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Liturgie - Page 387

  • Dédicace de l’archibasilique du Très Saint Sauveur

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    Au début du IIIe siècle, Constantin donna à l’Eglise le palais des Laterani, qui devint la résidence des papes. Selon la tradition c’est saint Sylvestre qui en 337 y installa sa chaire, le siège apostolique, et consacra l’autel de ce qui devint la basilique du pape. En 1307 le pape s’en alla résider à Avignon, et quand il revint à Rome, ce fut pour s’installer au Vatican. La basilique Saint-Pierre, sur la tombe de saint Pierre, allait donc devenir la basilique du pape. Néanmoins tout nouveau pape allait continuer à « prendre possession » de la basilique du Latran, comme de son église propre. De ce fait il n’a pas toujours été très clair de savoir laquelle était la cathédrale de Rome, même si l’on considérait l’autel du Latran comme le premier autel de la chrétienté.

    Saint Pie V inscrivit au calendrier liturgique la fête de la dédicace du Latran, et celle de la dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul (le 18 novembre) comme fêtes doubles, donc à égalité. En 1897, Léon XIII les éleva toutes deux au rang de double majeure. C’est saint Pie X qui fit la différence, et régla liturgiquement la question, en faisant de la dédicace du Latran une fête double de deuxième classe.

    Selon la tradition le 9 novembre est le jour de la dédicace de la première église par saint Sylvestre. Mais on n’a aucune trace d’une célébration de la dédicace du Latran avant le XIIe siècle. C’est pourquoi, explique le cardinal Schuster, la messe et l’office sont du commun de la Dédicace, alors que les anciennes messes de dédicace d’églises sont des messes propres du saint titulaire de l’église (comme celle de saint Michel ou de sainte Marie Majeure).

    Ainsi, si elle avait été ancienne, la messe de ce jour serait une messe de la Transfiguration, puisque le titulaire de la basilique est le Très Saint Sauveur dans sa Transfiguration.

    La notice du bréviaire dit qu’on célèbre cette fête le 9 novembre « parce que c’est en ce jour que la première dédicace publique d’une église a été faite à Rome et que l’image du Sauveur apparut au peuple romain, peinte sur la muraille ».

    Il y a toujours au Latran l’image dite « achéropite » (non faite de main d’homme) du Sauveur, mais elle n’est pas sur la muraille. C’est une icône byzantine que les spécialistes datent du VIe siècle.

    Curieusement, le martyrologe romain, à la date du 9 novembre, indique aussi : « A Beyrouth, en Syrie, commémoration de l’Image du Sauveur qui, crucifiée par des juifs, versa tant de sang que les Eglises d’Orient et d’Occident en reçurent en abondance. » (1)

    A partir du IXe siècle se développa, d’abord en Catalogne, une dévotion de la Passio Imaginis Christi, la passion de l’image du Christ. Il y eut bientôt dans toute la Catalogne des autels et des chapelles de la « Passió de la Imatge del Crist », célébrée le 9 novembre. Dévotion qui s’étendit plus ou moins dans le reste de l’Europe après le XIe siècle, et on trouve une « Missa in solemitate Iconis Dominji Salvatoris », au 9 novembre, dans le missel romain imprimé à Venise en 1515.

    (1) Beryti, in Syria, commemoratio Imaginis Salvatoris, quae, a Judaeis crucifixa, tam copiosum emisit sanguinem, ut Orientales et Occidentales Ecclesiae ex eo ubertim acceperint.

  • Et in utero accepit et peperit filium

    Accessi, inquit, ad prophétissam, et in útero accépit et péperit fílium. Quod Maria prophétissa fúerit, ad quam proxime accessit Isaías per prænotiónem spíritus, nemo contradixerit, qui sit memor verbórum Maríæ, quæ prophetico affláta spíritu elocuta est. Quid enim ait? Magníficat ánima mea Dóminum: et exsultávit spíritus meus in Deo, salutári meo. Quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ: ecce enim ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes. Quod si animum accommodáveris univérsis eius verbis, non útique per dissídium negáveris eam fuisse prophétissam, quod Dómini Spíritus in eam supervénerit, et virtus Altíssimi obumbráverit ei.

