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Jeudi de la Passion

La messe de ce jeudi, fortement pénitentielle, annonce celle de jeudi prochain, le Jeudi Saint. C’est explicite dans l’office, puisque les antiennes du Benedictus et du Magnificat se rapportent au Jeudi Saint, et précisément à la Cène. « Le Maître dit : mon temps est proche, je fais la Pâque chez toi avec mes disciples. » « J’ai désiré, d’un ardent désir, de manger cet agneau pascal avec vous avant que de souffrir. »

C’est aussi le Jeudi Saint qu’annonce l’évangile de saint Luc nous montrant une femme lavant les pieds de Jésus de ses larmes : la pénitente lavant ses péchés aux pieds du Seigneur.

Résumant les chants de la messe, dom Pius Parsch écrit : « Tout ce que pouvait produire l’Ancien Testament était ceci : la reconnaissance des péchés, l’acceptation de la peine, le repentir profond. Le Nouveau Testament est bien plus consolant : il nous donne la grâce du pardon. »

Ce n’est pas tout à fait exact. Car à la fin de l’introït, Azarias dit à Dieu : « Agissez à notre égard selon la multitude de vos miséricordes. » L’espérance dans la miséricorde de Dieu est un thème majeur de la prière de l’Ancien Testament. Mais assurément elle est espérance, quand l’évangile nous en donne la réalité. Et l’épisode de la pécheresse de saint Luc fait fleurir magnifiquement cette miséricorde sur le fumier de la pénitence.

«  Ce qu’elle s’était accordé à elle-même d’une façon honteuse, elle l’offrait désormais à Dieu d’une manière digne de louange. Elle avait désiré les choses de la terre par ses yeux, mais les mortifiant à présent par la pénitence, elle pleurait. Elle avait fait valoir la beauté de ses cheveux pour orner son visage, mais elle s’en servait maintenant pour essuyer ses larmes. Sa bouche avait prononcé des paroles d’orgueil, mais voici que baisant les pieds du Seigneur, elle fixait cette bouche dans la trace des pas de son Rédempteur. Ainsi, tout ce qu’elle avait en elle d’attraits pour charmer, elle y trouvait matière à holocauste. Elle transforma ses crimes en autant de vertus, en sorte que tout ce qui en elle avait méprisé Dieu dans le péché fût mis au service de Dieu dans la pénitence. »

Dans la Catena Aurea de saint Thomas d’Aquin, cette citation de saint Grégoire le Grand se poursuit par cette phrase audacieuse, mais qui correspond à la parole de Jésus : « Ainsi cette prostituée devient plus vertueuse que les vierges, car à cette pénitence si pleine de ferveur succède un amour plus ardent pour Jésus-Christ. »

En fait cette phrase remarquable n’est pas de saint Grégoire le Grand. Comme l’indique la traduction française de la Catena Aurea, elle est de saint Jean Chrysostome, dans sa sixième homélie sur saint Matthieu. Plus exactement le résumé d’un propos qui est précédé d’une autre très belle phrase : « Comme la joie du monde a toujours la tristesse pour compagne, de même les larmes que l’on verse selon Dieu font croître dans l’âme une fleur de joie qui ne meurt ni ne se fane jamais. »

La pécheresse a rencontré la miséricorde, parce qu’elle a connu le besoin de miséricorde et qu’elle a reconnu celui qui était la miséricorde. « Tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds, mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes. Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de baiser mes pieds. Tu n’as pas oint ma tête d’huile ; mais elle, elle a oint mes pieds de parfum. C’est pourquoi, je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. »

Telle est aussi notre vocation, sur le chemin de Pâques.

Commentaires

  • ............L’espérance dans la miséricorde de Dieu est un thème majeur de la prière de l’Ancien Testament.............

    Bien observé! Quand les différents courants religieux reprochent au christianisme d'avoir fait de Dieu -qu'Il me pardonne l'image- une mauviette, une chiffe molle qui ne parle que d'amour, qui n'est qu'amour..... S'appuyant sur leur croyance en un Dieu vengeur, cruel, colérique, impitoyable.
    Or le même Dieu dont ils craignaient d'entendre jusqu'a la voix tant elle les remuait, celui-la qui a englouti les 250 chefs de tribus (avec leur encensoirs ?) est LE MÊME qui pensait déjà dans l'Ancien Testament a envoyer son Fils pour le salut des hommes.

    Merci encore de l'avoir rappelé.

    La cohérence serait catholique que je ne m'en étonnerais pas.

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