Oraison du missel mozarabe, traduction dom Guéranger. On retrouve les expressions du début de cette prière dans la préface pour le deuxième dimanche après l’Epiphanie dans le missel ambrosien, et dans un codex du sacramentaire grégorien. On retiendra surtout le magnifique ternaire de la fin.
Deus qui nobis ad relevandos istius vitae labores, diversa donorum tuorum solatia et gaudia contulisti, quibus insignes annuis recursibus dies agimus, ut Ecclesiae tuae vota solemnia praesenti festivitate celebremus: unde et proxime Natalem Domini Salvatoris peregimus, qui nobis natus in tempore est, qui de te natus sine tempore, omnium saeculorum et temporum est antecessor et conditor: deinde subsecutum diem Circumcisionis octavum, Unigeniti luce signatum, pari observantia recolentes, sacrificiis solemnibus honoravimus : nunc Epiphaniae diem, revelante in homine divinitate, excolimus, diversa Domini nostri Jesu Christi Filii tui in hoc mundo suum adventum manifestantia insignia praedicantes, sive quod stellam ortus sui nunciam misit e caelo, quam stupentibus Magis usque ad cunabula suae carnalis infantiae praeviam fecit : sive quod aquas baptismate suo, ad omnium gentium lavationem, Jordanis alveum sanctificaturus intravit : ubi ipsum esse Filium unigenitum dilectum, Spiritu, columbae specie, advolante, monstrasti, et paterna insuper voce docuisti: sive quod primum in Cana Galilaeae prodidit signum, cum in connubio nuptiali, aquas in vinum convertit, alto et admirabili sacramento docens, quod a saeculis sponsae sibi jungendus Ecclesiae advenerat, ac in vinum prudentiae spiritualis saporis fidem veritatis esse mutandum : itaque in his tribus mirabilium tuorum causis fide hodiernae solemnitatis edita, Dominus noster Jesus Christus, Filius tuus, nihilominus tuae virtutis operatio et nostrae salutis praeparatio est. Propterea, Domine, secundum haec tria magna mirabilia, maneat in nobis gratiae spiritualis integritas, sapiat in cordibus nostris vinum prudentiae, fulgeat in operibus stella justitiae. Amen.
O Dieu, qui, pour charmer les travaux de cette vie, avez distribué les consolations et les joies par le souvenir de vos bienfaits, dont chaque année nous célébrons le solennel anniversaire ; nous vous offrons, dans la présente fête, les vœux et les hommages de votre Église. Naguère nous avons honoré la Naissance de notre Seigneur et Sauveur , qui, né pour nous dans le temps, est né de vous sans le temps, qui précède tous les siècles et tous les temps, et qui les a créés. Nous avons fêté ensuite, par de solennels sacrifices, ce huitième jour de la Circoncision, tout brillant de la lumière de votre Fils unique et digne de notre culte. Aujourd’hui, nous célébrons le jour de l’Épiphanie, qui a révélé la divinité dans l’homme, et nous proclamons les trois merveilles qui manifestent l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, en ce monde : soit qu’il envoie du ciel l’étoile messagère de sa naissance, qui précède et conduit les Mages étonnés jusqu’au berceau de son enfance dans la chair; soit que, voulant sanctifier les eaux par son baptême, pour laver toutes les nations, il entre dans le lit du Jourdain, où vous avez montré qu’il est votre Fils unique et bien-aimé, par l’Esprit Saint volant sur en forme de colombe, pendant que vous proclamez ce mystère d’une voix paternelle; soit qu’il opère son premier miracle en Cana de Galilée, en changeant les eaux en vin dans le festin nuptial, nous apprenant, par un haut et admirable mystère, que Celui qui devait s’unir à l’Église qu’il s’était fiancée depuis des siècles, était enfin arrivé, et que l’humble foi dans la vérité des promesses devait se changer en le vin de la sagesse, à la spirituelle saveur. Ainsi, dans ces trois merveilles qui sont l’objet mystérieux de la solennité d’aujourd’hui, notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, opère tout à la fois les prodiges de votre puissance et la préparation de notre salut. Faites donc, Seigneur, selon la forme de ces trois grands mystères, que l’intégrité de votre grâce spirituelle demeure en nous ; que la saveur du vin de votre sagesse se répande dans nos cœurs; que l’étoile de votre justice brille dans nos œuvres. Amen.
Missel mozarabe, Tolède, 1500. On remarque qu'il y a une faute au début. Car si la liturgie utilise souvent le verbe "revelare" et rarement "relevare", c'est manifestement le second qui figure dans cette prière.
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Une nouvelle fois merci !