Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 379

  • 3e dimanche après l’Epiphanie

    La réforme de 1960 a curieusement inventé un « temps de Noël » (tempus natalicium) allant du 25 décembre au 13 janvier, et dans ce temps de Noël un « temps de Noël proprement dit » (tempus Nativitatis) et un « temps de l’Epiphanie ». Et à partir du 14, c’est  le temps « per annum ». Mais dans ce temps per annum on a laissé les dimanches « après l’Epiphanie ». Ce qui montre le caractère absurde de cette réforme qui pue le bureaucrate (sans doute pour suivre la logique du fait que l'office est en effet « per annum »). Traditionnellement, le temps de Noël s’achève le 2 février, avec la fête de la Purification ou de la Présentation, qui est en quelque sorte la dernière épiphanie. Et cela est, ou était, souligné par le fait que c’est ce jour-là qu’on démonte la crèche.

    Et dom Guéranger de souligner :

    La coutume de célébrer par quarante jours de fête ou de mémoire spéciale la solennité de la Naissance du Sauveur, est fondée sur le saint Évangile lui-même, qui nous apprend que la très pure Marie, après quarante jours passés dans la contemplation du doux fruit de sa glorieuse maternité, se rendit au Temple pour y accomplir, dans une humilité parfaite, tout ce que la loi prescrivait au commun des femmes d’Israël, quand elles étaient devenues mères. La commémoration de la Purification de Marie est donc indissolublement liée à celle de la Naissance même du Sauveur.

    Dom Pius Parsch a bien vu que la liturgie de ce dimanche continue de célébrer l’Epiphanie :

    La journée d’aujourd’hui reste complètement sous l’influence du mystère de l’Épiphanie. Dans les paroles et les chants de l’Église, nous voyons apparaître tes trois principaux personnages ou groupes qui prennent part à la visite royale. L’Introït les signale brièvement : « Adorez le Seigneur ; vous tous qui êtes ses anges, Sion a entendu sa voix et s’est réjouie ; les filles de Juda ont été dans l’allégresse, le Seigneur est Roi... » Le Christ-Roi, Sion, c’est-à-dire l’Église, les filles de Juda qui représentent les enfants de l’Eglise, voilà ce dont parle le texte liturgique.

    Le Christ-Roi occupe tout d’abord la pensée de la liturgie, aujourd’hui ; dès l’Introït, nous voyons rayonner l’éclat de la majesté du Seigneur entouré de ses anges et acclamé par les enfants de l’Église. Le psaume 96, qui est le cantique principal de la journée, nous décrit le Seigneur dans la beauté terrible d’un orage. C’est un effroi pour les pécheurs, mais une « joie » et une « lumière » pour les « justes ». Nous voyons par là que la liturgie se préoccupe de marquer la grandeur de l’hôte illustre qui vient visiter sa ville. C’est encore ce Roi divin que chante le Graduel : « Les Gentils craindront ton nom, Seigneur, et tous les rois de la terre connaîtront ta gloire, le Seigneur a rebâti Sion et il y paraîtra dans sa gloire. » Ce sont là de vraies pensées d’Épiphanie. Le Grand Roi est le constructeur de Sion, il y fait sa visite solennelle et tous les rois de la terre, ainsi que les Gentils viennent lui rendre hommage. Et que fait-il dans sa ville ? La liturgie fait ressortir qu’il y étend « le bras de sa Majesté » pour protéger les siens (Or., Ev., Off.). Il exerce dans sa ville des actes de bienfaisance. — Alors son aspect se transforme et le Grand Roi qui est descendu de la montagne (céleste) » devient le Fils de l’Homme, le Sauveur qui touche le paralytique et le guérit, qui reçoit amicalement le centurion et guérit son serviteur.

    On lira la suite sur Introïbo. Dom Pius Parsch dit aussi :

    Pécheurs et païens. C’est dans ces deux mots que nous renfermerons le contenu principal du troisième dimanche après l’Épiphanie.

    Les pécheurs sont représentés par le lépreux, qui nous a appris ce que nous devons dire en allant communier. Et les païens par le centurion. Mais ce sont aussi les juifs et les gentils : les bergers et les mages. Ces bergers qui restaient la nuit avec les troupeaux et dont on nous dit qu’ils étaient méprisés, presque comme des lépreux ; et les mages, dont l’Enfant Jésus aurait pu dire comme du centurion, s’il avait sur parler : « Amen, je vous le dis, je n’ai pas trouvé une telle foi en Israël. » En outre c'est une épiphanie en ce sens que ces deux miracles sont les premiers que raconte saint Matthieu, comme celui des Noces de Cana est le premier que raconte saint Jean.

