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Emitte Agnum, Domine…

« Envoyez l’agneau du souverain du pays… » Ainsi la TOB traduit-elle les premiers mots du chapitre 16 d’Isaïe. Exactement comme Osty. Les deux supposent qu’il s’agit d’un agneau donné comme tribut symbolique, au roi de Juda selon Osty, au roi de Juda ou au roi de Moab selon la TOB qui ne sait pas trop… Mais ce qui est sûr est qu'il n'y a nulle part dans l'Ancien Testament la mention d’un agneau envoyé comme tribut symbolique…

La TOB, fidèle à son principe négationniste bétonné, ne fait aucune allusion à la traduction de la Vulgate et à son emploi dans la liturgie de l’Avent. Osty quant à lui ne se prive pas de se gausser du « contresens de la Vulgate que la liturgie catholique [il veut dire latine] a immortalisé en appliquant l’agneau à Jésus-Christ : l’Agneau dominateur de la terre ! »

Emitte Agnum, Domine, dominatorem terrae, de petra deserti ad montem filiae Sion.

Envoie l’Agneau, Seigneur, le dominateur de la terre, de la pierre du désert à la montagne de la fille de Sion.

Y a-t-il vraiment de quoi se moquer de la Vulgate ?

Le texte massorétique, le fameux texte de référence de tous les traducteurs modernes, dit littéralement :

Envoyez-agneau dominateur-terre.

Les traductions sont incertaines, entre « l’agneau du maître » et l’agneau qu’on envoie « au maître » (dont la soi-disant Bible de la liturgie…). Osty et la TOB (et la Bible de Jérusalem) se gardent de nous dire pourquoi elles ont choisi « du ». Et pour la Bible du rabbinat, c’est « le troupeau dû au maître du pays »…

On constate que John Nelson Darby, l’anglican (très) dissident polyglotte qui voulait traduire au plus près des textes, a traduit : « Envoyez l’agneau [du] dominateur du pays. » Il n’allait évidemment pas donner raison à la Vulgate, mais il a dû se résoudre à mettre [du] entre crochets, car il n'y a rien dans le texte hébreu qui indique un complément de nom (ou d'attribution). Et, plus près de nous, le syncrétiste André Chouraqui qui se piquait de donner une traduction littérale, a proposé : « Renvoyez l’agnelet, gouverneur de la terre ». Renvoyez étant un pluriel, gouverneur est bien en apposition à agnelet. C’est l’agneau qui est le gouverneur de la terre. Chouraqui donne raison à la Vulgate. Et du même coup à la liturgie latine, et donc au fait que le texte est une prophétie christique. N’en déplaise à la TOB. Et Osty peut ravaler son mépris.

Commentaires

  • Un immense merci pour ces posts rétablissant les faits : de pathétiques blablateurs essayent de se rendre intéressants en crachant sur la Vulgate ou la Septante pour se rehausser et abaisser le concept même de prophétie et indirectement le christianisme...

    Il faut que ces choses soient dites ! et qu'on puisse les lire sur Internet : tout ceux qui feront une recherche sur Google tomberont sur vos justes commentaires.... Écrire un livre sur ce sujet serait merveilleux, scripta manent. Ce serait une démolition mais on a souvent besoin de démolisseurs pour construire. Démolissons les démolisseurs de la foi.

  • Donc quelle traduction française faut-il lire SVP?

  • Cher Geronda,
    Dans un précédent article et ses commentaires, notre hôte conseillait la traduction Glaire Vigouroux faite intégralement sur la Vulgate au XIXe siècle, qui attend d'être rééditée.
    Sinon la Pirot Clamar, voire la Bible de Jérusalem dans l'édition que mentionne notre hôte dans un commentaire plus haut.
    Encore une fois, j'ai fait ma première lecture biblique intégrale sur l'Osty, et pour autant je n'ai pas perdu la foi, qui saura vous éclairer sur ces passages annonçant le Christ.
    Ce que Daoudal critique, c'est certes la diminution du sens du texte par des traductions volontairement biaisée contre l'annonce et donc la réalisation du salut par le Christ, mais surtout les pseudo justifications en note et introduction de ces travestissements sous prétexte de science moderne contre le sens habituellement retenu par l'Église et notamment par les Pères.

  • Merci, cher Luc
    La traduction Glaire Vigouroux a fait l"objet d'un "reprint" aux éditions DTC, mais est-elle autre chose qu'une édition "populaire" de la Bible??!!
    Merci pour votre réponse!!