    « Je m'approchai de la prophétesse, et elle conçut et enfanta un fils » (Isaïe, 8,3). Que Marie fût la prophétesse, dont s’est approché Isaïe par une prédiction de l’esprit, personne ne dira le contraire, si l’on se souvient des paroles de Marie, qui a parlé sous l’inspiration de l’Esprit. Car que dit-elle ? « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu mon sauveur. Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante, voici en effet que désormais toutes les générations me diront bienheureuse. » Si tu appliques ton attention à toutes ces paroles, tu ne peux absolument pas nier qu’elle fût la prophétesse, car l’Esprit du Seigneur vint sur elle, et la puissance du Très-Haut la prit sous son ombre.

    Saint Basile, traité sur Isaïe. (Lecture des matines de l’office de la Sainte Vierge en novembre.)

  • Super muros tuos Jerusalem

    ℟. Super muros tuos Jerusalem constitui custodes: * Tota die et nocte non tacebunt laudare nomen Domini.
    ℣. Prædicabunt populis fortitudinem meam, et annuntiabunt Gentibus gloriam meam.
    ℟. Tota die et nocte non tacebunt laudare nomen Domini.

    Sur tes murs, Jérusalem, j’ai posté des gardes ; tout au long du jour et de la nuit ils ne cesseront de louer le nom du Seigneur. Ils prêcheront aux peuples ma force, et annonceront aux païens ma gloire.

    Répons des matines, d’après Isaïe 62, 6 et 66, 19.

    On remarquera comment le chant, au début, imite les créneaux des murailles, avant de s’épanouir sur Jérusalem. Et le même motif revient sur « tota die et nocte », montrant que les gardes ne s’arrêtent jamais de parcourir la muraille.

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  • Les faux prophètes comme des renards

    Je trouve que la lecture des matines, ce jour, n’est pas sans rapport avec l’actualité… Je pense que chacun peut reconnaître les prophètes dont il est ici question… C’est dans le livre d’Ezéchiel, chapitre 13, traduction Fillion :

    Ainsi parle le Seigneur Dieu: Malheur aux prophètes insensés, qui suivent leur propre esprit, et qui ne voient rien! Tes prophètes, Israël, ont été comme des renards dans les déserts. Vous n'êtes pas montés contre l'ennemi, et vous ne vous êtes pas opposés comme un mur pour la maison d'Israël, pour tenir ferme dans le combat au jour du Seigneur. Ils ont des visions vaines, et ils prophétisent le mensonge, en disant: Ainsi parle le Seigneur, quoique le Seigneur ne les ait pas envoyés, et ils persistent à affirmer ce qu'ils ont dit. Les visions que vous avez ne sont-elles pas vaines, et les oracles que vous annoncez ne sont-ils pas mensonges? Et vous dites: Ainsi parle le Seigneur, quoique Je n'aie point parlé.

    C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur Dieu: Parce que vous avez dit des choses vaines et que vous avez eu des visions de mensonge, voici, Je viens à vous, dit le Seigneur Dieu. Ma main sera sur les prophètes qui ont des visions vaines, et qui prophétisent le mensonge; il ne feront point partie de l'assemblée de Mon peuple, ils ne seront pas inscrits dans le livre de la maison d'Israël, et ils n'entreront pas dans la terre d'Israël; et vous saurez que Je suis le Seigneur Dieu. Car ils ont séduit Mon peuple, en disant: Paix, lorsqu'il n'y avait point de paix; et quand Mon peuple bâtissait une muraille, ils l'ont enduite d'argile, sans y mêler de la paille.