  • Saint Timothée

    D'avance choisi par notre Dieu et devenu disciple de saint Paul, tu fus initié aux choses divines; ayant excellé par ta vie et gardé sans fléchir la foi jusqu'au sang, tu devins un fidèle pontife de Dieu, saint apôtre Timothée; pour avoir dénoncé le culte des idoles comme folie, abattu à coups de pierres et de massues, tu as reçu la couronne des Martyrs. Bienheureux, intercède pour nous qui célébrons avec foi ta mémoire sacrée.

    *

    Ce flambeau des croyants, l'apôtre qui s'est distingué dans l'annonce de l'Evangile, Timothée, venez, tous les peuples, chantons-le en disant: Réjouis-toi, charmant rejeton de la foi qui fus comme un fils pour saint Paul; réjouis-toi, vénérable modérateur des vertus, très-sage bouche du Verbe divin; réjouis-toi, divine flûte l'ayant annoncé au monde entier, réjouis-toi, colonne de la foi où l'Eglise a trouvé son appui.

    *

    Ce brillant soleil que fut saint Paul t'envoya comme un rayon lumineux, bienheureux apôtre Timothée, pour éclairer l'univers d'abondante clarté, afin de nous conduire et de nous affermir. Ayant chéri avec ardeur le sommet de tes aspirations et ayant mené par amour une vie conforme à ton désir, tu es parti contempler sans fin l'objet de ton amour et t'emplir de sa vision.

    (Extraits de la liturgie byzantine, au 22 janvier)

  • Saint Raymond de Pegnafort

    Grande Raymundi celebrate nomen,
    Praesules, Reges, populique terra :
    Cujus aeternae fuit universis
    Cura salutis.

    Prélats, Princes, peuples de la terre, célébrez le nom illustre de Raymond, de cet homme qui eut à cœur le salut éternel de tous.

    Quidquid est alta pietate mirum
    Exhibet purus, niveusque morum :
    Omne virtutum rutilare cernis
    Lumen in illo.

    Ce qu’offre de plus admirable une piété profonde apparaît dans la pureté sans tache [niveus : de neige] de ses mœurs ; la lumière de toutes les vertus éclate en sa personne.

    Sparsa Summorum monumenta Patrum
    Colligit mira studiosus arte :
    Quaeque sunt prisci sacra digna cedro
    Dogmata juris.

    D’une main habile et studieuse, il recueille les Décrets épars des Souverains Pontifes, et les sentences du Droit antique dignes d’être conservées [digna cedro : expression qui désignait des textes qui méritent d’être conservés, donc d’être écrits sur des parchemins frottés d’huile de cèdre qui les rend imputrescibles].

    Doctus infidum solidare pontum,
    Currit invectus stadio patenti:
    Veste componens baculoque cymbam,
    Aequora calcat.

    Sous ses pas, les flots inconstants deviennent solides; il parcourt, sans navire, un espace immense : son manteau et son bâton sont la barque sur laquelle il traverse la mer. [cymba : en grec c’est ce qui est creux : la coque d’un bateau ou un bol ; en latin c’est une barque, et chez les poètes c’est la barque de Charon qui fait traverser le Styx…]

    Da, Deus, nobis sine labe mores,
    Da vitae tutum sine clade cursum,
    Da perennalis sine fine vitae
    Tangere portum. Amen.

    Donnez-nous, ô Dieu, la pureté des mœurs [sine labe : sans tache] ; donnez-nous de passer, sans désastre, le cours de notre vie; donnez-nous de toucher le port de la vie éternelle. Amen.

    (Bréviaire dominicain.)

    N.B. La graphie française traditionnelle est Pegnafort. En espagnol c’est Peñafort. En catalan, or il était catalan, c’est Penyafort.]

    1999.04.0063.jpg

  • Saint Vincent

    Saint Vincent est le patron des vignerons. Cela vient de l’étymologie populaire (ou plutôt du jeu de mots) Vincent = vin-sang : le vin qui devient le sang du Christ.

