAMASVS • VOLVIT • COMPERTA • REFERRE
    MARCELLI • VT • POPVLVS • MERITVM • COGNOSCERE • POSSIT

    Parce que, en vrai Pasteur, il avait ordonné aux pécheurs de pleurer leurs fautes,
    Il fut considéré par tous les méchants comme un adversaire
    D’où la fureur, la haine, la discorde, la querelle, plein de fiel.
    La sédition, les massacres ; le lien de la concorde fut brisé
    Par les artifices iniques de quelqu’un qui, au temps même de la paix, avait renié le Christ.
    (Le Pasteur) fut expulsé du sol paternel par la cruauté du tyran.
    Damase, à qui tout cela est parfaitement connu, a voulu le rapporter succinctement,
    Afin que le peuple connaisse le mérite de Marcel.

    Cette épigraphe du pape saint Damase sur son prédécesseur colle assez mal avec la pittoresque légende de saint Marcel telle qu’elle est dans les bréviaires (encore que ce ne soit pas totalement incompatible). Ce que l’on comprend de cette épigraphe est que saint Marcel admettait que ceux qui avaient renié leur foi pendant une persécution puissent être absous, et que cela suscitait la fureur des donatistes, qui fomentèrent des émeutes (il en sera de même avec Eusèbe, le pape suivant). L’empereur Maxence prit prétexte des émeutes pour bannir les chefs des deux factions, qui moururent en exil.

  • Saint Paul premier ermite

    Le 15 Janvier, mémoire de notre vénérable Père Paul de Thèbes. Si les portes de Thèbes sont chose splendide, combien plus admirable est l'illustre saint Paul lorsque, le quinze, ce fils de la Thébaïde des portes de la vie jusqu'au ciel prend son vol !

    (Liturgie byzantine, synaxaire)

    *

    Lorsque, par divine inspiration, tu laissas sagement les soucis de la vie  et t'avanças vers les peines de l'ascèse, alors tu atteignis dans la joie les inaccessibles déserts, enflammé par l'amour du Seigneur; et, dévastant les passions par ta persévérance dans le bien, tu vécus comme un Ange, Père saint.

    Dès ta jeunesse, Père saint, ayant abandonné toute société humaine, tu atteignis, le premier, le désert absolu, surpassant tout solitaire, saint Paul, et tout le temps de ta vie tu demeuras inconnu; mais Antoine, sur l'ordre de Dieu, comme un trésor caché te découvrit, et te rendit célèbre dans tout l'univers.

    Menant sur terre, saint Paul, ton extraordinaire vie, tu habitas avec les fauves et fus servi par un oiseau, vénérable Père, sur l'ordre de Dieu; et lorsqu'il vit cela, lorsqu'Antoine le Grand te trouva, il fut rempli d'étonnement et ne cessa de magnifier la divine Providence, le Maître de l'univers.

    (Liturgie byzantine, lucernaire)

  • Saint Hilaire

    Adorabilem, populi, beatissimi Hilarii antistitis festivitatem solemniter recurrentem, cujus lingua in saeculo pro sanctae Trinitatis aequalitate sic tonuit, ut hujus mundi Principem miles Christi prosterneret, et in coelestis Regis aula victor intraret, Dominum votis uberioribus deprecemur, ut qui eum inter diversas acies ita fecit esse sollicitum, ut redderet inter bella securum, nobis concedere dignetur, ut quod in ejus honore deposcimus, eo suffragante consequi mereamur.

    Supplions, ô peuples, l’adorable Seigneur, dans l’abondance de nos vœux, en ce retour solennel de la fête du très heureux pontife Hilaire, dont la bouche a tonné au milieu du monde, pour l’égalité des trois divines personnes, avec tant de force, que ce soldat du Christ a renversé le Prince de ce siècle, et est entré vainqueur au palais du Roi céleste. Demandons à Celui qui l’a rendu chef vigilant de ses armées, et calme au milieu des combats, qu’il daigne nous faire la grâce d’obtenir, par le suffrage d’Hilaire, ce que nous sollicitons en son honneur.

    « Allocution » tirée d’un sacramentaire de l’antique liturgie gallicane, dans L’Année liturgique.

  • Commémoraison du baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ

    En 1960, l’ancienne octave de l’Epiphanie a été nommée « Commémoraison du baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ ». car depuis toujours l’évangile de ce jour était celui du baptême du Christ.

    C’était une excellente initiative, qui mettait ainsi en avant dans le calendrier liturgique le deuxième mystère de l’Epiphanie, qui est l’unique mystère de cette fête pour les orientaux.

