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Liturgie - Page 347

  • Saint Ambroise

    Saint Augustin, Confessions, 9, 14-15 :

    Et nous reçûmes le baptême, et le remords inquiet de notre vie passée prit congé de nous. Et je ne me rassasiais pas en ces premiers jours de la contemplation si douce des profondeurs de votre conseil pour le salut du genre humain. A ces hymnes, à ces cantiques célestes, quel torrent de pleurs faisaient jaillir de mon âme violemment remuée les suaves accents de votre Eglise! Ils coulaient dans mon oreille, et versaient votre vérité dans mon cœur ; ils soulevaient en moi les plus vifs élans d’amour; et mes larmes roulaient, larmes délicieuses!

    L’Eglise de Milan venait d’adopter cette pratique consolante et sainte, ce concert mélodieux où les frères confondaient avec amour leurs voix et leurs cœurs. Il y avait à peu près un an; Justine, mère du jeune empereur Valentinien, séduite par l’hérésie des Ariens, persécutait votre Ambroise. Le peuple fidèle passait les nuits dans l’église, prêt à mourir avec son évêque, votre serviteur. Et ma mère, votre servante, voulant des premières sa part d’angoisses et de veilles, n’y vivait que d’oraisons. Nous-mêmes, encore froids à la chaleur de votre Esprit, nous étions frappés de ce trouble, de cette consternation de toute une ville. Alors, pour préserver le peuple des ennuis de sa tristesse, il fut décidé que l’on chanterait des hymnes et des psaumes, selon l’usage de l’Eglise d’Orient, depuis ce jour continué parmi nous, et imité dans presque toutes les parties de votre grand bercail.

    L’explication de Dom Guéranger :

    Au milieu des périls qui l’environnent, sa grande âme demeure calme et tranquille. C’est ce moment même qu’il choisit pour instituer, dans l’Église de Milan, le chant alternatif des Psaumes. Jusqu’alors la voix seule du lecteur faisait entendre du haut d’un ambon le divin Cantique ; il n’a fallu qu’un moment pour organiser en deux chœurs l’assistance, ravie de pouvoir désormais prêter sa voix aux chants inspirés du royal Prophète. Née ainsi au fort de la tempête, au milieu d’un siège héroïque, la psalmodie alternative est désormais acquise aux peuples fidèles de l’Occident. Rome adoptera l’institution d’Ambroise, et cette institution accompagnera l’Église jusqu’à la fin des siècles. Durant ces heures de lutte, le grand Évêque a encore un don à faire à ces fidèles catholiques qui lui ont fait un rempart de leurs corps. Il est poète, et souvent il a chanté dans des vers pleins de douceur et de majesté les grandeurs du Dieu des chrétiens et les mystères du salut de l’homme. Il livre à son peuple dévoué ces nobles hymnes qui n’étaient pas destinées à un usage public, et bientôt les basiliques de Milan retentissent de leur mélodie. Elles s’étendront plus tard à l’Église latine tout entière ; à l’honneur du saint Évêque qui ouvrit ainsi une des plus riches sources de la sainte Liturgie, on appellera longtemps un Ambrosien ce que, dans la suite, on a désigné sous le nom d’Hymne, et l’Église romaine acceptera dans ses Offices ce nouveau mode de varier la louange divine, et de fournir à l’Épouse du Christ un moyen de plus d’épancher les sentiments qui l’animent.

    Ainsi donc, notre chant alternatif des Psaumes, nos Hymnes elles-mêmes sont autant de trophées de la victoire d’Ambroise. Il avait été suscité de Dieu, non seulement pour son temps, mais pour les âges futurs.

  • Deuxième dimanche de l’Avent

    L’antienne d’introït de la messe de ce dimanche chante ceci :

    Pópulus Sion, ecce Dóminus véniet ad salvándas gentes : et audítam fáciet Dóminus glóriam vocis suæ in lætítia cordis vestri.

    Peuple de Sion, voici, le Seigneur viendra pour sauver les nations ; et il fera entendre, le Seigneur, la gloire de sa voix dans la joie de vos cœurs.

    On se dit que cela vient, bien sûr, d’Isaïe. Et dans les livres on vous précise volontiers : chapitre 30, verset 30. Si vous vous reportez au texte, vous trouvez dans ce verset : « et audítam fáciet Dóminus glóriam vocis suæ ». C’est déjà ça, mais c’est loin d’être toute l’antienne. D’où vient le reste ?