    Dom Guéranger :

    Une ancienne tradition, dans la chrétienté, assigne à saint Vincent le patronage sur les travaux de la vigne et sur ceux qui les exercent. Cette idée est heureuse, et nous rappelle mystérieusement la part que le Diacre prend au divin Sacrifice. C’est lui qui verse dans le calice ce vin qui bientôt va devenir le sang du Christ. Il y a peu de jours, nous assistions au festin de Cana : le Christ nous y offrait son divin breuvage, le vin de son amour ; aujourd’hui, il nous le présente de nouveau, par la main de Vincent. Pour se rendre digne d’un si haut ministère, le saint Diacre a fait ses preuves, en mêlant son propre sang, comme un vin généreux, dans la coupe qui contient le prix du salut du monde. Ainsi se vérifie la parole de l’Apôtre, qui nous dit que les Saints accomplissent dans leur chair, par le mérite de leurs souffrances, quelque chose qui manquait, non à l’efficacité, mais à la plénitude du Sacrifice du Christ dont ils sont les membres.

    alaune_chevaliers.jpg

    le_saint.jpg

    Voir le site de la « Saint Vincent tournante » 2015 en Bourgogne, « sur le chemin des moines ».

  • Sainte Agnès

    Animemur ad agonem
    Recolentes passionem
    Gloriosae virginis

    Animons-nous à la lutte, en célébrant la Passion d’une vierge glorieuse.

    Contrectantes sacrum florem
    Respiremus ad odorem
    Respersae dulcedinis

    En touchant la fleur sacrée, respirons les parfums de suavité qu’elle exhale.

    Pulchra, prudens et illustris
    Jam duobus Agnes lustris
    Addebat triennium

    Belle, prudente et d’illustre race, déjà Agnès à deux premiers lustres avait ajouté trois ans.

    Proles amat hanc praefecti
    Sed ad ejus virgo flecti
    Respuit arbitrium

    Aimée du fils du Préfet, la vierge à ses désirs résiste avec courage.

    Mira vis fidei
    Mira virginitas
    Mira virginei
    Cordis integritas

    Merveilleuse force de la foi! Merveilleuse virginité ! Merveilleuse intégrité d’un cœur virginal !

    Sic Dei Filius
    Nutu mirabili,
    Se mirabilius
    Prodit in fragili

    Ainsi le Fils de Dieu, par un conseil admirable, se montre plus admirable dans un instrument fragile.

    Languet amans cubat lecto
    Languor notus fit praefecto
    Maturat remedia

    L’amant languit sur sa couche de souffrance ; la cause de cette langueur est connue du Préfet, qui s’empresse d’y chercher remède.

    Offert multa spondet plura
    Periturus peritura
    Sed vilescunt omnia

    Il offre beaucoup, promet plus encore de choses périssables, périssable qu’il est; mais tout cela est vil aux yeux de la vierge.

    Nudam prostituit
    Praeses flagitiis
    Quam Christus induit
    Comarum fimbriis
    Stolaque coelesti

    Le Préfet la fait exposer nue dans un lieu infâme ; mais le Christ la revêt du voile de sa chevelure et d’un vêtement céleste.

    Coelestis nuntius
    Assistit propius
    Cella libidinis
    Fit locus luminis
    Turbantur incesti

    Un messager d’en haut veille à ses côtés ; l’antre du crime devient un séjour de lumière; la terreur s’empare des débauchés.

    Caecus amans indignatur
    Et irrumpens praefocatur
    A maligno spiritu

    L’aveugle amant s’irrite ; il s’élance, et tombe étouffé par l’esprit malin.

    Luget pater lugent cuncti
    Roma flevit pro defuncti
    Juvenis interitu

    Le père pleure, tout pleure : Rome a pleuré aux funérailles du jeune mort.

    Suscitatur ab Agnete
    Turba fremit indiscrete
    Rogum parant virgini

    Agnès le rend à la vie : la foule frémit confusément, et cependant on prépare pour la vierge un bûcher.

    Rogus ardens reos urit
    In furentes flamma furit
    Dans honorem numini

    Mais les flammes brûlent les impies; elles tourmentent les bourreaux furieux, et rendent hommage au grand Dieu.

    Grates agens Salvatori
    Guttur offert haec lictori
    Nec ad horam timet mori
    Puritatis conscia

    Agnès, au Seigneur rendant grâces, présente son cou au licteur; tranquille sur sa pureté, elle ne craint pas de mourir sur l’heure.

    Agnes Agni salutaris
    Stans ad dextram gloriaris
    Et parentes consolaris
    Invitans ad gaudia

    Debout à la droite de l’Agneau du salut, tu es glorieuse, Agnès ! tu viens consoler tes parents ; tu les invites aux réjouissances.