    Avant saint Pie V il y avait une liturgie particulière. Dom Guéranger reproduit sept des  antiennes dans L’Année liturgique, avec cette indication : « Les vénérables Antiennes que nous donnons ci-après, restes précieux de l’antique Liturgie Gallicane, ont une origine orientale, et sont encore conservées au Bréviaire de Cîteaux. » Ce sont les 1 à 7.

    La Schola Sainte-Cécile en a publié huit, 1 à 4, 7, 8, 11, 12, avec cette indication : « Stichères de l’ancien office grec de l’Epiphanie, traduits en latin à la Cour de Charlemagne sur leur mélodie grecque d’origine pour servir à l’octave de l’Epiphanie. »

    J’en ajoute deux autres que je viens de glaner sur internet (9, 10). On les trouve notamment dans l’antiphonaire dit de saint Grégoire (antiphonaire de Hartker, Saint-Gall, vers l’an 1000), avec les antiennes 1 à 5, 8, 12.

    1. Veterem hominem renovans Salvator venit ad baptismum, ut naturam quae corrupta est, per aquam recuperaret : incorruptibili veste circumamictans nos.

    Le Sauveur, voulant renouveler l’homme ancien, vient au Baptême, afin de régénérer par l’eau la nature corrompue ; il nous revêt d’un vêtement incorruptible.

    2. Te, qui in Spiritu et igne purificas humana contagia, Deum et Redemptorem omnes glorificamus.

    Vous qui, dans l’Esprit et dans le feu, purifiez l’humaine contagion, nous vous glorifions, notre Dieu et Rédempteur !

    3. Baptista contremuit, et non audet tangere sanctum Dei verticem; sed clamat cum tremore: Sanctifica me, Salvator.

    Jean-Baptiste tremble et n’ose toucher la tête sacrée de son Dieu. Dans sa frayeur, il s’écrie : Sanctifiez-moi vous-même, ô Sauveur !

    4. Caput draconis Salvator contrivit in Jordane flumine, et ab ejus potestate omnes eripuit.

    Le Sauveur a brisé, dans le fleuve du Jourdain, la tête du dragon ; il nous a arrachés tous à sa puissance.

    5. Magnum Mysterium declaratur hodie, quia Creator omnium in Jordane expurgat nostra facinora.

    Un grand Mystère est déclaré aujourd’hui : le créateur de toutes choses lave nos crimes dans le Jourdain.

    6. Baptizat miles Regem, servus Dominum suum, Joannes Salvatorem: aqua Jordanis stupuit, columba protestabatur : paterna vox audita est: Hic est Filius meus.

    Le soldat baptise son Roi, l’esclave son maître, Jean son Sauveur ; l’eau du Jourdain s’est émue, la Colombe a rendu témoignage, la voix du Père s’est fait entendre : Celui-ci est mon Fils.

    7. Fontes aquarum sanctificati sunt, Christo apparente in gloria: orbis terrarum, haurite aquas de fonte Salvatoris : sanctificavit enim tunc omnem creaturam Christus Deus noster.

    Les sources des eaux furent sanctifiées au moment où le Christ apparaissait dans sa gloire. Toute la terre, venez puiser les eaux dans la source du Sauveur ; car le Christ notre Dieu sanctifie aujourd’hui toute créature.

    8. Praecursor Joannes exsultat cum Jordane, baptizato Domino facta est, orbis terrarum exsultatio facta est, peccatorum nostrorum remissio sanctificans aquas, ipsi omnes clamemus : miserere nobis.

    Jean le Précurseur exulte avec le Jourdain, en baptisant le Seigneur, la joie est faite sur terre, la rémission est faite de nos péchés par la sanctification des eaux, crions tous : Ayez pitié de nous.

    9. Pater de cælis Filium testificat, Spiritus Sancti præsentia advenit, unum edocens qui baptizatur Christus.

    Des cieux le Père rend témoignage au Fils, la présence de l’Esprit Saint arrive, le Christ qui est baptisé enseignant l’unité.

    10. Baptizatur Christus et sanctificatur omnis mundus, et tribuit nobis remissionem peccatorum, aqua et Spiritu omnes purificans.

    Le Christ est baptisé et le monde entier est sanctifié, et il nous a apporté la rémission des péchés, nous purifiant tous par l’eau et l’Esprit.

    11. Peccati aculeus conteritur hodie, baptizato Domino, et nobis donata est regeneratio.

    L’aiguillon du péché est écrasé aujourd’hui par le baptême du Seigneur, et la régénération nous est donnée.

