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Liturgie - Page 386

  • Sainte Elisabeth de Hongrie

    A l’âge de 18 ans, Ludovic, après la mort de son père, commença à régner sur la Thuringe. Mais Elisabeth devint l’objet de critiques voilées, car sa façon de se comporter ne correspondait pas à la vie de la cour. Ainsi, la célébration du mariage se déroula elle aussi sans faste, et les dépenses pour le banquet furent en partie dévolues aux pauvres. Dans sa profonde sensibilité, Elisabeth voyait les contradictions entre la foi professée et la pratique chrétienne. Elle ne supportait pas les compromis. Un jour, en entrant dans l’église en la fête de l’Assomption, elle enleva sa couronne, la déposa devant la croix et demeura prostrée au sol, le visage couvert. Lorsque sa belle-mère lui reprocha son geste, elle répondit: «Comment moi, misérable créature, puis-je continuer de porter une couronne de dignité terrestre, lorsque je vois mon Roi Jésus Christ couronné d’épines?». Elle se comportait devant Dieu comme envers ses sujets. Dans les Dépositions des quatre demoiselles de compagnie, nous trouvons ce témoignage: «Elle ne consommait aucune nourriture sans s’assurer auparavant qu’elle provenait des propriétés et des biens légitimes de son époux. Tout en s’abstenant des biens procurés de façon illicite, elle se prodiguait pour dédommager ceux qui avaient subi une violence» (nn. 25 et 37). Un véritable exemple pour tous ceux qui occupent des rôles de guide: l’exercice de l’autorité, à tous les niveaux, doit être vécu comme un service à la justice et à la charité, dans la recherche constante du bien commun.

    Elisabeth pratiquait assidûment les œuvres de miséricorde: elle donnait à boire et à manger à ceux qui frappaient à sa porte, elle procurait des vêtements, elle payait les dettes, elle prenait soin des malades et enterrait les morts. En descendant de son château, elle se rendait souvent avec ses servantes dans les maisons des pauvres, apportant du pain, de la viande, de la farine et d’autres aliments. Elle remettait la nourriture personnellement et contrôlait avec attention les vêtements et les lits des pauvres. Ce comportement fut rapporté à son mari, qui non seulement n’en fut pas ennuyé, mais qui répondit aux accusateurs: «Tant qu’elle ne vend pas le château, j’en suis content!». C’est dans ce contexte que se situe le miracle du pain transformé en roses: alors qu’Elisabeth marchait sur la route avec son tablier rempli de pain pour les pauvres, elle rencontra son mari qui lui demanda ce qu’elle portait. Elle ouvrit son tablier et, au lieu du pain, apparurent des roses magnifiques. Ce symbole de charité est présent de nombreuses fois dans les représentations de sainte Elisabeth.

    Son mariage fut profondément heureux: Elisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel, et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses. Toujours plus admiratif en raison de la foi profonde de son épouse, Ludovic, se référant à son attention envers les pauvres, lui dit: «Chère Elisabeth, c’est le Christ que tu as lavé, nourri et dont tu as pris soin». Un témoignage clair de la façon dont la foi et l’amour envers Dieu et envers le prochain renforcent la vie familiale et rendent l’union matrimoniale encore plus profonde.

    Benoît XVI

  • Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul

    « Pour célébrer les saints Apôtres, dit malicieusement L’Année liturgique, il nous plaît d’emprunter aux bibliothèques de nos frères séparés d’Angleterre cette Séquence que la vénérable Église d’York chantait encore, il y a quatre siècles, en leur honneur. »

    In sollemni memoria
    Apostolorum principis,
    Piæ laudis harmonia
    Lætis resonet canticis.

    En cette mémoire solennelle du Prince des Apôtres, que l’harmonie de notre louange, inspirée par l’amour, se fasse jour en cantiques joyeux.

    Veneremur simul pari
    Dignum laude venerari
    Apostolum gentium;
    Ut quos amor vita junxit,
    Nec mors ipsa post disjunxit
    Jungat et præconium.

    Avec lui vénérons, digne comme lui de nos chants, l’Apôtre des nations ; ainsi la louange réunira ceux que l’amour unit dans la vie et que la mort elle-même n’a pu séparer.

    Horum laus est quod destructa
    Romanæ potentiæ idolatria,
    Jam fundata et firmata
    Ibidem orbem gubernat Ecclesia.