    Ne te flerent ut defunctam
    Jam coelesti Sponso junctam
    His sub agni forma suam
    Revelavit atque tuam
    Virginalem gloria

    Qu’ils cessent de pleurer ta mort, maintenant que tu es unie à l’Époux céleste. Apparaissant sous la forme d’un agneau, il leur révèle sa gloire, et les honneurs de ta virginité.

    Nos ab Agno salutari
    Non permitte separari
    Cui te totam consecrasti
    Cujus ope tu curasti
    Nobilem Constantiam

    Ne permets pas que jamais nous soyons séparés de cet Agneau salutaire, à qui tu t’es consacrée tout entière, et par la puissance duquel tu guéris la noble Constantia.

    Vas electum vas honoris
    Incorrupti flos odoris
    Angelorum grata choris
    Honestatis et pudoris
    Forman praebes saeculo

    Vase élu, vase d’honneur, fleur d’incorruptible parfum, bien-aimée des chœurs des Anges, tu donnes au monde un exemple de noblesse et de pudeur.

    Palma fruens triumphali
    Flore vernans virginali
    Nos indignos speciali
    Fac sanctorum generali
    Vel subscribi titulo. Amen.

    Toi, ornée de la palme triomphale, couronnée des fleurs de la virginité : nous, indignes d’une récompense spéciale, fais-nous du moins inscrire sur les fastes communs des saints. Amen.

    Séquence d’Adam de Saint-Victor (traduction de l’Année liturgique)

  • Saints Fabien, pape, et Sébastien, martyrs

    Sebastiani Martyris,
    Concivis almi, supplices
    Diem sacratam vocibus
    Canamus omnes debitis.

    En ce jour dédié à l’honneur de Sébastien Martyr, notre concitoyen illustre, rendons-lui gloire dans nos chants unanimes.

    Athleta Christi nobilis,
    Ardens amore praelii,
    Linquit tepentem patriam,
    Pugnamque Romae festinat.

    Ce noble athlète du Christ, plein de l’ardeur du combat, abandonne sa patrie, qui pour lui a moins de dangers, et vient dans Rome affronter la lutte.

    Hic cultor alti dogmatis,
    Virtute plenus coelica,
    Idola damnans, inclyti
    Trophaea sperat martyris.

    C’est là que, sectateur d’une doctrine sublime, repoussant l’idolâtrie, il aspire aux trophées d’un glorieux martyre.

    Loris revinctus plurimis;
    Qua stipes ingens tollitur,
    Vibrata tela suscipit
    Umbone nudo pectoris.

    Des nœuds multipliés l’enchaînent au tronc d’un arbre; c’est là que sa poitrine, comme un bouclier suspendu, sert de but aux traits des archers.

    Fit silva corpus ferrea;
    Sed aere mens constantior
    Ut molle ferrum despicit :
    Ferrum precatur, saeviat.

    Les flèches se réunissent sur son corps comme une forêt ; mais son âme, plus ferme que l’airain, insulte à la mollesse du fer, et demande à ce fer d’être plus meurtrier.

    Manantis unda sanguinis
    Exsangue corpus nunciat;
    Sed casta nocte Femina
    Plagas tumentes recreat.

    A voir le sang qui baigne le corps du Martyr, on croirait qu’il a expiré ; mais une chaste femme est venue panser ces plaies enflammées.

    Coeleste robur militi
    Adacta praebent vulnera;
    Rursum tyrannum provocans,
    Exspirat inter vulnera.

    Ces blessures profondes inspirent un courage céleste au soldat du Christ ; il va provoquer encore le tyran, et bientôt il expire sous les coups meurtriers.

    Nunc coeli in arce considens,
    Bellator o fortissime,
    Luem fugando, civium
    Tuere clemens corpora.

    Maintenant, assis dans les hauteurs du ciel, vaillant guerrier ! éloignez la peste, et gardez même les corps de vos concitoyens.

    Patri, simulque Filio,
    Tibique, Sancte Spiritus,
    Sicut fuit, sit jugiter
    Saeclum per omne gloria. Amen.

    Au Père, au Fils, et à vous, Esprit-Saint, comme toujours, soit à jamais gloire dans tous les siècles. Amen.

