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Deuxième dimanche après l’Epiphanie

Antienne de communion

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 Par l’Institut Saint-Philippe-Neri de Berlin.

Commentaire de dom Ludovic Baron.

Il dit, le Seigneur : Remplissez les vases d'eau et portez au maître d'hôtel.
Quand il eut goûté, le maître d'hôtel,
L'eau devenue du vin, il dit à l ‘époux :
Tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant.
Ce miracle que fit Jésus fut le premier devant ses disciples. Jean II, 7.

C'est le résumé de l'épisode des noces de Cana. En ces quelques lignes, faites des mots essentiels de l'Evangile, tient tout le drame.

Ce rappel du miracle dans l'antienne de la Communion le met en plein relief comme figure de l'Eucharistie. Au moment où elle goûte la suavité du pain et du vin devenus le corps et le sang du Christ, l'Eglise se chante à elle-même les paroles qui en furent l'annonce prochaine et, dans la joie de sa vie renouvelée, les fait monter vers le Christ Jésus comme l'hommage de son amour reconnaissant...Servasti vinum bonum usque adhuc.

LA MÉLODIE

Elle se plie avec une admirable souplesse au caractère et à l'action des personnages. Il y en a trois : le récitant, Notre Seigneur et le maître d'hôtel.

C'est le récitant qui commence. Il annonce les paroles divines. Deux mots très simples et sur un ton empreint de gravité, comme il convient. Notez de quelle dévotion il enveloppe Dominus.

Le chant de Notre seigneur est très discret, comme fut son geste. Il n'y a pour ainsi dire pas de mélodie ; juste assez pour revêtir les mots de sa bonté douce et si simple, avec une légère insistance sur aqua, la matière du miracle, et une délicate nuance de joie sur ferté architriclino.

Le récitant décrit alors le maître d'hôtel goûtant le vin nouveau. La description est très réaliste. Le motif de gystasset, avec le si bécarre et le si bémol à une note d'intervalle, a quelque chose d'incertain qui rend parfaitement l'étonnement du brave homme. Cet étonnement devient plus marqué sur aquam vinum factam, à la faveur peut-être de la sonorité de la voyelle a quatre fois répétée, puis fait place soudain, sur dicit sponso, à la joie qui va éclater.

Elle éclate en effet sur les lèvres du chef, sonore et quelque peu exubérante ; mais il est si heureux d'être enfin tiré d'angoisse ! Il souligne même d'un accent de délectation le mot bonum et va jusqu'à mettre une pointe de finesse sur usque adhuc ; par quoi il apprécie à sa juste valeur le bon tour que l'époux joue à ses hôtes en gardant, contrairement à la coutume, le bon vin pour la fin.

Si réaliste qu'elle soit, cette interprétation est exacte. Tout cela se trouve dans la mélodie et rien ne s'oppose, ni dans le texte ni dans le contexte du récit évangélique au caractère qu'elle donne aux personnages. Mais l'expression n'est pas toute là. Cette antienne en effet n'a pas pour seul objet, ni même pour objet principal, de nous chanter le miracle de Cana. A travers le drame historique qu'elle fait revivre, un autre drame se joue : le drame liturgique de l'Eucharistie figurée, annoncée, réalisée : et c'est pour chanter ce drame-là qu'elle a été faite. Les personnages en sont réels et vivants : c'est l'Eglise qui, par la voix du récitant, nous présente la scène et nous annonce les acteurs ; c'est le Christ qui change le pain et le vin en son corps et son sang et, dans la communion, nous en lui ; ce sont toutes les âmes enfin, nous tous, qui à travers ce chant du maître d'hôtel disons au Christ, l'Epoux de nos âmes, notre joie reconnaissante pour la nourriture et le breuvage aux suavités inexprimables qu'il nous dispense à la table de ses noces. Si donc nous nous contentons de chanter le drame historique sous le drame liturgique nous ne comprenons pas la pièce et nous lui enlevons, faute de l'avoir découverte, son expression vraie.

Il nous faut donc entrer, en la chantant, dans les personnages du drame actuel et les vivre. Il passera alors dans la mélodie quelque chose de plus profond, de plus spirituel qui atténuera ce qu'il peut y avoir de trop humain ici ou là ; et elle aura toute son expression.

Commentaires

  • Ce matin un des choristes soutenait que cette communion était, malgré l'avis contraire de toutes les éditions, du 5e mode. Je n'y connais rien, et ne m'y intéresse que dans la mesure où ça a une incidence sur le Gloria. Quelqu'un a-t-il un avis sur la question? (moi, le 6e mode me paraît bon, à cause du si bémol... mais c'est très très approximatif).

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