    12. Aqua comburit peccatum hodie, apparet liberator, et orat omnis mundus divinitatis opem.

    L'eau brûle aujourd'hui les péchés, le Libérateur est apparu, et tous louent la belle œuvre de sa divinité.

  • In columbæ specie

    Dans le bréviaire romain, pendant le « temps de l’Epiphanie », les deux répons des matines sont tous les jours les mêmes (contrairement au bréviaire monastique qui en a trois fois trois). Le premier est Tria sunt munera. Le second évoque le baptême du Christ, deuxième mystère de l’Epiphanie dans la liturgie latine, qui sera spécialement commémoré demain 13 janvier.

    R. In colúmbæ spécie Spíritus Sanctus visus est, Patérna vox audíta est: * Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.
    V. Cæli apérti sunt super eum, et vox Patris intónuit.
    R. Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.

    On vit le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe, et on entendit la voix du Père : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Les cieux lui furent ouverts et la voix du Père se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances.

    Ce répons a été modifié (tant dans le bréviaire monastique que romain). Dans les manuscrits, le verset se termine par « audita est » (et non par « intonuit »). Et, le plus souvent, à la fin du répons il y a : « ipsum audite » : écoutez-le. Il en était encore ainsi au XVe siècle, comme en témoigne l’Antiphonarium benedictinum de Saint-Lambrecht (le changement a été opéré, je suppose, dans l’édition de saint Pie V) :

    in columbae.jpg

  • Fête de la Sainte Famille

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    Ce tableau de Max Liebermann, Jésus à 12 ans au Temple, illustre le mystère (joyeux) qui fait l’objet de l’évangile de la messe de ce dimanche : l’évangile du premier dimanche après l’Epiphanie, repris par la fête dite de la Sainte Famille (1).

    Le vrai tableau de Max Liebermann n’était pas tout à fait celui-là. Il ne nous en reste que des esquisses (voir plus bas). Car lorsque le tableau fut exposé, en 1879, il provoqua un tel scandale, tant dans l’Eglise que dans le monde politique, que le peintre le refit pour atténuer le tollé. Dans le premier tableau, Jésus était brun, avec un nez prononcé, il était pieds nus et faisait un geste d’éloquente persuasion. Dans la nouvelle œuvre, il était devenu blond, le nez était rectifié, il avait des sandales, et il était « plus calme ».

    Mais c’était trop tard. Et de toute façon la nouvelle mouture ne pouvait pas être mieux acceptée que la première, en un temps où l’on ne pouvait concevoir Jésus qu’à la mode sulpicienne, et où la bonne société ne pouvait accepter qu’il fût, malgré l’évidence, de la race de David…

    Max Liebermann fut tellement choqué qu’il ne peignit plus jamais d’œuvres au sujet religieux.

    Pourtant ce tableau est un authentique chef-d’œuvre. Y compris sur le plan religieux. Le peintre (juif d’origine mais laïque) s’était imprégné de l’atmosphère des synagogues d’Amsterdam et de Venise. Et sa transposition de l’épisode évangélique me paraît très réussie. Au point que lorsque je prends une image pour ce mystère du Rosaire, c’est désormais la seule qui me « parle ».

    L’attitude des personnages qui écoutent Jésus est d’une profonde vérité psychologique. Ils sont stupéfaits de ce qu’ils entendent, et s’ils se disent « Mais qu’est-ce qu’il vient nous faire la leçon ce gamin », ils ne peuvent pas s’empêcher de reconnaître que ce qu’ils entendent dépasse infiniment ce qui se trouve dans leurs livres, des livres qui s’effacent et s’affaissent devant la Présence. Une Présence qui est lumière, cette lumière surnaturelle qui émane de Jésus (2) et qui éclaire ceux qui sont devant lui, lumière qui est le centre du tableau. Lumen gentium cum sit Christus… (3)

    Et tout en haut, on aperçoit Marie qui dévale l’escalier, vers Joseph qui lui dit : il est là !

    Mais l’important n’est pas la « sainte famille ». L’important, c’est Jésus au milieu de son temple et de son peuple, c’est cette épiphanie, cette irruption de lumière dans le vieux temple un peu poussiéreux, sombre, encombré et devenu étouffant.

    Cet enfant est en effet aux affaires de son Père, il fait descendre la lumière de la Trinité au fond de la Synagogue. Par la lumière il prend possession de son saint lieu, et il illumine ceux qui veulent bien l’écouter.