    Hymne du bréviaire ambrosien (in L’année liturgique)

  • Saints Marius, Marthe, Audifax et Abachus

    Le groupe de martyrs persans, le mari, la femme et leurs deux fils, qui reposent maintenant en partie dans la diaconie de Saint-Adrien, et en partie dans le titre de Sainte-Praxède, appartient originairement au douzième mille de la voie Cornelia, ad nymphas Catabassi. Leurs Actes semblent avoir subi de graves interpolations et leur fête, ignorée des anciens sacramentaires romains, se trouve pour la première fois dans un calendrier Vatican du XIIe siècle. Il faut probablement chercher la raison de ce silence dans le fait que, avant Paschal Ier, ces martyrs, ensevelis dans une propriété très éloignée de Rome, n’étaient pas considérés comme romains, en sorte que la Ville n’avait aucune raison de célébrer leur natale. Il est fort vraisemblable que la première insertion de cette solennité dans le calendrier romain aura eu pour cause la translation de leurs corps à Sainte-Praxède.

    La messe a une saveur d’antiquité et révèle une période d’excellent goût liturgique.

    L’antienne d’introït est tirée du psaume 67 et annonce le refrigerium ou banquet céleste que Dieu prépare à ses martyrs, c’est-à-dire à ceux qui, pour son amour, ont supporté en ce monde la faim et la soif de justice, et ont été opprimés en haine du nom du Christ : « Les justes s’assoient au banquet et jubilent en présence de Dieu, et gaiement ils se réjouiront. » PS. 67 : « Que Dieu se lève, et que soient dispersés ses ennemis ; et que fuient devant lui ceux qui le haïssent. Gloire, etc. »

    Dans les collectes suivantes, comme en beaucoup d’autres antiques oraisons, à la différence du goût plus moderne qui préfère résumer en quelques mots, dans la collecte, toute la biographie d’un saint, les martyrs de ce jour ne sont pas même nommés ; la raison en est que les anciens, sans s’arrêter par trop aux détails, aimaient les grandes synthèses théologiques, ne séparant jamais l’individu de la société entière des saints et de Jésus-Christ, source première et centre de toute sainteté. Prière. « Écoutez, Seigneur, les prières de votre peuple, qui y ajoute le patronage de vos saints, afin que vous nous accordiez de goûter la paix de la vie présente et d’obtenir aussi la grâce de la vie éternelle. Par notre Seigneur, etc. »

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Deuxième dimanche après l’Epiphanie

    L’évangile est celui des Noces de Cana, troisième mystère de l’Epiphanie. Voici ce que dit, précisément sur ce thème, le P. André Feuillet, dans son livre “Jésus et sa Mère”.

    Ce qui pousse avant tout Marie à formuler alors sa demande de miracle, c’est que, sachant par sa foi que Jésus est le Messie et le Fils de Dieu, elle devine que le moment est enfin venu pour lui de manifester sa présence dans le monde, et comme Messie et comme Fils de Dieu : la théophanie qui avait accompagné le baptême de Jésus dans le Jourdain, le ministère même du précurseur ne faisaient-ils pas regarder cette manifestation messianique comme imminente ? Comment l’intuition maternelle de Marie ne l’eût-elle pas deviné? Une mère est liée de façon extraordinaire à son enfant, et elle se montre toujours extrêmement attentive à tout ce qui intéresse la vie et la destinée de son enfant.

    Au caractère messianique de la demande de Marie correspond la manière dont Jésus opère le prodige, car il lui donne très nettement le caractère d’une manifestation messianique. C’est là un confirmatur de notre interprétation de la requête de Marie. A juste titre on s’est étonné de l’énorme quantité du vin miraculeux : de cinq a sept hectolitres ! Ce trait serait vraiment incompréhensible si Jésus n’avait voulu que subvenir aux nécessités des gens de la noce. Comme l’observe Lagrange, « la quantité est considérable et dépasse de beaucoup l’usage présentement en vue ». Comme dans le récit parallèle de la multiplication des pains (6, 11-13), il faut voir ici dans la surabondance un symbole de « la somptuosité des temps messianiques... C’est le signe... Voici que s’accomplit le symbolisme vétérotestamentaire du vin, selon lequel, à l’époque messianique, les montagnes suintent le vin et les collines le moût (Am 9, 13-14 ; Jl 2, 23-24 ;-4, 18).

    Ce n’est certes pas pour elle-même que Marie a réclamé une manifestation messianique, sa foi n’en a nul besoin. Mais c’est pour ces premiers disciples que Jésus a emmenés avec lui à Cana et dont les convictions sont encore bien chancelantes. Quand Jésus eut opéré le prodige, l’évangéliste note que « ses disciples crurent en lui ». Il se garde bien de dire que Marie, elle aussi, crut en lui. Par contre, ce qu’il nous suggère fortement, c’est que la foi de Marie, qui selon saint Luc est au point de départ de la réalisation du mystère de l’Incarnation, se trouve ici au point de départ du ministère public de Jésus et de la foi chrétienne : Marie a cru avant tous les disciples, et sa foi a même provoqué le signe qui a conduit les disciples à la foi.