    On trouve « populus Sion » au verset 19 ; « ecce Dominus veniet » nulle part, mais « ecce nomen Domini venit de longinquo » (voici que le nom du Seigneur vient de loin) au verset 27 ; « laetitia cordis » au verset 29…

    Au verset 28 on a bien quelque chose qui ressemble à l’antienne, mais c’est « ad perdendas gentes in nihilum » (pour anéantir les nations) et non « ad salvandas », pour les sauver. C’est exactement le contraire.

    Le contraire ? Non. L’antienne donne l’interprétation chrétienne d’Isaïe. Le prophète de l’Ancien Testament parle d’un Dieu qui va vaincre les nations païennes. Or c’est ce que va faire le Christ : en les convertissant. (Cf. l'épître de ce dimanche.)

    Et l’on voit tout le génie, inspiré, de celui qui a composé cette antienne. Qui est saint Grégoire le Grand selon la tradition. Et il ne serait pas étonnant qu’il en fût ainsi.

    Or, si l’on va voir les anciennes éditions des œuvres de saint Grégoire le Grand, on voit que dans la marge de cet introït, ce n’est pas le chapitre 30 d’Isaïe qui est donné en référence, mais le chapitre 35.

    Et que voit-on au chapitre 35 ? « Deus ipse veniet, et salvabit vos. » Dieu lui-même viendra, et il vous sauvera. Le verset précédent annonçait : « Voici que votre Dieu apportera la vengeance de la rétribution » (et c'est dans une antienne des matines). Sa vengeance, c’est de nous sauver. Et aussitôt après Isaïe prédit : « Alors les yeux des aveugles et les oreilles des sourds s’ouvriront, alors le boiteux sautera comme le cerf, et la langue des muets sera déliée. » C’est ce que dit Jésus, au présent, dans l’évangile de ce dimanche : il réalise la prophétie, il est celui qui doit venir. Et il renvoie à ce chapitre 35 d’Isaïe qui est tout entier une explosion de joie face à la gloire du Seigneur qui vient nous sauver et nous couronner d’une joie éternelle, et c’est bien ce que chante l’introït.

    Le voici par les moines de Triors. Et dans le plus ancien graduel noté que nous ayons, le codex 121 de la bibliothèque Einsiedeln (vers 960-970), et dans le Graduale Albiense, ou Graduel de Cahors, du XIe siècle (BNF).

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  • Samedi de la première semaine de l’Avent

    ℟. Ecce virgo concipiet, et pariet filium, dicit Dominus: * Et vocabitur nomen eius Admirabilis Deus, Fortis.
    ℣. Super solium David, et super regnum eius sedebit in aeternum.
    ℟. Et vocabitur nomen eius Admirabilis, Deus, Fortis.

    Voici que la Vierge concevra, et enfantera un fils, dit le Seigneur ; et on l’appellera du nom d’Admirable Dieu Fort. Sur le trône de David, et sur son royaume il siégera pour l’éternité. Et on l’appellera du nom d’Admirable Dieu Fort.

    Répons des matines d’après Isaïe 7, 14 et 6-7. Ci-dessous dans l’antiphonaire du couvent des cordeliers de Fribourg, vers 1300.

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  • Saint Pierre Chrysologue

    Voici le début du sermon 57 de saint Pierre Chrysologue, prélude à son explication du Credo.

    Le bienheureux Isaïe, qui n’est pas moins évangéliste que prophète, déplore avoir les lèvres impures et habiter au milieu d’un peuple ayant les lèvres impures, en disant : Misérable que je suis ! Je suis tout troublé car, bien que je sois un homme et que j’aie les lèvres impures, et que j’habite au milieu d’un peuple ayant les lèvres impures, j’ai vu de mes yeux le Roi et Seigneur Sabaoth. Cet homme est foudroyé par une détresse inhumaine, parce que ce qu’il entend et voit de Dieu il ne peut pas en parler, il ne peut l’annoncer, il ne peut le déclarer. La chair se contracte, l’âme resserre les lèvres, seule la langue peut se faire pendant un bref moment l’interprète de l’esprit. Dans la chair, un feu séquestré halète, se vaporise dans les veines, enflamme les viscères, consume la moelle, incendie sans arrêt toutes les parties internes. Car ce que le mouvement passionné de l’âme contemple ne peut pas être exprimé par la bouche, ne peut pas être articulé par les lèvres, ni balbutié par la langue. En somme, il est absolument impossible d’en faire un exposé. C’est pourquoi Isaïe, quand il vit le roi du ciel qui est le Christ et perçut par une claire vision que c’est Lui qui était le Seigneur Sabaoth, déplora que ses lèvres et celles de son peuple étaient impures. Car la confession de la divinité du Christ illumine les cœurs, rince la bouche, purifie les lèvres, mais la négation de la majesté du Christ les pollue. Mais écoutons le gémissement émis par ce prophète : Et m’a été envoyé un des séraphins, qui tenait dans sa main un charbon, qu’il avait pris de l’autel avec des tenailles , et il toucha mes lèvres en disant : voici que tes lèvres ont été touchées par ce charbon : il a enlevé tes iniquités, et t’a purgé de tes péchés sur tout le pourtour de tes lèvres.