    Dis à ceux qui enduisent la muraille sans y rien mêler, qu'elle tombera; car il viendra une pluie violente, et Je ferai tomber de grosses pierres qui l'accableront, et souffler un vent d'orage qui la reversera. Et voici que la muraille est tombée: ne vous dira-t-on pas: Où est l'enduit dont vous l'avez enduite?

    C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur Dieu: Je ferai éclater le vent des tempêtes dans Mon indignation, une pluie violente surviendra dans Ma fureur, et de grosses pierres tomberont dans Ma colère pour détruire. Et Je renverserai la muraille que vous avez enduite sans rien mêler à l'argile, Je la mettrai au niveau du sol, et ses fondements apparaîtront; et elle tombera, et Israël sera détruit avec elle, et vous saurez que Je suis le Seigneur.

    J'assouvirai Mon indignation contre la muraille et contre ceux qui l'enduisent sans y mettre du mortier, et Je vous dirai: La muraille n'est plus, ni ceux qui l'avaient enduite, ces prophètes d'Israël, qui prophétisent sur Jérusalem, et qui voient pour elle des visions de paix, lorsqu'il n'y a pas de paix, dit le Seigneur Dieu.

  • Une messe historique à Norwich

    Le 1er novembre, Mgr Alan Hopes, évêque du diocèse d’East Anglia (Norfolk, Suffolk, Cambridgeshire et Peterborough) a célébré une grand-messe pontificale de la Toussaint selon la forme extraordinaire en sa cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Norwich (photos).

    Ce diocèse a été érigé en 1976 et c’est donc la première fois, souligne Messa in latino, qu’une messe pontificale traditionnelle y est célébrée depuis… 1558, quand Elizabeth imposa le culte anglican.

    Mgr Alan Hopes est évêque d’East Anglia depuis l’an dernier. Auparavant il était auxiliaire de Westminster, et déjà connu pour sa bienveillance envers l’usus antiquior. (Ancien pasteur anglican, il a été également la cheville ouvrière de la création de l'ordinariat Notre Dame de Walsingham.)

    Malheureusement la « vraie » superbe cathédrale (normande) de Norwich reste aux mains des anglicans…

  • Indicabo tibi homo, quid sit bonum

    ℟. Indicabo tibi homo, quid sit bonum: aut quid Dominus requirat a te: * Facere judicium et justitiam, et sollicitum ambulare cum Deo tuo.
    ℣. Spera in Domino, et fac bonitatem, et inhabita terram.
    ℟. Facere iudicium et iustitiam, et sollicitum ambulare cum Deo tuo.

    Je t’indiquerai, homme, ce qui est bon, ou ce que le Seigneur réclame de toi : faire le jugement et la justice, et marcher dans la crainte avec ton Dieu. Espère dans le Seigneur, et fais ce qui est bon, et habite la terre.

    Ce répons des matines est tiré de Michée 6, 8, dans une version qui n’est pas exactement celle de la Vulgate. Le verset est le verset 3 du psaume 36, dont il manque la fin (qui paraît bien sous-entendue) : et pasceris in divitiis ejus : et tu seras nourri de ses richesses. Ces mots figuraient pourtant dans les anciens livres, comme en témoigne cet antiphonaire bénédictin de 1400 :

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  • Saint Charles Borromée

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    L’église Saint-Charles-Borromée de Vienne, que les Autrichiens appellent simplement Karlskirche, est considérée comme l’une des plus belles églises baroques d’Europe centrale. Elle a été construite entre 1716 et 1737, suite à un vœu de l’empereur Charles VI lors d’une épidémie de peste. Charles Borromée, qui est le grand évêque de Milan de la contre-réforme, modèle de l’application du concile de Trente, fut célèbre aussi pour son abnégation lors d’une épidémie de peste, bravant la contagion pour secourir son peuple (la peinture ci-dessus est l'apothéose de saint Charles Borromée, dans la Karlskirche).

    C’est dans cette église que le cardinal Burke va célébrer une messe pontificale, cet après-midi, dans le rite établi selon les prescriptions du concile de Trente.