    Leur louange, c’est que dans Rome, siège de l’empire, ils renversèrent l’idolâtrie ; que dans cette Rome, l’Église fondée et soutenue par eux gouverne l’univers.

    Fide Petri fundamentum
    Pauli tenet firmamentum
    Dogmate Ecclesia;
    Clavis huic potentiæ,
    Illi cessit scientiæ
    Juncta ad officia.

    Le fondement de l’Église, c’est la foi de Pierre, comme la doctrine de Paul en est le soutien ; au premier la clef signifiant la puissance, au second celle qui ouvre les horizons de la science : toutes deux concourent à l’œuvre commune.

    Petro namque sub pastore
    Gratulatur et rectore
    Inter fluctus sæculi;
    Pauli viget ex doctrina,
    Vitæ sumpta medicina
    Grex fidelis populi.

    Car c’est ainsi que le troupeau, que le peuple fidèle se félicite, au milieu des tempêtes de cette vie, d’avoir en Pierre un pasteur et un guide ; tandis que Paul par ses enseignements le fortifie, l’anime et le guérit dans ses maux.

    Iste verbo instruit,
    Ille cœlum aperit
    Verbo vitæ credulis,
    Et quod unus prædicat
    Alter verum comprobat
    Crebris hoc miraculis.

    L’un répand la parole de vie, l’autre aux croyants de cette parole ouvre les cieux ; ce que l’un prêche, l’autre en montre la vérité par des miracles sans nombre.

    Hic Judæos, ille gentes
    Viam vitæ nescientes
    Ad salutem convocat;
    Ambo præsunt convocatis,
    Ambo certant desolatis,
    Hostis ne prevaleat.

    Ils appellent au salut, celui-ci les Juifs, celui-là les nations ignorantes du chemin de la vie ; tous deux dirigent les appelés, tous deux combattent pour eux, repoussant l’assaut de l’ennemi,

    Contra summæ potentiæ
    Consurgunt imperium,
    Unus crucis, alter ensis
    Perpessus supplicium.

    Ne craignant pas de faire face à la force toute-puissante de l’empire, encourant l’un le supplice de la croix, l’autre celui du glaive.

    Sicque una urbe mortem
    Una die passi, sortem
    Ad justorum transmeant;
    Qui malorum nos exsortes
    Sua prece et consortes
    Beatorum faciant. Amen.

    En la même ville, en un même jour, ils souffrent la mort et passent aux cieux où sont récompensés les justes. Puissent-ils, priant pour nous, nous préserver de tout mal, et nous amener à partager leur bienheureux sort. Amen.

  • Saint Grégoire le Thaumaturge

    Une nuit, alors qu’il réfléchissait sur le discours de la foi et qu’il échafaudait des raisonnements de toutes sortes - car il y avait alors des gens qui falsifiaient la pieuse doctrine et, par l’habileté de leurs argumentations, rendaient souvent la vérité incertaine, même pour ceux qui la connaissaient bien -, alors donc qu’il veillait et réfléchissait à cela, lui apparut en vision un personnage âgé ayant l’aspect d’un homme, dont le vêtement manifestait le caractère sacré, qui annonçait une grande vertu par la grâce de son visage et la dignité de son maintien.

    Frappé de stupeur à ce spectacle, il se leva de son lit et lui demanda qui il était et à quelle fin il venait. Celui-ci apaisa le trouble de sa pensée d’une voix douce et lui dit qu’il lui était apparu sur ordre de Dieu en raison des questions controversées autour de lui, pour que lui soit révélée la vérité de la foi pieuse. Lui reprit courage à ces paroles et le regarda avec joie et étonnement. Ensuite celui-ci, ayant tendu la main droite devant lui, comme pour lui montrer avec les doigts tendus ce qui apparaissait sur le côté, lui fit tourner le regard par sa main tendue et voir en face une autre apparition sous l’aspect d’une femme, bien supérieure à une apparition humaine. Lui, à nouveau frappé de stupeur, détourna son visage; il était incapable de voir ce spectacle, car ses yeux ne pouvaient supporter l’apparition. Ce qu’il y avait de tout à fait extraordinaire dans cette vision, c’était, alors que la nuit était profonde, qu’une lumière brillait sur ceux qui lui étaient apparus, comme si une lampe brillante était allumée. Comme ses yeux ne pouvaient supporter l’apparition, il entendit ceux qui lui étaient apparus s’entretenir au cours d’une conversation sur l’objet de sa recherche; grâce à eux, non seulement il fut instruit de la véritable connaissance de la foi, mais il reconnut grâce à leurs noms ceux qui lui étaient apparus, chacun d’entre eux appelant l’autre de son propre nom.