    Ce n’est pas le moment de se demander pourquoi un seul a été envoyé, et quel est celui qui a été envoyé, et quelle est la grandeur de celui qui manipule ainsi sans crainte le charbon du feu céleste, et qui va même jusqu’à tempérer l’ardeur du feu en le touchant, de façon à purifier les lèvres du prophète et non à les calciner. Mais nous maintenant, avec toute la ferveur de notre âme, suscitons en nous des sentiments de componction, et dans cette misère de notre chair, reconnaissons que nous sommes misérables, et déplorons par de pieux gémissements que nous avons des lèvres impures, pour qu’un de ces séraphins, avec les tenailles de la loi de la grâce, nous apporte de l’autel céleste le sacrement igné de la foi. Pour qu’en calmant l’ardeur du feu, il touche les commissures de nos lèvres, enlève les iniquités, nous purge de nos péchés, et allume ainsi dans notre bouche la flamme d’une confession pleine et entière. Pour qu’il nous apporte le salut et non la torture. Demandons aussi que, jusqu’à nos cœurs, parvienne la chaleur de ce charbon, pour que la suavité d’un tel mystère ne soit pas seulement goûtée par les lèvres, mais que les sens et l’esprit en soient rassasiés.

    Après la purification des lèvres, Isaïe parle de l’enfantement ineffable de la Vierge en ces mots : Voici que la Vierge recevra en son sein et enfantera un Fils. De la même façon nous, nous proclamons la gloire du sacrement de la passion et de la résurrection.

  • Emitte Agnum, Domine…

    « Envoyez l’agneau du souverain du pays… » Ainsi la TOB traduit-elle les premiers mots du chapitre 16 d’Isaïe. Exactement comme Osty. Les deux supposent qu’il s’agit d’un agneau donné comme tribut symbolique, au roi de Juda selon Osty, au roi de Juda ou au roi de Moab selon la TOB qui ne sait pas trop… Mais ce qui est sûr est qu'il n'y a nulle part dans l'Ancien Testament la mention d’un agneau envoyé comme tribut symbolique…

    La TOB, fidèle à son principe négationniste bétonné, ne fait aucune allusion à la traduction de la Vulgate et à son emploi dans la liturgie de l’Avent. Osty quant à lui ne se prive pas de se gausser du « contresens de la Vulgate que la liturgie catholique [il veut dire latine] a immortalisé en appliquant l’agneau à Jésus-Christ : l’Agneau dominateur de la terre ! »

    Emitte Agnum, Domine, dominatorem terrae, de petra deserti ad montem filiae Sion.

    Envoie l’Agneau, Seigneur, le dominateur de la terre, de la pierre du désert à la montagne de la fille de Sion.

    Y a-t-il vraiment de quoi se moquer de la Vulgate ?

    Le texte massorétique, le fameux texte de référence de tous les traducteurs modernes, dit littéralement :

    Envoyez-agneau dominateur-terre.

    Les traductions sont incertaines, entre « l’agneau du maître » et l’agneau qu’on envoie « au maître » (dont la soi-disant Bible de la liturgie…). Osty et la TOB (et la Bible de Jérusalem) se gardent de nous dire pourquoi elles ont choisi « du ». Et pour la Bible du rabbinat, c’est « le troupeau dû au maître du pays »…

    On constate que John Nelson Darby, l’anglican (très) dissident polyglotte qui voulait traduire au plus près des textes, a traduit : « Envoyez l’agneau [du] dominateur du pays. » Il n’allait évidemment pas donner raison à la Vulgate, mais il a dû se résoudre à mettre [du] entre crochets, car il n'y a rien dans le texte hébreu qui indique un complément de nom (ou d'attribution). Et, plus près de nous, le syncrétiste André Chouraqui qui se piquait de donner une traduction littérale, a proposé : « Renvoyez l’agnelet, gouverneur de la terre ». Renvoyez étant un pluriel, gouverneur est bien en apposition à agnelet. C’est l’agneau qui est le gouverneur de la terre. Chouraqui donne raison à la Vulgate. Et du même coup à la liturgie latine, et donc au fait que le texte est une prophétie christique. N’en déplaise à la TOB. Et Osty peut ravaler son mépris.