  • Exemplaire cardinal Burke

    Accueillir des homosexuels. Agir avec miséricorde. Ne pas juger... Quand celui qui donne l’exemple de tout cela, concrètement, en vérité (et en toute discrétion), est l’affreux idéologue, le doctrinaire buté, l’ultra-conservateur, la figure de proue des cardinaux les plus réactionnaires, et que le pape met au placard des vieilleries : le cardinal Raymond Leo Burke.

    Jeanne Smits raconte le témoignage de l’ancien militant homosexuel Eric Hess que LifeSiteNews a trouvé dans un magazine pro-vie.

    Il y a l’attitude exemplaire et « productive » de Mgr Burke.

    Il y a aussi cette terrible confidence d’Eric Hess revenu à l’Eglise et vivant dans la chasteté : « Il raconte comment certains prêtres – pour la plupart âgés de 50 ou 60 ans tentèrent, jusque dans le confessionnal, de le détourner de cette voie en l’assurant que Dieu voulait le voir “réactiver” son homosexualité. »

    *

    Dans une interview au magazine espagnol Vida nueva, le cardinal Burke déclare : « Nombreux sont ceux qui m’ont exprimé leurs inquiétudes. A ce moment très critique, il y a un fort sentiment que l’Eglise est un navire sans gouvernail. (…) J’ai un total respect du ministère pétrinien, et je ne veux pas avoir l’air d’être celui qui parle contre le pape, (…) ils ont un peu le mal de mer parce qu’il leur semble que le navire de l’Eglise a perdu sa boussole. »

    *

    Le cardinal Burke est à Vienne, à l’invitation de l’association Una Voce Austria, notamment pour présenter la traduction allemande du livre Demeurer dans la vérité du Christ. Demain, il célébrera une grand messe pontificale selon la forme extraordinaire en l’église Saint Charles Borromée – le jour de sa fête. Le lendemain matin, le cardinal Burke devait célébrer une messe basse en l’église Saint-Léopold, suivie d’un petit déjeuner dans la salle paroissiale. Mais la paroisse Saint-Léopold est administrée par les chanoines de Klosterneuburg, et le « prévôt » des chanoines (qui est aussi abbé primat de tous les chanoines augustins) a interdit au curé de Saint-Léopold d’accueillir le cardinal Burke…

    Le prévôt et abbé primat est le Père Bernhard Backovsky. Il était considéré comme de tendance traditionnelle. Du temps de Benoît XVI. Comme chacun sait ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. Surtout quand on le confond avec le Saint-Esprit.

  • Commémoraison de tous les fidèles défunts

    Les Matines des morts commencent par le bel invitatoire : Regem, cui omnia vivunt, venite adoremus : « Venez, adorons le Roi pour qui tout être vit. » Dans les leçons du premier nocturne, c’est Job, l’homme patient, la figure saisissante de ceux qui souffrent en purgatoire, qui implore la délivrance de ses cruelles souffrances dont il trace le tableau en gémissant et dont il désire connaître la cause. Au second nocturne, nous lisons un passage du livre de saint Augustin sur la sollicitude à témoigner aux défunts. Ce vénérable monument nous expose le prix qu’il faut attacher au corps humain, la piété avec laquelle on doit enterrer les cadavres et le devoir de prier pour les morts, à l’exemple de l’Église qui offre prières et sacrifice de la messe pour ceux envers qui elle peut quelque chose. Dans les leçons du troisième nocturne, l’Apôtre des nations proclame notre foi à la résurrection du Christ. Les antiennes, qui expriment ordinairement les sentiments des âmes souffrantes, produisent une impression particulièrement saisissante. Les psaumes qu’elles encadrent font entendre tour à tour le chant de la pénitence (1er et 3e nocturnes) et l’espérance du pardon (2e nocturne). — Les Laudes des morts expriment les sentiments d’une joyeuse espérance qui sont disséminés dans tout l’office. Elles commencent heureusement par le psaume 50, un psaume de la pénitence, mais elles passent bien vite au sentiment de joyeuse reconnaissance pour la moisson (ps. 64), à l’ardent désir de l’union à Dieu (ps. 62), à la joie de la résurrection (Cantique et ps. 150). Le cantique d’Ezéchias peint justement à merveille le passage des feux du purgatoire à la félicité du ciel.