    On dit en effet qu’il entendit celle qui était apparue sous l’aspect d’une femme exhorter l’évangéliste Jean à révéler au jeune homme le mystère de la vérité, et celui-ci lui répondre qu’il était prêt à accorder cela à la mère du Seigneur, puisque ce lui était agréable. Ayant ainsi exposé la question de manière convenable et bien claire, ils disparurent ensuite de sa vue. Et lui aussitôt mit par écrit cette divine mystagogie et c’est d’après elle qu’il annonça ensuite la parole dans l’église ; il laissa à ses successeurs, comme un héritage, cet enseignement donné par Dieu. C’est grâce à lui que, jusqu’à ce jour, le peuple de chez eux, qui est resté exempt de toute hérésie, est initié aux mystères. Les paroles de cette mystagogie sont les suivantes :

    Un seul Dieu,
    père du Verbe vivant (qui est sagesse subsistante, puissance et caractère éternels),
    parfait géniteur du parfait,
    père du Fils monogène.
    Un seul seigneur,
    unique de l’unique,
    Dieu de dieu,
    caractère et image de la divinité,
    verbe agissant,
    sagesse qui embrasse l’ordonnance de l’univers,
    et puissance qui a faite toute la création,
    Fils véritable du Père véritable,
    invisible de l’invisible,
    ineffable de l’ineffable,
    immortel de l’immortel,
    éternel de l’éternel.
    Un seul Esprit saint,
    qui tient son existence de Dieu,
    et est apparu par le Fils (aux hommes),
    image parfaite du Fils parfait,
    vie, cause des vivants,
    sainteté, dispensateur de sanctification,
    dans lequel sont manifestés Dieu le Père,
    celui qui est au-dessus de tout et en tout,
    et Dieu le Fils,
    celui par qui sont toutes choses.
    Trinité parfaite,
    qui n’est divisée ni distinguée ni selon la gloire, ni selon l’éternité, ni selon la royauté.

    (Donc il n’y a rien de créé ni d’esclave dans la Trinité, ni de surajouté comme si cela n’existait pas auparavant, mais avait été introduit par la suite. Donc le Fils n’a jamais fait défaut au Père ni l’Esprit au Fils, mais la même Trinité est toujours immuable et sans changement).

    Saint Grégoire de Nysse, Vie de Grégoire le Thaumaturge, 22-25. (Ce texte vient de paraître dans la collection des Sources chrétiennes, avec la vie de saint Basile par le même saint Grégoire de Nysse.)

  • 23e dimanche après la Pentecôte

    Du point de vue des antiphonaires grégoriens, ce dimanche est le dernier de l’année. Les chants du 23e dimanche sont en effet repris les dimanches suivants s’il reste des dimanches avant l’Avent. La raison en est qu’autrefois c’était effectivement le dernier dimanche de l’année liturgique. Rupert de Deutz, au début du XIIe siècle, expliquait, parmi d’autres, qu’en ce dernier dimanche l’Eglise célébrait l’entrée des juifs dans l’Eglise, qui doit se produire avant la fin du monde. Il le faisait par l’intermédiaire d’une lecture allégorique de l’histoire de Joseph en Egypte.

    Ainsi dès l’introït le Seigneur dit par la bouche de Jérémie qu’il ramènera les hébreux captifs de tous les lieux. Rupert se concentre sur les premiers mots de cet introït :

    « Le Seigneur dit : Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction. Ses pensées sont toutes de paix en effet, puisqu’il promet d’admettre au banquet de sa grâce les Juifs ses frères selon la chair, réalisant ce qui avait été figuré dans l’histoire du patriarche Joseph. Les frères de ce dernier, qui l’avaient vendu, vinrent à lui poussés par la faim, lorsqu’il étendait sa domination sur toute la terre d’Égypte ; ils furent reconnus, reçus par lui, et lui-même fit avec eux un grand festin : ainsi notre Seigneur, régnant sur tout le monde et nourrissant abondamment du pain de vie les Égyptiens, c’est-à-dire les Gentils, verra revenir à lui les restes des fils d’Israël ; reçus en la grâce de celui qu’ils ont renié et mis à mort, il leur donnera place à sa table, et le vrai Joseph s’abreuvera délicieusement avec ses frères. »