  • Saint François Xavier

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    Le grand missionnaire jésuite est mort le 3 décembre 1552 sur l’île chinoise de Sancian. On érigea une église sur les lieux, autour de son tombeau, où est écrit en portugais, en latin, en japonais, et en chinois : « Ici est enseveli l'homme vraiment apostolique ». Mais ce tombeau est vide ; en 1554, son corps, intact, fut transporté au collège des jésuites de Goa. Puis transféré dans l’église du Bon Jésus de Goa en 1624 (elle avait été consacrée en 1605).

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    L’apôtre des Indes avait été canonisé en 1622, et son corps fut mis dans un cercueil de verre inclus dans une châsse d’argent sur un mausolée de marbre de Toscane offert par Côme III de Médicis.

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    Le corps de saint François Xavier fut exposé chaque 3 décembre jusqu’en 1974. Depuis lors il l’est tous les dix ans. (Photo de 2004).

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  • Puer natus est nobis…

    Au début du chapitre 9 d’Isaïe on lit (selon la Vulgate) : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; pour les habitants de la région de l’ombre de la mort s’est levée une lumière. » Et quelques versets plus loin : « Un enfant nous est né, et un fils nous a été donné, et le principat a été mis sur ses épaules, et il sera appelé Conseiller admirable, Dieu fort, Père du siècle futur, Prince de la paix. Son empire s’étendra, et la paix n’aura pas de fin. »

    Ces versets sont un refrain de la liturgie du temps de Noël. « Puer natus est nobis, et filius datus est nobis… » est l’introït de la messe du jour de Noël.

    Un chrétien ne peut pas lire ces versets sans être transporté à Bethléem et ressentir dans son cœur l’émotion des bergers et des mages.

    Mais la longue note de la TOB se garde de faire quelque allusion que ce soit à la Nativité. Au contraire, elle explique… qu’il ne s’agit pas d’une naissance. Sic : « Il s’agit plutôt de l’avènement d’un nouveau roi que de sa naissance, l’adoption par Dieu étant un élément essentiel du rituel d’intronisation. »

    Les titres qui lui sont donnés ? Bof, même s’ils sont divins, ce sont des titres royaux classiques, soit en Israël, soit chez les Egyptiens…

    Il fallait toute la naïveté ignare des premiers chrétiens pour y voir une prophétie christique. C’est tellement stupide qu’on préfère ne pas en parler et jeter un voile pudique sur ces errements de nos pauvres pères…

    N.B. il est remarquable que la prophétie est tellement passée dans la piété chrétienne que l’on dit spontanément : « Puer natus est nobis. » Or la Vulgate dit : « Parvulus natus est nobis. » Un tout-petit nous est né. Et il y a ensuite d’autres différences entre l’antienne d’introït et la Vulgate, car l’antienne existait avant la Vulgate et elle traduit la Septante (c’est pourquoi elle appelle le nouveau-né « Ange du grand conseil »). Cela veut dire que la prophétie d’Isaïe est devenue très tôt partie intégrante de la religion chrétienne. Il aura fallu attendre les exégètes modernes pour nier l’évidence…

  • Sainte Bibiane

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    A l’occasion du jubilé de 1625, Urbain VIII décida de restaurer l’église Sainte-Bibiane. Il confia la réalisation des travaux au Bernin, dont ce fut la première commande pontificale : il avait 26 ans. Il refit entièrement la façade, selon un schéma qui n’avait alors été utilisé que pour des palais civils… Il supprima les fenêtres de la nef (remplacées par des peintures), ajouta deux chapelles au bout des nefs latérales, et refit entièrement le chœur, avec une grande niche où il mit une statue de sainte Bibiane, qui reste une de ses œuvres les plus connues. Lors des travaux on découvrit une antique urne d’albâtre, qui contenait les reliques de sainte Bibiane, de sa sœur Démétria et de leur mère Dafrosa.

    A l’entrée de l’église se trouve une colonne de marbre rouge qui est selon la tradition la colonne où sainte Bibiane (Viviane, Vivienne) avait été attachée pour être fouettée à mort, le 2 décembre 363.