    Dom Pius Parsch

    (Sur la raison de cette commémoraison le 3 et non le 2, voir ici.)

  • 21e dimanche après la Pentecôte

    La parabole que conte Jésus dans l’évangile de ce dimanche est une illustration de ce qu’il vient de répondre à Pierre qui lui demandait si l’on devait pardonner jusqu’à sept fois. Jésus lui a répondu qu’on ne doit pas pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois. Le nombre 7 multiplié par 10 puis par lui-même ne donne pas un nombre mais une indéfinité : on doit toujours pardonner, sans aucun calcul d’aucune sorte. Comme Dieu pardonne.

    Alors Jésus raconte la parabole de cet « homme roi » qui découvre qu’un serviteur lui doit 10.000 talents. Aujourd’hui cela ne nous dit rien. Mais pour Pierre et les autres apôtres, la somme est inimaginable. Du reste aucun serviteur ne peut devoir 10.000 talents : l’équivalent d’au moins 60 millions de deniers, quelque chose comme 25 à 30 tonnes d’argent, cinquante fois plus que les impôts perçus par Hérode. Ces 10.000 talents sont l’équivalent du « 70 fois 7 fois ». Du reste, le mot grec pour dire 10.000 est le mot qui a donné « myriade ». Et déjà en grec, s’il voulait bien dire 10.000, il signifiait souvent « innombrable ». Comme on le voit aussi dans la première épître aux Corinthiens : « Dans l’église, j’aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, afin d’instruire aussi les autres, que dix mille paroles en langue ». Et la « myriade » d’hommes dont il est question au premier verset du chapitre 12 de l’évangile de saint Luc en grec a été traduit dans la Vulgate par « multis ».

    Donc les apôtres ont aussitôt compris que Jésus parlait d’une dette incommensurable, d’autant qu’ils venaient d’entendre les « 70 fois 7 fois » du pardon : il ne parlait pas d’une dette d’argent, mais de celle du Pater : « dimitte nobis debita nostra, sicut et nos dimittimus debitoribus nostris ».

    Ce que confirme la suite de la parabole, puisque celui qui se reconnaît débiteur insolvable de « l’homme roi » refuse de remettre sa dette à son compagnon qui lui doit 100 deniers. Soit six cent mille fois moins. Et toutefois ce n’est pas rien : c’est plus de trois mois de salaire d’un ouvrier. Car il faut garder en tête qu’on parle du pardon des offenses. Jésus ne parle pas du pardon des offenses les plus minimes, mais de vraies offenses, qui font vraiment mal.

    En bref, si tu n’arrives pas à pardonner une offense qui, convertie en frappe au porte-monnaie, équivaut à trois mois de salaire, comment veux-tu que Dieu te pardonne tes péchés, qui sont incommensurables, parce que tout péché est une blessure infligée à la bonté et à la beauté infinies de Dieu.

    Et, in fine, Jésus insiste : il ne s’agit pas de pardonner en paroles, du bout des lèvres, ou en faisant des restrictions mentales, mais « de tout son cœur ». Comme « l’homme roi » avait remis sa dette au serviteur parce qu’il avait été ému par sa supplication. Le grec emploie le verbe formé sur le mot splagkhna, qui veut dire entrailles, et spécifiquement les entrailles de la mère, traduisant l’hébreu rahamim, qui est la plus profonde miséricorde. Quand nous demandons pardon à Dieu, il en est remué dans ses entrailles maternelles. Puisque nous devons être parfaits comme notre Père céleste est parfait, nous aussi devons faire miséricorde à celui qui nous a blessé. Comme une mère, sans compter.