    Délivrés de leur captivité spirituelle, les juifs devenus chrétiens chanteront l’action de grâces du graduel : « Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous persécutaient. »

    L’alléluia et l’offertoire sont le début du De Profundis, car c’est la supplication des frères de Joseph, dont les lointains descendants diront au véritable Joseph ce qu’ils disaient alors : « Nous te conjurons d’oublier le crime de tes frères. »

    Et la communion (« En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez et cela vous sera donné ») « est la réponse de ce même Joseph disant, comme autrefois le premier : Ne craignez point. Vous aviez formé contre moi un dessein mauvais ; mais Dieu l’a fait tourner au bien, afin de m’élever comme vous voyez maintenant et de sauver beaucoup de peuples. Ne craignez donc point : je vous nourrirai, vous et vos enfants. »

    Rupert expliquait aussi en ce sens l’évangile qui était alors celui de la multiplication des pains. Mais l’évangile actuel du 23e dimanche est beaucoup plus clairement lié à ce thème : Jésus guérit (« sauve ») une païenne sur le chemin alors qu’il va « sauver » - ressusciter - la fille du chef (de la synagogue). Saint Jérôme souligne d’une part que le huitième miracle de l’évangile de saint Matthieu devait être la guérison de la fille du chef, mais que la païenne sur le chemin, volant ce huitième miracle, a repoussé celui de la jeune juive à la neuvième place ; d’autre part que la femme est malade depuis 12 ans et que la jeune fille a 12 ans (selon saint Luc). Le Royaume (nombre 8) était préparé pour les juifs, mais ce sont les païens qui y entrent d’abord, comme par effraction. Les juifs ne pourront y entrer qu’au terme des 12 années de l’histoire du monde, où depuis le début les païens étaient malades.

  • Saint Albert le Grand

    Que Dieu, infiniment bon, se soit uni, entre toutes les créatures, la seule créature humaine, au point qu'on puisse dire vraiment que Dieu est homme et que l'homme est Dieu, et tout ce que Dieu a par nature, l'homme le possède par grâce, cela ne doit-il pas provoquer en notre âme une joie véritable ? « Dieu ne s'est pas uni aux Anges, mais au sang d'Abraham » (Héb. 2, 16). « N'est-ce pas quelque chose de grand et de merveilleux, s'écrie saint Jean Chrysostome, que notre chair soit assise, au ciel, bien haut, et que les Anges et les Archanges l'adorent ! »

    Autre motif de joie : Dieu nous a rendus certains du bonheur éternel, bonheur garanti par les promesses de la loi et des prophètes et par son propre serment : « le serment qu'il fit à Abraham, notre père » (Luc 1, 73), bonheur assuré par le don spécial des Évangélistes, par le témoignage des Apôtres, par le don de l'Esprit Saint au baptême, – l'Esprit est le gage de notre héritage – par les arrhes, c'est-à-dire l'avant-goût de ce bonheur, dans la dévotion et la douceur de Dieu, par le Christ, le Fils unique de Dieu, qui est notre otage. Saint Paul (Phil. 4, 4) nous exhorte à cette double joie. « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur (à cause de l'union de Dieu avec notre nature) ; je vous le dis encore, réjouissez-vous (à cause de la certitude du bonheur éternel). »

    C'est une preuve de la vraie joie, et un bon motif, pour quelqu'un, de se réjouir vraiment, que d'avoir l'assurance, par inspiration intérieure, de la rémission de ses péchés qui avaient si gravement offensé Dieu et les créatures et avaient fait perdre, au pécheur lui-même, avec toutes les grâces reçues, le droit d'en recevoir encore à l'avenir. Marie-Madeleine a eu cette certitude lorsque Notre Seigneur lui dit : « Beaucoup de péchés lui seront remis parce qu'elle a beaucoup aimé » (Luc 7, 47). Saint François aussi : il lui fut révélé que ses fautes, jusqu'à la plus petite partie, lui étaient tout à fait remises.