  • Mardi de la première semaine de l’Avent

    Lecture des matines (Isaïe, 2):

    Et il arrivera dans les derniers jours que la montagne préparée pour la demeure du Seigneur sera établie sur le sommet des montagnes, et elle sera élevée au-dessus des collines, et tous les peuples y afflueront. Et beaucoup de peuples iront et diront : Venez et montons à montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers ; parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem…

    Dom Guéranger :

    Avec quelle complaisance la sainte Église écoute et répète ces belles paroles du Prophète : Venez, montons à la Montagne du Seigneur ! Chaque jour de Férie, dans l’Avent, elle les redit à l’Office des Laudes ; et tous ses enfants rendent gloire au Seigneur, qui, pour attirer plus sûrement nos regards, s’est fait semblable à une Montagne élevée, mais accessible à tous. Il est vrai que cette Montagne, comme le dit un autre Prophète, est d’abord imperceptible comme une petite pierre, pour marquer l’humilité du Messie dans sa naissance ; mais bientôt elle grandit à la vue de tous les peuples, qui sont conviés à venir habiter sur ses flancs fertiles, et jusque sur sa cime illuminée des rayons du Soleil de justice. C’est ainsi, ô Jésus ! que vous nous appelez tous, que vous êtes accessible à tous ; que la grandeur et l’élévation de vos mystères n’ont rien d’incompatible avec notre faiblesse. Nous voulons, dès ce moment, nous joindre à ces flots de peuples qui marchent vers vous : voici que nous partons ; nous voulons aller placer notre tente sous vos ombrages, ô Montagne bénie ! Recevez-nous ; que nous n’entendions plus les bruits mondains qui s’élèvent de la plaine. Placez-nous si haut, que nos yeux ne voient plus les vanités de la terre. Puissions-nous ne jamais oublier les sentiers par lesquels on arrive jusqu’à ce sommet bienheureux, où la montagne, qui est la figure, s’évanouit, et où l’âme se trouve à jamais face à face avec Celui que les Anges contemplent dans un ravissement éternel, et dont les délices sont d’être avec les enfants des hommes !

  • Saint André

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    André, le premier appelé parmi tes Disciples, Seigneur, l'imitateur de ta Passion, l'Apôtre qui t'est devenu conforme également par sa mort, a repêché du gouffre de l'ignorance avec l'hameçon de ta Croix les égarés de jadis afin de les porter jusqu'à toi; c'est pourquoi nous les fidèles sauvés, nous te chantons, suprême Bonté: Par ses prières sauve nos âmes et pacifie notre vie.

    Fidèles, chantons André, le frère de Pierre et le disciple du Christ; jadis il jetait les filets pour prendre les poissons; par la suite, avec la Croix pour roseau, il a pris le monde entier en ramenant les nations de l'erreur, par le baptême; en présence du Christ, désormais il intercède auprès de lui pour qu'il fasse don de la paix au monde et qu'il accorde la grâce du salut à nos âmes.

    En son cœur ayant reçu la flamme mystique illuminant les esprits et consumant les péchés, l'apôtre André, ce disciple du Christ, fait rayonner l'enseignement dans les cœurs sans lumière des païens, il brûle comme broussailles les fables des impies, car tel est le pouvoir qu'a le feu de l'Esprit. Merveille inouïe, suscitant l'étonnement: la nature humaine, avec son corps fait de boue et sa langue d'argile, a reçu la connaissance immatérielle, ce propre de l'esprit! Initié aux secrets ineffables que tu contemples dans le ciel, intercède pour que nos âmes reçoivent la clarté.

    Voyant sur terre cheminer en la chair le Dieu que tu aimais, toi le premier appelé des témoins oculaires, tu crias à ton frère, plein de joie: Simon, nous avons trouvé celui que nous aimons; puis tu adressas au Sauveur les paroles de David: Comme après les eaux vives languit le cerf, ainsi languit mon âme vers toi, ô Christ notre Dieu! Et, l'aimant de plus en plus, tu l'as rejoint par la croix, en vrai disciple imitant sa Passion; et, puisque sa gloire t'est partagée, prie-le sans cesse pour nos âmes.

    André, ce héraut de la foi et serviteur du Verbe, acclamons-le, lui qui repêche les hommes du gouffre de l'erreur, tenant en ses mains le roseau de la Croix et lançant la divine puissance comme fil pour tirer les âmes de l'abîme du mal et les présenter en agréable offrande à notre Dieu. Fidèles, chantons-le sans cesse avec le chœur des disciples du Christ, afin qu'il intercède auprès de lui pour qu'il nous soit favorable au jour du jugement.

    Liturgie byzantine