  • Si par "populaire" vous supposez que la Glaire Vigouroux est une traduction légère, comme celle de Sacy par exemple, vous vous trompez. Mais je ne comprends pas votre propos de cette manière.
    En fait, si je comprend bien ce que vous dites, vous souhaitez une bible "scientifique" c'est à dire dotée d'un appareil critique en introduction et en note. La difficulté tient alors dans le fait que les traductions contemporaines procèdent toutes d'une même méthode dite historico critique qui s'interdit toute compréhension théologique de cette bibliothèque. C'est pourquoi aucune de leurs introductions de leurs notes ou même de leur traduction ne peut satisfaire un catholique désireux d'approfondir sa connaissance des Écritures. C'est d'ailleurs le fond de ces articles exégètiques: ces traductions sont construites comme étant étrangères à la foi et le plus souvent hostile à la plénitude de la vérité, historique aussi bien que théologique, elles ne prennent le texte que comme une oeuvre littéraire parmi d'autres.
    Ceci dit il faut procéder par ordre et connaître le texte avant d'être capable d'en donner une explication pleinement satisfaisante. Cette première étape n'est pas une mince affaire. Pour la compléter, rien ne vaut une lecture comparées des Pères de l'Église et des commentaires par Thomas d'Aquin, voire certains travaux plus récents parus dans les Cahiers de l'évangile ou autres revues exégètiques, mais là il faudra à nouveau faire preuve de discernement.
    Sinon en toute fin, lire la Bible de Jérusalem annotée en marge avec les Pères, celle évoquée plus haut et par notre hôte dans l'article Puer natus est nobis du mercredi 02 du mois courant à 17h01.

  • Merci pour cette dénonciation des négationnistes dont l'intention commune est de démolir toute l'interprétation traditionnelle.
    Nous avons à faire à la même race de termites, de pervers que ceux qui ont prétendu réformer la Liturgie bi-millénaire et qui parés du titre d'expert n'étaient que des Vandales, des escrocs au service de l'ennemi.

  • Cher Monsieur,
    Un petit détour par la note de Fillion vous étonnerait certainement...
    Et que penser de la Septante :"J'enverrai comme des reptiles sur la terre."? Je ne cherche pas à faire du concordisme (il est évident que les LXX n'avaient pas le même texte), mais il est étrange que là où l'hébreu promet l'Agneau-Messie, le grec annonce un châtiment sous forme de serpents (certes, pas le même mot qu'en Gen 3)! On est parfois bien content d'être Latins et de pouvoir chanter le Rorate.

  • En traduisant les psaumes, j'ai lu toutes les notes de Fillion. Ce qui ne m'a pas incité à en lire d'autres, puisque j'ai compris que Fillion, quoique encensé par les traditionalistes, avait épousé les dogmes de l'exégèse contemporaine.

    Je viens de lire celle de Isaïe 16, 1 et, donc, elle ne m'étonne pas du tout. Fillion dit déjà ce que diront les Bibles plus modernes. Ce qui est insupportable chez lui est qu'il traduit effectivement la Vulgate (ici, car ce n'est pas toujours le cas) pour dire le contraire en note...

    Là où il a raison, c'est pour le "Domine", qui a été ajouté par la Vulgate sixto-clémentine, comme on le voit dans la Vulgate de Stuttgart qui l'a supprimé (et qui n'est pas dans le Rorate caeli). Mais ça ne change rien du tout au sens du verset.

    Quant à la Septante, ça fait effectivement bizarre. Mais si on regarde à partir de la Septante, on constate que c'est le texte grec qui est le plus logique: ces versets sont en plein milieu d'une diatribe contre Moab, il est donc logique que le prophète demande à Dieu d'envoyer "comme des serpents".

    Le texte qu'avait saint Jérôme, et qui est manifestement le même que le texte massorétique, se remarque d'autant plus qu'il tranche avec le contexte. C'est typique des prophéties christiques, il en est de même de la Vierge qui enfantera. C'est d'ailleurs un des arguments des exégètes modernes: ce n'est pas une prophétie messianique puisque le contexte dit autre chose...

  • Merci beaucoup pour votre réponse circonstanciée. Je pense que Fillion, sans avoir "épousé" l'exégèse moderne, a parfois été séduit par elle. Ses notes du NT sont réellement très traditionnelles et pertinentes. Ce qui m'avait frappé dans celle d'Isaïe 16.1, c'est que, outre que son argument ne vaut rien, lui qui cite habituellement ses sources reste ici très vague:"les meilleurs éxégètes catholiques"!

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