    Une autre marque de joie et une nouvelle raison de se réjouir, c'est l'assurance intérieure que l'on est fils de Dieu et héritier du royaume céleste. L'Esprit Saint nous donne cette assurance : « Il rend lui-même témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Si nous sommes fils, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ » (Rom. 8, 16-17). L'apôtre saint Paul avait cette certitude : « J'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie... ni aucune créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ » (Rom. 8, 38-39).

    Saint Albert le Grand, le Paradis de l’âme, XXIII, 3-4.

  • Saint Josaphat

    La messe (de ce jour) a des rapports voulus avec les textes de la liturgie grecque. C’est ainsi que l’Introït est emprunté à celle-ci et que les deux lectures sont également utilisées à la messe de rite grec d’un martyr pontife. La messe débute avec solennité : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur en ce jour de fête que nous célébrons en l’honneur de saint Josaphat, martyr… » Le leitmotiv de la messe est celui-ci : « Je suis le Bon Pasteur ; je connais les miens... » Nous l’entendons répéter trois fois : à l’Oraison, à l’Évangile et à la Communion. La parabole du Bon Pasteur se réalise doublement à la messe : dans le Christ et en saint Josaphat. Le Christ manifeste dans chaque messe son dévouement de pasteur pour ses brebis ; saint Josaphat est une reproduction et un membre du Christ qui continue sa Passion dans ses martyrs ; la messe célèbre le sacrifice de sa mort. Nous, qui sommes au Saint-Sacrifice mystiquement unis au Christ et aussi à saint Josaphat, nous voulons avoir part à l’amour, à la fidélité et au dévouement des deux Pasteurs. La belle Épître, tout à fait liturgique, tirée de la lettre aux Hébreux produit le plus grand effet. Là le souverain sacerdoce du Christ s’exprime clairement : le Christ, le Grand Prêtre éternel offre son sacrifice sanglant ; ce sacrifice trouve sa continuation à la messe, offerte par le sacerdoce des ministres consacrés de l’Église et par le sacerdoce commun du peuple.

    Dom Pius Parsch

  • Saint Didace (Diego)

    Sa charité le portait à corriger avec grand zèle ceux qu’il voyait offenser Dieu ; si quelqu’un mourait sans se confesser il s’en affligeait, et faisait de très ferventes prières pour tâcher de détourner ce malheur des autres ; il faisait plusieurs pénitences pour les péchés d’autrui, afin d’apaiser le courroux du Ciel qu’ils irritaient. Il donnait l’aumône avec tant de largesse que les supérieurs étaient obligés de la blâmer de profusion, mais il leur répondait avec confiance, que cette charité, au lieu de leur ôter ce qui leur était nécessaire, l’augmentait ; il n’était pas trompé dans son espérance, car Dieu lui faisait porter des vivres si abondamment que chacun admirait d’où il pouvait tirer de quoi satisfaire aux nécessités des religieux, et à celles de tant de pauvres qu’il assistait ; si quelquefois il se trouvait dépourvu de ce qu’il aurait eu besoin pour les contenter, il leur en témoignait son déplaisir par ses larmes, et tâchait de les consoler par la douceur de ses paroles. Son esprit était toujours attentif à la prière ou vocale ou mentale ; un crucifix était l’objet ordinaire de sa vue, et un chapelet le gage des mains ; aussi son oraison devint-elle si efficace qu’il obtint la guérison de plusieurs malades, et le soulagement de plusieurs malheureux.

    Sa patience était si grande, que dans les plus fâcheuses maladies, et même à son agonie, il ne fit jamais paraître aucun signe qu’il souffrît quelque douleur. La foi qu’il avait pour tous les saints mystères de notre religion lui faisait concevoir une si ferme confiance en la miséricorde de Dieu qu’il croyait avec certitude qu’on en pouvait obtenir tout ce qu’on lui demanderait, et les merveilles qui lui sont arrivées sont une preuve fort évidente de son sentiment. Revenant de Cerrage à Saint-Lucar de Baramède, qui en est éloigné de neuf lieues, avec Frère Etienne, ils passèrent par le bourg des Palais pour demander l’aumône, mais Dieu permit qu’ils n’y trouvèrent rien pour se rafraîchir ; ils poursuivirent leur chemin à jeun, et son compagnon se trouva las et si faible qu’il fut obligé de lui demander s’il ne pensait pas à manger ; jetez votre pensée en Dieu, lui répondit le saint, il a nourri cinq mille hommes dans le désert, il ne nous délaissera pas sans secours ; sa confiance ne fut pas vaine, car comme ils eurent passé plus avant par une plaine vaste et déserte, ils trouvèrent du pain, du vin, du poisson et des oranges sur une nappe blanche ; ils regardèrent de tous côtés pour voir s’il y avait quelqu’un pour qui ce régal eût été préparé, et comme personne ne parut dans tout le voisinage qui était fort découvert, ils connurent que c’était un présent de la providence de Dieu, et s’en servirent avec mille actions de grâces à leur Bienfaiteur.