    (1) La Sainte Famille à laquelle nous appartenons par le baptême et dont nous sommes conviés à faire partie pour l’éternité est le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

    (2) Cela fait penser à une étude récente sur le Linceul de Turin, quand on s’est aperçu qu’on pouvait en faire une image 3D : ce qui n’est possible que si la lumière émane de l’intérieur de l’objet « photographié ».

    (3) Premiers mots de la constitution dogmatique de Vatican II sur l’Eglise : « Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église. »

    liebermann300.jpg

  • De la Sainte Vierge le samedi

    De via perversitátis prodúntur dicere: Virgo concépit, sed non virgo generávit. Potuit ergo virgo concipere, non potuit virgo generare, cum semper concéptus præcedat, partus sequátur? Sed, si doctrinis non creditur sacerdotum, credátur oraculis Christi; credátur monitis Angelórum dicéntium: Quia non est impossibile Deo omne verbum; credátur Symbolo Apostolórum, quod Ecclésia Romana intemerátum semper custódit et servant. Audívit Maria vocem Angeli, et, quæ ante dixerat: Quómodo fiet istud; non de fide generatiónis interrogans, respóndit póstea: Ecce ancílla Dómini, contingat mihi secúndum verbum tuum.

    L’esprit d’erreur fait dire aux hérétiques que Marie a conçu étant vierge, mais qu’elle n’est pas demeurée vierge dans l’enfantement. Comment donc se peut-il faire qu’une vierge puisse concevoir, et qu’une vierge ne puisse pas enfanter, puisque l’enfantement est une suite de la conception ? Mais si on n’en veut pas croire les décisions des évêques, qu’on en croie au moins les oracles de Jésus-Christ et qu’on ajoute foi aux paroles des Anges qui disent nettement « Qu’il n’y a rien d’impossible à Dieu ». Qu’on ajoute foi au symbole des Apôtres, que l’Eglise romaine suit et conserve toujours dans sa pureté. Marie écouta elle-même avec docilité la parole de l’Ange ; et elle qui avait dit : « Comment cela se fera-t-il ? » ne fait plus de question pour s’assurer de la manière dont elle enfantera, mais répond humblement : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. »

    Lecture des matines du samedi de la Sainte Vierge pour le mois de janvier. Extrait de la lettre de saint Ambroise au pape Sirice, traduction du Breviarum benedictinum, 1725. On remarque que saint Ambroise fait dire à Marie « contingat », alors qu’il s’agit de son très célèbre « fiat ». Ce « contingat » (qu’il arrive, qu’il se produise) paraît aujourd’hui très curieux. D’autant qu’on ne le trouve dans aucun manuscrit de la Vulgate, que « fiat » est la traduction obvie du grec « genito », et que saint Ambroise lui-même dit « fiat » dans son commentaire de l’Evangile de saint Luc…

  • Orto crucis sidere

    Orto crucis sidere,
    Quaeramus summopere
     Regem regum omnium.

    L’astre de la croix s’est levé ; à sa lumière, cherchons le Roi des rois.

    Quaeramus humiliter,
    Non panditur aliter
    Cordibus quaerentium.

    Cherchons-le avec humilité : c’est alors qu’il se manifeste aux cœurs de ceux qui le cherchent.

    Jacet in praesepio,
    Spreto regum solio,
    Degens in penuria.

    Il a quitté son trône céleste ; couché dans la crèche, il y réside dans la pauvreté.

    Formam dans quaerentibus,
    Calcatis terrestribus,
    Amare caelestia.

    Pour l’exemple de ceux qui le cherchent, il apprend à mépriser la terre, à aimer les choses célestes.

    Herode postposito,
    Magos cultu debito
    Sequamur celeriter.

    Abandonnons Hérode, suivons en hâte les Mages ; offrons nos vœux avec les leurs.

    Stella duce cursitant
    Ad Regem quem praedicant
    Regnare perenniter.

    A la suite de l’étoile, ils courent vers ce Roi dont ils annoncent le règne éternel.

    Offeramus typice
    Quod illi magnifice
    Tulerunt realiter.

    Offrons-lui mystiquement les dons que leur munificence lui présenta réellement :

    Thus superno Numini,
    Myrrham vero homini,
    Aurum Regi pariter.

    De l’encens comme au Dieu suprême, de la myrrhe comme à l’homme véritable, de l’or comme à un Roi.

    His donis, o lilium,
    Placa nobis Filium
    Repletum dulcedine.

    Lis de pureté ! par ces dons, rendez nous votre Fils propice, ce Fils rempli de douceur ;

    Ut possimus libere
    Secum semper vivere
    Paradisi culmine. Amen.