  • Saint Antoine

    Etant retourné dans la montagne la plus reculée où il avait coutume de demeurer, Antoine tomba malade quelques mois après. Ayant appelé deux solitaires qui demeuraient avec lui depuis quinze ans et qui le servaient à cause de sa vieillesse, il leur dit : Je vois que le Seigneur m’appelle à lui et ainsi je vais, comme il est écrit, entrer dans le chemin de mes pères. Continuez votre abstinence ordinaire. Ne perdez pas malheureusement le fruit des saints exercices auxquels vous avez employé tant d’années. Mais, comme si vous ne faisiez que commencer, efforcez-vous de demeurer dans votre ferveur ordinaire. Vous savez quelles sont les embûches des démons. Vous connaissez leur cruauté et vous n’ignorez pas aussi leur faiblesse. Ne les craignez donc point, mais croyez en Jésus-Christ et ne respirez jamais autre chose que le désir de le servir. Vivez comme si vous deviez mourir chaque jour. Veillez sur vous-mêmes, et souvenez-vous de toutes les instructions que je vous ai données. N’ayez jamais de communication avec les schismatiques, ni avec les hérétiques ariens, puisque vous savez combien je les ai toujours abhorrés à cause de leur détestable hérésie, par laquelle ils combattent Jésus-Christ et sa doctrine. Travaillez de tout votre pouvoir pour vous unir premièrement à lui, puis aux saints, afin qu’après votre mort ils vous reçoivent, comme étant de leurs amis et de leurs connaissances, dans les tabernacles éternels. Gravez ces choses dans votre esprit. Gravez-les dans votre cœur. Et si vous voulez témoigner que vous m’aimez et que vous vous souvenez de moi comme de votre père, ne souffrez pas que l’on porte mon corps en Egypte, de peur qu’ils ne le gardent dans leurs maisons ; car c’est pour cela que je suis retourné dans cette montagne et vous savez comment j’ai toujours repris ceux qui font ainsi ; je les ai exhortés à abolir cette mauvaise coutume. Ensevelissez-moi donc, et couvrez-moi de terre ; et afin que vous ne puissiez manquer de suivre mon intention, faites en sorte que personne d’autre que vous ne sache le lieu où sera mon corps, que je recevrai incorruptible de la main de mon Sauveur lors de la résurrection. Quant à mes habits, distribuez-les ainsi : Donnez à l’évêque Athanase l’une de mes tuniques et le manteau que j’ai reçu de lui tout neuf, et que je lui rends usé. Donnez mon autre unique à l’évêque Sérapion et gardez pour vous mon cilice. Adieu, mes chers enfants, Antoine s’en va et n’est plus avec vous.

    Lorsqu’il eut achevé ses paroles, ses disciples le baisèrent et il étendit les pieds. Et comme s’il avait vu ses amis venir au devant de lui et le combler de joie, tant il y avait de gaieté sur son visage, il rendit l’esprit et fut mis avec ses pères. Ses disciples, selon qu’il l’avait ordonné, l’emportèrent de là, l’ensevelirent et l’enterrèrent, sans que jusqu’à présent nul autre qu’eux n’en connaisse le lieu. Ceux qui reçurent les deux tuniques et le manteau tout usé du bienheureux Antoine les conservèrent comme des choses de très grand prix, parce qu’il semble, en les voyant, qu’on le voit lui-même. On ne saurait les porter sans en avoir de la joie parce qu’en en étant revêtu, on croit l’être aussi de ses saintes pensées.

    Vie de saint Antoine (ch. 32), par saint Athanase, traduction Arnaud d’Andilly, 1733.

    *

    Dans les diocèses de l'ouest, c'est la fête de l'apparition de Notre Dame à Pontmain, dont c'est le 144e anniversaire.

  • Pionniers

    Les diacres québécois Alexandre Marchand et Jacques Breton, de la Fraternité sacerdotale Saint Pierre, seront ordonnés prêtres le 13 juin prochain. Par Mgr Terrence Prendergast, archevêque d’Ottawa.

    Ce sera semble-t-il la première fois que des Québécois seront ordonnés selon la forme antique du rite romain depuis la révolution liturgique.