    Un garçon du bourg de Cerrage, qui est à quatre lieues de Séville, alla se cacher dans un four pour éviter la colère de sa mère qui le voulait battre, et s’y endormit ; cette femme qui ne le savait pas là mit du bois dedans, et l’alluma ; l’enfant s’éveilla sentant l’ardeur de la flamme qui le brûlait, et la mère voyant ce malheur criait au secours tout éplorée ; Frère Didace arriva sur ce désastre, et dit à cette femme qu’elle courût à l’église pour implorer l’aide de la Sainte Vierge ; elle le crut, cependant il se mit en prière devant la bouche du four, et l’enfant en sortit sans aucun dommage : ce miracle étonna tous les voisins, ils conduisirent le garçon à l’église pour rendre grâces à sa Libératrice, et les chanoines l’habillèrent d’une robe blanche pour marquer la joie de sa délivrance. Ce prodige qui rendit célèbre cette chapelle de la Mère de Dieu fit aussi éclater le mérite du saint, de sorte que sa réputation s’étendit partout et Dieu l’augmenta depuis par plusieurs autres merveilles.

    Annales des Frères mineurs, composées en latin par le très-révérend père Luc Wadinghes, hibernien, professeur en théologie du même ordre, censeur de la souveraine Inquisition de Rome, et gardien du collège de saint Isidore dans la même Ville, abrégées et traduites en français par le R.P. Silvestre Castet, récollet. (De Jésus-Christ l’an 1441, X-XII.)

  • Saint Martin Ier

    Le bienheureux cardinal Schuster écrit à la date du 16 septembre :

    Ce jour est aussi l’anniversaire de la mort du saint Pontife qui, pour la foi orthodoxe, défendue par lui contre l’hérétique basileus de Byzance, finit ses jours en exil dans la Chersonèse. Il mourut le jour de sainte Euphémie de l’an 655. Obiit autem idem sanctissimus Martinus papa, recens revera confessor et martyr Christi... mense septembrio, die sextadecima, in qua felicissimae martyris et fidem custodientis orthodoxam Euphemiae celebratur memoria... Positus est autem in tumulis Sanctorum extra muros Chersonitarum civitatis... in templo sanctissimae Dei genitricis.

    Le Liber Pontificalis fait déjà allusion aux prodiges qui s’accomplissaient à Cherson, sur la tombe du Pontife exilé. Vers 730, de nombreux miracles s’y opéraient encore et Grégoire II les mentionne dans une lettre à Léon Ier l’Isaurien.

    On ne sait pas si le corps de saint Martin fut jamais transféré à Rome, aussi semble-t-il que sa fête, fixée par le Missel actuel au 12 novembre, soit plutôt la solennité romaine de saint Martin de Tours, laquelle, à cause du natale de saint Mennas, qui tombe le 11, était renvoyée au lendemain.

    Le pape Martin était encore en vie quand, à Rome, par suite des prescriptions impériales, on lui donna pour successeur Eugène Ier. Le pieux Pontife céda à la violence, et pour l’amour de l’unité ecclésiastique, il finit par approuver cette élection. Dans une lettre de septembre 655, saint Martin décrit à un ami l’extrême misère où il était laissé dans son exil, mais il assure qu’il ne cesse pas de prier Dieu pour l’Église de Rome et pour son propre successeur sur la Chaire apostolique.

