Inclína, Dómine, aurem tuam ad me, et exáudi me : salvum fac servum tuum, Deus meus, sperántem in te : miserére mihi, Dómine, quóniam ad te clamávi tota die.
Lætífica ánimam servi tui : quia ad te, Dómine, ánimam meam levávi.
Inclinez votre oreille vers moi, Seigneur, et exaucez-moi. Sauvez, mon Dieu, votre serviteur qui espère en vous. Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que j’ai crié vers vous tout le jour.
Réjouissez l’âme de votre serviteur, parce que j’ai élevé mon âme vers vous, Seigneur.
L’introït de ce dimanche cite le psaume 85. L’antienne est composée du premier stique du premier verset, du second stique du deuxième verset, et du troisième verset en entier (dans une version légèrement différente de la Vulgate - donc plus ancienne, ce qui souligne son antiquité). Sans doute ces coupures ont-elles pour but de ne garder que ce qui est spécifiquement de la prière, telle qu’elle s’exprime magnifiquement dans la mélodie grégorienne. Ainsi cette antienne est-elle fort différente du psaume dont elle est issue, en passant sous silence son autre aspect, qui prédomine fatalement dans la psalmodie, car ces versets figurent parmi ceux qui montrent le plus directement que les psaumes sont en même temps la prière du Christ et du chrétien, comment le chrétien qui prie se configure au Christ et devient un autre Christ, fils dans le Fils.
Après le premier stique il y a :
quoniam inops et pauper sum ego.
Parce que moi je suis sans ressource et pauvre. A priori cela ne concerne pas le Christ, mais le chrétien, qui dans sa prière, face à Dieu, se reconnaît démuni.
Et le stique suivant, le premier du deuxième verset, dit :
Custodi animam meam, quoniam sanctus sum.
Garde mon âme, parce que je suis saint.
Là ce n’est pas le chrétien qui parle : il vient de confesser sa pauvreté spirituelle, ce n’est pas pour se vanter immédiatement d’être saint et d’en faire un argument. Seul Dieu est saint. Seul le Christ est saint. C’est donc le Christ qui parle. C’est donc aussi le Christ qui se dit pauvre et démuni. Parce qu’il l’était dans la condition humaine, et singulièrement dans sa Passion. Mais le chrétien qui se reconnaît pauvre face à Dieu, c’est bien lui aussi qui continue aussitôt : « parce que je suis saint ». Et en effet le chrétien est saint, parce qu’il est baptisé dans la sainteté du Christ, parce qu’il est appelé à la vie éternelle. C’est pourquoi saint Paul appelle toujours les fidèles « les saints ».
Ainsi le début de ce psaume est-il une vraie leçon de spiritualité. Mais ce n’est pas le dessein de l’introït de ce dimanche, qui nous introduit simplement dans la prière, qui nous prépare à la messe… où va se réaliser ce que l’introït ne dit pas.
Voici cette antienne remarquablement chantée par les moines de Triors.
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Sur l’évangile de ce dimanche, voir ma note de l’année dernière.