    Et qu’un jour il nous soit donné de vivre avec lui, au sein de la gloire du Paradis, dans une liberté parfaite. Amen.

    Séquence du missel de Paris 1584, pour un jour de l’octave de l’Epiphanie, traduction dom Guéranger.

  • Quicumque Christum quæritis

    Quicumque Christum quæritis
    Oculos in altum tollite
    Illic licebit visere
    Signum perennis gloriæ

    Haec stella, quae solis rotam
    Vincit decore ac lumine
    Venisse terris nuntiat
    Cum carne terrestri Deum

    Non illa servit noctibus
    Secuta lunam menstruam
    Sed solam coelum possidens
    Cursum dierum temperat

    Arctoa quamvis sidera
    In se retortis mortibus
    Obire nolint attamen
    Plerumque sub nimbis latent

    Hoc sidus aeternum manet
    Haec stella numquam mergitur
    Nec nubis occursu abdita
    Obumbrat obductam facem

    Tristis cometa intercidat
    Et si quod astrum Sirio
    Fervet vapore, jam Dei
    Sub luce destructum cadat

    O vous qui cherchez le Christ, levez les yeux en haut ; là, vous apercevrez le signe de son éternelle gloire.

    Une étoile, qui surpasse en beauté et en lumière le disque du soleil, annonce qu’un Dieu vient de descendre sur la terre, dans une chair mortelle.

    Cet astre n’est point un de ces flambeaux de la nuit, qui rayonnent autour de la lune: seul, il semble présider au ciel et marquer le cours du temps.

    Les deux Ourses qui brillent au Nord ne se couchent jamais ; cependant elles disparaissent souvent sous les nuages :

    L’Astre divin brille éternellement ; cette Étoile ne s’efface jamais ; la nuée dans son cours ne vient jamais couvrir d’ombre son brillant flambeau.

    Qu’elle pâlisse, la comète, messagère de tristesse ; et que l’astre enflammé des vapeurs produites par le Sirius, soit vaincu par le flambeau d’un Dieu.

    (Hymne de Prudence pour l’Epiphanie, traduction dom Guéranger. Il s’agit en fait des premières strophes d’une hymne de 52 strophes dont plusieurs sont utilisées dans la liturgie du temps de Noël. Et aussi à la Transfiguration.)

  • Tria sunt munera

    L’octave de l’Epiphanie a été supprimée en 1955, on l’a remplacée (en… 1960) par un incongru « temps de l’Epiphanie » qui s’inscrit dans le temps de Noël. Ce temps de l’Epiphanie va des premières vêpres de l’Epiphanie jusqu’au 13 janvier. En fait la liturgie est celle de… l’octave de l’Epiphanie, mais pour la messe c’est seulement jusqu’au dimanche suivant…

    Le premier répons des matines est donc toujours celui-ci :

    tria.jpg

    (Antiphonaire franciscain, vers 1300, Fribourg)

    . Tria sunt múnera pretiósa, quæ obtulérunt Magi Dómino in die ista, et habent in se divína mystéria: * In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.
    . Salútis nostræ auctórem Magi veneráti sunt in cunábulis, et de thesáuris suis mýsticas ei múnerum spécies obtulérunt.
    .  In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.

    Les dons précieux que les Mages offrirent au Seigneur en ce jour sont au nombre de trois, et ils renferment en eux des mystères divins : Par l’or est signifiée la puissance royale ; par l’encens, le souverain sacerdoce, et par la myrrhe, la sépulture du Seigneur. Les Mages ont vénéré l’Auteur de notre salut dans son berceau ; et, de leurs trésors, ils lui ont offert des présents mystiques.

    Le symbolisme de l’or, de l’encens et de la myrrhe est très riche. Le répons fait écho à l’enseignement le plus courant des pères de l’Eglise. Saint Grégoire le Grand disait :

    « C'est un roi : l'or le prouve ; c'est un Dieu : l'encens le manifeste ; c'est un mortel : la myrrhe l'affirme. » Et il ajoutait aussitôt : « Nous présentons au Dieu naissant l'or, preuve de notre foi en son royaume universel, l'encens par où nous confesserons la divinité avant tous les temps de celui qui est apparu dans le temps, et la myrrhe qui affirmera notre croyance en ce Dieu qui, impassible de par sa divinité, est devenu mortel, de par notre chair. »

    Car nous aussi nous devons offrir l’or, l’encens et la myrrhe. L’or est ce que nous avons de plus précieux : notre foi, notre amour pour Dieu. L’encens est la prière. Et la myrrhe, ce sont nos mortifications, nos pénitences, notre ascèse.