  • Saint Martin

    De l’avis général, l’hymne des vêpres et des matines des confesseurs Iste confessor a été composé (ou peut-être, ou sans doute) pour la fête de saint Martin, et la troisième strophe évoque les miracles qui eurent lieu sur son tombeau. Il s’agit d’une hymne ancienne, du VIIIe siècle, en strophes dites saphiques – terme qui paraît incongru pour un texte sacré mais indique que ce mètre fut inventé par Sapho, pour des poèmes fort peu sacrés… La strophe saphique se compose de trois vers « grands saphiques » de 11 pieds et d’un vers « adonique » de 5 pieds. (L’hymne à saint Jean Baptiste Ut queant laxis, dont on a tiré les notes de la gamme musicale, est également en strophes saphiques.)

    Après l’hymne on lira sa traduction par Pierre Corneille. Et l’on constatera que l’adaptation de la deuxième strophe est aussi virtuose qu’est franchement nulle la troisième (à cause surtout, du « qui ravagent leurs veines », qui ne correspond à rien dans le texte mais est laborieusement inventé pour rimer avec soudaines).

    Iste confessor Domini sacratus
    Festa plebs cujus celebrat per orbem,
    Hodie lætus meruit secreta,
    Scandere Cæli.

    Qui pius, prudens, humilis, pudicus,
    Sobrius, castus fuit et quietus
    Vita, dum presens vegetavit ejus
    Corporis artus.

    Ad sacrum cujus tumulum frequenter,
    Membra languentem modo sanitati,
    Quo libet morbo fuerint gravata,
    Restituuntur.

    Unde nunc noster chorus in honorem
    Ipsius hymnum canit nunc libenter,
    Ut piis ejus meritis juvemur
    Omne per ævum.

    Sit salus illi decus atque virtus,
    Qui supra cæli residens cacumen,
    Totius mundi machinam gubernat,
    Trinus et unus. Amen.

    Ce digne confesseur, dont le peuple en ces lieux
    Honore la mémoire et célèbre la fête,
    D’un empire aujourd’hui fit la sainte conquête,
    Et prit sa place dans les cieux.

    Tant qu’il vécut sur terre, on vit sa piété
    Par un divin accord s’unir à la prudence,
    Sa pudeur conspirer avec la tempérance,
    Son calme avec l’humilité,

    Autour de son tombeau les malades rangés
    Reçoivent chaque jour des guérisons soudaines,
    Et les maux les plus grands qui ravagent leurs veines
    Sont d’autant plus tôt soulagés.

    C’est donc avec raison que nos chœurs aujourd’hui
    Font résonner une hymne et des vœux à sa gloire,
    Afin que son mérite aide à notre victoire
    A monter au ciel après lui.

    Gloire à l’unique Auteur de ce vaste univers !
    Gloire, honneur et louange à sa bonté divine,
    Dont l’absolu vouloir gouverne la machine
    Du ciel, de la terre et des mers ! Amen.

  • Saint Tryphon

    Tryphon_of_Campsada.jpg

    Saint Tryphon était né à Lampsaque, aujourd’hui Lapseki en Turquie sur les Dardanelles. Jeune homme, il gardait les oies. Mais il était rempli de l’Esprit Saint et guérissait les malades. En Orient il est connu comme un saint anargyre, celui qui guérit gratuitement. A cette époque la fille de l’empereur de Rome, Gordien, était possédée par un démon. Un jour le démon finit par dire qu’il ne serait expulsé que par Tryphon. Gordien envoya chercher les hommes nommés Tryphon, qui furent incapables de guérir la fille, jusqu’à ce qu’on trouve le Tryphon des oies de Lampsaque. Il arriva et expulsa le démon, qu’il fit apparaître sous les traits d’un horrible chien noir qu’il obligea à dire qui il était et qu’il n’avait aucun pouvoir sur les chrétiens.

    Sous l’empereur Dèce, qui avait succédé à Philippe qui avait succédé à Gordien, il fut dénoncé comme propagateur du christianisme. Il fut conduit à Nicée où après d’horribles tortures on lui trancha la tête.

    Il y avait, dit-on, au moins sept églises dédiées à Tryphon à Constantinople. Et une à Rome, où l’on vénérait ses reliques avec celles de deux autres martyrs dont on ne sait rien, Respice et Nymphe. Cette église était (et est toujours dans les livres liturgiques) la station papale du samedi après les cendres, mais sous Clément VIII, comme l’édifice menaçait ruine, la station fut transférée à l’église voisine de Saint-Augustin.

    Depuis 1725 sa fête est supplantée par celle de saint André Avellin.